dimanche 25 octobre 2015

ILS ETAIENT NOS PHILOSOPHES DES LUMIERES, MAIS LA MONDIALISATION SOUS SA FORME ACTUELLE LES A TUES UNE SECONDE FOIS

ILS ETAIENT NOS PHILOSOPHES DES LUMIERES, MAIS LA MONDIALISATION SOUS SA FORME ACTUELLE LES A TUES UNE SECONDE FOIS

LA MONDIALISATION ECONOMICO-CAPITALISTE
LA BOMBE ATOMIQUE QUI A FOUDROYE LES OBJECTIFS DE LA NEGRITUDE
LE FUSILLIER MARIN QUI A LAMINE LES ACQUIS DU PANAFRICANISME
L'AMORTISSEUSE DE LA DYNAMIQUE DES GENERATIONS CHEZ LES PACEB

A l'avènement de la Négritude au 20ème siècle, les écrivains qui ont promu ce mouvement ont montré qu'ils n'étaient pas seulement des nostalgiques d'un passé glorieux africain mais bien qu'ils inscrivaient l'Afrique et ses peuples dans le futur.
En effet, en même temps qu'ils pensaient l'Afrique et ses vaillants peuple au passé, ils les pensaient concomitamment dans le présent et dans le futur. C'est le lieu d'affirmer que les auteurs de la Négritude n'étaient pas des écrivains illuminés qui restaient au niveau des idées, dans une posture contemplative. Au contraire, les Négritudiens s'enracinaient dans le concret, et ils avaient un programme que leur action militante et leur œuvre littéraire mettaient clairement en exergue à savoir, leur lutte contre un monde trop inégalitaire et trop injuste. Et, devant la complexité du monde moderne, le leur, mais aussi le nôtre, et face à la menace de l'uniformisation culturelle palpable dans l’œuvre de la colonisation avec la politique de la table rase opérée sur les cultures des colonisés, les auteurs de la Négritude se sont posés en véritables défenseurs des civilisations ébènes qu'ils ne voulaient pas voir assimilées dans la civilisation du colonisateur. Dans la même perspective, et face au péril que constituaient les velléités hégémoniques d'une culture, - la culture dominante, celle du colonisateur, et ce, au détriment des autres cultures du monde, avec pour corollaire, l'appauvrissement culturel du monde, les auteurs Négritudiens ont surtout contribué à mettre en place, une nouvelle politique, une nouvelle intelligence pour la compréhension de leur société mais aussi pour la compréhension du monde. Une telle stratégie des auteurs négritudiens avait un but : apporter une âme à l'humanité. En d'autres termes, créer un humanisme à la fois concret et universel qui puisse concilier le particulier et l'universel dans la poursuite d'une harmonie entre les humains. Naturellement, un tel idéal ne pouvait pas se nourrir d'approches rétrogrades et autarciques, a fortiori de nombrilisme. En effet, un tel idéal de réconciliation du monde avec lui-même ne pouvait qu'être global, à la fois tourné vers le passé, mais aussi vers le présent et surtout l'avenir. Voilà pourquoi les écrivains de la Négritude comme Amé Césaire par exemple évoquaient des notions comme « le dialogue universel », « le rendez-vous du dialogue universel », « le métissage culturel »...
Par l'évocation de ces notions, les auteurs de la Négritude pensaient au siècle qui était le leur, - le 20ème siècle, - mais surtout ils pensaient au 21ème siècle, le siècle à venir. C'est pour cela que dans sa mémorable allocution en date de 1971, reprise en 1997, lors de l'année de la francophonie, Léopold Sédar Senghor pouvait affirmer, nous le citons : « C’est un des nôtres, le philosophe Gaston Berger, un métis né à Saint Louis du Sénégal, à la fin du siècle dernier, qui a fondé la Prospective, cette science qui permet d’étudier l’évolution future du monde pour la prévoir. Celle-ci nous enseigne, essentiellement, que la civilisation du XXIème siècle sera celle de l’universel, à laquelle chaque ethnie, chaque nation, pourra apporter sa contribution. Je dis " pourra ", car il n’est pas inéluctable que chacun soit, comme l’écrivait Césaire, " présente au rendez-vous du donner ". Seules y seront présentes, contribueront à bâtir la Civilisation de l’Universel et les nations qui croient avoir un message que nulle autre ne possède et qui veulent, consciemment, proférer ce message. »
On le voit bien, tout en évoquant le passé de l'Homme Noir, les écrivains de la Négritude évoquaient aussi son présent, et ils le projetaient dans l'avenir. En outre, les auteurs de la Négritude ne concevaient pas l'Homme Noir comme un sujet atomisé, appelé à vivre à part. Au contraire, ils l'inscrivaient dans un ensemble, dynamique, et prospère, celui du monde, celui de l'humanité tout simplement. Et pour ces auteurs, il ne fait pas de doute, le 21ème siècle, c'était le siècle du « rendez-vous du dialogue universel », le siècle du « métissage culturel », le siècle « du donner et du recevoir », le siècle où, chaque peuple de la terre irait à la rencontre des autres peuples avec ce qu'il avait de plus beau dans sa culture, dans le respect mutuel des uns et des autres, pour la construction d'un monde fraternel, égalitaire et juste. A travers les expressions « dialogue universel », « rendez-vous du dialogue universel », « métissage culturel », « rendez-vous du donner et du recevoir », Aimé Césaire et ses pairs Négritudiens désignaient tout simplement ce que nous appelons aujourd'hui : « la mondialisation ». Et pourtant, à voir la mondialisation sous sa forme actuelle, telle qu'elle se déploie, elle ne présente aucun lien avec les prévisions des auteurs Négritudiens. Pour s'en convaincre, il suffit pour cela de voir la définition que donne Sylvie Brunel ( une géographeéconomiste et écrivain français professeur des universités à l'université Paris IV-Sorbonne) de la notion de mondialisation lorsqu'elle dit : « La mondialisation actuelle, ce « processus géohistorique d’extension progressive du capitalisme à l’échelle planétaire », selon la formule de Laurent Carroué (3), est à la fois une idéologie – le libéralisme –, une monnaie – le dollar –, un outil – le capitalisme –, un système politique – la démocratie –, une langue – l’anglais. »1
Cette définition très objective de la Mondialisation mérite qu'on s'y attarde. En effet, nulle part dans cette définition, la notion de culture n'est mentionnée. De surcroît, aucune mention des peuples de la terre avec leurs civilisations n'y est perceptible. Et dans cette définition très réaliste de la mondialisation que fait bien le Professeur Sylvie Brunel, aucune référence n'est faite aux notions chères aux Négritudiens et leurs héritiers à savoir « le rendez-vous du dialogue universel », « le rendez-vous du donner et du recevoir », « le métissage culturel ».
Au contraire, en lieu et place du pluralisme culturel prophétisé par les auteurs négritudiens, c'est plutôt à un mono-culturalisme, un totalitarisme culturel auquel l'on fait face et le Professeur Sylvie Brunel le met bien en exergue par l'usage qu'elle fait de l'article indéfini « un », décliné entre le masculin et le féminin selon le cas : « une idéologie », « une monnaie », « un outil », « un système politique », « une langue ». Au fond, le « métissage culturel » rêvé et prophétisé par les auteurs Négritudiens et leurs héritiers est complètement ignoré par la Mondialisation sous sa forme actuelle qui se présente à nous comme un véritable système total. Pareillement, « le dialogue universel » annoncé au 21ème siècle par les Négritudiens est seulement devenu « un monologue universel » où seule, la culture dominante s'exprime. Et finalement « le rendez-vous du dialogue universel » n'a simplement pas eu lieu. Inutile de mentionner que le Mythe Fondateur des Peuples Africains de Civilisations du Ébènes, le Panafricanisme, qui visait l'africanisation, en tout, et pour tout, a lui aussi mordu la poussière, vu qu'il est relégué lui aussi aux calendes grecques.
C'est le lieu de rappeler la littérature africaine du 20ème siècle et les finalités qu'elle s'est assignées (I), pour relever qu'en fin de compte, cette littérature africaine reste inachevée « II).

    I) LA LITTERATURE AFRICAINE AU 20ème SIECLE ET SES FINALITES
Pour comprendre la Littérature Africaine du 20ème siècle et ses finalités (A), sa mise en parallèle avec les philosophes des lumières du 18ème siècle s'impose (B)

A) La littérature négro-africaine du 20ème siècle, Une littérature marquée par deux générations d'écrivains
Malheureusement, nous ne pouvons pas évoquer la littérature africaine dans le monde africain anglophone, hispanophone, lusophone et néerlandophone, littérature à laquelle nous n'avons accès à cause de la barrière des langues. Notre réflexion portera donc sur le monde africain francophone exclusivement, par la prise en compte de la première génération des écrivains africains au 20ème siècle (1) et de la deuxième génération des écrivains africains dits écrivains des indépendances (2).
  1. La première génération : les Négritudiens, une littérature de combat et d'affirmation des valeurs ébènes
Le trio formé par Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Léon Gontran Damas et les autres écrivains à l'origine de la Négritude, lorsqu'ils ont pris la plume, c'était avant tout pour s'opposer farouchement à l'ensevelissement des civilisations ébènes par le mécanisme de la colonisation assimilationniste.
Aimé Césaire ne dit pas autre chose lorsqu'il affirme : «La négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de noir, et de notre culture.»
Son ami Léopold Sédar Senghor ne le contredit pas lorsqu'il affirme : "La négritude est le patrimoine culturel, les valeurs et surtout l'esprit de la Civilisation négro-africaine ".
A travers ces deux citations des pères de la Négritude, il est manifeste qu'être noir n'est pas une affaire de couleur de peau mais bien une manière d'exister, consistant en des manières de faire, d'agir, de penser le monde et son environnement social. A ce sujet, et, dans un article publié sur le site du Lycée Pablo Picasso en France, un article citant Lilyan Kesteloot dans « Anthologie négro-africaine » le mentionne bien lorsqu'il dit : «Les noirs d'Afrique ont créé au cours des siècles des religions, des sociétés, des littératures et des arts tellement particuliers qu'on les reconnaît entre toutes les autres civilisations de la terre. Cette civilisation a marqué de façon indélébile les manières de penser, de sentir et d'agir des Négro-Africains, elle a forgé l'âme noire. Ce n'est pas une affaire de race. Ce n'est pas parce qu'il est noir que l'Africain a telle manière de danser, de prier, d'aimer, de concevoir le travail, l'autorité, la justice ou la famille. L'Africain est différent des autres parce qu'il hérite d'une civilisation différente et de laquelle il réapprend à être fier. Car on lui a menti en lui enseignant, pour mieux de dominer, qu'il n'avait qu'une civilisation inférieure ou même pas de civilisation du tout ! »

C'est dire que les auteurs de la Négritude menaient avant tout, un combat, celui de sauver les civilisations ébènes du naufrage de la colonisation assimilationniste, et ils avaient un but, celui de mener l'Afrique vers l'indépendance. Ce combat, c'est par la plume qu'ils l'ont mené, et c'est par les idées qu'ils l'ont remporté. Cependant, dans les années 1960, lorsque la majorité des pays africains accèdent à l'indépendance, plutôt que se complaire dans le triomphe et l'arrogance, les poètes Négritudiens ont trouvé une autre finalité à leur mouvement : projeter leur action dans le futur, afin que le 21ème siècle soit véritablement différent des deux siècles qui l'ont précédé (19ème et 20ème siècles), lesquels siècles ont promu la supériorité de la race blanche sur d'autres races, - comme si la race humaine était à concevoir au pluriel et non au singulier, de même que l'ethnocentrisme. En tout cas, après avoir gagné la lutte pour l'indépendance des pays Africains et la sauvegarde des civilisations ébènes menacées de disparition, les auteurs négritudiens ont engagé une autre bataille : celle du 21ème siècle qu'ils ont conçu comme devant être celui du rendrez-vous du dialogue universel et du métissage culturel, le siècle du « rendez-vous du donner et du recevoir ». A ce niveau, les écrivains Négritudiens n'ont fait que planter un nouveau décor, consistant à relever un nouveau défi, celui de lutter pour l'égalité des civilisations, et de la concrétisation de l'universalisme culturelle. Ils seront rejoints par les écrivains de la deuxième génération.
  1. La deuxième génération : les Écrivains des indépendances, une littérature de consolidation et de veille
Au moment où apparaissent les écrivains africains dits de la deuxième génération, plusieurs écrivains négritudiens étaient encore en vie. Ces écrivains africains de la deuxième génération sont, pour ne pas donner une liste exhaustive, l'Ivoirien Bernard B Dadié, les Zairois Mabika Kalanda et V.Y Mudimbe ; les Camerounais Martien Towa et Njoh Moullé ; le Béninois  Stanislas  Adotevi...etc. Ils seront suivis par le groupe du Sénégalais Ousmane Sembène, le Camerounais Mongo Béti , le Béninois Olympe Bhêly-Quenun, l'Ivoirien Jean-Marie-Adiaffi, le Congolais Jean-Pierre Makouta Mbuku, le Camerounais Ferdinand Oyono...etc. Cette deuxième génération d'écrivains africains se distinguera des écrivains Négritudiens à deux niveaux :
  • au niveau du genre littéraire : si les auteurs Négritudiens étaient des poètes, les écrivains africains de la deuxième génération sont quant à eux des romanciers.
  • Si l'oeuvre littéraire des Négritudiens peut être considérée comme descriptive des sociétés ébènes présentées comme idylliques, uniformes et croulant sous le joug du colonialisme, les auteurs de la deuxième génération d'écrivains africains ont une approche analytique des sociétés africaines. Sans renier les traditions africaines défendues par les Négritudiens, les écrivains des indépendances tiennent à révéler le caractère hétéroclite des civilisations ébènes. En cela, l'histoire institutionnelle et politique africaine du 21ème siècle leur donne pleinement raison : entre instabilités politiques récurrentes et fragilités institutionnelles, l'Afrique montre au 21ème siècle, l'image d'un continent profondément désintégré, où, les individus n'ont que deux voies d'intégration possibles : le tribalisme (régionalisme) et la religion. Deux voies d'intégration qui sont au fond, deux facteurs de désintégration à cause des fanatismes, extrémismes et intégrismes qu'elles sont susceptibles d'engendrer.
Malgré ces deux différences, ces deux générations d'écrivains avaient une visée commune : la renaissance d'une Afrique désormais dépouillée de tous oripeaux colonialistes, de tous préjugés qui rabaisseraient l'Homme Noir. On retiendra surtout des écrivains de la deuxième génération qu'ils voulaient avant tout consolider l'oeuvre de la première génération qui a mené la lutte pour les indépendances des pays africains par l'éveil de la conscience noire. Du coup, les écrivains de la deuxième génération de la littérature négro-africaine ont, non seulement consolidé les acquis des auteurs Négritudiens, mais encore, ils ont assuré une veille littéraire, pour préserver les acquis négritudiens au sein des PACEB (Peuples Africains de Civilisations Ébènes). Au même titre que leurs aînés Négritudiens, les auteurs de la deuxième génération de la littérature négro-africaine ont conçu le 21ème siècle comme le siècle qui devait concrétiser l'égalité des civilisations, le siècle du rendez-vous du dialogue universel. D'où, les auteurs africains de la période dite des indépendances étaient de réels critiques des maux qui ravageaient la société africaine indépendante comme par exemple, la corruption, le népotisme, le conflit de générations, l'immoralité, la méconnaissance des droits des femmes et des droits des enfants...etc.
En effet, ayant pour souci de garantir l'égalité des armes entre l'Afrique, les Peuples Africains de Civilisations Ébènes et le reste du monde à l'occasion de ce grand rendez-vous du dialogue universel et du métissage culturel annoncé par les auteurs négritudiens, les écrivains africains de la deuxième génération, de concert avec l'héritage négritudien ont préparé les consciences ébènes à rentrer dans la nouvelle ère, c'est-à-dire, dans le nouveau siècle, celui du 21ème siècle, considéré comme siècle de tous les enjeux, siècle de tous les défis, avec la fierté de leurs traditions ancestrales, pour les promouvoir sans complexe mais avec honneur et dignité. Et c'est à ce niveau qu'il faut établir un parallélisme entre la littérature négro-africaine du 20ème siècle et le siècle des lumières en France.

B) Parallélisme entre le 20ème siècle africain et le 18ème siècle européen
On ne peut pas comprendre l'oeuvre littéraire négro-africaine du 20ème siècle et ses finalités sans un rappel de l'oeuvre littéraire des auteurs de l'Aufklerung et les finalités que ces derniers poursuivaient.

  1. le 18ème siècle européen, siècle des lumières
Quatre questions viennent à l'esprit de quiconque connaît un peu l'histoire de la France sous l'Ancien Régime, ce sont : sans les écrivains des lumières, y aurait-il eu la Révolution Française ? La Monarchie aurait-elle été abolie ? La république aurait-elle été rendue légale ? Les progrès scientifiques du 19ème siècle auraient-ils été possibles ?
En réponse à ces questions, une définition faite du «siècle des lumières» par une page Wikipédia insinue des réponses : «Le siècle des Lumières est un mouvement intellectuel lancé en Europe au XIIIe siècle (1715-1789), dont le but était de dépasser l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et des intellectuels encourageaient la science par l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États. Le terme de «Lumières» a été consacré par l'usage pour rassembler la diversité des manifestations de cet ensemble d’objets, de courants de pensée ou de sensibilité et d’acteurs historiques. »
En effet, sous l'Ancien Régime, la société était fortement inégalitaire. Fondée sur trois ordres à savoir la Noblesse, le Clergé et le Tiers-Etat. Dans ce système aux trois ordres, tous les droits féodaux en grande partie faisaient peser leur poids sur le Tiers-Etat. Depuis les corvées royales jusqu'à l'impôt, le Tiers-Etat était était la vache à traire car au nom de la tripartition fonctionnelle, les tâches étaient bien reparties : la Noblesse combat, le Clergé prie, et le Tiers-Etat travaille. Du coup, si la Noblesse et le Clergé bénéficient de l'exemption fiscale, il n'en est pas ainsi du Tiers-Etat qui lui, subissait la pression fiscale pour entretenir la Noblesse et le Clergé. La situation d'immobilisme avait de réelles chances de prospérer et de s'installer dans la durée pour la simple raison que l'absolutisme royal était de droit divin. De ce fait, il ne pouvait souffrir d'aucune contestation puisque venant du Dieu suprême. Et pourtant, les choses vont changer à une vitesse V. D'abord, les Physiocrates décriaient le caractère illégal de l'impôt. Plus tard, ils seront relayés par les Philosophes des Lumières qui éclaireront les consciences sur la notion du pouvoir (Montesquieu)et la notion du contrat social (Rousseau) c'est-à-dire du vivre ensemble. Mais surtout, les philosophes des Lumières feront découvrir à leurs contemporains, des notions simples qui pourtant constituaient de véritables découvertes pour l'époque. Ce sont : la raison, l'individu, la Nature, le bonheur, le progrès, la liberté, la connaissance, le savoir. Ces notions, enseignées par les philosophes des lumières ont simplement rendu caduques les droits féodaux avec le joug des corvées. Mieux, ces notions se sont transformées dans l'inconscient collectif en droits fondamentaux à conquérir, et en projets à réaliser. Dans cette perspective, le lit était fait pour accueillir la Révolution Française, et le 19ème siècle pouvait advenir sans difficultés pour qu'enfin se déploie la Raison, pour le bonheur, le progrès, la liberté de l'Individu, dans le respect de la Nature. Il résulte de ce qui précède que la Révolution Française s'est opérée, et le 19ème siècle est pour l'Europe le siècle de la Raison et du progrès, comme l'ont enseigné les Philosophes des Lumières au XVIIIème siècle. Et voilà pourquoi le 19ème siècle a façonné l'histoire de l'Europe qu'il a inscrite à jamais dans la modernité, par le développement culturel et industriel, jusqu’aujourd’hui. Cela veut dire que sans l'apport des philosophes des lumières au 18ème siècle, l'Europe ne serait sans doute pas ce qu'elle a été au 19ème siècle, et elle ne serait sans doute pas ce qu'elle est aujourd'hui, au 21ème siècle. D'où, le cas africain du 20ème siècle peut-être étudié par l'exemple de l'Europe du 18ème siècle.

2) Le 20ème siècle africain, siècle du réveil, de la prise de conscience africaine

Tout comme le 18ème siècle en Europe, la première moitié du 20ème siècle africain est marqué par la colonisation mais aussi par l'apogée du IIIème Reich qui propageait une doctrine raciste et antisémite. Avant la colonisation, l'Afrique au sud du Sahara avait été victime de l'esclavage sur plusieurs siècles, ce qui l'avait dépeuplé de ses bras valides. Ensuite, prenant pour prétexte qu'il y avait des peuples éclairés (les pays esclavagistes) et des peuples non éclairés (l'Afrique) qu'il fallait évangéliser à tout prix, les pays d'Europe mettent en place le dispositif de la colonisation après s'être partagé l'Afrique à la conférence de Berlin en 1884. Le régime colonial n'avait d'équivalent dans l'histoire que le régime féodal où, les droits les plus élémentaires étaient ignorés. Le joug colonial sur les populations opprimées était terrible car, comme le dit le proverbe français, « La tyrannie la plus dure est celle qui s'exerce au nom des droits les plus sacrés. » Ainsi, le système colonial s'apparentait à l'absolutisme royal, cette forme de régime politique qui se disait initié par Dieu et qui ne connaissait aucun contre-pouvoir. Autant, le monarque féodal européen venait de Dieu, pour le bien de son peuple, autant le colonisateur était l'envoyé de Dieu pour apporter la lumière à ceux qui vivaient dans l'obscurité. Tous les excès du régime féodal européen seront repris dans les colonies sans état d'âme. Par exemple, les corvées royales dans le régime féodal deviennent les travaux forcés dans les colonies. La pression fiscale chez les colonisés n'est pas en reste. Pire, le colonisateur entreprendra l'oeuvre de déshumanisation du colonisé en tentant de lui retirer ses traditions, ses croyances, bref, ses civilisations pour les échanger avec les siennes. Dans cette situation, l'urgence justifiait une contre-offensive pour sauver les Civilisations Ébènes de disparitions. C'est ainsi que comme les Philosophes des Lumières en leur temps ont éclairé la conscience de leurs contemporains pour les pousser à la révolte et à la revendication de leurs droits fondamentaux, parmi lesquels la connaissance et le savoir, le Mouvement de la Négritude lui aussi est né. Grâce à la poésie, ce Mouvement de la Négritude a ouvert l'intelligence aux colonisés et les a conduits à revendiquer leur identité culturelle, et à réclamer leur indépendance vis-à-vis du colonisateur. En outre, les Négritudiens ont inscrit leur mouvement dans la durée, dans la mesure où, après les indépendances, ils ont eu des héritiers (les écrivains de la deuxième génération), mais aussi, du fait de leurs prévisions pour le 21ème siècle qu'ils envisageaient pour être le siècle du rendez-vous du dialogue universel, celui du métissage culturel.
Cependant, à voir la réalité qui prévaut au 21ème siècle sous couvert de la Mondialisation, on réalise que la Littérature Négro-africaine du 20ème siècle est une littérature inachevée.


II) LA LITTERATURE AFRICAINE DU 20ème SIECLE, UNE LITTERATURE INACHEVEE AYANT MANQUE SA CIBLE
La littérature négro-africaine du 20ème siècle n'a pas produit les effets escomptés au 21ème siècle comme ce fut le cas du siècle des lumières sur le 19ème siècle (A) et en cela, l'Afrique a été abusée, et les Peuples Africains de Civilisations Ébènes flouées (B)
A) Comparaison entre le 19ème siècle Européen et le 21ème siècle Africain

En comparant le 19ème siècle qui a suivi le 18ème siècle en Europe, on voit bien que l'oeuvre des philosophes des lumières n'a pas été fortuite (1), mais à voir le 21ème siècle tel que prédit par les Négritudiens et leurs héritiers, c'est le désenchantement total (2)
  1. Le 19ème siècle progressiste Européen, fruit des entrailles du 18ème siècle européen
Le siècle des lumières a insufflé à ses contemporains des notions qui sont devenues des droits fondamentaux à défendre et à faire fructifier. Ce sont, la Raison, l'Individu, le Progrès, le Bonheur, la Nature, la Connaissance, le Savoir...etc.
Toutes ces notions transformées en projets de vie ont entièrement été réalisées. C'est au 19ème siècle qu'est né le Code Civil (1804) français qui a fixé les droits des individus dans la société. Toujours au 19ème siècle, on a vu naître un code pénal (le code de sciences criminelles en 1816) qui a défini le principe de la légalité des délits et des peines pour en finir avec l’arbitraire dans le système juridique. Dans le domaine de la santé, c'est au 19ème siècle qu'est née la notion d'hygiène publique devenue de nos jours « la santé publique ». La Raison découverte au 18ème siècle grâce aux Philosophes des Lumières mise en avant, de nouvelles sciences humaines ont vu le jour pour expliquer les faits sociaux de façon rationnelle et non plus par le truchement de la superstition. De nouvelles disciplines vont apparaître comme par exemple, la sociologie, l’anthropologie, l'ethnologie, la psychologie, l’École de Tubigen avec la Méthode Historico-critique...etc.
C'est donc à juste titre qu'en sa qualité de fondateur du positivisme, Auguste Compte peut énoncer sa fameuse loi des des trois États en disant qu'après l’État Théologique caractérisé par le fétichisme, le polythéisme et le monothéisme, puis l’État Métaphysique, le 19ème siècle inaugurait sous sa direction l’État scientifique ! Au 19ème siècle, et grâce la Raison, surviennent la révolution industrielle, la révolution culturelle, le renforcement des droits et libertés comme par exemple la liberté de la presse, l'avènement du parlementarisme,...etc. On n'oubliera pas de mentionner les Institutions publiques napoléoniennes dans les domaines politiques, administratifs, financiers, judiciaires, du 19ème siècle encore opérationnelles au 21ème siècles !
Bref, on ne peut pas dresser une liste exhaustive des progrès réalisés par l'Europe au 19ème, suite au travail littéraire de conscientisation effectuée par les philosophes des lumières au XVIIIème siècle.
En ce qui concerne le 21ème siècle tel que projeté par les Négritudiens et leurs héritiers au 20ème siècle, il a été englouti par la marée trop haute de la mondialisation économico-capitaliste.
  1. La mondialisation économico-capitaliste, la grande faucheuse des acquis négritudiens du 20ème siècle africain
Au fond, les Négritudiens et les auteurs des indépendances n'avaient prévu pour le 21ème siècle qu'un seul scénario : le dialogue universel, le métissage culturel, le rendez-vous du donner et du recevoir, basés sur la prise en compte de toutes les civilisations du monde sur le même pied d'égalité. C'était sans compter avec le caractère totalitaire de la Mondialisation sous sa forme actuelle que décrit bien le Professeur Sylvie Brunel. Une Mondialisation véhiculant une système total dans l'absolu, à telle enseigne qu'il n'existe de place pour une quelconque culture pour se déployer aux côtés de la culture dominante. Et pourtant, la vision des Négritudiens concernant le 21ème siècle était sans équivoque ainsi que Sédar Senghor le mentionne bien : « Ainsi, la Négritude de demain fera la synthèse de cette civilisation ancestrale et des apports étrangers, particulièrement scientifique et technique, qui permettra à l'Afrique de s'adapter au monde moderne. »
En lieu et place du dialogue des cultures prophétisé par le Négritudiens et leurs héritiers, c'est plutôt l'économie capitaliste qui a pris les rennes du pouvoir au 21ème siècle. Plus aucune mention des civilisations à travers le monde n'est faite. La culture est ainsi reléguée aux calendes grecques surtout pour ce qui concerne les Peuples Africains de civilisations ébènes. Les Négritudiens les ont préparés au rendez-vous du dialogue universel, du métissage culturel, au rendez-vous du donner et du recevoir. Mais voilà que les pro-mondialistes leur ont donné l'économie, comme pour les distraire de poursuivre leur but, comme pour anéantir l'effort des Négritudiens et leurs héritiers, les écrivains des indépendances.
Là où les Peuples Africains de Civilisations deviennent complètement ridicules, c'est que toute l'Afrique est à feu et sang avec pour enjeu, la bataille pour le contrôle des matières premières et non pour la promotion des civilisations ébènes !
En effet, au 21ème siècle, les Africains de Civilisations Ébènes ont a oublié le défi de la culture, ils ont oublié l'essentiel du mouvement de la Négritude et de ses héritiers. A travers tout le continent africain au sud du Sahara, un seul sujet est dans les bouches : l'économie africaine. Et parlant de cette économie africaine, d'après ce que la presse nous transmet, elle concerne « la pauvreté des Africains », « le sous-développement du continent africain », «le pillage des matières premières en Afrique », « les taux de croissance dans les pays africains »...etc. Tels sont les sujets qui préoccupent les Africains et leurs farceurs (les promoteurs de la Mondialisation économico-capitaliste) au 21ème siècle.
Et voilà comment, en mettant l'économie capitaliste au centre de la mondialisation, on a distrait l'Afrique et les Civilisations Ébènes en leur faisant perdre de vue, l'essentiel de ce qui devait constituer leur préoccupation au 21ème siècle : la promotion de leurs civilisations.

B) L'Afrique de nouveau abusée, les Peuples Africains de Civilisations Ébènes flouées

En mettant l'accent sur l'économie dans le processus de la mondialisation et en plaçant le capitalisme au cœur cette mondialisation, les initiateurs de ce système géopolitique n'agissaient pas par hasard. En effet, ils savaient que les Négritudiens et leurs héritiers avaient préparé les Peuples Africains de Civilisations Ébènes à engager, et à gagner la bataille du dialogue des civilisations. Par ailleurs, les promoteurs de ce nouveau paradigme qu'est la mondialisation savaient pertinemment que les Peuples Africains de Civilisations Ébènes étaient préparés, mieux que quiconque à répondre qualitativement à ce rendez-vous du dialogue universel. Le souci des promoteurs de la Mondialisation sous sa forme actuelle n'était pas donc de savoir qui l'emporterait mais plutôt comment faire, pour que les Peuples Africains de Civilisations soient les éternels perdants. La réponse, ils l'ont trouvée : vider le contenant de son contenu, c'est-à-dire, enlever à la Mondialisation (le dialogue Universel) son but primordial (le métissage culturel) pour le remplacer par le « pognon ».
En effet, les promoteurs de la Mondialisation qui ne sont rien d'autres que les anciens colonisateurs des Peuples Africains de Civilisations Ébènes connaissent bien les Africains pour les avoir colonisés. Ils savent où se trouve la faiblesse des Africains : dans le pognon !
Ils savent que les Africains ont une passion maladive pour l'argent. Mettre le pognon au cœur de la Mondialisation, c'était assurément distraire l'Afrique et l'empêcher ainsi de poursuivre son but, celui que lui ont assigné la Négritude et ses héritiers à savoir, la défense et la promotion de ses civilisations, au rendez-vous du dialogue universel. C'est ce qui fut. Ainsi gagnèrent les farceurs !
C'est ainsi que la Mondialisation économico-capitaliste a tué pour une seconde fois, les poètes Négritudiens, c'est-à-dire, les Philosophes des Lumières des Peuples Africains de Civilisations Ébènes.
Et voilà comment en réussissant à asphyxier la prophétie des poètes Négritudiens sur le dialogue universel au 21ème siècle, la Mondialisation sous sa forme actuelle qui promeut l'économie seule, au détriment des cultures, est devenue à la fois la bombe atomique qui a foudroyé les travaux de la Négritude, le fusiller marin qui a laminé le Panafricanisme et l'amortisseuse de la dynamique des générations chez les Peuples Africains de Civilisations Ébènes (PACE).
En effet, les générations des PACEB qui avaient pour rôle de faire fructifier l'oeuvre de la Négritude pour répondre présentes au rendez-vous du dialogue universel ont jeté l'éponge, préoccupées qu'elles sont par les questions économiques, plutôt que par la promotion des leur culture, de leurs civilisations.
En un mot comme en mille, au 21ème siècle, et par une prétendue mondialisation, c'est plutôt l'abus de l'Afrique qui a été perpétré, en douceur, en catimini. Car véritablement, en lieu et place de la mondialisation, c'est l'Afrique qui est abusée, et les peuples Africains de Civilisations Ébènes qui sont flouées !
Il ne reste plus qu'une chose  à faire pour les Africains de Civilisations Ébènes, c'est-à-dire, ce qu'ils savent le mieux faire : déployer leur originel argumentaire fondé sur le discours victimaire.
Sans l'UPACEB bien sûr !
En effet, l'UPACEB agira pour qu'ait lieu, le rendez-vous du dialogue universel, comme promis par les philosophes des lumières africains du 20ème siècle, c'est-à-dire les Négritudiens et leurs héritiers.


Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN






1Sylvie Brunel, « Qu'est-ce la mondialisation ? » in Sciences Humaines, 6 juillet 2015

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