samedi 13 juin 2015

LE POLARISME : CAUSE FONDAMENTALE DU DEFICIT STRUCTUREL D'INTEGRATION CONTINENTALE

LE POLARISME : CAUSE FONDAMENTALE DU DEFICIT STRUCTUREL D'INTEGRATION CONTINENTALE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Selon une pensée dominante, en l'état actuel, l'intégration continentale semblable à celle de l'Union Européenne est impossible à réaliser au sein de l'Union Africaine à cause de l'instabilité politique chronique que connaissent plusieurs États africains à travers des rébellions armées et des guerres politico-armées.
Évidemment, raisonner ainsi est facile, sauf qu'il ne permet pas d'établir une arborescence fiable des faits justificatifs de la désintégration structurelle en Afrique. Au contraire, un tel raisonnement ne fait que traiter un problème par ses conséquences, et non pas par ses causes.
En effet, et de toute évidence, l'instabilité politique de certains États africains n'est que la conséquence de la désintégration africaine tant au niveau national que continental, elle n'en est point la cause.
Il suffit pour cela, d'un examen neutre, sans parti pris de la réalité africaine. On réalise alors que l'Union Africaine ne peut pas connaître d'intégration continentale, pas à cause de l'instabilité politique de certains de ses États membres, mais plutôt de la désintégration structurelle de tous les États qui la composent. Ceci est d'autant plus vrai qu'en Afrique, tous les pays ne sont pas en guerre, ni politiquement instables ; qu'ensuite, les quelques pays en guerre ne peuvent pas à seuls entamer l'intégration continentale si jamais, intégration continentale il y avait eu auparavant.
Au fond, ce n'est pas parce que certains États africains sont politiquement instables que l'Union Africaine souffre de manque d'intégration, mais bien au contraire, c'est parce que les États africains sont eux-mêmes désintégrés qu'ils empêchent par delà même l'intégration continentale de l'Union Africaine. En clair, on est en face d'un phénomène de contagion : l'Union Africaine est désintégrée parce qu'elle est composée d’États eux-mêmes désintégrés.
On a donc fait de tourner autour du pot pour éviter de dire la vérité, les vraies causes de la désintégration continentale en Afrique au Sud du Sahara ne sont pas multiple, il n'y en a qu'une : LE POLARISME. En effet, c'est le polarisme structurel qui bloque l'intégration continentale de l'Afrique noire. Et ce polarisme structurel africain, on peut l'appréhender en trois dimensions :

  • un polarisme religieux
  • un polarisme régional
  • un polarisme économique

1) LE POLARISME RELIGIEUX
En Afrique noire moderne, la religion apparaît comme un instrument d'intégration pour les adeptes d'un même culte. A défaut d'un idéal laïc, séculier, temporel, impersonnel et commun qui rassemble tous les Africains autour d'un même objectif sacré, le cultuel a fini par prendre le dessus sur le culturel. Et voilà comment le vide laissé par le manque de poursuite d'un idéal partagé de tous a été comblé par les deux religions abrahamiques importées en Afrique que sont le Christianisme et l'Islam. Le plus malheureux pour les Africains au Sud au Sahara, c'est que les religions abrahamiques qui sont par essence des religions de paix, en Afrique, elles ont été instrumentalisées à des fins politiciennes, ce qui transformes leurs adeptes respectifs en ennemis jurés, générant entre eux des conflits rétrogrades et absurdes avec des massacres d'humains à grande échelle. Ainsi est né, et constitue le phénomène du bipolarisme religieux en Afrique noire qui consacre une sorte d'apartheid social à savoir : Chrétiens à part, Musulmans à part. Autant dire qu'entre Chrétiens et Musulmans en Afrique noire, une seule possibilité est envisageable : se combattre, s'affronter, s’entre-tuer. Même comme on est entre sœurs et frères d'un même village, d'une même ville, d'une même région, d'un même pays, d'un même continent, à partir du moment où, on n'est pas de la même religion chrétienne ou de la même religion musulmane, on doit se faire la guerre. Et que, le simple fait qu'on n'appartienne pas à la même religion justifie qu'on s'élimine dans la haine.
En tout cas, ce bipolarisme religieux opposant Chrétiens et Musulmans, l'Afrique noire le paie durement. Il n'y a qu'à voir les dégâts sur le terrain. En effet, tout se passe comme si en dehors de la sphère chrétienne, aucune vie n'était possible pour le Chrétien africain, de même qu'en dehors de la sphère musulmane, plus rien n'est possible pour le Musulman africain. On en est arrivé à un tel niveau d'abrutissement par l'endoctrinement, que l'entendement humain est mis à mal dans la compréhension des barbaries générées par ce bipolarisme religieux moyenâgeux.
    Et voilà pourquoi, encore au 21ème siècle, en Afrique noire, la religion passe pour être un facteur d'intégration, car seule elle arrive à rassembler les Africains de tous bords, selon qu'ils sont membres d'une même religion au sein d'un seul groupe auxquels ils s'identifient.
    On peut le reconnaître pourtant, la religion a réussi à éliminer chez certains citoyens, le traditionnel facteur de rapprochement des peuples que sont la proximité géographique et l'unicité de la langue. Ainsi, désormais, les réseaux sociaux de l'Afrique noire ont déserté le village, le clan, la tribu, la région, la nation même pour se déployer dans l'église d'une part pour les Chrétiens, et dans la mosquée d'autre part pour les Musulmans. Et ce bipolarisme religieux est d'autant plus dommageable à l'Afrique noire qu'il la réduit aussi bien en nombre d'habitants, considérant les nombreuses victimes des guerres engendrées sur le continent, qu'en matière d'unité et de progrès vu qu'un tel bipolarisme religieux annihile toute possibilité d'unité et d'esprit de groupe.
Qui dira le contraire, au regard de l'histoire médiévale de l'Europe qui a connu des guerres de civilisations, des guerres religieuses des plus graves caractérisées par des croisades à cause de ce bipolarisme religieux opposant Chrétiens et Musulmans. Ce passé médiéval de l'Europe couplé de l'actualité africaine sur le bipolarisme religieux permet d'affirmer que le bipolarisme religieux n'est pas faction d'intégration à quelque niveau qu'on le situe. Car, qu'il s'agisse d'un niveau local, régional, national ou continental, le bipolarisme religieux est facteur de segmentation, de relégation et donc de désintégration.

2) LE POLARISME REGIONAL
Comme dit ci-dessus, en Afrique noire moderne, on peut le dire pour rigoler que le régionalisme est « l'outil de pilotage de la performance » en matière d'intégration. Ecn Afrique noire, le régionalisme prend la forme d'un bipolarisme Nord-Sud.
Ainsi, de même qu'en ce qui concerne le bipolarisme religieux, le succès du régionalisme en Afrique noire s'explique par l'inexistence d'un idéal commun en Afrique noire qui puisse brasser les populations dans un moule unique aux objectifs communs. Cette absence fondamentale d'un idéal commun aux Africains au sud du Sahara est assurément la cause nourricière des deux principaux bipolarismes (le bipolarisme religieux et le bipolarisme régional) qui minent l'unité africaine et compromettent gravement l'intégration africaine au sud du Sahara.
S'agissant du bipolarisme régional, ses effets sont semblables au bipolarisme religieux en ceci qu'il est lui aussi à la base d'un repli sur soi, lequel repli sur soi alimente la dislocation sociale et génère des conflits qualifiés tantôt de tribaux, tantôt d'interethniques.
Tout comme le bipolarisme religieux qui ne facilite pas la mixité sociale, le bipolarisme régional restreint gravement l'unité nationale dans les pays d'Afrique noire, il empêche l'intégration continentale.
Avec le bipolarisme religieux, le bipolarisme régional constitue un véritable frein à l'intégration nationale au sein des États africains, et c'est ainsi que les deux bipolarismes sont un obstacle à l'intégration économique au niveau continental. Par ailleurs, le bipolarisme régional est à la base de multiples régressions sociales dans les pays africains dans la mesure où il alimente le tribalisme, le népotisme et par delà la vénalité des offices publics. Ainsi, la promotion des cadres aux fonctions nationales ne se fait pas sur la base des mérites et des compétences des candidats mais en fonction de leur appartenance ethnique ou religieuse avec le titulaire de la souveraineté nationale. Le bipolarisme régional comme son « collègue » le bipolarisme religieux favorise la segmentation des sociétés d'Afrique noire qu'ils condamnent à l'autarcie, au manque d'échanges et de partages entre des sociétés différentes et donc à l'appauvrissement des sociétés africaines et tout simplement à l'appauvrissement des pays africains.
A ce niveau aussi, l'histoire de l'Europe médiévale et du 19ème siècle nous donnera raison. En effet, au Moyen Âge, avec les concurrences en vue du contrôle des territoires qu'on peut qualifier de politiques régionalistes menées les dynasties Capétiennes et celles des Plantagenêts, l'intégration continentale était dans ce cas inaccessible. Elle l'était moins au 19ème siècle, ère des États-nations avec les guerres Napoléoniennes, franco-prusses, et les deux grandes guerres du début du 20ème siècle. C'est dire que les politiques régionalistes ne sont pas des instruments fiables d'intégrations.
Et, nulle part dans le monde, le bipolarisme religieux et le bipolarisme régional n'ont été à la base d'une intégration sociale locale, régionale, nationale, ni même d'un développement économique local ou national. On a l'exemple de l'Europe au Moyen Âge, divisée et en guerre de religions qui n'a pu se développer. De même qu'au 19ème siècle, où, les divisions régionales en États-nations ont été à la base de graves guerres dont les plus célèbres restent les grandes guerres qui ont opposé l'Allemagne et la France jusqu'à la première moitié du 20ème siècle, on vient de le dire ci-dessus.

En définitive, quand l'on sait que les bipolarismes, qu'ils soient religieux ou régionaux, sont de grands facteurs d'isolement social, de segmentation sociale, de désintégration sociale des sociétés humaines et des pays, peut-on vraiment s'étonner du chaos de désintégration que connaissent les pays africains en particulier ; et que connaît le continent africain en général ; lesquels pays africains et continent africain sont caractérisés par ces deux bipolarismes majeurs ?
Bien malin qui pourra répondre.
En effet, les bipolarismes religieux et régional, principaux facteurs de désintégration sociale, politique et économique étant les seuls instruments « d'intégration » dont disposent les pays africains et leurs citoyens au Sud du Sahara, on comprend aisément pourquoi à l'ère de la massification sociale et des sociétés macro-économiques, les pays africains s'appauvrissent parce que profondément désintégrés, et que le continent africain demeure sous-développé et que l'intégration continentale semble lui faire peur tant elle ne constitue pas sa préoccupation première. Comment pourrait-il en être autrement pour un continent africain, composé uniquement de pays très désintégrés par les deux bipolarismes religieux et régional !


  1. LE POLARISME ECONOMIQUE
En Afrique noire, le polarisme n'est pas seulement le fait du religieux et du régionalisme, il atteint la sphère économique, contaminé par le régionalisme. Tout se passe comme si les Africains au sud du Sahara avaient peur de se retrouver pour construire une Afrique noire économiquement et politiquement forte.
L'économie africaine est elle aussi victime de la segmentation atavique qui gangrène le continent noir. Du coup, l'économie se conjugue en régions sur tout le continent. Et c'est ainsi qu'on a :
  • La CEDEAO : Communauté Économique de l'Afrique de l'Ouest
  • La CEAC : Communauté Économique des États d'Afrique Centrale
  • La CEA : Communauté des États d'Afrique de l'Est
  • La SADC (en anglais) : Communauté de Développement d'Afrique Australe

Dans le domaine économique aussi, l'Afrique noire est disloquée à cause de l'absence d'un idéal culturel commun qui rassemble les Africains au sud du Sahara autour d'objectifs communs, pour les intégrer dans un grand ensemble, dans le but de leur permettre d'amorcer enfin le développement du continent noir.

Sœurs et frères, après lecture de ces analyses, nous avons clairement identifié les causes de la désintégration continentale en Afrique. Tout dépend de nous maintenant.
Si nous le voulons, nous pouvons mettre fin à la désintégration de notre continent par exemple, en unissant nos intelligences pour doter notre continent d'un idéal général, à partir de ses us et coutumes pour nous fédérer autour d'objectifs communs. C'est ainsi que nous gagnerons à la fois notre combat contre la désintégration et celui contre le sous-développement.
En l'espèce, une Organisation comme l'UPACEB peut constituer un rempart.


Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN











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