jeudi 30 juillet 2015

FACE A L'EPINEUX PROBLEME DE LA FUITE DES CERVEAUX EN AFRIQUE

FACE A L’ÉPINEUX PROBLEME DE LA FUITE DES CERVEAUX EN AFRIQUE
DEUX SOLUTIONS EFFICACES : L'UPACEB ET LE PASSEPORT ÉBÈNE

Depuis quelques années, on entend dire que l'Afrique est victime du phénomène de «la fuite des cerveaux», jargon employé plutôt par les sociologues, mais aussi jargon qui prend différentes appellations selon les disciplines, les langues et les pays. Par exemple, pour les économistes, «la fuite des cerveaux» est tout simplement «la fuite du capital humain». En langue anglaise, on évoque le «Brain drain». Au Québec, l'on parle de «l'exode des cerveaux».
Quoiqu'il en soit, et quelque soit l'appellation retenue, sachons seulement que «la fuite des cerveaux» signifie le fait qu'une main d’œuvre qualifiée ou très qualifiée d'un pays donné choisisse de s'installer dans un autre pays, et mette à la disposition de ce pays étranger, ses compétences, en vue d'une meilleure rémunération et de meilleures conditions de vie.
Il est intéressant de rappeler que si dans les années 1960, ce phénomène de la «fuite des cerveaux» concernait l'Angleterre, où, de grands scientifiques Britanniques ont choisi de s'installer aux États Unis, à partir des années 1990-2000, c'est sur le continent africain que le phénomène de «la fuite des cerveaux» est devenu récurrent, ce qui fait couler encore beaucoup d'encre. A juste titre.
En effet, comment comprendre que le continent qui compte 80% d'analphabètes dans sa population globale ; et qui devrait pour cela conserver sa main d’œuvre qualifiée ; soit celui-là même qui alimente en grand nombre, et de ses professionnels, le phénomène de «la fuite des cerveaux»?
L'étude de cette question permet de découvrir que si au départ, on a pu légitimement attribuer les causes de «la fuite des cerveaux» en Afrique à une pauvreté initialement conjoncturelle mais qui a fini par devenir structurelle, il n'en demeure pas moins que la «fuite des cerveaux» en Afrique a des causes profondes (I), de même qu'il existe des solutions pour y remédier (II).


I) LES CAUSES PROFONDES DE LA FUITE DES CERVEAUX EN AFRIQUE

La «fuite des cerveaux» en Afrique a une explication naturelle, laquelle trouve ses origines dans la mobilité (A). Mais, en même temps, «la fuite des cerveaux» en Afrique est motivée par des causes intellectuelles à savoir les obligations législatives des pays d'accueil (B).

A) Les causes naturelles de «la fuite des cerveaux» en Afrique : la mobilité

Par les termes «causes naturelles», il faut comprendre les causes indépendantes de la volonté humaine, lesquelles expliquent le phénomène de la fuite des cerveaux en Afrique au sud du Sahara. En effet, de tout temps, les êtres humains sont inscrits dans la mobilité car elle constitue le moyen leur permettant de se déployer, de se mouvoir, de se déplacer, de sortir de leur train-train quotidien. Aussi banal que cela puisse paraître, le mouvement voire la mobilité est un fait instinctif propre au genre humain en générale, et au règne animal en particulier.
Par ailleurs, grâce à leur mobilité, les humains peuvent s'accomplir, en se créant des richesses, et ce, dans la distance ou dans la proximité, et c'est ainsi qu'ils œuvrent pour la recherche des biens de consommation qui leur garantissent le développement mais aussi la survie.
Encore faut-il le rappeler, la mobilité n'est pas un concept nouveau. C'est ainsi que partant de nos ancêtres nomades sans domicile fixe qui erraient dans la nature, vivant de chasse et des cueillettes, jusqu'à ceux ayant découvert la vie sédentaire à l'origine de nos sociétés modernes, la mobilité a toujours fait partie de la vie humaine. Plus précisément, dans nos sociétés modernes sédentarisées, et surtout avec le développement des moyens de locomotions, la mobilité des êtres humains n'a fait que s'amplifier, se densifier. Par ailleurs, avec la massification sociale, nourrie de la mondialisation au 21ème siècle, la mobilité est devenue un concept massif, avec un effet de mode. En témoigne le déplacement de nombreuses populations fuyant tantôt des guerres, tantôt la pauvreté et la famine, tantôt des catastrophes naturelles, tantôt des épidémies,...etc., faisant penser à des flux migratoires. Et ces flux migratoires ont lieu parfois sur un plan local, parfois aussi à un plan national, mais dans certains cas, ils prennent une dimension internationale, voire transcontinentale. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer ce qui se passe en Méditerranée et dans le bassin calésien.

De ce qui précède, une remarque s'impose : c'est que, les agents engagés dans la mobilité, c'est-à-dire, ces humains qui bougent sans cesse - n'ont pas forcément pour vocation de tout quitter et tout abandonner du jour au lendemain, - en laissant tout sur place, pour se déporter ailleurs, et ne plus jamais revenir vers leurs origines. Loin de là !
Au contraire, chacun veut bouger, juste pour aller travailler, produire des ressources pour s'assurer une vie confortable, et améliorer son existence. En effet, comme dit ci-haut, le but de la mobilité depuis la nuit des temps est de permettre aux humains de se déployer pour s'investir dans des activités génératrices de ressources qui leur garantissent le développement mais aussi la survie.
Par exemple, partout dans le monde y compris en Afrique, dans les campagnes, tous les matins, les paysans se lèvent, vont à la pêche pour certains, labourer et cultiver des champs pour d'autres, récolter pour certains, aller vendre les fruits de récoltes et de pêches sur les marchés pour d'autres, les élèves, apprentis et étudiants quant à eux prennent le chemin des lieux de leur formation...etc. Donc, partout dans le monde, tous les jours ouvrables, on note un mouvement centrifuge qui va des campagnes et villages (centres de vie) aux différents lieux d'activités professionnelles. Mais, au crépuscule, un dynamisme inverse s'opère, en ceci que l'on note un mouvement centripète qui fait partir tout le monde des différents lieux de leurs activités professionnelles ou de leurs lieux de formation vers les campagnes et villages (centres de vie) ; dans l'attente du lendemain et des jours suivants où la mobilité reprendra le dessus.
Pareillement, dans les villes, à travers le monde, tous les jours ouvrables, les citadins quittent le domicile tous les matins, les uns pour les bureaux, les autres pour les usines, certains pour les lieux de commerces, les autres pour les centres d'études et de formation...etc. Mais, en fin de journée, tous regagnent le domicile. Quoi de plus normal !
Ce qu'il faut donc retenir, c'est que, qu'il s'agisse de déplacements internes dans un même pays, ou de déplacements externes entre différents pays, ou entre différents continents, les agents ne recherchent qu'un mieux être en allant ailleurs ; et nul n'a en tête de quitter définitivement sa patrie, son lieu de naissance, ses souvenirs d'enfance, surtout que l'abandon de ses origines génère toujours de l'inconfort au travers du déracinement, du dépaysement, lesquels peuvent devenir des cauchemars, constitutifs de traumatismes dans des bien des cas.
On l'aura compris, quelque soit l'éloignement de son lieu de son travail ou de formation, et quelque soit le pays lointain choisi pour la création de ses richesses, chacun ne nourrit qu'un espoir : revenir chez lui, sur la terre de ses ancêtres.
Toutefois, cet espoir de revenir vers ses origines, après un séjour dans des pays lointains, aussi banal qu'il puisse paraître est en l'état actuel, pour plusieurs Africains, un trop grand luxe qui s'apparente même à un leurre. Au fond, pour les Africains du 20ème et 21ème siècle qui migrent en Occident, le voyage d'aventure se transforme très vite en voyage sans retour, pris au piège qu'ils sont dans des corsets de réglementations dissuasives. C'est ce qu'il convient d'appeler «les causes intellectuelles de la fuite des cerveaux» en Afrique.

B) Les causes intellectuelles de «la fuite des cerveaux» en Afrique : le verrou législatif des pays d'accueil

A l'inverse des causes naturelles et indépendantes de la volonté humaine, lesquelles incitent les humains à la mobilité et par delà à l'immigration, il existe des «causes intellectuelles» qui elles, dépendent de la volonté humaine, en tant qu'elles sont le fruit de leur esprit, et qui favorisent «la fuite des cerveaux» en Afrique. Ces dernières causes proviennent en grande partie des lois sur l'immigration, en vigueur dans les pays d'accueil des immigrés Africains, principalement, les pays d'Europe, première terre d'accueil des immigrés Africains.
En effet, à voir de près, du moins pour ce que je sais, toutes les lois sur l'immigration dans les pays européens mettent à la charge des immigrés, et ceci, en fonction de leurs catégories, des obligations, qui, selon leur caractère peuvent soit, confiner les immigrés dans la clandestinité pour cause d'illégalité (cas des sans-papiers) (1), soit, les contraindre à renier leur nationalité d'origine en vertu du principe de non-cumul des nationalités (2).

1) La clandestinité pour cause d'immigration illégale : un motif de la «fuite des cerveaux»

Comme l'indique bien le titre, l'immigration illégale revoit au cas de l'immigré qui ne remplit pas les conditions d'un séjour régulier dans son pays d'accueil. Devenu sans-papiers, ce type d'immigré vit en clandestinité par peur d'un rapatriement dans son pays d'origine. Cette situation qui peut s'étaler dans la durée constitue un frein à son retour au pays d'origine et en l'espèce, elle est un motif favorisant la «fuite des cerveaux» vu que l'immigré clandestin ne peut retourner dans son pays d'origine lui prive de son expertise.
C'est le lieu d'apporter un éclaircissement sur la typologie d'immigrés clandestins en occident en provenance d'Afrique sub-saharienne.
Généralement, lorsque l'on parle d'immigrés Africains, tout de suite, on pense à un spécimen, c'est-à-dire, aux travailleurs précaires ou autres chômeurs en difficultés ; ce regard péjoratif devient très vite un stigmate qui colle à la peau de tous les immigrés, et qui consiste à penser que tous sont analphabètes, illettrés et sous-diplômés, d'où ils sont incapables de constituer une main d'oeuvre qualifiée. D'emblée, que celles et ceux qui pensent ainsi se ravisent.
En effet, si la première vague d'immigrés venue d'Afrique subsaharienne en Europe dans la première moitié du 20ème siècle et le début de la moitié du même siècle était constituée en grande partie de personnes sans instruction, majoritairement venues pour travailler dans le secteur primaire pour les unes, et le secteur secondaire pour les autres en vue de la reconstruction des pays européens après-guerre, il n'en est pas ainsi des immigrés Africains venus en France vers la fin du 20ème siècle et en ce début du 21ème siècle.
Le disant, reconnaissons que nous disposons pas de de statistiques pour soutenir nos assertions. Cependant, force est de constater qu'à la fin du 20ème siècle et au début du 21ème siècle, les Africains qui migrent vers l'occident sont en général des diplômés. Ce qui veut dire que dans la masse des immigrés clandestins originaire d'Afrique subsaharienne, se trouvent un grand nombre de professionnels qualifiés. A commencer par ceux qui viennent étudier légalement et ne retournent plus dans leurs pays d'origine après leurs études, et ceux qui passent par les filières clandestines comme par exemple les candidats à la traversée maritime dans des bateaux de fortunes. Une chose intéressante à laquelle on ne songe pas, serait que l'on essaie de faire une évaluation sur le niveau d'instruction des rescapés et autres naufragés en mer Méditerranée. L'on découvrira que parmi cette population complètement paumée et désemparée se trouvent des intellectuels africains de haut niveau, titulaires de BTS, de Licence, de Master, de Doctorat...etc.
En plus, lorsque l'on prend les anciens étudiants d'origine africaine, c'est-à-dire, ces diplômés qui, à la fin de leurs études ne veulent pas retourner dans leur pays d'origine, bien qu'ils ne justifient plus d'aucune raison valable pour prolonger leur séjour en Europe, ce qui les fait entrer en clandestinité, et, en ajoutant à ces derniers, les diplômés Africains qui empruntent la voie de l'immigration clandestine, le bilan en ressources humaines mais aussi en coût et avantage est lourd, très lourd pour l'Afrique, les pertes et profits pouvant se chiffrer en milliards d'Euros...
Curieusement, cette population d'immigrés Africains clandestins «à la tête chargée» est celle qui agrémente bien le phénomène de «la fuite des cerveaux». Malédiction pour l'Afrique ? Bénédiction pour les pays d'accueil ? A chacun d'en juger.
On pourra retenir seulement que les lois sur l'immigration dans les pays occidentaux qui favorisent la clandestinité des immigrés illégaux, lesquels ne disposent pas du droit à la libre circulation, voire du droit d'aller et venir, sont en soi, des lois qui nourrissent «la fuite des cerveaux» en Afrique.
Dans ce chapitre, il convient de ranger le cas des lois faisant obstacle au bénéfice de la double-nationalité.

2) Le principe de non-cumul des nationalités : un facteur d'aggravation de «la fuite des cerveaux»

Dans les pays européens qui pratiquent le droit du sol, les enfants d'immigrés qui naissent sur le territoire européen ont droit à la nationalité du pays de leur naissance. Dans certains cas, leurs parents bénéficient de cette nationalité par ricochet.
Par ailleurs, par le mariage mixte, il est possible pour des immigrés Africains d'obtenir la nationalité de leur conjointe, de leur conjoint. En outre, selon la qualité d'un immigré et ses services rendus à un État européen, celui-ci peut voir ses mérites couronnés en se voyant octroyer la nationalité du pays européen qu'il a servi. C'est dire que pour diverses raisons, un immigré peut obtenir la nationalité de son pays d'accueil.
Mais, cette possibilité de naturalisation est assortie en général d'une mesure contraignante redoutable qui est le principe de non-cumul des nationalités. Ce principe de non-cumul de nationalités signifie qu'il est impossible pour une personne de revendiquer à la fois sa nationalité d'origine et la nouvelle nationalité qu'il a acquise dans son pays d'accueil. Il se trouve qu'entre pays pays européens, entre pays occidentaux, la double nationalité ne pose aucun problème et que les nationalités se cumulent aisément en double, en triple, ...en quintuple, bref, à l'infini, tant que c'est au sein des pays européens ou des pays occidentaux.
C'est avec les pays africains que ce principe de non-cumul des nationalités produit ses effets les plus accablants. Cela veut dire qu'il est difficile d'avoir la nationalité d'un pays africain, et la garder en même temps qu'une autre nationalité d'un pays européen.
Du coup, sauf peut-être dans quelques rares cas que j'ignore encore, il est quasiment impossible pour un immigré Africain d'avoir une double nationalité dans un pays européen car dans leur majorité, la nationalité d'un pays africain se couple rarement, ou jamais, avec la nationalité d'un pays européen ou d'un pays occidental. Et ce principe de non-cumul des nationalités a valeur législative. Inutile de le répéter, ce verrou de non-cumul des nationalités est d'autant plus ravageur pour le continent africain qu'il constitue un grand facteur d'aggravation du fléau de la fuite des cerveaux en Afrique. En effet, qu'il s'agisse des enfants africains nés en Europe et naturalisés au nom du droit du sol, ou qu'il s'agisse des Africains naturalisés par la voie matrimoniale, ou tout simplement des Africains dont les mérites ont été couronnés par la naturalisation, les victimes du principe du non-cumul de nationalités entre les pays européens et les pays africains se comptent par des dizaines de milliers. Et, au sein d'elles, des compétences qui auraient pu servir à l'Afrique, mais qui sont tout simplement gâchées pour la simple raison qu'elles sont soumises à la Fatwa du non-cumul des nationalités. Ce faisant, elles ne peuvent pas se rendre dans leur pays d'origine, même pour un bref séjour, sans l'obtention d'un visa ; non plus, elles ne peuvent y exercer des fonctions régaliennes depuis leur pays d'accueil, et il est exclu qu'elles envisagent de s'établir durablement dans leur pays d'origine pour quelque activité que ce soit auquel cas elles compromettraient gravement leurs droits sociaux dans leur pays d'accueil en Europe. Cela donne des frissons d'y penser, et en parler fait verser des larmes car, du jour au lendemain, un Africain qui obtient la nationalité d'un pays européen est condamné à tout renier : ses origines, son histoire, son pays, bref, son âme. Ce qui fait mal, c'est que, sans être à l'ère du commerce triangulaire, on assiste à un autre «voyage sans retour» de l'Africain qui se naturalise. Quelle cruauté !
Quand on l'ignore, on vit heureux. Mais quand on en prend conscience, croyez-moi, on saigne du cœur.
Le plus dur encore, c'est qu'en voyant de près, dans les pays d'accueil d'Europe, toutes ces compétences africaines privées désormais de l'Afrique par la voie de la naturalisation ne sont pas si rentabilisées, encore moins rendues si opérationnelles que çà. En effet, elles constituent la catégorie la plus frappée par le chômage, et elle fait partie des immigrés les plus précaires. Si les immigrés Africains en Europe évoluant dans le secteur primaire ont plus de chance de trouver un emploi, il n'en est pas ainsi des immigrés Africains plus ou moins diplômés pour œuvrer dans le secteur tertiaire. Ils sont nombreux à botter en touche, à raser les murs pour décrocher un intérim ici, un CDD (Contrat à Durée Déterminée) par là, et rien du tout pour certains. Et voilà pourquoi, las d'attendre une profession de leur niveau d'études qui n'arrivent pas, et face aux factures des charges familiales qui s'accumulent, des immigrés Africains hyper diplômés en Europe se résolvent à se rabattre dans le secteur primaire.
On peut continuer à rallonger la liste des déboires des diplômés Africains qui immigrent en Europe sans rien changer. En effet, que cette liste de déboires soit courte ou longue, la réalité ne trouve pas pour autant impactée. Et cette réalité, c'est la «fuite des cerveaux» en Afrique.
Eh! Oui! Le principe du non-cumul des nationalités qui vicie gravement le partage des compétences de la diaspora africaine avec l'Afrique est aussi, et sans surprise, le principe qui vivifie «la fuite des cerveaux» en Afrique.
Là où il y a un véritable paradoxe, c'est que si pour les Africains issus de l'immigration de la fin du 20ème siècle et du début du 21ème siècle, la naturalisation est un choix, il existe d'autres Africains pour lesquelles la naturalisation et ses obligations législatives trop pesantes comme par exemple la règle de non-cumul de nationalité ont été imposées : il s'agit des Africains déportés au moment de l'esclavage et de leurs descendants. Ils vivaient tranquillement dans les villages africains. Ils n'avaient souhaité ni de près, ni loin partir en immigration. Et pourtant, du jour au lendemain, ils se sont retrouvés dans des bateaux, déportés loin de chez eux, pour un voyage sans retour.
Là où le bat blesse, c'est que même des siècles après, l'Afrique n'a engagé aucune politique pour les rapprocher de leurs terres natales. Quelle lâcheté ! Et quelle démission !
S'agit-il d'une négligence ou d'un oubli ? L'indifférence serait-elle à évoque ?
Selon la réponse à ces questions, la cruauté pourrait tout simplement être retenue.

Un espoir peut-être : face à ce tableau sombre, des solutions existent....
    II) SOLUTIONS AU FLEAU DE LA FUITE DES CERVEAUX EN AFRIQUE :
    L'UPACEB ET LE PASSEPORT EBENE
Le Continent africain ne peut pas empêcher la mobilité de ses citoyens car la mobilité est un phénomène propre à la bipédie dont les hommes sont dotés, voire doués.
Rien ne sert donc d'envisager des politiques visant à freiner la mobilité. Non seulement de telles politiques seraient vaines, elles ne serviraient à rien, mais encore, elles seraient attentatoires au droit de la libre circulation. Face à «la fuite des cerveaux», des techniques adéquates existent, pour s’accommoder à cette mobilité de plus en plus grandissante, prépondérante voire prégnante au 21ème siècle. Parmi ces techniques, l'UPACEB (A) et le Passeport Ébène (B).

A) L'UPACEB : un instrument de lutte contre la fuite des cerveaux en Afrique

L'UPACEB (l'Union des Peuples Africains de Civilisations Ébènes) telle que projetée est une organisation supra-nationale, continentale et internationale. Si l'on tient compte de son objectif premier qui est de réunir sur une base culturelle les Peuples Africains au sud du Sahara avec ses diasporas, on réalise qu'en grande partie, l'UPACEB repose géographiquement sur l'ancien «Grand Triangle», hier, à l'origine du commerce triangulaire, et aujourd'hui, à la base de l'immigration, et qui regroupe les trois continents à savoir : l'Europe, l'Afrique et l'Amérique.
Autant dire que la superficie de cette organisation en perspective qu'est l'UPACEB suffit à elle seule à éradiquer le fléau de «la fuite des cerveaux» en ceci que le citoyen Africain qui choisit d'immigrer en Amérique ou en Europe est dans un espace qui le lie forcément à l'Afrique : il s'agit de l'Espace Afro-ébène.
Mieux, les descendants d'Africains déportés n'ont plus à démontrer leurs origines africaines, ils seraient dans un espace africain, par l'entremise de la culture. Au sein de l'UPACEB.
En outre, ils participeront de plein droit aux activités de leur choix en Afrique, depuis leurs pays de résidence.
Cela veut dire que si le projet de l'UPACEB était réalisé, quelque soit le lieu de résidence de tout Africain sur la surface du «Grand Triangle» et en fonction de ses compétences, il peut être mis à la disposition du continent africain, ou de son pays d'origine en Afrique (pour certains), ou de son pays africain d'adoption (pour les autres), et ce, sans aucune difficulté. Cela n'est pas impossible car de nos jours, les nouvelles technologies permettent de travailler pour un pays lointain, tout en résidant dans un autre pays étranger. En exemple, tous les conseillers des grandes firmes que nous avons au téléphone ne sont pas forcément dans le pays ou le contient d'où, nous téléphonons. C'est ainsi que les conseillers au téléphone des services après-ventes des ordinateurs ou autres appareils électroménagers peuvent nous répondre depuis la Corée du Sud, le Japon, la Chine, le Singapour, la Thaïlande...etc., alors que nous les appelons au téléphone de l'Allemagne, de l'Angleterre, de la Belgique, de l'Espagne, de la France, de l'Italie, de la Suisse,...etc.
Pourquoi ne pas envisager un tel fonctionnement en Afrique, au sein de l'UPACEB ?
Comme quoi, «la fuite des cerveaux» en Afrique, ce n'est pas une fatalité.
En tout cas, pas avec l'UPACEB.

B) Le passeport Ébène

Le Passeport Panafricaniste, le Passeport Afro-ébène, le Passeport Nubien, le Passeport Kémit...etc., appelons-le comme on veut, mais gardons en l'esprit que c'est le passeport qui va restituer aux Africains, leur dignité et leurs droits les plus fondamentaux comme par exemple la liberté d'aller et venir qui est jusque là confisquée aux Africains descendants d'Africains déportés, et aux Africains récemment immigrés en occident ayant en commun avec les premiers, le fait d'être naturalisés dans leurs pays d'accueil ; de nationalités non-cumulables avec les nationalités des pays africains ; aux Africains immigrés clandestins, condamnés à ne plus revoir l'Afrique sous peine d'interdiction de retourner dans leurs pays d'accueils.
En un mot comme en mille, le Passeport Ébène qui va couvrir tout l'espace de l'UPACEB c'est-à-dire la surface du «Grand Triangle» et au-delà, c'est le passeport qui va enfin corriger tous les torts de l'histoire, effacer les inégalités entre Africains résidents et Africains des diasporas, en matière de droits civils et droits administratifs pour ne pas dire, en matière de droit privé et droit public.

Vraisemblablement, le passeport Ébène va réduire les effets du verrou législatif du principe de non-cumul de nationalités qui lie les Africains descendants de déportés depuis le Moyen-Âge jusqu'au 19ème siècle et les Africains immigrés au 20ème et 21ème siècle dans les pays occidentaux, les empêchant de jouir pleinement des prérogatives liées à leur double nationalité.
L'UPACEB réalisée, l'espace afro-ébène créé et le passeport Ébène mis en vigueur, c'est absolument la libération des Africains des diasporas retenus loin de leur continent par des sérails législatifs qui les enserrent et les privent de leur liberté de circulation, les coupent ipso facto de leurs attaches avec leurs pays d'origine.
En définitive, avec le Passeport Afro-Ebène, c'est la mise à mort du fléau de «la fuite des cerveaux» en Afrique.


Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN


vendredi 24 juillet 2015

LE PANAFRICANISME, UN MYTHE FONDATEUR A VALEUR HISTORIQUE, UN MYTHE FONDATEUR A VALEUR SCIENTIFIQUE


LE PANAFRICANISME
UN MYTHE FONDATEUR A VALEUR HISTORIQUE
UN MYTHE FONDATEUR A VALEUR SCIENTIFIQUE
UN MYTHE FONDATEUR PAS COMME LES AUTRES

Le Panafricanisme, entre mythe et réalité ? Mythe ou Réalité ? Mythe et réalité ? Mythe tout simplement ? Réalité uniquement ? Qu'en penser ? Qu'en dire ?
Toutes ces questions méritent d'être posées, vue l'opacité du mystère qui entoure ce mot Panafricanisme ; un mot grand dans sa forme, et un mot immense dans son fond.
Les choses seraient peut-être plus claires si l'on s'attardait un tout peu sur le concept du mot Mythe.

En général, le mythe renvoie à un monde surréel qui met en scènes des êtres surnaturels aux compétences hors normes, accomplissant des merveilles, voire des prodiges qui dépassent les capacités et pouvoirs humains. De même, lorsque dans un récit mythique, est évoqué une catastrophe, la description qui en est faite relève de l'hyperbole à telle enseigne que la mémoire collective, sous le choc, en garde un souvenir émouvant, pathétique et durable.
Par ailleurs, quand un principe bien est mentionné dans un mythe, il s'agit en l'espèce d'un idéal trop grand, tellement grand qu'il devient impossible à l'humain de l'atteindre.
En effet, le propre du mythe est de se dérouler dans le monde invisible et intelligible, monde qui échappe à l'humain et à ses cinq sens. De ce point de vue, le Mythe ne peut se concevoir dans le monde visible, voire dans le monde sensible. Et c'est ce qui différencie le mythe de la réalité. Car, si le mythe échappe au contrôle humain, il n'en est pas ainsi de la réalité, qui, elle, est accessible à l'humain qui l'appréhende, selon la forme qu'elle prend, avec ses sens. D'où, la réalité est accessible à l'homme soit par la vue, soit par le toucher, soit par l'odorat, soit le goût, soit par l'ouïe.
Au fond, la réalité est perceptible. Quant au mythe, il est imperceptible.
En outre, la réalité est démontrable et dans une majorité des cas, elle a valeur scientifique car elle peut être confrontée à la logique du probable. Il n'en est pas ainsi du mythe qui ne peut pas avoir valeur scientifique parce que difficilement démontrable. Et, en tant qu'il ne peut résister à la logique du probable, le mythe ne peut être corrélé avec la science.

S'agissant des mythes fondateurs des peuples, ils naissent de l'histoire commune des peuples, de leurs épreuves et souffrances communes, de leurs malheurs mais aussi de leurs bonheurs passés ou présents, de leurs échecs et revers, mais aussi de leurs succès communs ; à partir desquels les peuples tirent des leçons pour l'avenir. Ces leçons tirées d'un passé douloureux ou bienheureux ont trois finalités :

  • elles constituent les marqueurs de l'imaginaire des peuples, voire les indicateurs de leur inconscient collectif.
  • Elles permettent aux peuples de se définir des symboles identitaires.
  • Les symboles identitaires qu'elles génèrent sont enfin conglomérés au sein d'un très grand idéal à atteindre, lequel est préservé de toute transgression. Ce très grand idéal à atteindre prend le nom de Mythe Fondateur des peuples, dont la poursuite, jamais atteinte, mais sans cesse renouvelée constitue l'essence des peuples, leurs raisons d'être.

En clair, les mythes fondateurs des peuples sont les très grands idéaux que les leçons de leur passé commun leur ont inspirés. Et ces très grands idéaux relèvent du mythe justement à cause de leur dimension : leur grandeur.
Et parce qu'ils sont très grands voire trop grands, ces idéaux sont difficilement accessibles aux peuples qui les ont établis, et c'est qui fait d'eux, des mythes.
Dans un raisonnement syllogistique, on a ceci :
Majeur : Les Mythes sont des idéaux trop grands à atteindre par les humains.
Mineur : Or, l'histoire des peuples leur inspire de trop grands idéaux à atteindre
Solution: donc, les trop grands idéaux des peuples sont des Mythes.
En exemples de ce qui précède :

  • Jérusalem, « Ville de la Paix » : mais très souvent en guerre. Cela veut dire que la paix est l'idéal poursuivi par la ville de Jérusalem. Mais dans les faits, cet idéal paraît trop grand, pour être réalisé.
  • La Déclaration Universelle des droits de l'Homme : on a rêvé de droits de l'Homme dans le monde entier, de façon universelle. Mais, les manquements aux droits de l'homme sont si nombreux à travers la terre.
  • Le rêve d'un monde fraternel : et pourtant, le monde est déchiré par les guerres.
  • Le rêve d'un monde sans faim : et pourtant, à bien d'endroits dans le monde, la famine sévit.

Qu'en est-il du Panafricanisme ?
Le très grand idéal Panafricain du « tout est Afrique » ou « tout est africain » est-il atteint ?
Peut-il être atteint ?
En d'autres termes, un peu plus de deux siècles après l'émergence du Mythe Fondateur des Peuples Africains de Civilisations Africaines, peut-on dire que son « grand idéal » d'africanisation du monde est atteint ; et que du coup, le Panafricanisme a valeur scientifique ; ce qui serait un grand bouleversement des théories concernant les mythes dont la vocation primordiale est de ne pas pouvoir être prouvé scientifiquement ?

Aussi banales que puissent paraître ces questions, elles méritent d'être posées surtout que personne ne se les pose. Et, à toutes ces questions, il faut répondre par l'affirmative car vraisemblablement, au 21ème siècle, le Panafricanisme est en passe d'être le seul Mythe Fondateur des peuples à avoir une valeur historique et une valeur scientifique. En effet, le Panafricanisme, Mythe Fondateur des peuples rime avec la réalité parce qu'il est en phase avec l'histoire et la science, et les preuves ne manquent pas :

  • oui, le Panafricanisme a raison en disant que « nous sommes tous Africains ». La preuve, c'est que depuis le siècle dernier, avec les travaux du Cheick Anta Diop et d'autres travaux scientifiques, on a la certitude scientifique que le monde entier est africain, parce que l'Afrique est le berceau de l'Humanité. Là-dessus, le Mythe Fondateur des Peuples Africains de Civilisations Ébènes qu'est le Panafricanisme n'a pas menti.
  • Oui, le Panafricanisme dit vrai, nous sommes tous Africains. Cela se vérifie par les travaux du chercheur néo-zélandais Quentin Atkinson publiés dans la revue « Science » en 2011 et repris par le Journal Wall Street. Ces travaux révèlent que les six mille (6000) langues du monde moderne descendent d'une unique langue que les premiers hommes d'Afrique ont parlée il y a 50 000 à 70 000 ans.
  • Oui, nous sommes tous Africains comme l'instigue le Panafricanisme car encore récemment, dans une émission télévisée de la Chaîne Arté, en 2015, il a été révélé que le professeur Sarah Tishkoff, généticienne à l’université de Pennsylvanie par des études ADN a démontré une fois de plus la Namibie (en Afrique) est le berceau de l'humanité.

  • Au plan culturel, n'en parlons pas. Toutes les cultures au monde sont en Afrique. De sorte que la culture africaine est une culture plurielle, et la civilisation africaine, une civilisation plurielle. La preuve ? C'est que la culture africaine se définit au 21ème siècle comme une «culture afro-judéo-christiano-asiatico-arabo-islamo-euro-britanico-germanico-franco-hispano-luso-latino-américano-pacifico—nord-américaine». C'est-à-dire, une culture mondiale, une civilisation mondiale, ainsi que le voulait deux siècles plus tôt, la doctrine du Panafricanisme.
En Mythologie, c'est donc la première fois qu'un Mythe devienne réalité, avec valeur historique et valeur scientifique. Et ce Mythe, c'est le Panafricanisme, Mythe Fondateur des Peuples Africains de Civilisations Ébènes. Et c'est sans doute la première fois, qu'un très grand idéal poursuivi par un peuple, à travers par son Mythe Fondateur soit atteint. Comme quoi, le Panafricanisme, c'est bien un Mythe Fondateur de peuple, mais un Mythe Fondateur de peuple, pas comme les autres.
Ce message est à porter au monde. L'UPACEB veut s'en charger.

Vive le Panafricanisme ! Vive l'UPACEB !



Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN

samedi 18 juillet 2015

LA NEGRITUDE

LA NEGRITUDE
VERSION FRANCOPHONE DU PANAFRICANISME ?
SYSTEME D'AUTODEFENSE ?

On se souvient qu'au départ, le Panafricanisme venu du monde anglo-saxon n'a pas pu séduire le monde africain francophone qui, au lieu de le promouvoir a, au contraire, tout fait pour le réduire. Cependant, force est de constater que le monde africain francophone a, lui aussi connu un mouvement, qui, à vue d’œil, s'apparente au Panafricanisme :
il s'agit du mouvement de la Négritude.

Avec le temps qui s'est écoulé depuis l'apparition de ces deux mouvements (Panafricanisme et Négritude), chacun réalise qu'ils ont en commun de n'être pas allés plus loin, au-delà, de leur phase théorique. Et, si antérieurement, nous avons vu les obstacles à la concrétisation du projet panafricain, on pourrait se demander de ce qu'il en est de la Négritude.
Mais, avant d'en arriver là, il est à remarquer que dans l'analyse des projets respectifs des deux mouvements, dans certains cas, quelques caractéristiques apparaissent qui les font s'imbriquer, lorsque dans d'autres cas, d'autres caractéristiques surgissent pour véritablement les disloquer.
De ce qui précède, il résulte que, de prime abord, l'on constate que des deux mouvements, celui de la Négritude reste constamment sur la défensive (I), alors que le mouvement du Panafricanisme est, dès sa conception, sur l'offensive (II).
Ensuite, selon comme ils sont appréhendés, l'un, en l'occurrence le Panafricanisme avait le bénéfice d'une longévité certaine (III), lorsque l'autre, la Négritude encourait quant à elle, une brièveté temporelle en ce qui concerne sa survie (IV).
Enfin, s'ils diffèrent formellement (V), ils se confondent presque fondamentalement (VI).
    1. LA NEGRITUDE, UN MOUVEMENT D'AUTO-DEFENSE SUR LA DEFENSIVE
Pour essayer de comprendre le mouvement de la Négritude, il faut s'intéresser à sa date de naissance et au contexte historique.
Tout commence entre 1924 et 1925, où, le tristement célèbre Adolphe Hitler croupit en prison, suite à son coup d'état manqué qui a pris le nom de Putsch de la Brasserie.
Mais très vite, comme dans le cas de tous les ripoux sous les verrous qui n'acceptent pas d'être dans les fers, le captif s'ennuie. De là, le taulard ou le putschiste en disgrâce (c'est comme vous voulez) entreprend d'écrire son autobiographie. Mais là aussi, l'embastillé perd les pédales et tout se dégrade au niveau de ses pensées car il est complètement azimuté. En effet, les idées du futur Führer se mélangent. Ainsi, passe-t-il de son autobiographie à une confusion totale entre sa personne et l’État, c'est-à-dire, l’État, tel que le prisonnier le conçoit.
On aurait pu rire de ce qu'il convient de qualifier de pétage de câble d'un bagnard en plein délires. Que non ! Les fantasmes du condamné déboucheront sur le racisme, caractérisé par la célébration faite de la race aryenne, cœur du Nazisme. Ainsi est né Mein Kampf (mon Combat).

Alors qu'à sa parution en 1925, le livre Mein Kampf d'Aldolphe Hitler se vendait à peine, dès 1935, il devient un best seller, s'écoulant à plus d'un million d'exemplaires. En 1936, Mein Kampf devient la Bible que l’État allemand offre aux mariés. C'est dire qu'il y avait péril en la demeure car le racisme n'était plus un fait conjoncturel, au contraire, il était devenu structurel, vu que l’État allemand lui-même en était devenu le principal manager, et, en l'espèce, des périls graves et imminents pesaient sur les nations et les peuples en Europe mais aussi à travers le monde, du fait de la popularité de Mein Kampf. Il ne fallait pas attendre, il fallait agir pour réduire les risques de ce Best Seller d'un autre âge : Mein Kampf.

De ce point de vue, peut-on affirmer sans se tromper que le succès inattendu de Mein Kampf est la variable explicative de l'initiative du Martiniquais Aimé Césaire et de ses autres collègues étudiants ? Il est fort probable que ce soit le cas.
En effet, Aimé Césaire n'a-t-il pas dit, puis écrit : - «ma bouche sera la bouche, de ceux qui n'ont point de bouche, et ma voix, la voix de ceux qui s'affaissent au cachot du désespoir" ?

Dans tous les cas, la publication de son journal «L’Étudiant Noir» en 1935 sonne comme une réponse à Mein Kampf. Mieux, «L'Etudiant Noir» correspond bien à une riposte appropriée à Mein Kampf au vu de sa date de publication, mais aussi de l'objet de publication.
Très vite, Aimé Césaire est rejoint par le Guyanais Léon-Gontran Damas qui publie ses premiers poèmes pigmentaires dans «L'Etudiant Noir», ainsi que le Sénégalais Léopold Sédar Senghor.
Du coup, avec le Journal «L'étudiant Noir», la Négritude est née en 1936, c'est-à-dire, la même année, où, Mein Kampf est devenu un Best Seller en Allemagne, lequel fait l'apologie du racisme dans l'exaltation et la célébration de la race aryenne.

Du côté de «l’Étudiant Noir», on célèbre la Négritude, c'est-à-dire, la façon d'être noir, et tout ce qui va avec.
Tout se passe comme si avec ces deux publications, d'une part Mein Kampf, et d'autre part le recueil de poèmes «L'Etudiant Noir», «l’équilibre de la terreur» était établi.

En tout cas, c'est le contexte qui a vu naître la Négritude.
Et voilà pourquoi on peut légitimement penser que ce mouvement était un mouvement d’autodéfense, toujours sur la défensive, dans une période de périls et de menaces graves et imminents sur l'espèce humaine.
Toutes choses égales par ailleurs, là, où, dans son livre, l'aigri et haineux repris de justice allemand crache sa haine des autres races, les poètes de la Négritude, en leur qualité de poètes lyriques, se positionnent en véritables troubadours, qui, dans un amour courtois, contemplent l'Afrique, lui déclarent leur amour mais aussi leur nostalgie, célébrant ses vaillants peuples, la beauté de ses femmes (Nolivé de Sédar Senghor) et de ses hommes, la beauté de sa culture....etc.
Mais, là aussi, le mouvement de la Négritude, conçu initialement, et probablement pour s'opposer au Nazisme connaît lui aussi un glissement : il s'oriente désormais contre la colonialisme.
Et c'est à ce niveau que l'on peut dire que la Négritude est une version romantique du Panafricanisme. En effet, alors que le Panafricanisme lutte contre un système, l'esclavage, puis un autre système, la colonisation, allant jusqu'à prescrire la sédition, la révolte populaire, la Négritude utilise un autre instrument : la conscientisation par la poésie.
Et même si la plume de Aimé Césaire se veut incisive, et qu'elle devient trop contondante contre le colonisateur, Sédar Senghor souffle quant à lui, le chaud et le froid, donnant l'impression de vouloir ménager les susceptibilités. . C'est ainsi que la poésie négritudienne, tout en étant une poésie de combat oscillait entre dureté et douceur, si ce n'est entre rigueur et tendresse.
Il se trouve que de telles douceur et tendresse des poètes négritudiens n'étaient pas du goût des écrivains Panafricanistes anglophones. En effet, entre le pragmatisme anglais représenté par les écrivains africains anglophones via le Panafricanisme, et l'idéalisme conceptuel français incarné par les auteurs négritudiens, l'impatience des uns avait rapidement creusé la fissure qui lui était nécessaire pour s'engouffrer, ce, pour décocher des flèches à l'encontre de «La belle aux bois dormante» qu'est «La Négritude». Et c'est Wole Soyinka qui l'exprime le plus vigoureusement : "A tiger does not shout its tigritude : it pounces" autrement dit : «Le tigre ne crie pas sa tigritude : il bondit sur sa proie», démontrant ainsi que la lutte de libération des opprimés ne pouvait s'encombrer de l'inaction, ni même de la contemplation.

II) LE PANAFRICANISME, UN MOUVEMENT SUR L'OFFENSIVE

Contrairement à la Négritude, née sans doute d'abord, pour contrer la doctrine raciste qu'est le Nazisme, et qui a fini par devenir un instrument de contestation de la colonisation, le Panafricanisme est un mouvement contestataire d'un système, celui de l'esclavage, puis, d'un autre système, la colonisation.
En clair, le Panafricanisme entend s'appuyer sur la revalorisation des peuples noirs et de leurs cultures longtemps malmenés d'une part, par l'esclavage, et d'autre part, par la colonisation.
Étant donné que le Panafricanisme voulait ressusciter l'âme des peuples noirs engloutie dans les méandres de l'esclavage, mais aussi de la colonisation, il a fini par devenir un instrument de lutte, un instrument sacré, et carrément «une idole», voire une divinité protectrice des peuples noirs.
Voilà pourquoi le Panafricanisme est devenu le vrai Mythe Fondateur des Peuples Africains de Civilisations Nubiennes. Or, il est de notoriété qu'un Mythe Fondateur de peuples ne se conçoit pas dans l'inaction et dans la seule contemplation. Au contraire, le Mythe Fondateur des peuples veut insuffler une orientation et conduire des actions ; et cela consiste en des actions quotidiennes par lesquelles l'identité des peuples concernés est perceptible, parce que déployée. Voilà qui fait du Panafricanisme, un mouvement actif, sur l'offensive, là, où, la poésie contemplative véhiculée par la Négritude semblait donner dans la passivité.

III) LE PANAFRICANISME ASSURE D'UNE LONGEVITE CERTAINE

De par son préfixe "Pana" (tout), le Panafricanisme entendu au sens large en tant qu'il brasse des peuples divers et des cultures diverses ouvre sur des perspectives beaucoup plus vastes parce que inclusif, ce qui l'inscrit dans la pérennité. Le Panafricanisme au sens large n'est pas une couleur de peau. Il concerne tout ce qui est africain dans la compréhension la plus large possible. On comprend que le Panafricanisme résiste encore aux effets du temps et qu'au 21ème siècle, il demeure le principal mouvement dans lequel se reconnaissent les Africains de tout bord.

IV) LA NEGRITUDE LIMITEE DANS LE TEMPS

Tout d'abord, orienté vers la couleur «Noir», le concept de la Négritude était exclusif. Donc, il était évident que dès le départ, les chances de survie du mouvement de la Négritude étaient vraiment réduites, son espérance de vie très courte.
Ensuite, la Négritude est historiquement contextuée, née pour s'opposer au Nazisme d'abord, puis enfin pour lutter contre le colonialisme. Les deux fléaux ayant disparu, le projet négritudien prenait sans doute fin, lui aussi. Dès lors, on comprend qu'au 21ème siècle, et, à l'échelle planétaire, ce concept de «La Négritude» ne soit pas souvent invoqué par les Peuples Africains de civilisations Ebènes comme devant incarner l'âme des Peuples Africain, ou carrément l'essence de tout ce qui est africain, mais, que prédomine, a contrario, et toujours, le concept de Panafricanisme.


V) DIFFERENCES FORMELLES ENTRE LA NEGRITUDE ET LE PANAFRICANISME

Cette différence formelle saute aux yeux dans la morphologie des deux mots :
  • le néologisme de la négritude tire sa racine du mot «NOIR», couleur de peau majoritaire des Afro-subsahariens.
  • Quant au «Panafricanisme», sa racine vient du mot «AFRIQUE».
Cela veut dire que là, où, la Négritude entend magnifier la couleur de peaux des Afro-subsahariens dans leur majorité, le Panafricanisme entend magnifier l'Afrique tout simplement. Cette différence d'approche assurait au Panafricanisme, une longévité certaine, là où, La Négritude, préoccupée par la couleur de peau bornait, voire balisait dans le temps et dans l'espace, ses probabilités de survie.

VII) UN OBJECTIF FONDAMENTAL

Même si les deux mouvements diffèrent dans leur forme, ils ont des affinités fondamentales qui les rapprochent de leur objectif : l'appartenance à un groupe, à un peuple, dont ils entendent faire connaître les valeurs et l'identité communes.
A ce sujet, il serait intéressant de faire parler les pères de la Négritude, d'après un discours de Léopold Sédar Senghor cité «à l'occasion de l'Année francophone internationale en 1997».in Verson, (en ligne).

A la question « qu'est-ce que la Négritude ? »

  • Aimé Césaire répond : «La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture»
  • Quant à Léopold Sédar Senghor, il pense que la définition donnée par Aimé Césaire contient deux sens complémentaires sur le mot et le concept de Négritude, ce qui déboucherait d'après lui, sur un sens objectif et un sens subjectif quant la définition de «La Négritude». Pour lui donc :
  • «Objectivement, la négritude est un fait : une culture. C’est l’ensemble des valeurs – économiques et politiques, intellectuelles et morales artistiques et sociales – non seulement des peuples d’Afrique noire, mais encore des minorités noires d’Amériques, voire d’Asie et d’Océanie. Je parle des peuples d’Afrique noire qui bâtirent les civilisations, élaborèrent les arts qu’historiens, spécialistes de sciences humaines, critiques d’art découvrirent et commencèrent d’exalter au début du siècle. Pour ne pas insister sur les négro-américains, dont les ancêtres venaient d’Afrique, les anthropologues, ethnologues et sociologues ont souvent signalés des affinités de civilisation entre Noirs d’Afrique, noirs d’Asie et Noirs d’Océanie. Les écrivains grecs les avaient déjà signalées, qui appelaient les uns et les autres Ethiopiens, distinguant seulement les " orientaux " (asiatiques) des " occidentaux " (africains). N’est-il pas significatif que l’écriture des premières civilisations indiennes – celles de Mohen-Daro et de Harappa - , qui florissaient 2500 ans avant Jésus-Christ, servît à exprimer des langues dravidiennes : des langues de Noirs ?
  • Subjectivement, la Négritude, c’est " l’acceptation de ce fait " de civilisation et sa projection, en prospective, dans l’histoire à continuer, dans la civilisation nègre à faire renaître et accomplir. C’est en somme la tâche que se sont fixés les militants de la Négritude : assumer les valeurs de civilisation du monde noir, les actualiser et féconder, au besoin avec les apports étrangers, pour les vivre par soi-même et pour soi, mais aussi pour les faire vivre par et pour les Autres, apportant ainsi la contribution des Nègres nouveaux à la Civilisation de l’Universel.
    Il est donc entendu que, dans le présent exposé, le mot Négritude vise le concept dans son acceptation la plus générale, englobant ainsi tous les mouvements culturels lancés par une personnalité noire ou par un groupe de Nègres : aux États-Unis, mouvements de Niagara et de la Negro-Renaissance ; aux Antilles, mouvement de l’École haïtienne ; en Afrique, mouvement anglophone de l’African Personality, aux Antilles et en Afriquemouvement francophone de la " Négritude ". Je mettrai le mot entre guillemets pour désigner ce dernier mouvement. » Léopold Sédar Senghor, In Verson, (en ligne). 
    Qui dit mieux ? Et ce n'est pas tout. 
    En effet, là, où, il n'existe plus aucun doute sur le fait que la Négritude se confond fondamentalement avec le Panafricanisme, c'est lorsque, dans ce même discours datant de 1971 publié en ligne par Verson, Léopold Sédar Senghor évoque la notion du Dialogue Universel. Rappelons qu'au siècle dernier, c'est sous cette appellation que l'on désignait aux nations, la notion de Mondialisation.
     Qui d'entre nous, enfant dans les années 1980, et même avant, au collège, ou au lycée n'a pas appris ces termes de «rendez-vous du Dialogue Universel» ou «Métissage Culturel» ?

Justement, c'est sur ce concept de « Dialogue Universel » que s'exprime Léopold Sédar Senghor dans ce discours mémorable de 1971, et, où, il fait cohabiter fondamentalement la Négritude et le Panafricanisme lorsqu'il dit, je le cite :
«C’est un des nôtres, le philosophe Gaston Berger, un métis né à Saint Louis du Sénégal, à la fin du siècle dernier, qui a fondé la Prospective, cette science qui permet d’étudier l’évolution future du monde pour la prévoir. Celle-ci nous enseigne, essentiellement, que la civilisation du XXIème siècle sera celle de l’universel, à laquelle chaque ethnie, chaque nation, pourra apporter sa contribution. Je dis "pourra", car il n’est pas inéluctable que chacun soit, comme l’écrivait Césaire, "présente au rendez-vous du donner". Seules y seront présentes, contribueront à bâtir la Civilisation de l’Universel et les nations qui croient avoir un message que nulle autre ne possède et qui veulent, consciemment, proférer ce message. C’est ici que la Négritude comme sujet rejoint de la Négritude comme objet. Depuis le début du siècle, en effet, les militants de la Négritude ont commencé de proférer nos valeurs de civilisation, et d’agir dans le sens de leur parole – car tout art est Parole – et d’aider à bâtir une civilisation plus humaine parce que faite de différences nécessaires : des différences complémentaires des ethnies et des nations. » Léopold Sédar Senghor, In Verson, (en ligne).

Après avoir écouté les pères de la Négritude, le doute n'est pas permis : «La Négritude» est vraisemblablement la version romantique du «Panafricanisme», tant les deux mouvements ambitionnent «l'Africanisation du monde» d'une part, et d'autre part, «la mondialisation de l'Afrique». Dit autrement par Aimé Césaire : "le rendez-vous du donner et du recevoir".
Tel est le défis que doit relever l'UPACEB



Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN

mardi 14 juillet 2015

LES CAUSES DE L'ECHEC DU PANAFRICANISME AU 20ème Siècle ET LES RAISONS D'UN ESPOIR DE SA REUSSITE AU 21ème Siècle

LES CAUSES DE L'ECHEC DU PANAFRICANISME AU 20ème Siècle ET LES RAISONS D'UN ESPOIR DE SA REUSSITE AU 21ème Siècle

Le rêve Panafricaniste prend ses sources chez les africains d'Amérique à la fin du 18ème siècle. Sous sa forme doctrinale, le Panafricanisme a été systématisé entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle. Programme de société des peuples africains de civilisations nubiennes, le Panafricanisme depuis sa conception jusqu'à nos jours est demeuré dans sa forme théorique et n'a pas produit les effets escomptés. En réfléchissant aux causes d'une telle improductivité, on se rend compte que si les obstacles à la réalisation du projet Panafricain sont nombreux au 20ème siècle (I), il n'en demeure pas moins que les signes d'un espoir de réussite du projet panafricain sont très nombreux au 21ème siècle (II).

    1. LES OBSTACLES AU PROJET PANAFRICAIN DURANT LE 20ème SIECLE
Il convient d'appréhender la situation en deux phases :
  • la première moitié du 20ème siècle (A)
  • et la deuxième moitié du 20ème siècle (B).
A) Première moitié du 20ème siècle

Pendant la première moitié du 20ème siècle, le Panafricanisme ne pouvait aucunement prospérer pour plusieurs raisons, à savoir :
  1. La domination coloniale née des mouvements impérialistes
L'impérialisme, cette doctrine politique consistant en une stratégie de conquête pour former un empire est inspiré de la période dite de la Pax Romana. Au 19ème siècle, il est à son apogée en Europe, à telle enseigne que cette conquête de territoires à des fins impériales a vite fait de se transformer en entreprise coloniale européenne dans plusieurs continents dont l'Afrique. Par ailleurs, étant donné que la politique coloniale européenne est caractérisée par la pratique de table rase des cultures locales, lesquelles sont systématiquement substituées par la culture du pays colonisateur, il était évident que l'exécution du projet panafricain dans ces circonstances ne pouvait qu'être mise entre parenthèse ; surtout que durant la première moitié du 19ème siècle, l'Afrique était complètement sous domination coloniale, et qu'à cette époque, aucune perspective d'une sortie de cette situation ne se profilait à l'horizon. L'Afrique, complètement dominée au début du 19ème siècle, le Panafricanisme ne pouvait que prendre du plomb dans l'aile.
  1. Idéologie des États-nations
A la première moitié du 20ème siècle, l'idéologie des États-nations conçue au 19ème siècle avait le vent en poupe. Les nouveaux États africains créés lors de la Conférence de Berlin 26 février1885 étaient tous abreuvés au lait du souverainisme et du nationalisme. La priorité était la sauvegarde des frontières et la jouissance pleine et entière des souverainetés. En effet, nous le savons tous, les compétences peuvent se partager, mais pas la souveraineté. Et si on peut être un peu compétent, à l'inverse, on ne peut pas être un peu souverain, car la souveraineté est un concept total. On est souverain ou on ne l'est pas. D'où, la préoccupation des jeunes États africains issus de la Conférence de Berlin de protéger leurs frontières, et par delà, leur souveraineté avec pour conséquence, le morcellement tant géographique que politique. Dans ces conditions, à cette époque, le Panafricanisme dont le but est d'englober toute l'Afrique était inconcevable.
  1. Le sens du mot « Panafricanisme »
Le mot « Panafricanisme » a un sens double :
  • au sens stricto sensu (sens strict) : le « Panafricanisme » prône non seulement la pureté originelle de la culture africaine, mais encore la pureté raciale du peuple noir. Dans cette perspective, ni aucun mélange de la culture africaine avec d'autres cultures n'est possible, ni aucune mixité sociale entre les peuples africains et d'autres peuples n'est envisageable. Au fond, cette tendance doctrinale qui prône la pureté raciale et la pureté culturelle par le Panafricanisme fait courir le danger du racisme, se rapprochant ainsi des thèses racistes soutenues par les doctrines raciales en vogue en Europe au cours du 19ème siècle, lesquelles prônaient la pureté raciale de l'homme blanc, avec la supériorité de certaines races (la race blanche) sur d'autres races. Entendu donc au sens stricto sensu, le Panafricanisme n'avait pas de chance de prospérer à la première moitié du 20ème siècle ni même après car cette conception du panafricanisme confinait les peuples africains dans l'enfermement, voire, dans la clandestinité vu qu'ils ne pouvaient en l'espèce, ni donner aux autres peuples, ni recevoir d'eux. La dégénérescence était gravement encourue.
  • Au sens lato sensu (sens large) : le Panafricanisme englobe tous les peuples de civilisations africaines au-delà des frontières géographiques de l'Afrique. Mieux, il englobe toutes les personnes qui ont un quelconque lien avec l'Afrique (lien matrimonial, lien affectif, lien culturel, lien religieux,...etc.). En outre, fondamentalement, le Panafricanisme au sens large décrète que tout est africain. En quelque sorte, le Panafricanisme insinue « un Black Power » à l'échelle planétaire. Une telle propension du Panafricanisme à vouloir considérer le monde entier comme étant africain donnait à penser à un système total, ce qui faisait peur pour la période, comme nous le verrons au paragraphe suivant. Pour cela aussi, le projet Panafricain n'avait pas les chances d'aboutir.
  1. Montée des périls avec montée des idéologies à la première moitié du 19ème siècle
De 1919 (fin de la première Guerre Mondiale) à 1939 (début de la Seconde Guerre Mondiale), de nouvelles dictatures sont apparues en Europe, inspirées par des idéologies à caractère totalitaire. Pour bon nombre d'histoiriens, elles constituent parmi tant d'autres, les causes de la Seconde Guerre Mondiale. C'est que l'apparition de ces nouvelles dictatures a pris le nom de montée des périls, sous la plume des historiens. Dans un tel contexte de montée des idéologies totalitaires qui alimentait sans nul doute la montée des périls avec l'aggravation des vulnérabilités et des fragilités causées aux populations par la Première Guerre Mondiale, le Panafricanisme, idéologie prônant l'africanité de tout, et de tous, ne pouvait qu'inspirer méfiance et suspicion. En effet, avec ses caractères global, systémique et synthétique, quand elle est entendue au sens large, la doctrine Panafricaniste cumule toutes les tares d'un totalitarisme débridé. En l'espèce, elle encourait le blâme. Et c'est ce qui fût.
Ainsi, en vient-on à la situation concernant la deuxième moitié du 20ème siècle.


B) Deuxième moitié du 20ème siècle

1) La division du monde en deux blocs et la guerre froide
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le monde est divisé en deux blocs antagonistes. En effet, l'alliance unissant la coalition des vainqueurs de la Guerre est rompue à cause du président américain Truman qui, en 1947, exprime son intention de réduire la prépondérance de l'Union soviétique sur le continent européen. C'est la doctrine du « containment ».
De ce fait, deux blocs militaires et idéologiques se sont formés : l'un autour des États-Unis, et l'autre autour de l'Union soviétique. Devant cette situation, les relations internationales se conçoivent désormais dans la bipolarité, chaque pays étant appelé à choisir un camp, le tout, dans une atmosphère lourde de guerre froide faite de suspicions et d'espionnages permanents.
Dans un tel contexte d'émiettement mondial, l'unité panafricaine, fondement de la Doctrine Panafricaniste n'était que compromise elle-même, les potentiels acteurs du mouvement Panafricaniste étant éparpillés de chaque côté des deux blocs.
  1. Esprit de faction et sectarisme primaire au lendemain des indépendances des pays africains
Sortis de la colonisation, et nouvellement indépendants, les tout jeunes pays africains doivent faire face, entre eux, à un autre fléau : l'esprit de faction et le sectarisme primaire. Chacun voulant être « roi en son royaume », l'unité incarnée par la doctrine Panafricaniste était impossible à réaliser.
  1. L'insolence du vainqueur et la non-appropriation des droits de l'indépendance
Au lendemain des indépendances, certains leaders africains encore rancuniers ont voulu afficher fièrement et sans doute orgueilleusement leur liberté acquise au prix de la lutte. Ils n'admettaient plus la soumission au pays colonisateur, et allaient jusqu'à refuser toute collaboration avec lui. Pour ces leaders africains, le Panafricanisme, pourtant conçu pour être le Mythe Fondateur des peuples africains était plutôt utilisé comme un moyen de revendication de l'identité africaine, dans le but de provoquer, de narguer l'ancien colonisateur. Ainsi transformé en outil de contestation, voilà comment le Panafricanisme a fini par devenir pour cette catégorie de leaders africains, le chiffon rouge servant la cause de ce qu'il convient d'appeler « le syndicalisme de type plébéien ». L'image de la doctrine africaine (Panafricanisme) en fut considérablement entamée, et ses effets, sérieusement réduits.
A l'opposé, d'autres dirigeants africains sans doute plus tolérants voulaient oublier le passé colonial douloureux, en tournant la page.
Ces deux philosophies opposées, - entre pour et contre la collaboration avec l'ancien colonisateur - ont été dommageables au projet panafricain dont les effets ne sont possibles que dans l'unité africaine, répétons-le.
Par ailleurs, bien qu'indépendants de droit, les pays africains ne se sont pas appropriés dans les faits, de leurs droits, comme par exemple, le droit de construire l'unité de l'Afrique sur la base de la culture africaine. A ce niveau aussi, le Panafricanisme prit un sérieux coup, et fut stoppé net, dans sa marche.
  1. conflits entre la minorité intellectuelle et la majorité analphabète
Le quiproquos entre la minorité intellectuelle et la majorité analphabète dans cette Afrique nouvellement indépendante n'arrangera pas les choses. Il a constitué l'obstacle majeur à la mise en œuvre du projet Panafricaniste car, entre les deux catégories sociales, « la masse critique » volubile n'a pas toujours été à l'endroit où on l'a pensée. En effet, à voir de près, en Afrique, ce sont les analphabètes qui assument le mieux, le projet Panafricain, là, où, les intellectuels sont nombreux à combattre le Panafricanisme. En effet, alors qu'il leur revenait (aux intellectuels africains) de donner de la substance au symbole, par une construction théorique et pratique de leur doctrine originelle, - le Panafricanisme -, les intellectuels africains ont déserté le terrain. Et voilà pourquoi l'usage à des fins folkloriques et plébéiennes du Panafricanisme a été aggravé par la suite, mais encore qu'il a jusqu'aujourd'hui constitué le seul moyen de propagande de notre Mythe Fondateur :
le Panafricanisme.
Dans ces conditions, le Panafricanisme ne pouvait qu'être une utopie.
  1. L'état civil du Panafricanisme
Nom et Prénom : Panafricanisme, doctrine de tout ce qui est africain.
Lieu de naissance : Amérique du nord.
Père et Mère : Africains-Américains
Nationalité : anglo-saxonne
Voilà qui portera au Panafricanisme, le coup fatal. En effet, ainsi identifié, le sort du Panafricanisme était scellé. En Afrique francophone surtout.
En clair, l'acte de naissance du Panafricanisme portait en lui-même les germes d'une mort prématurée du Mythe Fondateur des Peuples Africains de civilisations nubiennes.
En effet, le rêve Panafricaniste est né en Amérique, en milieu anglo-saxon. Du coup, les séculaires rivalités franco-britanniques avec des guerres au Moyen-âge jusqu'au 19ème siècle avec les guerres napoléoniennes, lesquelles rivalités franco-britanniques ont été déportées dans les anciennes colonies africaines ont fait du Panafricanisme, un mort-né dans les anciennes colonies françaises. C'est à ce niveau qu'il faut comprendre le conflit entre Houphouët-Boigny et Kwamé Nkruman au sujet de la mise en œuvre du projet Panafricain dans l'Afrique indépendante.
Houphouët-Boigny n'était pas contre le Panafricanisme comme on l'a souvent entendu dire. Si tel était le cas, non seulement, il n'aurait pas contribué à créer le RDA, ni même l'OUA. Le seul problème du président Houphouët, c'est la généalogie du Panafricanisme.
En effet, Houphouët-Boigny était francophile. En tant que tel, il lui était difficile « d'adopter » un bébé né en Amérique, dans un pays anglo-saxon qui plus est, a pour porte-flambeau en Afrique, le Ghanéen Kwamé Nkuman, Africain, mais originaire d'une colonie anglaise.
Le Panafricanisme serait né en France, porté en Afrique par un Léopold Sedar Senghor, un Modibo Kéïta, un Lamine Gaye, un Maurice Yaméogo, un Léon Mba, un Ahmadou Ahidjo, un Moktar Ould Dada, un Marien Ngouabi, un Mobutu Sese Seko alias Kuku Ngbendu Wa Za Banga, un Gnassingbé Eyadema, que le Président Houhouët en aurait été attendri.
En clair, ce sont les rivalités franco-britanniques transposées en Afrique qui ont empêché l'émergence du Panafricanisme en Afrique, plus précisément, dans les pays africains francophones.
  1. La barrière linguistique
Le Panafricanisme a payé un lourd tribut à cette Afrique des Anglophones, Francophones, Lusophones, Hispanophones...etc.
En effet, le choc des cultures entre ces pays africains ne partageant pas la même langue coloniale était dommageable à l'unité des Africains, et par delà, au Panafricanisme. Avec en plus, pour ce qui est de l'Afrique francophone, le problème de la complexité de la langue française. La communication entre Africains francophones était déjà difficile, plus difficile encore, était celle entre les Africains de différentes colonies.
  1. Déficit Structurel : exemple de l'UPACEB
La construction de tout édifice crédible repose sur trois conditions à savoir :
  • l'identification d'un site, d'un lieu
  • la définition des acteurs
  • la définition des outils, des matériaux
Ainsi en est-il du Panafricanisme qui, pour son déploiement nécessitait la définition d'un cadre, des acteurs et des outils. Or, au lendemain de leur indépendance, et même jusqu'aujourd'hui, les Africains n'ont pas songé à définir ni un cadre au Panafricanisme, ni définir les acteurs du Panafricanime, ni même les outils, les matériaux devant faire fonctionner l'édifice, le système.
En clair, il fallait une Institution, une Organisation supranationale comme par exemple l'UPACEB, qui englobe des acteurs, c'est-à-dire, tous les Africains du monde entier, et des outils, c'est-à-dire des normes qui garantissent l'organisation et le fonctionnement du système comme l'envisage le sommet de l'UPACEB à Abidjan en février 2016. A défaut de tout cela, le Panafricanisme était condamné à une mort certaine.
  1. L'obstacle géographique ou le parricide caractérisé
Tout au long du 20ème siècle, la notion d’États-nations et de l'étanchéité des frontières entre les pays était prégnante en Afrique. Il n'était pas envisageable de travailler pour un pays, de servir un pays, même le sien, en dehors de ses frontières sauf dans le cadre de la diplomatie. Du coup, les Africains de cette époque pensaient au Panafricanisme en termes géographiques, excluant de facto les Africains des diasporas. De ce fait, et alors que le Panafricanisme est une conception d'Africains anciens déportés en esclavage outre-Atlantique, sur le continent africain, on n'a jamais pensé associer les pères et mères, les vrais géniteurs de la doctrine Panafricaniste à la gestion de l'Afrique dans une perspective Panafricaniste.
Avouons quand même que c'est une forfaiture ! Et que tout de même, le parricide est caractérisé !
Pouvait-on dans ces circonstances, s'étonner que toute entreprise Panafricaniste sur le continent africain ne soit voué qu'à l''échec ? Absolument pas.
En effet, dans nos traditions africaines si protocolaires, on ne peut réussir une initiative rituelle sans consulter ni le maître ritualiste, ni même solliciter son onction et sa bénédiction.
Par conséquent, écarter les descendants des déportés africains en Amérique, authentiques concepteurs du Panafricanisme, de toute initiative Panafricaniste était d'avance, une cause perdue.
Le projet de l'UPACEB en a conscience.
Dans tous les cas, l'Afrique du 20ème siècle étant bien trempée dans la philosophie européenne dix-neuvièmiste des États-nations qui privilégiait plutôt l'intégration territoriale (critère géographique) que l'intégration culturelle, il est évident qu'elle avait misé sur le mauvais cheval dans la course vers son intégration panafricaine. En effet, non seulement elle écartait les Africains descendants des déportés outre-Atlantique, mais encore elle excluait les Africains récemment immigrés dans le monde. Ce qui est aux antipodes de la doctrine panafricaniste qui est un concept global pour tous les filles et fils d'Afrique sans exception, où qu'ils soient à travers le monde.

De tout ce qui précède, il ressort que le Panafricanisme n'avait aucune chance de réussite au 20ème siècle, pris au piège qu'il était dans diverses servitudes. Et pourtant, au 21ème siècle, un espoir de réussite du projet Panafricain subsiste encore.


II) L'ESPOIR DE REUSSITE DU PROJET PANAFRICAIN AU 20ème SIECLE

  1. La globalisation
On dit souvent que le 21ème siècle est le siècle de l'Afrique. Disons qu'il est surtout le siècle du Panafricanisme. En effet, le 21ème siècle est le siècle de Mondialisation, c'est-à-dire, de la Globalisation. Or, qui dit «Panafricanisme », dit Globalisation car les trois caractéristiques du Panafricanisme sont : son aspect global, son aspect systémique et son aspect synthétique.
En outre, la Mondialisation vise l'unité, le rassemblement du monde entier, c'est-à-dire, tout le projet du Panafricanisme qui décrète que tout est africain, en d'autres termes, en l'Afrique, par l'Afrique et pour l'Afrique, tout est UN, tous sont UN.
Par ailleurs, la Mondialisation vise la brassage de toutes les cultures, là où le Panafricanisme est un réel condensé de cultures et de civilisations par le fait de l'esclavage et de la colonisation.
Au 21ème siècle, et dans le monde entier, jamais continent n'a englouti en son sein autant de cultures et de civilisations que l'Afrique !
Entre les civilisations originelles d'Afrique noire, la civilisation européenne (française, anglaise, espagnole, portugaise, russe...), la civilisation asiatique (arabe, chinoise, indiennes...etc.), les civilisations latino-américaines, les civilisations nord-américaines, les civilisations du Pacifique...etc.
Au fond, au 21ème siècle, c'est l'Afrique la capitale culturelle du monde.
Enfin, la Mondialisation vise le brassage des peuples. Là aussi, l'Afrique, de par son histoire est un grand ensemble composé de divers peuples.
En tout cas, après analyse de la Mondialisation et de ses implications dans le rapprochement des peuples d'une part, et d'autre part, après l'examen de la Doctrine Panafricaniste dans tous ses aspects, il ressort qu'une étude scientifique, sérieuse ne peut normalement séparer les finalités du Panafricanisme et celles de la Mondialisation.
Du coup, plus que jamais, le Panafricanisme est son apogée.
  1. La victoire du sens large du Panafricanisme sur le sens strict du concept
Compris au sens strict, la doctrine Panafricaniste exclue tout mélange de ce qui est africain avec ce qui n'est pas africain. Mais compris au sens large, la doctrine Panafricaniste englobe tout et tout le monde. Le 21ème siècle étant celui des mélanges des cultures et des peuples, c'est à juste titre que l'on peut parler de la victoire de la conception au sens large du Panafricanisme, laquelle vise une mixité sociale et un relativisme culturel ; sur la conception stricte du Panafricanisme qui prône une espèce de pureté originelle de la culture africaine, mais aussi du peuple africain caractérisant ainsi, une sorte d'ethnocentrisme.
Au 21ème siècle, siècle de la globalisation, le Panafricanisme ne rime plus avec la couleur de peau mais plutôt avec les manières de faire et de vivre propres aux Africains, dans une perspective globale. Ce qui veut dire, qu'appartiennent à la communauté Panafricaniste, les noirs, leurs conjoints et leurs conjointes caucasiens (blancs), jaunes, rouges...etc., leurs enfants métis, leurs petits-enfants métis, leurs alliés matrimoniaux, leurs alliés culturels, répandus sur la terre entière.
Une telle conception large du Panafricanisme assure au Mythe Fondateur des Peuples Africains, une revitalisation, mais aussi une pérennité lorsque la conception inverse de sa compréhension au sens strict la plombe dans l'autarcie, pour l'atrophier, et pour finalement signer son acte de décès.
    3) Le pont linguistique
La barrière linguistique du siècle dernier qui séparait les Africains et constituait des quiproquos entre eux s'est transformé en pont linguistique qui les unit. Désormais, plusieurs Africains francophones immigrent et étudient dans des pays anglophones, hispanophones, lusophones. Et vice versa. Cela est rendu possible grâce aux relations internationales qui favorisent le rapprochement des Anglais et des Français qui, avec d'autres anciennes puissances coloniales font désormais partie de groupes d'intérêts communs. Par exemple, ces anciennes puissances coloniales faisaient partie de la coalition des vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale. Nombre d'entre elles siègent ensemble au Conseil de Sécurité. Elles sont membres de l'OTAN. Et elles sont membres de l'Union Européenne...etc. Au fond, le rapprochement entre anciennes puissances coloniales comme la Grande Bretagne et la France entraîne forcément le rapprochement des anciennes colonies d'Afrique. C'est dire que jamais auparavant, les Africains de différentes anciennes colonies n'ont eu une opportunité de collaboration franche et sincère, une possibilité de communication facile. C'est un argument supplémentaire pour booster le Panafricanisme au 21ème siècle et lui faire produire tous ses effets dont le principal est l'unité des filles et fils d'Afrique dans le monde entier.
    4) La collaboration entre Africains anglophones et Africains francophones
Les frères ennemis par le fait de la colonisation sont de retour en famille. Ils s’asseyent désormais à la même table via des organisations comme la CEDEAO, la CEMAC, l'UA...etc., pour parler de ce qu'ils ont en commun : l'Afrique.
Plus rien ne constitue un obstacle en ce qui concerne la mise en œuvre du projet Panafricain. L'UPACEB naît donc au bon moment.
    5) La victoire des Africains francophones sur les pièges de la langue française
Alors qu'au 20ème siècle, l'Afrique francophone n'avait pas une quantité suffisante d'érudits, parmi les intellectuels francophones au 21ème siècle, on note de plus en plus érudits, dont, des professeurs de Sciences-Po en Afrique mais aussi des professeurs africains à Sciences-Po-Paris.
En outre, les universités africaines regorgent de grands professeurs, de grands juristes, de grands professeurs de lettres, de grands historiens, des anthropologues, ethnologues et sociologues, des psychologues, des fonctionnaires internationaux,...etc., et ils sont de plus en plus nombreux à maîtriser désormais la difficile langue de Molière, dont ils sont encore plus nombreux, à savoir contourner les pièges. Le Panafricanisme peut compter sur eux pour être enfin systématisé. Tel est le but du sommet de l'UPACEB dans la deuxième semaine de Février 2016 à Abidjan.
    6) L'accroissement du nombre d'intellectuels en Afrique passionnés des traditions ancestrales
Au 21ème siècle, le nombre d'intellectuels africains ne fait que croître. Mieux, une majorité d'entre eux veut retourner aux sources, pour renouer avec les traditions ancestrales. Plus que jamais, le Panafricanisme a le vent en poupe.
    7) Le projet de l'UPACEB
Alors qu'au 20ème siècle, aucune structure ni aucune institution englobant toute l'Afrique et au-delà des frontières africaines n'a été envisagée pour englober les Africains résidents du continent et les Africains des diasporas des quatre coins du monde, au 21ème siècle, le projet de l'UPACEB pointe à l'horizon.
Alors qu'au 20ème siècle, il n'était pas possible de travailler pour un pays, un continent en dehors de leurs frontières, sauf dans un cadre diplomatique, au 21ème siècle, grâce à Internet, à la téléphonie cellulaire et aux nouvelles technologies, depuis le bout du monde, on peut travailler pour un pays et un continent lointains. L'UPACEB veut offrir au Panafricanisme, un cadre où, tout Africain puisse mettre ses talents au profit de l'Afrique, où qu'il se trouve sur la terre.
Désormais, plus aucune excuse ne sera permise, surtout pas celle qui justifiera l'inaction envers le Panafricanisme. En effet, tout est réuni pour le déploiement du projet Panafricain.

Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN