mardi 2 juin 2015

LA DIASPORA AFRICAINE : L'AUTRE VICTIME DU DEFICIT STRUCTUREL


LA DIASPORA AFRICAINE : L'AUTRE VICTIME DU DEFICIT STRUCTUREL EN MATIERE DE VISION GLOBALE DES POLITIQUES PUBLIQUES VISANT LES PEUPLES AFRO-SUBSAHARIENS

Dans ma langue maternelle le « Môdjoukrou » au sud de la Côte d'ivoire, un adage dit, je cite : «c'est du pays lointain que l'on ramène des trésors aux siens». Cela veut dire que la richesse des peuples dépend très souvent, et en grande partie, de l'apport de leurs diasporas.
Historiquement, cet adage s'est vérifié dans la Grèce antique et il est contenu dans la notion historico-philosophico-politique de « Miracle grec », laissée à la postérité par Ernest Renan, père de la citoyenneté française.
Ainsi, dans la pensée moderne, lorsque l'on évoque la notion de « Miracle grec », cela consiste à désigner les progrès socio-économiques, les grands bouleversements culturels, bref, les changements profonds dans le domaine de la pensée survenus dans la Grèce antique au 5ème siècle Ante Christum natum.
Autant d'avancées sociétales et culturelles qui ont fait la grandeur de la Grèce antique, et qui sont caractérisées par l'émergence des philosophes présocratiques ; la construction du Parthénon d'Athènes sans oublier la floraison d'une œuvre littéraire de grande ampleur.
Mais le plus intéressant dans cette histoire de transformations sociales et culturelles de la Grèce antique est le rôle majeur de sa diaspora.
En effet, d'après les spécialistes de l'histoire hellénistique, « le miracle grec » s'est produit grâce aux Hellénistiques de la diaspora qui ont su identifier depuis les pays lointains où ils ont séjourné, des richesses potentiellement utiles à leur pays, qu'ils ont savamment introduites dans leur pays, les faisant ainsi intégrer au patrimoine national, pour créer de toute évidence la grandeur de leur nation en son temps, laquelle grandeur est fondée pour ainsi dire, sur le multiculturalisme.
Par la suite, on verra que, des siècles après, les connaissances multiculturelles ainsi constellées dans des notions philosophiques, et ce, de la seule initiative de la diaspora hellénistique, et diffusées dans la Grèce antique pour lui assurer sa grandeur seront finalement propagées sur l'ensemble du continent européen tout entier, à telle enseigne que les Européens définissent aujourd'hui, sans se tromper, que leur civilisation est le condensé du Christianisme et de la logique grecque.

Qu'en est-il de la diaspora africaine répandue sur la terre des hommes aujourd'hui ?
Ce que l'on peut dire, c'est que d'abord, la diaspora africaine en dehors de l'Afrique est nombreuse et elle n'arrête pas de grossir.
Ensuite, si elle est très active à des niveaux nationaux où, elle se fait remarquer par le flux d'argent qu'elle transfère aux familles, au plan social et culturel, son apport reste à déplorer, du fait de son émiettement en associations de villages, associations de tribus, ou en partis politiques, émiettement qui signe pour de bon sa pauvreté.
Oui, au plan socio-culturel, la diaspora africaine est pauvre, improductive car elle est morcelée alors que c'est dans l'unité dans la diversité que l'on s'enrichit.
Et puis, cet émiettement en groupuscules parcellaires empêche la synergie des forces et des expériences mutuelles nécessaires pour des projets globaux profitables au continent noir dans un monde de plus en plus globalisé.
Enfin, si cet émiettement en associations de villages, associations de tribus et partis politiques est dommageable aux initiatives nationales, c'est surtout les actions envisageables à un niveau continental qui en pâtissent le plus lourdement.
Quelqu'un me disait récemment, « pour les Africains, ce qui compte, c'est le village d'abord, et puis la tribu. Pour ce qui concerne leurs pays et leur continent, ils s'en moquent. » Quel constat en même temps judicieux et dramatique !
C'est au milieu de cette situation d'immobilisme de la diaspora africaine en matière vision globale des politiques publiques nationales et continentales que ces dernières années, plusieurs sont des chefs d’États africains qui appellent leurs diasporas respectives à retourner dans leurs pays d'origine pour y apporter leur expertise. Une aubaine pour les différentes diasporas afro-subsahariennes qui devraient en profiter pour unir leurs expériences et leurs richesses pour entamer enfin la construction de leurs pays et de leur continent.
Se pose alors à un niveau continental, le problème d'une structure qui puisse aider à coordonner les actions.
En effet, vers qui s'adresser lorsqu'on est Africain de la diaspora et qu'on veut être utile à son continent ?
En général, la diaspora de chaque pays se dirige vers l'ambassade de son pays lorsqu'il vise à entreprendre une action dans son pays d'origine. A ce niveau, une autre problématique se pose, celle de la question des exilés politiques, ne pouvant retourner dans l'immédiat dans leur pays où ils craignent pour leur vie, à cause de différents mobiles. Que fait-on de cette catégorie sociale faisant partie intégrante de la diaspora africaine ?
Ni dans leurs pays d'exil, ni dans leurs pays de résidence de la diaspora africaine (Amérique, Asie, Europe, Océanie et Pacifique), ni même dans les pays d'Afrique, il n'existe aucune représentation diplomatique africaine à laquelle s'adresser pour des actions globales au niveau continental. A ce sujet, l'Union Européenne dispose de chancelleries dans presque tous les pays au monde.
En ce qui concerne l'Afrique sub-saharienne, aucune structure de ce type !
Et pourtant, que les choses seraient faciles si on avait au plan continental, une grande organisation avec des démembrements dans les pays africains, américains, (nord et sud), européens, asiatiques...etc., et qu'est-ce que la diaspora aurait fait pour son continent !
Par exemple, dans l'année, certains Africains sur le continent mais aussi ceux de la diaspora pourraient en cas de besoin aller en renfort dans les pays en manque de professionnels qualifiés pour assurer des formations à court, moyen ou long terme ; et d'autres professionnels y apporter leur expertise pratique dans différents secteurs (Informatique, technologie, Santé (médecine, pharmacie), Gestion, Économie, Droit, etc.)
Mais, que de choses on aurait mis en place au sein de la diaspora pour enfin sortir notre continent de cette situation de sous-développement !
Lorsque je pense par exemple à toutes ces terres africaines qui se bradent à des non-africains à tour de bras et dont la presse s'en fait l'écho, les a t-on d'abord proposées à des Africains résidant sur la face de la terre ? Et comment on peut atteindre ces Africains de la diaspora sans une structure commune et officielle qui les informe régulièrement des besoins du continent, des opportunités d'affaires qui s'offrent à eux, et les invite à faire connaître leurs besoins et aspirations pour l'essor du continent ?
Je suis de celles et ceux qui pensent que la diaspora est mûre et prête à venir au secours de notre continent, mais que l'absence d'une structure continentale avec des démembrements internationaux pour coordonner et rendre effectif son déploiement constitue un frein majeur à ses initiatives.
C'est aussi l'un des principaux objectifs que vise l'UPACEB (Union des Peuples Africains de Civilisations Ebènes).
Assurément, l'UPACEB qui porte en elle toute la doctrine systémique du Panafricanisme n'est pas qu'une organisation culturelle. Elle est surtout un projet politique de développement sur le continent noir.
Visiter le lien ci-dessous :



Yéble Martine-Blanche OGA-POUPIN

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