dimanche 27 septembre 2015

LES CIVILISATIONS EBENES LES RAISONS D'UNE OMISSION EXPRESSE DE LEUR ONTOLOGIE

LES CIVILISATIONS EBENES
LES RAISONS D'UNE OMISSION EXPRESSE DE LEUR ONTOLOGIE
UN SYSTEME POLITIQUE DEPOURVU D'ETAT THEOCRATIQUE

Au début du projet de l'UPACEB, beaucoup d'encre a coulé en ce qui concerne le nom adéquat à adopter pour ce projet. En effet, le qualificatif « négro-africaines » heurtait les consciences, il bousculait les sensibilités. Plusieurs pensaient que dans le passé, ce qualificatif avait été utilisé à mauvais escient pour servir les besoins de la cause raciste, d'où leurs réserves. D'autres préoccupations intéressantes n'ont pas manqué. Par exemple, il était question de savoir l'intérêt d'une Union comme l'UPACEB en Afrique, sachant que l'Union Africaine existait déjà.
En outre, on se demandait la place des Indiens et des populations blanches d'Afrique du Sud au sein d'une Union comme l'UPACEB, et finalement la place des Africains Arabes au sein de l'UPACEB.
Si dans l'immédiat, quelques réponses ont été apportées pour calmer les esprits, un article plus doctrinal était envisagé pour éclairer la lanterne à tout le monde. Mais, cet article doctrinal, pour être solide méritait d'attendre la fin du colloque de Paris, où, il était question de traiter d'un thème décisif : « L'AFRIQUE EN TANT QUE TELLE », c'est-à-dire, l'Afrique depuis son histoire ancienne connue (Égyptologie) jusqu'à nos jours. Depuis deux jours, c'est fait. Le Doyen Messan Amedomé, Professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de Poitiers à la retraite, nous a développé le sujet le samedi 26 septembre 2015 dernier. L'Octogénaire est catégorique : l'homme de tout temps a été noir. Seulement voilà, il y a de cela quatorze millions d'années, suite à un choc climatique, l'homme a commencé à prendre d'autres couleurs en devenant tantôt blanc quand il est proche des glaciers, tantôt jaune quand son climat est plus réchauffé, ainsi de suite. Par ailleurs, pour l'octogénaire, la civilisation humaine était dès le départ ébène. Elle a été propagée surtout par les femmes africaines car la frontière de l'Afrique s'étalait jusqu'à l'Euphrate. Et c'est ainsi qu'une fille du Roi Akhenaton Scota aurait implanté la civilisation ébène en Écosse appelée en sa mémoire Scotland. Autre exemple plus contemporain, l'octogénaire a cité l'exemple de la reine Abla POKOU qui a offert des couverts en Ivoire au roi Louis XIV alors que ce dernier mangeait avec des couverts en acier avant de rencontrer Abla POKOU. En outre, c'est la Reine Abla POKOU qui aurait envoyé son fils près du roi Louis XIV, afin que le jeune résidant dans la cour du roi de France, apprenne l'art de la guerre au souverain. D'où, pour l'octogénaire, l'histoire ne fait que se répéter avec l'UPACEB car de tout temps, c'est la femme Africaine qui a été à l'origine de l'expansion des civilisations africaines. Pour lui donc, l'initiatrice de l'UPACEB est une autre diablesse, de même type que Scota, la fille d’Akhenaton et la Reine Abla Pokou. L’octogénaire est formel : il ne fait l'ombre d'aucun doute, l'UPACEB, la toute première organisation à évoquer les termes de « fondamentaux du panafricanisme » est somme toute, la réalisation de la prophétie de Lumumba d'après laquelle : « L’Afrique écrira sa propre histoire, et elle sera au nord et au sud du Sahara. Une histoire de gloire et de dignité. » Ceux qui étaient là ont pu le constater : le retraité était sur le point de tomber en transes à la table de la conférence tant il était ému. Il a voulu immortaliser le moment en se faisant photographier en compagnie de l'initiatrice de l'UPACEB qu'il appelle désormais sa fille, la diablesse.
Revenant à la polémique suscitée à la création de l'UPACEB, rappelons simplement que pour finir, on est passé de l'OPUCAN (Organisation Politique de l'Unité Culturelle de l'Afrique Noire) à l'UPACEB (Union des Peuples Africains de Civilisations Ébènes). Or, à ce niveau aussi, nombreux sont celles et ceux qui pensent que les termes sont exclusifs et trop orientés. Que les termes « Union des Peuples Africains » de « Civilisations Ébènes » paraîtraient discriminatoires et seraient susceptibles de racisme. En tout cas, avant de poursuivre, apportons d'emblée, cette précision : qu'il s'agisse de «l'Afrique noire» ou des «civilisations Ébènes», il n'est question que de jeux de mots, car il s'agit en tout cas de la même chose, en tant que les deux syntagmes mettent en relief une couleur, celle du noir, laquelle est prépondérante au sein des peuples de l'Afrique, au sud du Sahara. Cependant, au-delà d'une simple couleur, en l’occurrence la couleur noire, ces deux syntagmes ont pour objectif de désigner la spécificité des Peuples Africains en tant qu'ils sont une entité socio-politique, caractérisée par une certaine autonomie, voire une certaine césure entre elle-même et les autres peuples du monde. Et justement, cette spécificité réelle est si palpable qu'elle n'a pas besoin de démonstration supplémentaire. Toutefois, on a beau le décrier, cette spécificité relative à la couleur noire voire ébène des peuples Africains a tendance à être de tout temps occultée. L'enjeu ici est donc d'essayer d'apporter quelques éclaircissements sur les motifs qui poussent la conscience collective du monde contemporain à vouloir coûte que coûte occulter la réalité du fait que les peuples Africains et leurs civilisations riment en général avec la couleur noire (I). Ensuite, nous essayerons de mettre en relief le système politique originel des Peuples Africains de Civilisations Ébènes.(II)

    1. LES MOTIFS D'UN OUBLI VOLONTAIRE DE LEUR ONTOLOGIE

La conscience collective contemporaine cherche à occulter la spécificité « noire » des peuples africains de civilisations ébènes pour des raisons parfois convergentes (A) mais aussi pour des raisons parfois divergentes (B) et cela a des conséquences graves de part et d'autres (C).

A) Les raisons convergentes expliquant l'omission volontaire de cette caractéristique pigmentaire propre aux peuples africains de civilisations ébènes.

Au fond, cette situation de silence volontaire sur la couleur noire dans les discussions sur les Peuples Africains au sud du Sahara est imputable à la logique binaire que partagent les Peuples Africains de Civilisations Ébènes avec certains peuples comme par exemple les peuples du continent Européen. En effet, cette logique binaire, voire cette logique dualiste, mène à définir une chose le plus souvent par son antonyme. C'est ainsi que dans la cosmogonie des PACEB, la vision dualiste du monde attribue le mal à la couleur noir, lorsque la couleur blanche est source du bien. C'est ce principe qui fait qu'encore aujourd'hui, plusieurs sont des filles et fils d'Afrique à ne pas accepter d'être qualifiés de noirs.
Chez les voisins Européens des PACEB aussi, le dualisme platonicien assimile la couleur noir au mal, quand la couleur blanche est assimilée au bien. Donc, chez eux aussi, la structure mentale de plusieurs citoyens est construite avec la notion du mal attachée à la couleur noire, tandis que la couleur blanche serait la couleur incarnée par le bien. C'est là, une raison suffisamment valable, pour que la couleur noire, voire la couleur ébène soit occultée. A ce niveau, il y a une convergence indiscutable entre les PACEB et leurs voisins Européens. Mais, chez les Européens, la situation se trouve être plus délicate.

B) Les raisons divergentes entre les PACEB et leurs voisins d'Europe au sujet de l'omission volontaire de la couleur «noir»

On l'a vu, les Européens eux aussi veulent occulter la réalité ébène des PACEB. Seulement voilà, chez ces derniers, d'autres raisons existent qui ne sont pas les mêmes que celles évoquées ci-dessus, et qui les rapprochent des PACEB.
En effet, chez nos voisins Européens, la logique binaire, voire le dualisme platonicien favorable au blanc et défavorable au noir comme c'est le cas chez les PACEB a produit de nombreux dégâts. C'est ainsi que ce dualisme a été à l'origine de l'esclavage et du code noir. Au 19ème siècle, ce dualisme a été à l'origine des doctrines raciales, et il a provoqué la colonisation transmuée en colonialisme. Ainsi donc, chez nos voisins Européens, c'est leur passé douloureux qu'ils ont en commun avec les PACEB qui les rend extrêmement prudents vis-à-vis de tout ce qui touche aux termes de «peuples», de «civilisations» parce que les lexèmes «peuples», «civilisations», leur rappellent des fléaux comme l'esclavage (crime contre l'humanité), la colonisation, mais aussi les doctrines raciales, l’antisémitisme, ...etc., que des théoriciens sortis de leurs rangs ont développés au 19ème siècle. De ce qui précède, il résulte que généralement, tout sujet portant sur un travail de fond sur la spécificité des PACEB devient très vite sujet à caution non seulement chez les PACEB eux-mêmes, mais encore chez leurs voisins Européens.
Quelles conséquences de part et d'autre sur ce silence volontairement observé sur la couleur «noire» ?

C) Les conséquences inhérentes à la logique binaire

Vraisemblablement, la vision binaire, - malgré la facilité de compréhension qu'il peut offrir, - fait que très souvent, celles et ceux qui l'optent commettent des dérives en matière de jugement de valeurs. Ainsi par exemple, de même que plusieurs des peuples à la logique binaire aiment se définir par rapport aux autres peuples, les Peuples Africains de Civilisations Ébènes se définissent très souvent par rapport à leurs voisins Européens, espérant ainsi définir ce qu'ils sont, et ce qu'ils ne sont pas. Bien malheureusement, cette approche binaire qui débouche parfois sur des conflits entre civilisations n'aide pas à mieux appréhender la spécificité des PACEB. Au contraire, leur essence même est obstruée, si elle n'est carrément occultée. Ensuite, l'approche par la logique binaire des civilisations empêche la découverte de l'autre tel qu'il est, et cette approche est sans nul doute le voile qui a dressé dans bien des cas, des murs dans l'imaginaire des peuples qui la promeuvent.
Pour les PACEB plus spécifiquement, l'approche par la logique binaire développe grandement le complexe d'infériorité qu'ils sont nombreux à nourrir vis-à-vis de leurs voisins Européens. En effet, il est difficile aux PACEB d'engager une réflexion sur leur altérité avec leurs voisins européens sans que cela ne débouche sur la passion. Plus difficile, les rapports entre les deux peuples sont biaisés car ils manquent de sincérité et d'objectivité dès lors qu'il faut ménager à chaque fois les susceptibilités. Ce type de prudence développé par les voisins Européens des PACEB à cause de leur histoire commune avec les PACEB rend difficile le travail sur la spécificité des PACEB, travail pourtant nécessaire à leur autodétermination en tant que peuple autonome, doté d'une identité propre. Car, pourvu que l'on essaie d'évoquer une identité des Peuples Africains pour que des suspicions de repli identitaire naissent. Or, ces suspicions de repli identitaire constituent de sérieux freins, de sérieux obstacles à un sérieux travail d'abstraction sur les PACEB et surtout, elles sont sans intérêt à deux niveaux :
Premièrement, les suspicions de repli identitaire qui pèsent sur toute initiative de définition de la spécificité des PACEB sont sans intérêt parce que l'on peut revendiquer une identité culturelle sans forcément être raciste.
Deuxièmement, les suspicions de repli identitaire sur tout travail portant sur l'identité des PACEB ne présente aucun intérêt parce qu'à défaut d'une définition claire et nette sur la notion, les PACEB vivent dans la confusion, et cela mène plusieurs d'entre eux à se définir n'importe comment, sans véritable lien avec leur ontologie.
Il est donc temps que ce verrou sur tout travail sérieux sur l'identité réelle des PACEB saute véritablement. En effet, ce verrou est non seulement à l'origine de plusieurs amalgames, il entraîne des quiproquos saugrenus entre les PACEB et les autres peuples, et il bloque l'émergence des civilisations Ébènes, mais encore, il entraîne une vraie confusion identitaire au sein même des PACEB ; toute chose qui menace toutes les civilisations du monde sachant que les PACEB constituent la première civilisation au monde, et que confondre leur identité, leur spécificité, c'est semer la graine de la confusion dans l'humanité toute entière. Inutile de le rappeler, autant le passé de l'homme se trouve dans les PACEB, autant son avenir aussi s'y trouve. Des travaux scientifiques l'attestent régulièrement sans être remis en cause.
Est-il besoin de préciser, on ne joue pas avec une pièce de musée qui porte l'empreinte de l'histoire car sa destruction signifie tout simplement l'effacement de la mémoire. Bien malheureusement, c'est le risque que l'humanité prend à vouloir sous-traiter les PACEB. Le plus difficile, c'est la grande part de responsabilité des PACEB eux-mêmes dans la sous-traitance dont ils sont victimes. Il est donc utile de rappeler à chaque fois que besoin se fait, qu'il existe bel et bien des civilisations Ébènes, avec un système politique général (II)


  1. LE SYSTEME POLITIQUE ORIGINEL DES PEUPLES AFRICAINS DE CIVILISATIONS EBENES

Aussi longtemps que l'on puisse remonter dans le temps, les peuples africains ne connaissent qu'un système politique qui leur est propre (A) et qu'il n'y a pas de trace d’État théocratique dans ces civilisations ébènes (B)
    A) La démocratie, seul système politique des Peuples Africains de Civilisations Ébènes
La civilisation au sens étymologique du terme, c'est l'organisation de la cité, ainsi que nous l'a appris durant le colloque de Paris, Monsieur Roland POUPIN, théologien et philosophe, scolastre de son état, - la scolastique étant la discipline qui concilie foi et raison.
Or, que voit-on tout au long de l'histoire des PACEB ? On voit que l'organisation et le fonctionnement de la cité sont déployés sous l'arbre à palabres. Du coup, chez les PACEB, le pouvoir central se déploie autour de l'Arbre à Palabres qui est la source même du Démos Kratos grec qui a été traduit par «démocratie». Les Pythagore, Platon et autres ayant voyagé en Afrique, c'est là, qu'ils ont découvert l'Arbre à palabres, à l'origine de la démocratie qu'ils ont importé en Grèce. L'arbre à palabre africain est donc devenu l'Agora à Athènes. Et quand les Romains l'ont découvert chez les Grecs, l'Arbre à palabres africain est devenu le Forum à Rome.
Plus tard, toute l'Europe conquise à la civilisation grecque adopte l'Arbre à palabres, devenu désormais le Parlement, jusqu'à nos jours. Dans une civilisation (les PACEB) dont l'organisation et le fonctionnement de la cité sont enracinés dans l'Arbre à palabres, et où, même le roi, le pharaon s'y soumet, toute autre forme de gouvernement n'est que nulle et non avenue. C'est le cas de la théocratie.

B) Une absence totale d’État théocratique

Les PACEB ignorent complètement le gouvernement théocratique. Il n'y a pas d’État théocratique dans les civilisations Ébènes. Et ce, aussi longtemps que l'on puisse remonter dans leur histoire. Chez les PACEB, la grandeur du roi, l'admiration qu'il suscite au sein peuple peuvent expliquer sa déification personnelle. C'est le cas de Toutankhamon et des pharaons égyptiens en général. Mais nulle part chez les PACEB, l'on n'a attendu des décrets divins pour gérer la cité ! Au contraire, la gestion de la cité se faisait par l'action concomitante du pouvoir central et de l'Arbre à palabres. Il est donc évident que les PACEB n'ont ni admis, ni toléré l'existence d'un État théocratique en leur sein. Voilà pourquoi les politiques africains on commis cette faute morale lourde, qui est de permettre l’immixtion du divin dans la vie publique. Cette issue malheureuse en elle-même est symptomatique de la méconnaissance des PACEB de leurs propres civilisations. Qu'il s'agisse des fanatismes religieux du côté des chrétiens africains qui ambitionnent d'avoir des États chrétiens ; ou qu'il s'agisse des extrémismes musulmans africains de type Boko Haram rêvant d’États Islamiques en Afrique, il convient de les dissuader dans leurs prétentions en leur faisant savoir de la manière la plus ferme que tous les pouvoirs politiques originels des PACEB ne comportent aucune trace de théocratie. Par conséquent, c'est avec force et conviction que nous osons affirmer que l'Afrique, berceau de l'humanité est aussi berceau de la démocratie, grâce à son Arbre à Palabres. En effet, c'est en terre africaine qu'est né en premier, l'Arbre à Palabres, symbole de la démocratie, devenue Agora à Athènes, Forum à Rome et Parlement en Occident. Jamais l'inverse !

Ce qui est regrettable, c'est que la démocratie africaine a été affaiblie par la suite, à cause du développement du « fait unanime » au détriment du « fait majoritaire ».
En effet, au sein des PACEB, le principe est la philosophie politique qui vise la recherche d'une société juste. Du coup, sous l'arbre à palabre, de tout temps, l'on a recherché plutôt l'unanimité autour du chef, que la majorité sans le chef. En effet, chez les PACEB, la vie dans la cité était une question de justice sociale et voilà pourquoi quiconque n'était pas chef. En effet, est chef chez les PACEB, celui qui d'abord est riche, car c'est lui qui a le devoir d'assister les nécessiteux dans la cité. Or, aujourd'hui, que voit-on ? Tout l'inverse : c'est le pauvre qui cherche à devenir chef par la ruse, pour exploiter le peuple et la cité. Çà, c'est la science politique, issue du machiavélisme, doctrine stipulant qu'en politique, c'est la fin qui justifie les moyens.
Au sein des PACEB antiques, l'on ne pratiquait pas la science politique, l'on ne pratiquait que la philosophie politique. Et c'est ce qu'Aristote a importé à Athènes où, la politique qu'il définit comme l'art de gérer la cité, est inhérente à la notion d'équité.

Amis(es), sœurs et frères PACEB, s'il y a un vœu que je formule pour nous les PACEB, c'est celui de nous voir guéris de notre paranoïa pour enfin voir que le mal de l'Afrique est endogène à l'Afrique et non pas exogène à notre continent. Tant que nous ne l'aurons pas compris, c'est ainsi que nous contribuerons à notre propre marginalisation.
Une image pour terminer : lorsque vous n'avez jamais emmené votre propre enfant dans votre village natal pendant qu'il était petit, il ne faut pas s'étonner de le voir confondre votre village natal avec le village voisin à l'âge adulte.
C'est à défaut d'avoir enseigné nos civilisations originelles à nos enfants qu'ils confondent nos États démocratiques originelles avec des États théocratiques ! En d'autres termes, les États théocratiques fantasmés par des fanatiques chrétiens ou des extrémistes musulmans sont le résultat de notre propre silence sur nos civilisations. Si nous n'avions pas méprisé le fait d'être noirs mais si on contraire nous l'avions clairement revendiqué, notre spécificité serait reconnue de façon autonome sans être confondue avec d'autres spécificités. Nous portons donc l'entière responsabilité dans ce qui nous arrive, et les pêcheurs en eaux troubles ne font que profiter des occasions que nous leur offrons.
A force d'occulter notre spécificité noire et ce qui en découle, nous avons fini par ignorer nous-mêmes que nous étions les premiers porteurs de la civilisation. A ce sujet, le Président de la Commission Éthique de l'Union Européenne, le Professeur Bernard-Marie DUPONT qui nous a entretenus au colloque sur « les fondements de l'Union Européenne » l'a dit : « l'Afrique, contrairement à ce qui a été dit, est rentrée dans l'histoire en premier. Les autres peuples n'ont fait que la suivre. »
C'est donc nous-mêmes, filles et fils d'Afrique, qui avons choisi de nous placer sous le boisseau, avec notre couleur et nos civilisations qui portent l'empreinte de notre spécificité. Et voilà comment aujourd'hui, le fait d'être « noir » n'a aucune signification si ce n'est attirer le rejet.
Si tel n'était pas le cas, dire : « je suis Africain, de civilisation ébène » se passerait de tout commentaire car il insinuerait immédiatement notre identité, notre spécificité. Mais à force d'entretenir le silence sur nous-mêmes et par nous-mêmes, à force de mépriser ce que nous sommes et d'envier ce que nous ne sommes pas, nous avons été les premiers fossoyeurs de notre spécificité. La preuve en est qu'encore aujourd'hui, dans tout village africain, il y a des Arbres à palabres. Et pourtant, l'Afrique est considérée comme dépourvue de démocratie. Curieux quand même non ? L'Arbre à palabres n'est-il pas synonyme de démocratie ? Et pourquoi le seul endroit au monde qui regorge d'Arbres à palabres est-il montré comme dépourvu de démocratie ? Et pourquoi les Africains eux-mêmes croient à ce gros mensonge ?
Réponse : les Africains aiment l'auto-flagellation. Ils aiment participer à leur propre mise à mort.
En cela, PACEB que nous sommes, nous devons effectivement faire profil bas en acceptant de réécrire notre histoire, toute notre histoire par nous-mêmes, au lieu de rester figés dans cette paranoïa aveuglante qui nous empêche d'opérer de réels diagnostics sur nos sociétés. Tous les peuples de la terre ont construit leur histoire et leur identité.
Bras croisés, nul ne viendra le faire à notre place !
Nous accueillons avec beaucoup de reconnaissance vos encouragements et vos félicitations pour la réussite du colloque de Paris malgré les aléas, mais vous pouvez croire que nous n'en faisons pas un sujet de gloire vue l'étendue du travail qui reste à faire sur notre continent.


Yéble Martine-Blanche OGA-POUPIN

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