dimanche 31 janvier 2016

ENTRE FEODALITE ET REPUBLIQUE : L'AFRIQUE A LA CROISEE DES CHEMINS

ENTRE FEODALITE ET REPUBLIQUE : L'AFRIQUE A LA CROISEE DES CHEMINS
DESINTEGRATION, INTEGRATION - DECONSTRUCTION, RECONSTRUCTION
PLUS DE CENT ANS APRES LA COLONISATION,
SOIXANTE ANNEES APRES LES INDEPENDANCES,
QUEL MODELE DE SOCIETE POUR L'AFRIQUE AU SUD DU SAHARA  ?

Cela fait des décennies que les pays africains sont devenus indépendants. Des décennies qu'ils s'auto-gèrent, qu'ils élisent des filles et fils Africains à leur tête. Des décennies qu'ils nomment des gouvernements composés de fils et filles d'Afrique.
Bref, des décennies d'auto-détermination ; dirions-nous. Pourtant, le continent africain demeure toujours déstructuré. D'abord, à l'intérieur d'un même pays, les conflits connaissent une recrudescence. Ensuite, entre pays voisins, la méfiance et la suspicion n'ont jamais connu une si grande ampleur, elles sont à leur paroxysme. Tout ceci est déstabilisant pour le citoyen qui n'arrive plus à retrouver ses repères. Ce, d'autant plus que l'éternel bouc émissaire, c'est-à-dire l'esclavagiste, celui-là qui est donné pour être le plus grand diviseur commun de l'Afrique, qu'il a mélangée et déconstruite est parti d'Afrique depuis le milieu du 19ème siècle. Et, même si le soupçon de sa présence sur le continent est quasi obsessionnel, et qu'il lui est attribué sans cesse la responsabilité de tirer les ficelles dans l'ombre, de manigancer contre l'Afrique, l'esclavagiste est bel et bien parti d'Afrique. Il n'est pas là. C'est l'Africain lui-même qui est aux affaires en Afrique.
Quant au colonisateur qu'on a toujours pensé être à la base des maux de l'Afrique, depuis la deuxième moitié du 20ème siècle, il a accordé l'indépendance à l'Afrique, cela veut dire qu'il n'est plus aux affaires en Afrique, même comme la paranoïa ambiante a tendance à voir son ombre partout sur le continent. C'est une réalité indéniable. Une vérité intangible. Le colon n'est plus là, il est retourné chez lui. Du coup, devant une telle réalité qui saute aux yeux, en Afrique, certains esprits comme par exemple celui de l'UPACEB commencent à devenir interrogateurs : pourquoi l'Afrique est encore désordonnée, pourquoi elle est encore en conflits, malgré l'absence du « génie saboteur et torpilleur de l'Afrique» ; « l'empêcheur de tourner en rond » en Afrique ? Autrement dit, sans le bouc émissaire éternel qu'est tantôt l'esclavagiste, tantôt le colon, - qui d'ailleurs ne sont plus en Afrique, va-t-on nous trouver enfin les vraies coupables de nos calamités ; c'est-à-dire nous donner pour finir ; des raisons rationnelles de notre sous-développement ? Ce n'est pas sûr.
En effet, le progrès n'est possible que pour celui qui accepte l'autocritique, ce que les Africains n'acceptent pas de faire. En outre, pour aller de l'avant, il est nécessaire de faire le bilan du passé, ce qui ne fait pas partie de nos talents d'Africains. Par ailleurs, avant d'opérer des choix, il faut d'abord connaître ses priorités, or, l'Afrique n'a jamais montré de priorités, ses priorités, elles les ignore. Enfin, avant de faire le vide de son patrimoine, il faut identifier ses trésors, c'est trop demander à l'Afrique qui a du mal à distinguer son trésor de son embouchure. De ce fait, le désordre qui règne sur notre continent est pleinement justifié. Sur ce continent, on n'a jamais pris le temps d'une réflexion. Tout se fait à brûle-pourpoint. Jamais les compétences pluridisciplinaires du continent n'ont été mises à contribution. Jamais, elles n'ont pris d'initiatives elles-mêmes, en organisant des assises pour réfléchir, faire des propositions concrètes aux gouvernements nationaux, ni à l'Organisation Continentale. Ainsi, sans le FMI, la Banque Mondiale, l'ONU, l'Union Européenne...etc., le continent africain n'a pas de politique générale de développement car personne n'y songe. En Afrique, on vit au jour le jour. Comme au campement. Aucune politique de prévention des fléaux n'est faite. Ni même celles concernant les conflits. On subit donc tous les sorts, d'où qu'ils viennent. En effet, en Afrique au Sud du Sahara, il faut que les périls adviennent, avant que l'on songe aux moyens de les éradiquer. Il n'y pas d'anticipation sur les événements. Les politiques de réductions des risques n'intéressent personne sur le continent. Par exemple, il faut que le feu se déclenche pour que l'on cherche à l'éteindre. Jamais, on ne fera rien pour empêcher le feu de se déclencher. Dans ce contexte, faut-il s'étonner de la résurgence des conflits et des catastrophes humanitaires ? Aucunement. Tout s'y prête. On vit sur le continent comme on vit à l'âge de pierre : chacun dans village ou dans son groupe ethnique. La vision globale du monde qui mène à des actions de grande ampleur nous échappe. Pour chaque Africain, le monde s'arrête au niveau de son village, de sa tribu, de son groupe ethnique, de sa synagogue, de son église, de sa mosquée. Son pays et son continent son secondaires. Au 21ème siècle, dans un monde globalisé, en Afrique, nous avons encore des réflexes de repli identitaire qui alimentent la dislocation sociale et augmentent la désintégration nationale et continentale. A ce stade de notre réflexion, la question tombe comme un couperet : quel modèle de société pour l'Afrique du 21ème siècle ? La Féodalité ; ou la République ? Cette question nous renvoie dans les années 1960, date des indépendances de nos pays : au lendemain des indépendances, pour quel modèle de société les pays africains ont-ils opté ? Pour la Féodalité ou pour la République ? Vue la situation qui prévaut dans nos pays respectifs et sur notre continent, seul le choix de la Féodalité peut expliquer véritablement l'état de déliquescence actuel de nos États, et de notre continent ; tandis qu'un choix éventuel de la République l'expliquerait difficilement. Autrement dit, si les pays africains avaient pris fait et cause pour la République, telle que le colonisateur l'a institué, le démocratie ne serait pas un leurre pour l'Afrique aujourd'hui, et il n'y aurait pas une telle carence en matière de droits de l'Homme sur le continent. Dans la même perspective, si les pays africains devenus indépendants avaient opté franchement pour la République, l'Afrique n'aurait pas connu un tel morcellement territorial à l'origine de la faillite des États et de la désintégration, morcellement qui rappelle tristement le système féodal. En clair, si les pays africains avaient choisi la République, l'on aurait des États forts, avec des institutions fortes et crédibles, plutôt que des hommes forts à la tête d’États faillis. Apparemment donc, officiellement, les pays africains ont choisi la République à l'occasion de leurs indépendances. Mais, dans les faits, prévaut la Féodalité, d'où, la désintégration des pays et du continent. Et si tel est le cas, c'est bien parce qu'au lendemain de leurs indépendances, les pays Africains ne se sont pas concentrés sur l'essentiel qui est la construction de leur destinée commune (I) et ils ont manqué de vision politique à cause de leur dépaysement né du passage des sociétés microéconomiques à des sociétés macroéconomiques (II).
    1. UNE DECONSTRUCTION NATIONALE ET CONTINENTALE IMPUTABLE A UN MANQUE DE CONCENTRATION SUR L'ESSENTIEL
Depuis les indépendances, les pays africains sont dissipés (A), se préoccupant peu de bâtir l'unité culturelle au niveau national et continental et privilégiant le développement économique (B)

A) Des pays africains dissipés et détournés de l'essentiel : la construction de leur destinée commune

Normalement, après une série d'épreuves, chacun a besoin de marquer une pause, pour tirer les leçons du passé, entamer une amorcer au retour à la vie sociale de façon progressive, en procédant par petits pas, par petites touches avant d'en arriver aux actions robustes. Ainsi en est-il d'un patient
qui vient de traverser une longue maladie. En convalescence, il ne consomme pas des mets copieux et lourds. Au contraire, il a besoin d'abord d'eau pour se réhydrater, puis de repas légers comme par exemple de la soupe, pour se nourrir, pendant quelques temps, avant d'en arriver à des plats plus lourds. Tel aurait dû être l'attitude des pays africains au sortir de l'esclavage, puis de la colonisation. Ils avaient le devoir de procéder étape par étape,  en posant des fondements de consolidation sociale. En l'espèce, la priorité devait être accordée à l'éducation des populations. A ce sujet, la politique de coopération mise en place dans les anciennes colonies françaises était la plus appropriée. Cette politique de coopération consistait à transférer les compétences intellectuelles des pays du nord, vers les pays du sud pour booster l'éducation dans les anciennes colonies. On peut l'affirmer sans ambages, la politique de coopération était sans nul doute, la meilleure politique, jusqu'ici, entreprise par les pays africains. En effet, après les indépendances, les pays africains n'avaient que trois politiques à privilégier  et en ordre :
  • primo, l’Éducation,
  • secundo, la Santé,
  • tertio, le développement des routes.
Et c'était très suffisant pour un nouveau départ.
  • L’Éducation pour une cohésion sociale et une fortification des population.
  • La Santé pour réduire les fragilités, les vulnérabilités, promouvoir l'hygiène, protéger les populations.
  • Les Routes pour relier tous les peuples à un niveau national et à un niveau continental.
    En effet, en langue française, l'autre nom de la « Route », c'est « la voie de communication ». Cela veut dire beaucoup de choses ; car communiquer, c'est finir par se connaître, s'entendre, collaborer, s'unir, et finalement éviter des conflits ! Le développement des routes dans les pays africains et sur le continent africain aurait facilité les contacts humains entre divers peuples, et en l'espèce, beaucoup de conflits interethniques auraient été réduits en Afrique, en ce début du 21ème siècle.
Mais, plutôt que de procéder pas à pas, après l'esclavage puis la colonisation qui l'ont secouée, l'Afrique a fait tout le contraire en entamant une véritable course effrénée derrière l’Économie. Toutes les politiques qui ont le plus séduit l'Afrique et ses pays étaient les politiques économiques, plus précisément le développement des «éléphants blancs». L'Afrique a ainsi choisi d'investir dans la pierre, plutôt que dans l'éducation, la santé, et les routes.
Par conséquent, depuis les indépendance, le développement des pays africains est toujours rattaché à l'économie, de sorte que l'on pense que seul le développement économique enverra le développement et la paix sur le continent. Toutes les politiques nationales en Afrique sont économiques. Jamais de politiques culturelles. Même en matière de politique internationale, seule l'économie est au centre. Ainsi, l'Afrique a bénéficié de la Dette, des Plans d'Ajustement Structurels (PAS) consistant à démanteler tout le service public, surtout en matière d'éducation et de santé, c'est-à-dire, tout ce qui allait contribuer à renforcer la cohésion sociale et les institutions politiques.
Depuis, la Dette et les PAS sont passés. Place maintenant à la Mondialisation. Toujours autour de l'économie et des finances.
Bref, après les indépendances, toutes les politiques du continent africain tournent autour de l'économie. Au plan international, à part les politiques de coopération qui ont privilégié le transfert de compétences des pays du nord vers les pays du sud pour promouvoir l'éducation, ce qui a eu un impact social et culturel qualitatif, pour le reste, l'Afrique n'a que privilégié les politiques économiques. Et voilà comment l'unité culturelle des pays et celle du continent n'ont pas été au cœur de leurs préoccupation.

B) Une unité culturelle écartée des préoccupations nationales et continentales au profit du développement économique

Entre intégration économique et intégration culturelle, l'Afrique était à la croisée des chemins, elle devait suivre son rythme, en commençant par le développement culturel qui allait l'unifier.
Au plan national comme au plan continental, la culture n'a pas été considérée comme un déterminant du développement économique et humain. Et voilà comment le continent compte encore de nombreux analphabètes. Aucune politique d'unification des peuples par la culture n'a été entreprise. Il résulte que les discordes sont en nette augmentation entre tribus, entre ethnies, entre religions...etc. Au plan continentale, il y a eu l'OUA, et maintenant l'UA. Mais, ces organisations n'ont pas initié de réelles réflexions scientifiques autour des questions d'intégration par la culture et par les civilisations au lendemain des indépendances.C'est un choix politique délibéré qui ne peut être nullement imputé au colonisateur. En effet, voici ce que dit le Préambule de la Constitution Française de 1946 en son article 17 : «L'Union française est composée de nations et de peuples qui mettent en commun ou coordonnent leurs ressources et leurs efforts pour développer leurs civilisations respectives, accroître leur bien-être et assurer leur sécurité.»
Les pays africains, du moins les anciennes colonies françaises étaient donc libres de développer leurs cultures et leurs civilisations, conditions sine qua non de leur intégration nationale et continentale, aussi bien avant, qu'après leurs indépendances. Au contraire, en lieu et place du rapprochement entre les pays, chaque État a gardé sa souveraineté et toutes les politiques mises en œuvre jusqu'aujourd'hui, visent à rigidifier les frontières pour que le chef d’État africain soit « prince en son royaume » avec des pouvoirs exclusifs concentrés dans ses mains à la manière du seigneur féodal qui régnait sans partage. Pour finir, la déconstruction du continent s'est aggravée aujourd'hui parce que les pays et par-delà le continent n'ont jamais eu de vision politique. Et voilà comment l'essentiel de ce qui pouvait forger pour les Africains, une destinée commune a été éludée. En effet, sans éducation, comment les Africains allaient apprendre à cohabiter sans se combattre, et s'accepter comme tels, en se regardant comme des amis, des frères ? En un mot comme en mille, au sortir de la colonisation, l'Afrique n'avait qu'un devoir : celui d'enseigner à ses filles et filles, le sentiment d'appartenance à une même communauté nationale et et une même communauté continentale, contrainte de vivre ensemble.Pour avoir failli à ce devoir et pour avoir été distraite par les politiques économiques, l'Afrique se paie des guerres sordides et complètement insensées au 21ème siècle, où, les batailles de chiffonniers paraissent archaïques et rétrogrades. Au sortir de la colonisation, l'Afrique a péché par manque de vision politique c'est le cas de le dire. Mais surtout, les Africains n'ont pas pu s'adapter politiques applicables aux sociétés de masse.

  1. UN DEPHASAGE NE DU PASSAGE DES SOCIETES MICROENOMIQUES AUX SOCIETES MACROECONOMIQUES
Au sortir de la colonisation, l'Afrique a fait preuve de manque vision politique par la tentative du rejet abrupt du projet colonial car elle n'a pas compris la dimension du concept de l’État-nation (A) et elle s'est laissée piégée par la perversion politicienne de la vraie histoire des indépendances africaines (B)

A) Un manque de vision politique généré par la tentative de rejet abrupt du projet colonial et la méconnaissance du concept de l’État-nation

Au sortir de la colonisation, l'Afrique ne s'est pas fixé d'objectifs majeurs de cohésion sociale de ses peuples à atteindre, ni à un niveau national, ni à un niveau continental.
Pour étayer notre propos, nous allons procéder par étapes, en donnant des exemples pratiques. D'abord la Démocratie, l'Afrique la connaissait sous l'arbre à palabres, au niveau local, dans les villages et tribus, c'est-à-dire à petite échelle. C'est la colonisation qui l'a promue à grande échelle, à un niveau national, voire continental et l'a importé en Afrique, dans son projet colonial. Écarter ce projet colonial en bloc, c'était courir le risque de la rupture démocratique à grande échelle, et retomber dans la féodalité. Le piège était là, l'Afrique l'a mordu.
Ensuite, l'Afrique connaissait la notion de République, c'est-à-dire la notion de chose publique, avant la colonisation, dans ses campements et villages où, le bien public ne se confondait pas avec le bien privé. Là aussi, c'était à un niveau microéconomique vu que tout se passait à un niveau villageois et tribal. Mais à l'échelle macroéconomique, c'est-à-dire à un niveau national, voire continental, c'est le projet colonial qui l'a introduite en Afrique moderne. Rejeter le projet colonial, c'était rejeter la République pour retourner dans la Féodalité. Le piège était là, l'Afrique y est rentrée. Et puis, les droits de l'Homme. En grande partie, les Africains connaissaient bien ce concept, même partiellement. Ils les vivaient, les vivent encore à l'échelle locale, entre personnes de même tribu et de même religion. Mais, c'étaient des droits en général réservés aux seuls membres du groupe, jamais étendus aux étrangers d'où, ils sont des privilèges, et non des droits. Le projet colonial est venu les étendre à grande échelle, à un niveau national, puis continental pour leur donner une ampleur universelle. Tourner le dos au projet colonial, c'est absolument abandonner les droits de l'homme pour nos privilèges. Le filet était tendu à l'Afrique. Elle y a été prise.
En outre, le code électoral. L'Afrique traditionnel avait des modes désignations de ses chefs et de ses missionnés. Mais là aussi, c'était à un niveau réduit, à l'échelon local. Avec le projet colonial, une dimension universelle permettait à l'Afrique d'étendre ses modes de désignations des représentants du peuple à l'échelle nationale, continentale, voire mondiale. Rejeter le projet colonial signifiait un retour en arrière, dans les sociétés traditionnelles. L'appât était tendu à l'Afrique. Elle y a mordu.
Enfin, si on veut voir de près, le problème de l'Afrique réside essentiellement dans son inadaptation psycho-culturelle aux sociétés de masse. En effet, l'Afrique connaissait la famille, le clan, le campement, le village et la tribu. Le projet colonial lui a fait découvrir la société de masse. Refuser le projet colonial, c'était le retour au village, à la campagne, à la tribu, et plus tard, à la synagogue, à l'église, à la mosquée, bref, dans son petit coin. Le piège était là. L'Afrique y est tombée.
La liste des pièges dressées sur le chemin de l'Afrique au sortir de la colonisation est longue.
Au fond, un manque de vision politique au lendemain des indépendances a empêché l'Afrique de se projeter dans le futur comme continent devant compter parmi les autres grandes nations. Il était plus confortable pour l'Afrique de renouer avec son passé féodal, que d'envisager un renouveau culturel fondé sur ses propres principes bien, et sur les principes bien du projet colonial.
En effet, le projet colonial abolissait les privilèges et prescrivait les seuls droits de l'homme. Cela n'était pas du goût des princes locaux. Ce sont eux qui ont torpillé le projet colonial sous le couvert d'un souverainisme débridé, pour préserver leurs acquis. Il résulte qu'aujourd'hui, en Afrique, une grande confusion règne autour de la mise en œuvre des droits et libertés fondamentaux qui consacre toute démocratie vraie. Du coup, en Afrique, lorsqu'on parle de droits de l'Homme et de Démocratie, chacun pense que cela ne concerne que le président de la République, le chef de l’État et son gouvernement. Le citoyen africain lambda ne pense pas être un acteur de la Démocratie et des droits de l'Homme. Par exemple, on trouve en Afrique, des hommes qui au nom de la primogéniture, ont hérité tous les biens fonciers et immobiliers de leur père défunt, expropriant de facto le reste de la fratrie. Ce type de spoliateurs, en droit positif, on les considère comme coupable de manquements graves au droit de priorité, un droit humain fondamental. Mais en Afrique, rien ne leur est reproché, au contraire, on pense qu'ils sont dans le droit. Ces mêmes individus s'engageront en politique, dans l'opposition, attaqueront le chef de l’État et le gouvernement de bafouer les droits de l'Homme ! Alors qu'en matière de droits de l'Homme, eux qui ont exproprié leurs frères et sœurs ne sont pas un exemple de probité ! Le même phénomène s'observe chez des hommes qui après plusieurs années de mariage, répudient leur épouse sans lui laisser le moindre sou, le moindre bien ! De tels époux ayant manqué aux droits les plus fondamentaux de l'homme, ce sont eux qu'on verra en train de crier au chef de l’État qui ne respecte pas les droits de l'Homme !
Dans les villages, plusieurs citoyens se permettent de lyncher et torturer à mort d'autres citoyens sous prétexte que ces derniers sont des sorciers. Curieusement, ce sont ces tortionnaires qu'on retrouvera dans les Partis Politiques d'opposition en train de rapprocher au Chef de l’État et au gouvernement des manquements des droits de l'Homme et à la démocratie ! Le patron qui sous-paie ses ouvriers ou retient les salaires de ces derniers, recrute ses employés sous un critère tribal, licencie abusivement et arbitrairement sous un critère tribal, la maîtresse de maison qui réifie son domestique ou sa femme de ménage, l'enseignant qui pratique la pédophilie, le chef de service qui exerce le harcèlement moral et le harcèlement sexuel sur ses subalternes, le père de famille ou la mère de famille, l'oncle ou la tante, le grand-père ou la grand-mère, le frère aîné ou la sœur aînée qui incitent, encouragent au mariage forcé,...etc., tous ces gens ne pensent jamais qu'ils ne respectent pas les droits de l'Homme ! Il ne leur vient à l'aider d'adopter des comportements antidémocratiques, car pour eux, les droits de l'Homme et la Démocratie, c'est une histoire de politique, c'est une histoire de président de la République, c'est une histoire du gouvernement et des élus politiques. Le citoyen n'a rien à voir avec les droits de l'Homme, et toutes les injustices que le citoyen peut causer aux autres citoyens ou à l’État ne sauraient relever de la Démocratie et des droits de l'Homme. Ainsi en est-il de la gestion de l'espace public. Dans le transport en commun, dans la voirie, un citoyen peut importuner les autres en écoutant la musique à fond, en faisant du bruit, parlant et rigolant très fort avec ses amis ou parfois avec son téléphone portable. Aucun chef de trouble anormal du voisinage ne lui sera imputé, a fortiori, un manquement aux droits de l'Homme et à la Démocratie !
Tel est le résultat obtenu par l'Afrique à vouloir rejeter le projet colonial dans sa totalité. On est retourné à la case départ, c'est-à-dire, presqu'à l'état nature où, c'est la loi du plus fort qui s'impose au reste. On le voit bien, le désir de s'affranchir de toute coopération avec l'ancien colonisateur n'est pas gratifiant pour le continent noir. Et pourtant, ce désir de s'affranchir de toute coopération avec l'ancien colonisateur, si dommageable à l'Afrique soit-il, est nourri par la perversion politicienne de la vraie histoire des indépendances africaines.

B) La perversion politicienne de la vraie histoire des indépendances des pays africains à l'origine de la revivification du système féodal au 21ème siècle

Aujourd'hui, en Afrique, une certaine classe politique veut démontrer à tout prix que l'Afrique a été hostile à la colonisation, et qu'elle a lutté puis obtenu son indépendance pour pouvoir renouer avec sa culture ancestrale. Elle insiste sur les méfaits de la colonisation et n'évoque jamais les bienfaits du projet colonial notamment en matière de conquête de droits et libertés fondamentaux, dans le domaine de l'école, la santé, la technologie...etc.
Naturellement, en entendant ces supputations, la jeune génération qui n'a pas connu la période avant la colonisation, ni la colonisation, encore moins l'histoire de la décolonisation africaine se met en ébullition. Elle veut une rupture radicale avec l'ancien colonisateur qu'elle croit à l'origine des maux de l'Afrique, d'après les inepties que les politiciens racontent. Il est donc utile de rappeler succinctement à la mémoire collective, l'histoire des indépendances des pays africains.
En effet, les indépendances des pays africains sont récentes. Certains témoins sont encore vivants et peuvent l'attester : la partie francophone de l'Afrique au Sud du Sahara n'a jamais voulu d'indépendance vis-à-vis de la France. Pour exemple, le Gabon est même allé jusqu'à demander sa départementalisation, mais ne l'a pas obtenu. Le seul exemple de Sékou Touré en Guinée Conakry, qui, rappelons-le, était un jeune homme idéaliste pour son époque, ne devrait pas occulter la volonté de la majorité des pays africains à vouloir demeurer Français. C'est plutôt la France du Général De Gaulle, qui, pour des motifs qui lui sont propres, a imposé l'indépendance aux pays africains. Autrement, il n'a jamais été de l'intention des Africains francophones de devenir indépendants vis à vis de la France et c'est en comparant les deux types de colonisations anglaises et françaises qu'on comprend la volonté des Africains francophones consistant à refuser l'indépendance.
En effet, l'Afrique Anglophone voulait effectivement devenir indépendante car les Anglais, avec le darwinisme comme philosophie principale ont pratiqué la colonisation d'associations, laquelle est à l'origine de l'apartheid et de la ségrégation raciale dans leurs colonies, avec ce que cela a induit comme conséquences.
Quant à la colonisation assimilationniste à la Française, elle a commis l'erreur de vouloir faire la table rase des civilisations africaines, et d'organiser le travail forcé, mais, par rapport à la colonisation britannique, la colonisation française d’assimilation représentait moins un fardeau, à cause des idées humanistes qu'elle véhiculait. C'est donc naturellement que les anciennes colonies africaines désiraient s'en accommoder, sachant les nombreuses servitudes du système féodal africain, avec ses nombreux manquements aux droits de l'Homme. De ce fait, il est aisé de comprendre qu'au Referendum de 1958, tous les pays africaines aient voté pour le NON, à part la Guinée de Sékou Touré.
Insistons pour dire que cette différence de stratégie coloniale entre la France et l'Angleterre fait que jusqu'aujourd'hui, les anciennes colonies anglaises ne sont pas en odeur de sainteté avec la Grande Bretagne. Tandis que les anciennes colonies françaises sont toujours proches de la France qui a véhiculé des valeurs humanistes à portée universelle, là, où ces valeurs étaient réservées à quelques princes et suzerains féodaux en Afrique avant la colonisation.
Cette précision portant que les deux types de colonisations anglais et français est à apporter pour éviter les confusions. Ne confondons donc rien. La colonisation française dite assimilationniste était bien meilleure, bien plus humaine, que la colonisation d'associations des Anglais qui a opéré une séparation entre les Blancs jugés meilleurs et les noirs, jugés inférieurs, rendant impossible tout rapprochement entre les colonisés anglais et les colonisateurs anglais, jusque dans le lien matrimonial. A ce sujet, on peut bien le remarquer ! Il y a moins de métis Afro-Européen dans une ancienne colonie anglaise, que dans une ancienne colonie française.
Ceci dit, nous en appelons non seulement à l'instruction des Africains, mais encore à l'évolution de leurs mentalités. En effet, ce qui était valable hier, ne l'est pas forcément aujourd'hui. Hier, nous étions colonisés. Aujourd'hui, nous sommes indépendants. C'est différent !
Or, plusieurs Africains nés sous la colonisation ont encore gardé les réflexes de combattants et de résistants. Pourvu qu'ils aperçoivent un Européen et ça y est, voici le Colon. Pure fantasme !
C'est le principal problème de plusieurs Africains aujourd'hui. N'importe quel débat politique finit toujours par la colonisation. Tout cela rabaisse le débat mais aussi l'Africain car, au-delà même du subjectivisme que de tels réflexes entraîne, c'est la capacité de l'Africain à conduire un débat intellectuel qui est remise en question. Le manque d'objectivité dans nos débats politiques les biaise et tue en eux la sincérité et la crédibilité.
Au 21ème siècle, une seule question est posée à l'Afrique : Après avoir connu la Féodalité, puis la Colonisation qui nous a apporté la République à grande échelle, au lendemain des indépendances, quel modèle de société l'Afrique a-t-elle adopté ? Quel modèle de société (Féodalité ou République) et quel modèle de gouvernement (Démocratie ou Tyrannie) l'Afrique a-t-elle adoptés depuis les indépendances ? En effet, tous les problèmes de l'Afrique proviennent de cette question. Le colonisateur n'a strictement rien à voir dans nos malheurs. Au contraire, l'expérience a démontré que la présence du colonisateur rassurait les plus petits qui sont sans défense en Afrique. Plus que le colonisateur lui-même, c'est plutôt le projet de société du colonisateur qui instaurait l'égalité de tous que l'Afrique n'a pas voulue. En effet, ce projet politique colonial allait contre les intérêts féodaux et pour cela, il fallait le combattre. Encore au 21ème siècle, il suffit d'entendre parler les Africains s'exprimer pour se rendre compte que plusieurs sont les Africains, qui, soit nostalgique du système féodal, soit par ignorance, laissent entendre qu'ils préfèrent de la coopération entre l'Afrique et la Chine plutôt que celle de l'Afrique avec l'occident, l'ancien colonisateur. Les raisons d'une telle préférence sont double :
  1. raisons économiques : quelques Africains pensent que la coopération avec la Chine est plus juteuse pour l'Afrique, qu'elle est un partenariat équilibré. D'où, ils préfèrent cette coopération. Discutable, lorsqu'on voit que la Chine débarque toujours en Afrique avec sa propre main d’œuvre, ce que ne faisait pas l'ancien colonisateur qui fournissait la main l'emploi à la population locale.
  2. Raisons politiques : d'autres Africains par contre, soutiennent sans frémir qu'il vaut mieux coopérer avec la Chine parce que la Chine ne se mêle pas de notre politique intérieure. Elle ne fait que faire des affaires et c'est tout. Là, où l'ancien colonisateur se mêle de la politique intérieur des pays africains. Là par contre, cette affirmation fait peur.
En effet, ce dernier point concernant une prétendue observation d'une neutralité de la Chine en matière de politique intérieure africaine suscite des interrogations et pourrait livrer des secrets sur la coopération entre l'Afrique avec la Chine. En effet, ces Africains, qui, pour des raisons politiques préfèrent collaborer avec la Chine donnent tout simplement l'impression d'être à la recherche de partenaires tolérants, qui fermeraient les yeux sur les excès, les abus de certains dirigeants. En clair, ce que sous-entend la coopération afro-chinoise au plan politique donnée pour être des plus pacifiques, c'est que quelques Africains, véritables nostalgiques du système féodal sont à la recherche de partenaires internationaux qui les laisseraient installer la chienlit, via le système féodal avec ses nombreuses servitudes et ses privilèges octroyés de façon arbitraire, au grand mépris de la Démocratie et des droits de l'Homme. Système féodal, où, le plus fort peut écraser les plus faibles, où, le chef a droit de vie et de mort sur les peuples, et, où, les grands humilient les plus petits, sans être remis en question, en toute impunité. De ce fait, en Afrique, les tyrans souhaiteraient-ils que l'ancien colonisateur et sa presse jugée trop bavarde s'en aillent au plus vite ; pour qu'ils aient enfin, les coudées franches pour tuer, assassiner et écraser celles et ceux qu'ils pensent ne pas mériter de vivre et de connaître le bonheur ? L'Afrique a-t-elle pour ainsi dire, opté pour la Féodalité ; en lieu et place de la République ? Mais alors, définitivement ?
Et l'Afrique francophone dans tout ça ? Héritière par ricochet de la Révolution Française, cette Afrique Francophone laisserait-elle prospérer une telle forfaiture ? Absolument pas. Surtout pas au 21ème siècle. L'UPACEB se porte garante.


Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN



dimanche 24 janvier 2016

LA FAILLITE DES ETATS ET LA DESINTEGRATION L'OUROBOROS (LE SERPENT QUI SE MORD LA QUEUE)

    AFRIQUE AU SUD DU SAHARA
    LA FAILLITE DES ETATS ET LA DESINTEGRATION L'OUROBOROS (LE SERPENT QUI SE MORD LA QUEUE)
    SYMPTOMATIQUE DU SYSTEME FEODAL
En général, lorsque l'on parle de faillite, on pense immédiatement à l'économie, aux finances. Ainsi, pour le sens commun donc, la faillite signifie toujours un échec économique. La preuve en est qu'on assimile toujours le mot « faillite » à l'état d'un commerçant en cessation de paiement, et le synonyme que l'on rattache au mot « faillite » est très souvent la banqueroute. Cependant, le Dictionnaire Larousse fait la part des choses en admettant que la faillite peut concerner un autre domaine que l'économie et les finances. D'où, pour le Dictionnaire Larousse, la faillite, c'est :
  • d'une part, la « Sanction qui frappait les commerçants et dirigeants d'entreprise en état de cessation de paiements. »1
  • Et d'autre part, un « Insuccès patent de quelque chose : La faillite d'une politique ».2
Quoiqu'il en soit, l'idée selon laquelle le mot « faillite » renvoie à l'économie et aux finances est canonique. On la retrouve partout, y compris dans la faillite des États. C'est ainsi que par exemple, lorsque l'on parle de la faillite d'un État, on pense immédiatement à un État en défaut de paiement, en cessation de paiement de sa dette. On l'a vu dans le cas de la Grèce. Concernant l'Afrique, il depuis quelques années déjà, l'on parle de la faillite de ses États. Mais fort heureusement, si pour une grande partie de l'opinion, la faillite des États africains revoie au défaut de paiement de leurs dettes, une bonne partie de l'opinion dont fait partie l'UPACEB conçoit la faillite des États africains sur d'autres domaines, en dehors du domaine économique et financier. Pour s'en convaincre, l'UPACEB est allé à la recherche d'indices standards, génériques, pouvant caractériser un État en faillite. Et c'est le Premier Ministre Centrafricain S.E. M. le Premier ministre Martin ZIGUELE qui en dessine les contours. En effet, pour lui, les indicateurs de la faillite des États africains sont d'ordre social, économique, et politique. Par conséquent, parlant des indicateurs de vulnérabilités en Afrique, l'homme d’État affirme :
«Ces indicateurs de vulnérabilité sont répartis ainsi qu’il suit :
Quatre indicateurs sociaux :
1- la pression démographique ;
2- les mouvements massifs de réfugiés et de déplacés internes ;
3- les cycles de violences communautaires ;
4- et enfin l’émigration chronique et soutenue
Deux indicateurs économiques :
1-les inégalités de développement ;
2-et le déclin économique subit ou prononcé.
Six indicateurs politiques :
1-la criminalisation et la délégitimation de l’État ;
2-la détérioration graduelle des services publics ;
3- les violations généralisées des droits de l’homme ;
4- l’hégémonie de l’appareil de sécuritaire ;
5- l’émergence de factions au sein de l’élite ;
6- et enfin l’intervention d’autres puissances dans les affaires intérieures de ces États. »3
On le voit bien, avec ces indicateurs fournis par le Premier Ministre Martin ZIGUELE, la «faillite des États africains» n'est pas qu'économique et financier. Au contraire, cette faillite de nos États sont d'une très grande ampleur. Mieux, en Afrique, la Faillite des États est synonyme de Désintégration des États. En effet, dans la langue française, la Désintégration signifie «Action de désintégrer, de se désintégrer ; désagrégation : La désintégration des roches.
  • Destruction, dissolution venue de l'intérieur : La désintégration d'un parti.
Transformation du noyau d'un atome, par émission ou capture d'énergie, en un autre noyau de caractéristiques différentes. (Spontanée pour les radioéléments, la désintégration peut être provoquée, pour un noyau stable, par bombardement corpusculaire.) »4
Dans le mot « Faillite » comme dans le mot « Désintégration », il y a l'idée de Insuccès, déconfiture, marasme, débâcle, altération, destruction, dissolution, ravage, désordre, désorganisation, déprédation, ...etc, d'où, un lien inextricable entre « faillite des États » en Afrique et Désintégration africaine. En effet, en Afrique, « la faillite des États » et «la Désintégration des États et du Continent » sont deux faces d'une même médaille, car l'une ne va pas sans l'autre, au contraire, elles s'imbriquent. Il est donc impossible de parler de la faillite des États sans évoquer la désintégration des États (I) ; lesquelles sont caractéristiques du système féodal (II)
I) IMPOSSIBILITÉ DE DISSOCIER « FAILLITE DES ETATS » ET « DESINTEGRATION DES ETATS » EN AFRIQUE

L'impossibilité de dissocier «Faillite des États» et « Désintégration des États» en Afrique réside dans le fait l'une est à la fois cause et conséquence de l'autre (A), et l'autre à la fois cause et conséquence de l'une (B).

A) La Faillite des États à la fois cause et conséquence de la Désintégration des États en Afrique

La faillite des États africains nourrit gravement la Désintégration États africains, aussi bien à l'échelle nationale qu'à l'échelle continentale. Cela veut dire que si les États africains sont en faillite, c'est bien parce qu'ils sont dispersés, désintégrés. En effet, si les États africains étaient rassemblés, ils ne connaîtraient pas de dislocation, et par conséquent, ne connaîtraient pas de faillite. Mais, l'inverse aussi se justifie : à savoir que si les États africains n'étaient pas désintégrés, ils ne seraient pas en faillite. En effet, si l'on prend en compte les indicateurs de faillite relevés par le Premier Ministre Martin Ziguele, on a :
    1) au niveau social : la pression démographique ; les mouvements massifs de réfugiés et de déplacés internes ; les cycles de violences communautaires ; et enfin l’émigration chronique et soutenue
    2) Au niveau économique : les inégalités de développement ; le déclin économique subit ou prononcé.
    3) Au niveau politique : la criminalisation et la délégitimation de l’État ; la détérioration graduelle des services publics ; les violations généralisées des droits de l’homme ; l’hégémonie de l’appareil de sécuritaire ; l’émergence de factions au sein de l’élite ...
Tous ces indicateurs qui caractérisent un État en faillite, sont aussi caractéristiques d'un État en pleine déconfiture, en pleine désintégration. Et donc, si les États africains sont faillis, c'est bien parce qu'ils sont désintégrés. Cela veut dire que sans faillite des États, il n'y a pas de désintégration des États. C'est cela le cliché de l'Ouroboros, à savoir, le serpent qui se mord la queue. En effet, il y a une imbrication entre la Faillite des États et la Désintégration des États en Afrique.

B) La Désintégration des États à la fois cause et conséquence de la Faillite des États en Afrique

La démonstration précédente vaut entièrement ici. En effet, si la Faillite des États nourrit la Désintégration des États, également, la Désintégration des États africains alimente à son tour la faillite des États aussi bien à l'échelle nationale qu'à l'échelle continentale. Ce qui veut dire que sans Désintégration des États, il n'y aurait pas Faillite des États en Afrique. A ce niveau aussi, les indicateurs caractéristiques d'un État en faillite relevés par le Premier Ministre Premier Ministre Martin Ziguele maintiennent leurs effets. Ainsi, pareillement qu'un État en faillite, un État désintégré est caractérisé par :
    1) au niveau social : la pression démographique ; les mouvements massifs de réfugiés et de déplacés internes ; les cycles de violences communautaires ; et enfin l’émigration chronique et soutenue
    2) Au niveau économique : les inégalités de développement ; le déclin économique subit ou prononcé.
    3) Au niveau politique : la criminalisation et la délégitimation de l’État ; la détérioration graduelle des services publics ; les violations généralisées des droits de l’homme ; l’hégémonie de l’appareil de sécuritaire ; l’émergence de factions au sein de l’élite ...
Cela veut tout simplement dire que sans Désintégration des États, il n'y a pas de Faillite des États.
En effet, la faillite des États caractérisée par la mise à mal de l'autorité de l’État, le morcellement territorial, tribal, ethnique, juridique ;..etc., entraîne une désintégration totale des pays et par delà, du continent. Inversement, la désintégration des États à l'origine de la faillite des États compromet gravement la mise sur place dans la durée d'un pouvoir politique central, fort, pouvant résister à toute sorte de menace. Dans les deux cas, qu'il s'agisse de Faillite des États ou de Désintégration des États, les États Africains, et par-delà le continent africain présentent les les symptômes typiques d'un système féodal parmi les plus archaïques et les plus rétrogrades.

II) UN SYSTEME FEODAL TYPIQUE CARACTERISE PAR LA DESINTEGRATION ET LA FAILLITE DES ETATS AU PLAN NATIONAL ET CONTINENTAL

Avec leur désintégration et leur faillites, les pays africains révèlent l'image d'un système féodal non seulement à un niveau national (A) mais encore à un niveau continental (B)

A) La Désintégration et la Faillite des États africains, images d'un système féodal primitif

Un système féodal est facile à reconnaître. Non seulement, dans un système féodal, il n'existe pas de pouvoir central, ou alors qu'un pouvoir central existe, mais seulement de non, vu qu'il ne possède aucun de pouvoir de contrôle, de direction, de sanction sur ses administrés. Dans un système féodal, à la place des droits de l'homme fournis par la République, c'est plutôt des privilèges qui sont attribués. Dans un système féodal, en lieu et place de la justice sociale disponibles au sein d'une République, c'est plutôt l'injustice et l'arbitraire qui sont de mise. Et, à l'opposé d'une République qui offre sûreté et sécurité, considérées comme des droits naturels et imprescriptibles, dans un système féodal, c'est l'insécurité qui règne, la paix sociale étant remplacée par la violence sociale. Le système féodal, c'est véritablement une société chaotique. Telle est l'image de l'Afrique et de ses pays au 21ème siècle. Ainsi, dans une société africaine aussi confuse, désordonnée et tourmentée, à l'image des États féodaux, les fléaux consubstantiels à la féodalité sont en augmentation : proliférations des armes, recrudescence de bandes armées incontrôlables, la multiplication des agressions des coupeurs de routes qui dépouillent les voyageurs, violent les droits les plus élémentaires...etc., Dans ce cas, on ne peut pas parler d'intégration nationale en Afrique, a fortiori d'intégration continentale. En outre, on ne peut pas parler de Républiques en Afrique car la République, c'est l'ordre, c'est la discipline, avec État et des Institutions qui ont la maîtrise de leur organisation et leur fonctionnement. Au vu de la situation d'insécurité qui prévaut, les pays africains sont de réels États Féodaux. Et c'est le propre même de l’État féodal, à en croire les caractéristiques de son système : «Le monde était entré dans une nouvelle ère remplie d'énigmes et de mystères, il était dangereux de s'aventurer dans les forêts hostiles où les bandits avaient le contrôle. Les voyageurs du temps des Romains avaient disparus. La peur collective régnait partout. » 5
En Afrique, on a véritablement affaire à des États Féodaux des plus primitifs dans la mesure où, faillis, désintégrés, la gestion des États c'est-à-dire les pouvoirs politiques sont éparpillés dans les mains de diverses autorités : coutumières, lorsqu'elles sont légales, et illégales lorsque les pouvoirs politiques sont aux mains de prédateurs comme par exemple les juntes militaires, les extrémistes religieux , les séditieux...etc., agissant selon leur bon vouloir sans respect pour l'autorité central, et légal. Naturellement, cette féodalité qui affecte gravement les États ne laisse pas en reste la gestion politique du continent.

B) La gestion politique du continent africain perturbée par les relents féodaux archaïques

Au 21ème siècle, tous les peuples ont compris que c'est en insistant sur les valeurs communes, les civilisations et non sur la géographie et le territoire, que le monde vaincra la barbarie. Sauf l'Afrique noire reste attachée aux archaïsmes en privilégiant le territoire et la souveraineté. En témoigne l'organisation continentale dont elle s'est dotée : l'Union Africaine, fondée sur un critère géographique. De ce fait, l'Union Africaine s'est condamnée elle-même dans son « fief », à l'image des seigneurs féodaux dans leurs châteaux, condamnant ainsi chacun de ses États à s'enfermer dans un espèce de château fort. Car ne l'oublions pas, le système féodal, c'est aussi une affaire de terres, de fiefs, conduisant à une décentralisation du pouvoir : « Le système féodal est donc formé d'un ensemble de rapports personnels, fondés sur les aides réciproques qui organisent la société sur de nouvelles bases. Un certain rapport de force est caractéristique du système féodal. Le puissant a besoin d'hommes fidèles pour l'aider à administrer les terres et l'armée. Il y a d'autre part les moins puissants qui demandent aide et assistance, ils deviennent ainsi serviteurs du plus puissant. Mais ils pourront en outre promulguer des lois, recruter des soldats... Le système féodal est né de la faiblesse des États et de l'insécurité qu'elle engendrait. L'État fut par la suite morcelé en un grand nombre d'unités autonomes et accompagné du déplacement de la vie sociale et économique vers la campagne ainsi que vers la résidence du seigneur : le château. Le château était le centre d'un ensemble vivant pratiquement en circuit fermé. Il comprend les habitations du seigneur, des soldats, des paysans libres, des artisans, des serfs ainsi que tout ce qui était nécessaire à leur vie : les écuries, les entrepôts, les magasins, les fours, les ateliers... Dans des situations exceptionnelles telles qu'un siège, il pouvait se passer du monde extérieur. »6

De ce qui précède, il est entendu que fondé sur le repli géographique et territorial, chaque chef d’État Africain est « empereur en son royaume ». A ce titre, il n'est pas contrôlé par l'Union Africaine, est libre de faire ce qu'il veut !
Aussi, de quel sommeil l'UA était-elle réveillé ; et de quel rêve sortait-elle lorsqu'elle envisageait un corps expéditionnaire au Burundi ? C'est la question que nous nous sommes posée lorsque nous avons avons appris par voie de presse que l'UA menaçait d'intervenir au Burundi. Et cette question, nous n'étions pas les seuls à nous la poser. Un organe de presse en ligne se la posait déjà : « L'Union africaine montre ses muscles, mais peut-elle intervenir au Burundi ? »7
En effet, on croyait rêver. D'où, des remarques d'étonnement de notre part : Oh !!! Qu'est-ce qui se passe ? Une plaisanterie de mauvais goût ou un cirque pour amuser la galerie ? Mais voyons...C'est tout ? Et puis quoi encore ?
Naturellement, Pierre Nkurunziza et son gouvernement disent « niet », comme le relève bien un autre organe de presse en ligne : «Le Burundi refuse le déploiement de troupes de l’Union africaine sur son territoire » 8. Et avec raison. En effet, dans un esprit de justice, le respect des territoires nationaux et la souveraineté nationale qui sont les principes directeurs de l'Union Africaine ne doivent pas être un luxe que seuls certains États détiendraient en Afrique. Autrement dit, si le respect des territoires nationaux et la souveraineté nationale doit être de mise, qu'elle vaille pour chacun des pays, sans aucune discrimination !
Ainsi, ni la taille du pays, ni sa population, ni son PIB ne devraient être des variables discriminantes à sa souveraineté et au respect de son territoire. Et c'est çà qui est la vérité. En effet, on n'est pas un peu souverain. On peut être un peu compétent. Mais, on ne peut pas être un peu souverain. Car, la souveraineté, elle est totale, elle est entière, et elle n'est pas négociable. Donc, à l'aller comme au retour, c'est Nkunrunziza et son gouvernement qui sont la légalité. L'Union Africaine n'est pas habilitée à intervenir au Burundi. Et si elle le fait, elle outrepasse gravement ses compétences puisque, bâtie sur un critère géographique, elle est contrainte de respecter les frontières de chacun de ses États membres. Ce qui veut dire que pour agir au Burundi comme elle l'a préconisé, il faut que l'Union Africaine se réforme, en se construisant autour des valeurs et des civilisations que promeut l'Afrique, et non autour du territoire comme elle est à présent, tel que le propose l'UPACEB depuis un moment déjà.
Amis lecteurs, vous l'aurez compris, au 21ème siècle, l'Afrique tourne encore en rond, elle est désintégrée et déconstruite, féodalisme depuis ses États jusqu'au niveau continent. C'est la preuve que le gouvernement Burundais et bien d'autres gouvernements d’États africains ne se soumettent pas aux ordres de l'Union Africains. Non seulement à un niveau national, le pouvoir central de ces gouvernements sont mis à mal par des chefs de guerres, des juntes militaires, des prédateurs, des extrémistes religieux, des coupeurs de routes...etc., mais ces gouvernements eux aussi n'acceptent pas l'autorité de l'Union Africaine confinée à l'origine dans les frontières géographiques, à la ma manière des Seigneurs féodaux dans leurs châteaux.
Mais, là, où, il est manifeste que l'Afrique féodale est aux antipodes de la modernité et qu'elle est archaïque et rétrograde, c'est qu'au même moment où, le gouvernement Burundais et d'autres gouvernements africains en proie à la guerre refusent l'autorité de l’État, la Ligue Arabe décide, et intervient souverainement, et militairement, au Yémen, et partout ailleurs dans ses pays membres, là où le désordre de la guerre veut s'installer ou est installée. De même, L'Union Européenne interviendrait souverainement, et militairement, sans obstacle dans un État membre déstabilisé pour sauvegarder les institutions républicaines. Mais, le Conseil de l'Europe et l'Union Africaine ne peuvent pas intervenir souverainement dans l'un, de leurs États membres, déstabilisés. Si c'était le cas, le Conseil de l'Europe serait intervenu militairement pour arrêter le conflit en Ukraine. Et l'Union Africaine serait intervenue militairement dans tous ses pays déstabilisés pour mettre fin au cycle de la violence.
Question : pourquoi ce qui est valable pour le Ligue Arabe et l'Union Européenne n'est-il pas valable pour l'Union Africaine et le Conseil d'Europe ?
Réponse : Parce que la Ligue Arabe et l'Union Européenne sont fondées sur des valeurs communément partagées par leurs États membres. Ces valeurs défendues transcendent les frontières. Quant au Conseil de l'Europe et l'Union Africaine, ils reposent sur un critère géographique, un critère territorial, fondé sur le respect des frontières. Voilà pourquoi, le 25 novembre 2015 dernier, bien que les deux pays soient membres du Conseil de l'Europe, la Turquie a bombardé un avion Russe au motif que ce dernier aurait violé son espace aérien.

Koudoubouyé ! Kabakoyé !

Nous espérons être enfin comprise par les États et les citoyens africains. A savoir qu'il devient impérieux de mettre sur place une Organisation continentale et internationale africaine fondée sur nos valeurs et nos fondamentaux.


Yéble Martine-Blanche OGA-POUPIN
1In Larousse.fr
2In Larousse.fr
3 Intervention de S.E. M. le Premier ministre Martin ZIGUELE au 14e Forum de Bamako : « Face au constat partagé d’instabilité et de fragilité d’un grand nombre d’États africains : Que faire pour construire des États plus robustes ?
4In Larousse.fr
5In http://www.histoire-france.net/moyen/feodalite, Le système féodal , Contexte historique
6In http://www.histoire-france.net/moyen/feodalite
7http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/12/22/l-union-africaine-montre-ses-muscles-mais-peut-elle-intervenir-au-burundi_4836747_3212.html

8http://www.opex360.com/2015/12/20/le-burundi-refuse-le-deploiement-de-troupes-de-lunion-africaine-sur-son-territoire/

dimanche 17 janvier 2016

LES ASPIRATIONS PROFONDES DES PEUPLES AFICAINS
A LA DEMOCRATIE ET AUX DROITS DE L'HOMME
EN BUT A UNE REALITE  : L'INCOMPATIBILITE ENTRE FEODALITE ET REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE

Au village africain, la sagesse enseigne que l'attention, le courage, la maîtrise de soi, l'écoute et le questionnement sont consubstantiels à l'apprentissage. Cela veut dire que pour la sagesse africaine, quiconque veut apprendre dans la vie, les vertus cardinales à cultiver sont l'attention, le courage, la maîtrise de soi, l'écoute et le questionnement. Conformément à la sagesse africaines, ces vertus cardinales sont valables dans le cadre tout apprentissage sans exception. Et la sagesse africaine précise que tout au long de la vie humaine, on apprend à toute occasion. Et toute occasion est faite pour tirer des leçons et apprendre. Et il n'y a pas une seule occasion qui ne puisse offrir des leçons à tirer, des connaissances à apprendre. Ainsi par exemple, l'on apprend sur soi-même en écoutant les autres. Et l'on apprend sur soi-même dans es reproches et autres récriminations formulés par les autres. La sagesse africaine va jusqu'à affirmer que même les injures proférées à l'endroit d'un individu peuvent aider ce dernier à se découvrir autrement. Mais dans tous les cas, les seules conditions requises pour tirer profit de ces occasions d'apprentissage sur la vie, sur l'environnement, sur la société, sur soi-même...etc., sont : l'attention, le courage, la maîtrise de soi, l'écoute et le questionnement.
Tout d'abord, l'attention pour mieux entendre et comprendre l'occasion qui s'offre en apprentissage.
Ensuite, le courage pour aller jusqu'au bout de l'apprentissage. Et puis, la maîtrise de soi pour éviter l'emportement, devant les situations de choc. Par ailleurs, l'écoute pour une qualification juste de ce que l'on entend, afin d'éviter des contresens, des quiproquos, des amalgames et des confusions.
Enfin, le questionnement, pour analyser en profondeur, l'objet propice à l'apprentissage. Rappelons que ce processus d'apprentissage proposé par la sagesse africaine est difficilement applicable dans les situations conflictuelles. En effet, comment être attentif lorsque l'on se retrouve devant l'adversité ? Et comment avoir le courage d'écouter une personne vous débiter des insultes ? Est-il possible d'avoir la maîtrise de soi, en gardant le sang froid face à ce qui s'assimile à des injures par exemple ? Peut-on résister à l'esprit de vengeance quand l'on se sait attaqué à tort ou à raison, de façon physique ou de façon verbale ? Et pour finir, peut-on consacrer son temps à se questionner sur des propos tenus par une personne considérée comme hostiles à nos intérêts communs et personnels ?
On le voit bien, le processus d'apprentissage selon la sagesse africaine est difficile. Surtout dans monde dominé par la concurrence où l'on cultive l'esprit du tic au tac. En effet, cette culture du tic au tac empêche considérablement l'Afrique au Sud du Sahara d'apprendre, et de progresser. C'est exactement ce qui s'est passé il y a quelques années. En effet, il y a quelques temps, la rumeur a attribué à l'ancien président de la République Française, Monsieur Jacques Chirac, cette phrase :« la Démocratie était un luxe pour l'Afrique ». Si nous avions opté pour le processus d'apprentissage préconisé par la sagesse africaine tel que détaillé ci-dessus, voici quelle aurait été notre attitude :
Tout d'abord, on se serait montré attentif devant cette affirmation. Ensuite, on ferait preuve d'un courage à tout épreuve pour aller à la compréhension de cette assertion. Et puis, chacun de nous allait se maîtriser pour éviter la colère et l'emportement ; chacun de nous aurait gardé son sang froid, en vue d'une sérénité permettant une interprétation objective de cette phrase. En outre, on serait à l'écoute, en cherchant à comprendre ce qu'a voulu nous dire le président Jacques Chirac. Enfin, on se serait posé des questions non seulement sur nous-mêmes, mais encore les mobiles qui ont poussé le Président Chirac à s'exprimer ainsi.
A défaut de nous inscrire dans le processus d'apprentissage africain en procédant étape par étape au découpage de la pensée chiraquienne, chacun en est allé de sa propre interprétation. Comme toujours, lorsqu'il s'agit d'un problème concernant l'Afrique. Guidé par l'esprit traditionnel du colportage de l'information, esprit du colportage très libre mais aussi très volatile, chacun a décidé de véhiculer cette phrase du président Chirac selon son entendement. Les uns ont évoqué un racisme du président Chirac envers les Africains. D'autres y ont vu une manœuvre pour empêcher l'Afrique d'accéder à la Démocratie. Certains y ont vu de pures insultes. Et une fois la colère tombée, plus rien n'a suivi. Bien dommage !
« La démocratie est un luxe pour l'Afrique. » Dixit Monsieur Jacques Chirac. Voilà une phrase qui a fait couler beaucoup d'encre, mais dont on a tiré aucune leçon pour faire progresser l'Afrique. Il est utile de procéder à une analyse de cette phrase attribuée au président Jacques Chirac.
D'emblée, la Démocratie. C'est une forme de gouvernement du peuple par le peuple. En l'espèce, le peuple est souverain. Quant au mot « luxe », voici comment la lexicographie le définit :
« Pratique sociale caractérisée par des dépenses somptuaires, la recherche de commodités coûteuses ou de biens raffinés et superflus, souvent par goût du faste ou désir d'ostentation. […] Consommation improductive, somptuaire de biens coûteux, raffinés, superflus. […] Ensemble des biens coûteux ou parfois raffinés qui sont consommés ou dont on fait étalage par goût du luxe. »1 Ajoutons que le mot «Luxe» a pour synonymes le gaspillage, l'abondance, l'excès, le superflu, la surabondance. Après ces précisions, la phrase « La démocratie est un luxe pour l'Afrique » du président Chirac peut s'entendre comme : « la Démocratie est un gaspillage, une abondance, un excès, un superflu, une surabondance....pour l'Afrique. » Et si tel est le cas, c'est parce que l'organisation politique des sociétés traditionnelles africaines, laquelle est féodale, et reprise par l'Afrique moderne ne peut pas s'accommoder de la démocratie. Cette organisation féodale rend la Démocratie superflue, elle en fait un excès, une surabondance voire un gaspillage. En clair, la Démocratie est inadaptée au contexte féodale. Et pour mieux comprendre cette inadaptation de la Démocratie à la féodalité, il convient de définir d'une part l'organisation politique des sociétés africaines (I), et d'autre part, l'organisation politique des sociétés modernes, plus précisément, le système républicain II).

    1. L'ORGANISATION POLITIQUE DES SOCIETES AFRICAINS :
      UNE ORGANISATION FEODALE
L'organisation politique africaine basée sur la féodalité est caractérisée par la personnalisation du pouvoir politique (A) et la distributions de droits féodaux (B)

A) Une personnalisation excessive du pouvoir politique

« La Féodalité est un système qui organise le pouvoir politique sur des liens de fidélité, des liens contractuels et sur des liens de parenté et de lignage, la traduction concète en est le Fief. » 2 En Afrique, à cause du système féodal, tout tourne autour de la personne de celles et ceux qui détiennent le pouvoir politique. Tout se passe comme si ces derniers avaient droit de vie et de mort sur l'ensemble de la population. Il faut passer exclusivement par leur intermédiaire pour garantir une vie heureuse à soi-même, et à ses proches. Les contredire, c'est signer son arrêt de mort. En effet, ne pas s'entendre avec le chef, le détenteur du pouvoir, c'est être exclu de tous les services publics. Le système féodal en général encourage :
  • l'autocratie : le gouvernement par un individu
  • l'oligarchie : le gouvernement par quelques individus; parfois un nombre est spécifié
Et en Afrique, le système féodal encourage :
  • l'ethnocratie, appelée aussi la démocratie ethnique : qui est le gouvernement par un groupe ethnique particulier
C'est à cause de cette personnalisation excessive du pouvoir que le président OBAMA disait dans son discours d'Accra : « L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais d'institutions fortes ». En effet, dans le fonctionnement féodal, le chef contrôle tous les pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. En effet, il nomme ses procès à ces postes clés, et ceux-ci ne sont ni indépendants, ni impartiaux dans l'exercice de leurs fonctions. C'est un pouvoir totalitaire qui s'exerce dans le système féodal. Dans un système féodal, l'existence de nombreuses servitudes pour les individus fait obstacle à la promotion des droits et libertés privés et publics. C'est le suzerain qui distribue, selon son plein gré, son bon vouloir, quelques avantages et privilèges à celle ou celui qu'il agrée.

B) Une distribution arbitraire des droits féodaux

« La Féodalité est une organisation politique et sociale qui a été dominante en Europe de l'Ouest du Xème au XVème siècle. Elle est issue d'une tradition germanique qui lie le chef à son compagnon d'armes, en contrepartie le chef protège ses fidèles et leur confie des missions importantes. » 3
Dans le contexte féodal africain, la distribution des droits féodaux a lieu à plusieurs niveaux :
  • en milieu familial, dans les milieux ruraux, où, les propriétaires terriens sont en général des héritiers de droit masculin et de droit d'aînesse. Les plus jeunes et les filles de la fratrie né bénéficiant d'aucun héritage.
  • Entre citoyens : le racket exercé par certains citoyens sur d'autres citoyens qui sont ainsi dépouillés de leurs biens patrimoniaux est une pratique qui rappelle les impôts primitifs que sont le pillage et le tribut. Des impôts qui portent l'empreinte de la féodalité.
  • En milieu urbain : l'attribution des postes administratifs, économiques, financiers et politiques est arbitraire et n'obéit à aucun critère objectif si ce n'est par fidélité ou par services rendus à celle ou celui qui gère les postes en question.
On le voit bien, le système féodal n'est pas comparable au système républicain, c'est la nuit et le jour.

II) L'ORGANISATION POLITIQUE DES SOCIETES MODERNES : LE SYSTEME REPUBLICAIN

L'organisation politique des sociétés modernes repose sur le système républicain fondé sur la démocratie (A) et la reconnaissance de droits civiques et des droits de l'homme aux citoyens (B)

A) La Démocratie : forme de gouvernement valable pour les sociétés modernes et républicaines
La République vient du mot latin « « res publica », qui veut dire « affaire publique » ou plus littéralement « chose du peuple ». »4
Au sein de la République, le pouvoir appartient au peuple qui l'exerce par ses élus et à travers les institutions : l'exécutif, le Parlement, la Justice ; mais aussi à travers les fonctions : le Président de la République, le Premier Ministre, les Ministres...etc. Le peuple étant souverain, tout est public, et rien n'est personnel. Rappelons-nous, le mot Public vient du mot peuple. Alors que le mot personnel se rattache à tout ce qui provient d'une ou plusieurs personnes. De ce fait, contrairement au système féodal, au sein d'une République, aucune autre forme de gouvernement n'est admise à part la Démocratie qui est « le gouvernement par le peuple, soit directe (par référendum ou assemblée populaire) soit par des élections (forme représentative) »5 «Le terme démocratie (du grec ancien δημοκρατία / dēmokratía, aujourd'hui souvent interprété comme « souveraineté du peuple », combinaison de δῆμος / dêmos, « peuple » et κράτος / krátos, « pouvoir », ou encore kratein, « commander »), est le régime politique dans lequel le peuple a le pouvoir »6 Dans une République réellement démocratique, on privilégie le gouvernement par la Méritocratie, c'est-à-dire, le gouvernement fondé sur le mérite et non les privilèges. De même, l'administration est de type bureaucratique. Pareillement, la République démocratique est caractérisé par le respects des droits de l'homme et des droits civiques
    B) Une reconnaissance de droits civiques et des droits de l'homme aux citoyens
On parle de droits civiques pour souligner le fait que les citoyens sont électeurs et éligibles à leur majorité. Les droits civiques ne peuvent être déniés aux individus sauf s'il s'agit de mineurs, d'adultes frappés d'incapacité, placés sous tutelle ou sous curatelle, s'il s'agit de personnes privées de l'exercice de leurs droits civiques à cause d'actes répréhensibles. Dans tous les cas, seul la loi peut exclure les citoyens de l'électorat. S'agissant des droits de l'homme, ils figurent dans la Déclaration des Droits de l'Homme (DDHC)de 1789, dans le préambule de la Constitution française de 1946 et dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948. Certains sont dit imprescriptibles et ce sont : le droit de propriété, le droit à la sûreté, le droit à la sécurité, le droit à la résistance à l'oppression. Or, si l'on s'en tient aux droits civiques, c'est-à-dire, le droit d'être électeur et le droit d'être éligible, on constate qu'en Afrique, dans de nombreux pays, ces droits civiques sont bafoués. Des candidats à des élections ont ont été arbitrairement exclus. Parfois, il existe des lois iniques expressément mises en place pour empêcher certains citoyens d'être candidats à certaines élections. Tantôt, certains candidats ont vu leur élection volée. Cela veut dire qu'on les a laissés se porter candidats à l'élection. Ils ont gagné l'élection. Mais, leur victoire leur a été subtilisée, et, à la place de leur victoire, la malice a consacré leur défaite. Et si on en vient au droit de vote, là aussi, force est de constater que ce droit n'est pas respecté. En effet, en Afrique, vote qui veut. Même si on ne remplit pas les conditions requises pour être électeurs, on vote quand même. Du coup, des mineurs votent, des étrangers votent, des incapables physiques et moteurs votent, et des morts aussi votent.
Pour les droits de l'homme, il suffit de lire la presse africaine pour se rendre compte qu'ils n'existent même pas. Avec l'insécurité grandissante, les droits imprescriptibles que sont la sécurité, la sûreté, le droit de propriété et la résistance à l'oppression sont comme caduques.
Dans ces circonstances, que peut-on penser de la réflexion du Président Jacques Chirac lorsqu'il a dit : « La Démocratie est un luxe pour l'Afrique » ?
On peut répondre que sa réflexion est pertinente, judicieuse et juste pour deux raisons :
  1. La Démocratie suppose que l'on soit dans une République. Ce qui n'est pas le cas de l'Afrique qui a un fonctionnement politique de type féodal. On ne peut pas greffer un système politique en l'espèce la Démocratie sur un autre système politique, c'est-à-dire, la Féodalité. Dans ce cas, c'est effectivement un « luxe », c'est-à-dire, une surabondance, un superflu, un excès, un gaspillage.
  2. Dans une Démocratie, c'est-à-dire dans une République Démocratique, les droits de l'Homme sont respectés. Or, ce n'est pas le cas de l'Afrique où les droits et libertés sont foulés au pied, parce que justement, nous sommes simplement dans des républiques de nom. Mais dans les faits, nous sommes dans un régime féodal. Or, il est de notoriété que le système féodal méconnaît les droits de l'Homme. C'est la République Démocratique qui octroie les droits de l'Homme.
Au terme de cette réflexion, on le voit bien, les aspirations profondes des peuples africains à la démocratie et aux droits de l'Homme sont sérieusement compromis par le système féodal. En effet, il y a une incompatibilité entre la République démocratique et la Féodalité.
Et c'est le président Guinéen Ahmed Sékou Touré qui a raison. A ces dernières années de pouvoirs, il a effectué une visite officielle en France dont les vidéos sont encore visibles sur Internet. Dans son discours aux officiels français, il a justement soulevé cette difficulté de promouvoir la Démocratie dans une Afrique à l'organisation féodale. Paix à son âme !

Le travail qui s'impose en Afrique en ce début du 21ème siècle est assurément le démantèlement total de ce système féodal, seule condition pour promouvoir une République Démocratique sincère et vraie, ainsi que les droits de l'Homme. Le Président Burkinabè Thomas Sankara avait perçu le problème, lui qui avait commencé par démanteler la structure féodale dans son pays. Paix à son âme !

En tout cas, l'UPACEB est prête à participer pleinement à ce travail incontournable pour l'émergence d'une Afrique moderne et démocratique, respectueuse des droits de l'Homme.


Yéble Martine-Blanche OGA-POUPIN













1http://www.cnrtl.fr/definition/luxe
2http://www.francebalade.com/histo/feodalite.htm
3In Histoire de France, Moyen Age La Féodalité au Moyen-Age
4In Wikipédia
5In Wikipédia

6In Wikipédia