lundi 31 août 2015

LES ANCÊTRES DE L'UPACEB ET LES CAUSES DE LEUR INEFFICIENCE

LES ANCÊTRES DE L'UPACEB ET LES CAUSES DE LEUR INEFFICIENCE

Les PACEB (Peuples Africains de Civilisations Ébènes) existent naturellement. Il leur manque seulement une reconnaissance juridique, une base légale, qui les fassent advenir à une entité politique autonome. A défaut d'une telle base légale qu'ils sont les premiers à ne pas rechercher, toutes les actions qu'ils posent sont disséminées en groupes parcellaires, qualifiées diversement, vécues dans l'incohérence, donnant l'impression d'être tantôt en symbiose, tantôt en contradiction. Une telle disparité dans les actions, annihilant tout esprit de groupe et ne permettant pas assez de lisibilité, on a tendance à se retrouver dans une confusion totale qui laisse penser qu'au fond, les PACEB ne posent aucune action en leur faveur et c'est à juste titre. En effet, la confusion n'a jamais produit de résultat appréciable.
Or, dans nos civilisations existentialistes voire matérialistes, où, il est de notoriété que les catégories de la logique ne sont pas tombées du ciel, le plus important est que, les choses, pour exister doivent être accessibles au toucher et à la vue. Pareillement, les idées, même les plus ingénieuses doivent être déployées dans le concret, à défaut de quoi, elles sont frappées du sceau de l'abstraction, et en ce qui concerne les idéologies, c'est la menace de déboucher sur l'utopie qu'elles encourent.
Il est donc entendu que dans de telles civilisations matérialistes, ce qui compte, c'est le factuel, c'est la matérialité. Le reste pouvant rimer avec de la poudre aux yeux, du vain verbiage. Autrement dit, lorsque rien n'est fait, et que rien de fait n'a été vu, on est à même de déduire qu'on n'a rien fait, et que du coup, rien n'ayant été fait, rien donc n'a jamais existé. En raisonnant ainsi, on peut légitimement affirmer que le projet de l'UPACEB n'a aucun antécédent, qu'il est sorti du néant, qu'il est un nouveau projet qui n'a jamais été envisagé, ni évoqué, en Afrique, ni ailleurs sur un autre continent. Et pourtant !
En effet, à voir de près, le projet de l'UPACEB (Union des Peuples Africains de Civilisations Ébènes) n'est pas si nouveau que çà. Au contraire, de tout temps, les filles et fils d'Afrique ont toujours émis le souhait de se retrouver pour bâtir leur continent.
A ce sujet,
  • faut-il rappeler le Reggae-man Bob Marley et les Rastas qui affirmaient que pour eux, la Jamaïque n'était qu'une étape, et que leur destination finale était l'Afrique ?
  • Faut-il insister sur le rêve primordial du Rastafarisme qui se considère en exil dans le monde, en pleines pérégrinations en l'attente de leur terre promise, l'Afrique ; en rappel de l'histoire des Juifs ?
  • Faut-il évoquer le dernier souhait de millions d'Africains-Américains de l'Amérique Latine et de l'Amérique du nord, ainsi que celui des Caribéens qui est de retourner en Afrique, la terre de leurs ancêtres ; avant de mourir et quitter ce bas monde ?
  • Est-il question de mentionner que sur le continent africain, ces dernières années, certains propos d'hommes d’État faisaient allusion d'une certaine façon au projet de l'UPACEB : et que des structures nationales en Afrique y font penser ?

Au risque de paraître rébarbatif, signalons en passant que sur le continent européen même, des groupements à caractère associatif et politique ont donné à penser que les enfants d'Afrique avaient hâte de se retrouver pour vivre leur spécificité à des degrés différents. Mieux, dans certains débats et propos à caractère privé ou public, que ce soit en terre africaine ou en terre occidental, des filles et fils d'Afrique expriment bien le souhait de retrouver leurs sœurs et frères éparpillés sur la planète entière pour vivre en toute solidarité.
Bref, aussi longtemps que l'on remonte jusqu'à nos jours, les filles et fils d'Afrique, - que la faute morale des humains a dispersés sur toute la planète, - il ne faut pas l'oublier, - ont de tout temps rêvé de se retrouver un jour.
En exemples supplémentaires, plusieurs Négro Spirituals et Gospels expriment bien ce désir primordial pour ce qui est des descendants des déportés de revenir en Afrique. Et pour ce qui est des Africains résidents sur le Continent, de même que de leurs diasporas issues de l'immigration, des initiatives pour retrouver et unir les enfants d'Afrique sont entreprises. Toutefois, il est à remarquer que toutes ces initiatives qui renvoient à l'UPACEB ont présenté certaines faiblesses, - et ce n'est que dommage, - à la base de leur défaut de consistance, lesquelles expliquent bien leur inefficience.
D'où, tout l'intérêt de revenir sur quelques-unes de ces initiatives qui ont précédé le projet de l'UPACEB (I), sans oublier les causes de leur inefficience (II).

I) QUELQUES INITIATIVES AYANT DES POINTS COMMUNS AVEC L'UPACEB

Ces initiatives qui renvoient au projet de l'UPACEB ont été prises tantôt en Afrique (A), tantôt en Europe (B), tantôt à un niveau intercontinental (C).

A) Les initiatives africaines en lien avec l'UPACEB
En Afrique, ces dernières années, un homme politique a tenu des propos qui renvoient au projet de l'UPACEB (1) et deux pays de l'Afrique de l'Ouest ont mis en place des structures qui concordent bien avec le projet de l'UPACEB (2).

  1. Maître Abdoulaye WADE, un précurseur des idéaux de l'UPACEB
Les propos du président Abdoulaye Wade qui coïncident avec le projet de l'UPACEB se situent à deux niveaux :

- Premièrement, tout débute en 2008. Cette année-là, il y avait juste un an que Nicolas Sarkozy était élu Président des Français. Au sein de son programme de gouvernement, le concept de l'Immigration Choisie. Cependant, avec la perspicacité d'esprit qui est sienne, Maître Abdoulaye Wade, alors président de la République du Sénégal y voit aussitôt une supercherie. Il dénonce sans ambages «un pillage des cerveaux» africains.
Dans un article encore en ligne, Violaine Carrère, Chargée d’études au Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés) revient sur cette réaction avisée du maître du Sopi sur le sujet, dont il est utile de vous livrer quelques morceaux choisis :
«Le problème, c’est l’immigration choisie. J’avais préconisé l’immigration «concertée» : consultons-nous avant de prendre des décisions. Or, la France est toujours dans la disposition de ne laisser venir que des diplômés. C’est cette fuite des cerveaux qu’on ne peut accepter. Le Sénégal consacre 40 % de son budget à l’éducation. Si nos meilleurs étudiants partent en Europe, c’est absurde.» Dixit Abdoulaye Wade.

Maître Wade ne s'arrête pas là, car il va jusqu'à demander le remboursement des investissements d'avenir entrepris par son pays, le Sénégal, pour la formation de ses cerveaux. Et c'est Violaine Carrère qui s'en fait l'écho : «Abdoulaye Wade a par exemple émis l’idée que les jeunes envoyés se former à l’étranger aient à rembourser à leur pays l’investissement que celui-ci a consenti pour eux.»
A la suite du Président Wade, Violaine Carrère mentionne que : «Le secrétaire exécutif de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), Mohamed Ibn Chambas, imagine, lui, un partenariat euro-africain qui «incite au retour» les migrants africains, les intégrant «systématiquement» à des programmes de soutien à des projets générateurs d’emplois dans leurs pays.»

Le fléau de la fuite des cerveaux en Afrique, c'est bien ce que votre servante appelait tantôt «fuite des cerveaux dans les deux sens» ou «fuite des cerveaux au départ, et fuite des cerveaux à l'arrivée.» Phénomène que le projet de l'UPACEB compte résoudre une bonne fois pour toute par l'ouverture d'un espace Afro-ébène et la mise en circulation d'un Passeport Ébène qui permettraient à tout Africain d'être au service de son pays, de son continent, où qu'il se trouve sur la terre des hommes, sans qu'il soit empêché par quelque mécanisme juridique que ce soit. Or donc, le Président Abdoulaye Wade se préoccupait déjà de solutions à ce fléau. Pour cela, il devient le précurseur des idéaux que compte véhiculer l'UPACEB.

- Deuxièmement, en 2008, Haïti est victime d'une grand catastrophe naturelle qui a fait des milliers de sinistrés. Le monde entier est alors gagné par l'émotion. L'aide afflue de tous côtés. Contre toute attente, le président Wade propose aux Haïtiens de regagner l'Afrique. Jeune Afrique publie un article à ce sujet, encore en ligne, et c'est un réel plaisir de citer quelques bribes de la pensée du président Sénégalais : «La récurrence des calamités qui tombent sur Haïti m’amène à proposer une solution radicale: (. . . ) créer en Afrique, quelque part, avec des Africains bien entendu, avec l’Union africaine, (. . . ) un espace, à déterminer avec des Haïtiens, pour y créer les conditions de retour des Haïtiens».

Ou alors : «Ils n’ont pas choisi d’aller dans cette île et ce ne serait pas la première fois que des anciens esclaves ou leurs descendants soient ramenés en Afrique. C’est le cas du Liberia, où ils ont dû s’intégrer à la population locale pour former aujourd’hui la nation libérienne. Notre devoir, c’est de leur reconnaître le droit de revenir sur la terre de leurs ancêtres.»

Le porte-parole du président sénégalais, Mamadou Bamba Ndiaye renchérit : «Si ce ne sont que quelques personnes, nous leur offrirons un toit et un bout de terre. S’ils viennent en masse, nous leur donnerons une région»

Imaginez la joie de votre servante à cette époque !
Enfin, enfin, enfin, l'Afrique y songe ! Et un Africain l'exprime !
Inutile de le rappeler, tout le projet de l'UPACEB consiste à faire revenir tous les enfants d'Afrique éparpillés dans le monde au sein d'un grand ensemble où ils formeront un seul peuple au service de leur continent. Et l'UPACEB y croit dur comme fer. Le peuple Juif l'a fait. En Israël, le vote d'une Loi de retour est rentré en vigueur depuis 1948. Cette loi a valeur constitutionnelle. Grâce à cette loi, tous les Juifs répandus sur la terre peuvent retourner en Israël n'importe quand, et ils y sont accueillis. A défaut de vouloir retourner en Israël, ils peuvent visiter le pays n'importe quand, et, où qu'ils se trouvent sur la terre des hommes, ils contribuent au développement de leur pays sans y vivre ! Qu'est-ce qui empêche que l'Afrique Subsaharienne fasse autant ?
Vous l'auriez compris, c'est tout le combat que veut mener l'UPACEB.
Alors, lorsque l'ancien président du Sénégal offre la possibilité d'un retour aux Haïtiens en terre africaine, il ne fait que répondre à l'aspiration du projet de l'UPACEB. Pour cela aussi, Maître Wade est le précurseur des idéaux que veut véhiculer l'UPACEB.

Ceci dit, en Afrique, deux pays d'Afrique de l'Ouest ont mis en place des structures qui rejoignent bien le projet de l'UPACEB.

2) Deux structures ouest-africaines en lien avec le projet de l'UPACEB
La Côte d'ivoire, et le Sénégal offrent à la postérité africaine et au monde une institution et monument qui symbolisent l'histoire et la culture africaines d'une part, et d'autre part, sont en lien avec le projet de l'UPACEB.

1) L'ASCAD : L'Académie des sciences, des arts, des cultures d'Afrique et des diasporas africaines
C'est le 1er septembre 2003 que l'ASCAD naît à Abidjan. Cette institution culturelle ivoirienne vise à développer l'influence des sciences, des arts, de la culture africaine et de celle de la diaspora africaine. En tant que telle, l'ASCAD épouse entièrement les idéaux de l'UPACEB.
C'est d'ailleurs la raison principale qui a poussé votre servante à choisir la Côte d'ivoire pour abriter le sommet de Février 2016 sur les fondements de l'UPACEB.
En effet, jamais auparavant, sauf erreur de notre part, aucune institution africaine n'a englobé tant l'Afrique et ses diasporas ! Du coup, vu son caractère global et systémique qui vise à rassembler l'Afrique et ses diasporas, l'ASCAD de Côte d'ivoire reste la précurseuse idéale du projet de l'UPACEB. On peut donc comprendre qu'il lui revienne de prendre en charge le pilotage du sommet de Février 2016 sur l'UPACEB. Votre servante en formulera la demande auprès des instances dirigeantes de l'illustre institution le moment venu.

2) Le Monument de la Renaissance Africaine
A l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance du Sénégal, le Monument de la Renaissance Africaine situé à Ouakam, à Dakar, a été inauguré le 03 Avril 2010 par le Président de la République du Sénégal, son Excellence Monsieur Abdoulaye Wade. Il est dit qu'avec ses 52 mètres de hauteur, cette statue est, au 21ème siècle, la plus grande des statues du monde. La statue de la Liberté à New York la suivrait juste après.
Vous avez dit Renaissance africaine ? C'est-à-dire, tout le projet de l'UPACEB.

Dans la même lignée, en terre européenne, plus précisément en France, des initiatives ont été prises en relation, même partielle avec l'UPACEB.

B) Des initiatives en terre européenne renvoyant au projet de l'UPACEB
En Europe, plus précisément en France, deux groupements à caractère politique rappellent partiellement le projet de l'UPACEB. Il s'agit d'une part du CRAN (1), et d'autre part, du MAF (2).

1) Le CRAN Le Conseil représentatif des associations noires de France
Le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) est né le 26 novembre 2005 à l'Assemblée nationale française. A l'origine, une soixantaine d'associations d'Afrique et des Antilles en France. Dès le départ, le CRAN s'est donné pour but, la défense des populations noires de France contre les discriminations dont elles sont victimes. On peut alors dire que le CRAN épouse partiellement les idéaux de l'UPCAB car elle défend en partie, les intérêts des peuples africains.

2) Le MAF : Mouvement des Africains Français
Le Mouvement des Africains Français est né en Juillet 2011 grâce à l’Écrivaine Camerounaise Calixthe Beyala qui en est la Présidente. A la première sortie nationale de ce Mouvement des Africains-Français (MAF) qui a eu lieu au Grand Palais de Lille le 26 novembre2011, chacun a pu constater le grand déferlement de militants qui donne la preuve que vraisemblablement, la soif de se retrouver des Africains de par le monde, pour s'affirmer en tant qu'un seul peuple à la destinée commune est irrépressible. Du coup, parler des Africains Français, c'est évoquer une catégorie sociale des PACEB (Peuples Africains de Civilisations Ébènes) et donc, il n'est pas exagéré de dire que le MAF épouse en partie, les idéaux de l'UPACEB.

On l'a vu, au niveau africain comme au niveau européen, des initiatives même partielles sont prises qui sont en lien avec le projet de l'UPACEB. Mais ce qu'il faut ajouter, c'est qu'une structure intercontinentale rejoint elle aussi, de façon partielle, le projet de l'UPACEB. Il s'agit des pays ACP.

C) Les pays ACP : Les pays (Afrique, Caraïbes, Pacifique), précurseurs partiels de l'UPACEB
Les pays ACP regroupent les pays de l'Afrique Subsaharienne, les pays des Caraïbes anglophones et d'autres pays de l'Océan Pacifique sans les DOM-TOM français. Les pays ACP sont ceux qui ont signé la Convention de Lomé. Cette convention de Lomé est un accord de coopération commerciale qui a été signé le 28 février 1975 entre la Communauté Économique Européenne (CEE) et 46 pays d'Afrique, certains pays des Caraïbes et du Pacifique. Cette convention de Lomé a été renouvelée en à plusieurs reprises :
  • en 1979, la convention de Lomé II, signée par 57 pays.
  • En 1984, la convention de Lomé III, signée par 66 pays
  • En 1990, la Convention de Lomé IV, signée par 70 pays.
Le 23 juin 2000, la Convention de Lomé a été remplacée par l’accord de Cotonou qui a été signé dans la capitale économique du Bénin, entre l'Union européenne et les États d'Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP). Conclu pour 20 ans, cet accord est révisé tous les 5 ans et il réunit les 79 États du groupe ACP et les 28 pays de l'Union européenne, soit une population totale de plus de 700 millions de personnes.
Toutes choses égales par ailleurs, les pays ACP ont le mérite de prendre en compte une grande partie des PACEB mais cette prise en compte n'est que partielle. Toutefois, il y a lieu de reconnaître que cette institution intercontinentale préfigure d'une certaine manière, le projet de l'UPACEB.

On le voit bien, plusieurs initiatives en Afrique, en Europe comme dans un cadre intercontinental rappellent des aspects du projet de l'UPACEB. Cependant, toutes ces initiatives présentent des failles qui caractérisent les causes de leur inefficience.


II) LES CAUSES DE L'INEFFICIENCE DES INITIATIVES PRECURSEUSES DU PROJET DE L'UPACEB

Il convient d'appréhender les faiblesses des initiatives africaines (A) pour en venir aux faiblesses des initiatives européennes et intercontinentales (B)

A) Les faiblesses des initiatives africaines
Les faiblesses des initiatives africaines concernent l'action du Président Abdoulaye WADE (1) d'une part et d'autre part, l'ASCAD (2).

1) L'action du président Abdoulaye WADE
Reconnaissons que le président Abdoulaye WADE n'a pas manqué de volonté dans son engagement pour la cause africaine et pour cela, il convient de saluer ses efforts. Toutefois, on peut déplorer le fait qu'il ne soit pas allé plus loin, au-delà des paroles. En effet, Maître Wade est un homme de Droit. De surcroît, il était président de la république au moment de ses discours mémorables. Il avait donc tous les leviers en mains, en tout cas, tout, pour conduire son gouvernement à faire des projets de lois pour consolider et crédibiliser ses discours sur son souhait de mettre fin à la fuite des cerveaux dans son pays, mais aussi son souhait de voir les Haïtiens revenir en Afrique. S'il l'avait fait, il est à parier que d'autres chefs d’États africains lui auraient emboîté le pas. Il se trouve qu'à part ses discours de bonne augure, il n'a pas posé d'acte concret sur les sujets importants qu'il a abordés courageusement. Or, ne pas avoir posé d'acte concret, lui devient préjudiciable, car il peut donner à penser que ses discours étaient purement démagogiques. En tant qu'un homme de loi, il n'ignore pas le poids du juridique face à une simple parole. Il a donc fragilisé la portée de ses discours en ne les traduisant pas concrètement en projets de lois puis en lois.

2) Les faiblesses de l'ASCAD
Bien que l'ASCAD soit une académie nationale, ivoirienne, elle a songé à prendre en compte l'Afrique entière et ses diasporas et c'est son seul mérite qu'il convient de saluer. Sa faiblesse réside dans le fait que cette institution donne l'impression de reposer sur de la fiction juridique à cause du déficit structurel qui la touche. En l'espèce, l'ASCAD repose sur un fait, et non sur du droit. Et ce fait, irréfutable, tangible, c'est l'existence d'une Afrique concrète et de ses diasporas, c'est l'existence des PACEB (Peuples Africains de Civilisations Ebènes), un grand ensemble aux caractéristiques et spécificités diverses. Mais, avouons-le, ce grand ensemble n'a pas de reconnaissance juridique à travers le monde, au jour d'aujourd'hui.
En clair, il manque à l'ASCAD un instrument politique, une institution politique, une organisation politique, qui puisse incarner son projet. Et cet instrument politique de l'ASCAD, cette institution politique de l'ASCAD, cette organisation politique de l'ASCAD, c'est incontestablement l'UPACEB. Or, l'UPACEB n'existe pas encore.
En effet, sans l'UPACEB, l'ASCAD n'a pas d'assise juridique. Cela veut dire qu'en Droit, l'ASCAD ne repose sur rien. Et ce vide juridique, logiquement, il aurait dû être comblé avant même de mettre sur place l'ASCAD. Du coup, à défaut d'avoir comblé ce vide juridique, on a mis en quelque sorte, la charrue avant les bœufs, car, entre l'ASCAD et l'UPACEB, c'est l'UPACEB qui devait précéder l'ASCAD et donner naissance à l'ASCAD au plan juridique. Jamais l'inverse.
Au fond, l'ASCAD présente les mêmes difficultés que le Panafricanisme, ce «bébé» conçu en dehors de la matrice d'une mère, et qui recherche encore une mère pour l'allaiter et prendre soin de lui.
Tout cela explique l'urgence qu'il y a, à mettre sur place l'UPACEB, à défaut de laquelle, plusieurs institutions panafricaines encourent la bâtardise à perpétuité.

B) Les faiblesses des initiatives européennes et intercontinentales
Les faiblesses des initiatives européennes et intercontinentales concernent, nous l'avons vu, le CRAN, le MAF et les pays ACP.
Si le CRAN présente les mêmes failles (d'être un mouvement trop exclusif) que le mouvement de la Négritude, parce que trop orienté vers la couleur de peau, là, où, le Panafricanisme au sens lato sensu se veut inclusif, le MAF (Mouvement des Africains Français) et les pays ACP ont en commun d'être fondés sur un critère géographique avec une particularité pour les pays ACP de ne privilégier que le rapport économique au grand mépris de l'aspect culturel.
Or, le critère géographique, - nous l'avons déjà dit, - n'est pas source de rapprochement entre les peuples. En effet, il ne fait pas de doute que le mot «Géographie» implique immédiatement les mots de «territoire», «frontière», «souveraineté», et «conflits».
Cela veut dire que dans l'imaginaire des peuples, plusieurs mots en appellent à d'autres mots avec lesquels ils se conjuguent inextricablement. Du coup, on a :

1) Géographie = territoire = frontière = souveraineté = conflits.

2) Culture = savoir = connaissance = érudition = instruction = éducation = civilisation = découverte = relation = lien = amitié = fraternité = partage = liberté = neutralité..; etc.

Il suffit de jeter un coup d’œil sur le territoire africain pour s'en rendre compte : en Afrique au sud du Sahara, il n'existe aucune organisation continentale basée sur la culture. Toutes les organisations continentales africaines reposent sur la géographie, le territoire, sachant que la géographie qui implique le territoire, la frontière et la souveraineté est source de conflits !
Depuis l'Union Africaine, - la seule Organisation continentale - jusqu'aux Organisations sous-régionales africaines que sont la CEDEAO, la CEMAC, l'EAC, jusqu'à la SADEC, toutes les organisations africaines sont bâties sur un critère géographique ! Et aucune organisation africaine n'est bâtie sur un critère culturel sachant que la culture renvoie à l'amitié entre les peuples vu qu'elle ne promeut aucune frontière !
En l'espèce, comment s'étonner qu'il y ait toujours des conflits en Afrique ; jusque entre pays voisins ? Les pays ACP qui excluent les Latino-Américains et les Africains-Américains devraient élargir leurs perspectives. Pareillement, le MAF gagnerait à s'ouvrir aux autres Africains que l'idiotie humaine a séparés de l'Afrique.
En tout cas, on le voit bien, tout tourne autour de l'UPACEB. Toutes les initiatives africaines en Afrique et en dehors de l'Afrique renvoient à l'UPACEB. Mais on n'ose pas aller tout droit au but. On préfère gratter ici et là, chacune, chacun, prenant un morceau qui lui convient.
Autant de contournements qui ont pour conséquence de générer une complète confusion qui mène à croire à l'inexistence des PACEB en même temps qu'ils sont fortement dommageable à leur unité.
A ce niveau, l'UPACEB n'est même plus le projet d'une organisation continentale, il est une urgence, une nécessité. Incontournable. Impérieuse.


Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN

samedi 22 août 2015

LES ADDICTIONS A L'AFRICAINE

LES ADDICTIONS A L'AFRICAINE :  LA PAIRE INFERNALE ET MALÉFIQUE
ATYPISME, CAUSES, EFFETS
L'UPACEB, UNE EBAUCHE DE SOLUTION

Dans son ouvrage  "Nous sommes tous dépendants", Éditions Odile Jacob, Mai 2001,Lembeyne Pierre, disait, je cite : "André Malraux, toxicomane devant Dieu et les hommes, avait prophétisé le 21ème siècle religieux, et pourtant, il nous est apparu pharmacomaniaque..."
Par cette affirmation, le professionnel de santé entend tirer la sornette d'alarme sur le fléau que vit le monde moderne au 21ème siècle, caractérisé par une recrudescence de diverses pathologies physiques, mentales, psychologiques, neurologiques...etc., provoquées par la consommation abusive de produits illicites et de produits stupéfiants : alcool, tabac, drogues, médicaments...etc.

Précisément, la consommation de substances psycho actives ne représente aucun danger sur les vies humaines lorsqu'elle s'effectue avec modération. En revanche, elle devient problématique lorsqu'elle a lieu de façon récurrente et et incontrôlée, sans aucune limitation, car en l'espèce, elle développe chez les sujets, un état de dépendance appelé aussi «conduites addictives».
A ce sujet, ce qui est intéressant dans l'affirmation de Pierre Lembeyne, c'est la prophétie attribuée à André Malraux selon laquelle le 21ème siècle serait religieux. L'enjeu ici serait de savoir jusqu'où la religion ne présenterait pas un risque addictif pour les croyants et par delà, un danger social. En d'autres termes, l'excès du religieux serait-il moins nocif pour l'individu et la société que la pharmacomanie ? D'autre part, la pratique religieuse préserverait-elle les sujets de conduites addictives ? Ou alors, l'excès du religieux dans la société est-il vraiment différent de la pharmacomanie ? Par ailleurs, peut-on ; et doit-on dissocier l'excès du religieux et la pharmacomanie ; ou alors les associer ?
En outre, en dehors de la pharmacomanie, existe-il d'autres pratiques au potentiel addictant ?
Enfin, qu'en est-il du continent africain en matières de conduites addictives ?
Notons que toutes ces questions valent leur pesant d'or. Pour les appréhender, il convient de se pencher sur la notion de dépendance voire d'addiction en général (I), et tenter en particulier, une ébauche de définition des formes spécifiques d'addictions africaines (II)

I) GENERALITES SUR LA NOTION D'ADDICTION

La dépendance voire l'addiction a une valeur sémantique (A) en même temps qu'elle est une notion plurielle de par son objet (B), qui, de surcroît implique des fonctions (C).

A) L'addiction, une valeur sémantique
Selon une page Wikipédia : «La dépendance, ou addiction, est, au sens phénoménologique, une conduite qui repose sur une envie répétée et irrépressible, en dépit de la motivation et des efforts du sujet pour s'y soustraire.»
De ce qui précède, résulte l'idée d'envie, de répétition, irrépressible, irrésistible qui échappe à toute maîtrise, à tout contrôle de la volonté humaine.
Quant à l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), elle définit six critères permettant d'identifier les conduites addictives, à savoir :
  • «désir impératif ou sensation de compulsion»,
  • «difficulté à contrôler la prise ou le comportement»,
  • «présence d'un état de sevrage physiologique en cas d'arrêt ou de diminution de la consommation»,
  • «présence de signes de tolérance à la substance»,
  • «perte progressive d'intérêt pour d'autres plaisirs ou activités»,
  • «poursuite de l'usage de la substance malgré ses conséquences manifestement nocives».
On notera que ces définitions, d'une part d'une page Wikipédia, et d'autre part de l'OMS permettent d'établir que la dépendance ou l'addiction repose avant tout sur un objet, voire une pratique, qui peut s'accaparer de l'individu dans son être et dans sa pensée, accaparation de l'individu pouvant aller jusqu'à sa transformation en objet, voire de son basculement vers le néant. L'addiction ou la dépendance serait dont la capacité d'un objet ou d'une pratique à créer des sujétions dans la vie d'un être humain, le privant de sa faculté de réflexion et de son pouvoir de décision. L’assujettissement de l'humain soit à un objet, soit à une une pratique, voilà qui insinue que la notion d'addiction est une notion plurielle.

B) L'addiction, une notion plurielle
L'addiction est une notion plurielle parce qu'au 21ème siècle, il existe une multitude d'addictions. En clair, nous sommes tous des addicts. Addicts à des objets différents, addicts à des pratiques différentes.
En effet, entre l'addiction aux psychotropes, l'addiction au tabac, l'alcoolodépendance, l'addiction au médicament, la dépendance aux nouvelles technologies incluant la cyberdépendance et la dépendance à la téléphonie cellulaire, l'addiction aux jeux vidéo, l'addiction au travail (le workaholisme), l'addiction au sexe, l'addiction aux jeux du hasard, l'addiction à tel ou tel médicament pour accroître ses performances physiques, ses performances intellectuelles ou ses performances d'endurance...etc.; le champ d'étude des addictions est un labyrinthe. On comprend pourquoi, de nos jours, la terminologie psychopathologique de l'addiction est dans toutes les bouches, et que les services des professionnels de psychologie et de psychiatrie sont régulièrement pris d'assaut par des patients, du moins, celles et ceux qui réalisent encore qu'ils sont malades, car, tous les addicts ne se considèrent pas comme malades.
En tout cas, au 21ème siècle, le nombre des addicts ne fait que croître. De ce fait, il n'est pas de trop de s'interroger sur les fonctions des addictions sur les sujets et l'intérêt qu'elles représentent pour ces derniers.

C) Les fonctions des addictions
De ce qui ressort de différentes études, il devient de plus en plus évident que les addictions procurent du plaisir à leurs victimes (1) et qu'elles représentent un lieu de refuge devant les menaces de la vie (2).

1) Les addictions, une source de plaisir
C'est en tout cas le résultat des approches expérientielles et systémiques des addictions. La quête du plaisir serait à l'origine des conduites addictives. A ce sujet, dans un résumé d'une publication sur CAIRN.INFO, Céline Chantepy-Touil affirme et je cite : «Consommer des drogues est d’abord liée à la quête d’un mieux être et de sensations agréables. Les pratiques addictives sont donc caractéristiques du rapport individuel que chacun entretient avec la notion du plaisir. Il semble se construire d’abord dans la temporalité des temps préliminaires et des rituels qui les accompagnent. Mais cet espace-temps des préliminaires et des rituels qui encadrent toutes pratiques addictives et qui définit l’identité de l’usager de drogues est fragile. Que reste-il alors du plaisir quand la souffrance et la peur du manque prennent le dessus ?»
Cette affirmation permet bien de comprendre que les consommateurs de drogue visent un objectif : le plaisir. Toutefois, d'après l'auteur, ce plaisir ne s'inscrit que dans un espace et un temps fragiles parce que courts, brefs. Ce qui sous-entend que l'usager des drogues doit répéter sa pratique pour maximiser  le plaisir recherché. Cette répétition visant la mutualisation de ses profits, c'est tout simplement la source de son addiction. Au fond, dans la recherche intempestive du plaisir, on devient accroc de son objet de plaisir, de sa pratique de plaisir, ce qui pousse à une quête sans fin : c'est la dépendance. C'est l'addiction. Phénomène reconnu aujourd'hui comme étant une maladie du cerveau. On n'oubliera pas de mentionner que les addictions, issues de la quête de plaisir par les sujets, sont en fait, un refuge devant les menaces. On l'aura compris, le rapport de dépendance entre le sujet qui abuse de produits illicites ou stupéfiants, ou de pratiques abusives et ces derniers, est tout d'abord un rapport intime, bien que par la suite, ce rapport peut avoir des répercussions dans les rapports liant l'individu et son environnement social. En effet, abusant de ses produits ou de ses pratiques au point d'en devenir dépendant, il existe une relation fusionnelle relevant de l'intimité entre le sujet et ses abus. Ce qui donne à cette relation entre le produit et le sujet, un caractère personnel, qui débouchera par la suite sur un caractère social, lorsque la relation basculera dans une phase clinique, impliquant une prise en charge médico-sociale. Mais avant tout, les conduites addictives relèvent de l'intimité, de la vie privée du sujet. En tant que son jardin secret, ce domaine reste inaccessible par les autres et aucune effraction sur cette question ne sera tolérée ni par le sujet lui-même, ni par les lois, et ce, au nom du principe du droit de chacun, à une vie privée. 
En outre, révélatrices des faiblesses et des vulnérabilités du sujet, les addictions représentent la face cachée et obscure de leurs victimes et voilà pourquoi le sujet a intérêt à les occulter au risque de s'exposer à la réprobation sociale et accréditer par là-même, sa marginalisation sociale. Pour finir, c'est le sujet lui-même qui est le premier protecteur de cette intimité qui est sienne.

2) Les addictions, un refuge devant les menaces
    Les études expérientielles et systémiques qui prennent en compte l'environnement culturel, politique et socio-économique du sujet pour mieux l'appréhender dans sa dimension psychologique soutiennent qu'en fait d'addiction, les sujets recherchent un refuge pour se protéger du chaos dans toutes ses formes. Cela va des menaces ressenties ou menaces vécues, aux menaces supposées ou menaces sûres, en passant par les menaces fantasmées ou menaces réelles. Au fond, les objets d'addictions ou les pratiques d'addictions ne sont rien d'autres qu'une béquille sur laquelle s'appuie le sujet pour confronter les duretés de la vie, les chocs du réel.
    Ainsi, face aux difficultés inhérentes à la finitude humaine, aux peurs que suscitent les fléaux du divorce, du chômage, de la précarité, des guerres, de la maladie, de la mort...etc., les individus se réfugient dans les addictions.
    On retiendra que les addictions ne font pas que détruire l'individu en tant que sujet. Bien plus, les addictions, en tant qu'elles isolent le sujet de son groupe social - pour l'inscrire dans un univers à part, - où, il nage dans les nuages, dans son monde singulier - sont destructrices des liens sociaux. En effet, le propre des pathologies addictives, c'est d'entraîner la désocialisation du patient. Et voilà pourquoi il est de notoriété que les traitements crédibles en matière d'addictions sont ceux qui sont accompagnés d'une mesure de réinsertion sociale.
    Dans la suite de ce qui précède, s'il est une vérité qui se fait unanime, c'est que nul n'est à l'abri des addictions. Tous, nous sommes soit des addicts confirmés, soit des addicts en perspective, soit des addicts qui s'ignorent. Et, il n'existe de raison si valable ou si légitime qui puisse protéger plus ou moins des addictions. En effet, ni le niveau intellectuel, ni le statut social, ni la qualité de vie ne sauraient constituer des facteurs soit, d'exposition aux addictions, soit, de protection des addictions. Autant dire qu'en matière d'addictions, c'est tout le monde qui est concerné, tous milieux sociaux confondus, tous genres et tous âges confondus. C'est ainsi que la nocivité sociale des addictions reste entière, et à tous les nivaux : de la noblesse déclassée à la bourgeoisie faillie, en passant par le prolétariat accablé et le salariat désenchanté, l'épidémie des addictions n'épargne personne.
    Ce qu'il ne faut pas négliger, c'est qu'au fond, le sujet victime d'addictions porte en lui une violence dont il ne se libère que par une évacuation. D'où, cette violence, à défaut de la diriger contre la société, ou contre un individu quelconque, le sujet la retourne contre lui-même, dans le refuge des addictions, causant ainsi son autodestruction.
    En même temps, il convient de savoir qu'il est difficile de sortir d'une addiction. C'est pour cela que la médecine possède des traitements de substitution, pour soigner les addictions. D'ailleurs, on ne peut pas soigner un addict contre son gré, il faut qu'il le veuille lui-même, en décidant avec le soutien d'un tiers, d'intégrer un dispositif de soins. Ce qui veut dire que l'addict doit accepter de se reconnaître malade, ou alors se reconnaître en tant que tel.
    Pour conclure sur ce chapitre concernant les généralités sur la notion d'addiction, disons que contrairement à une pensée courante, les addictions ne sont pas le seul fait du monde occidental au 21ème siècle. L'Afrique aussi est touchée par les addictions, d'une façon à la fois variée et singulière.
    II) LES FORMES SPECIFIQUES D'ADDICTIONS AFRICAINES ET LEURS SOLUTIONS POSSIBLES
L'Afrique Subsaharienne appartenant à ce monde globalisé du 21ème siècle ne peut pas prétendre se dissocier de ce grand ensemble. Elle n'en est pas séparée, elle ne peut pas s'en séparer.
Non seulement l'Afrique Subsaharienne est solidaire du monde globalisé, mais encore elle en partage les maux, les douleurs et les souffrances. C'est le cas des addictions médicamenteuses et des addictions aux psychotropes. D'ailleurs, il revient avec acuité sur la toile que l'Afrique serait la plaque tournante des trafics de produits illicites entre l'Amérique Latine et l'Europe. En outre, les addictions les plus variées comme celles au travail, au sexe, ou celles relatives aux nouvelles technologies...etc., que l'on déplore dans les pays développés touchent le continent africain de plein fouet, et dans bien des cas, leur virulence est plus exponentielle en Afrique compte tenu du manque de moyens pour les y contenir.
Dans tous les cas, hormis le fait que le continent africain soit touché par le fléau de la toxicomanie, et de toutes les addictions perceptibles dans les pays développés, l'Afrique subsaharienne est de surcroît victime de deux addictions majeures, caractérisées par leur atypisme (A) et leurs effets systémiques (B)
A) Deux addictions majeures au caractère atypique
En Afrique Subsaharienne, alors que tous les pays se proclament des États-nations fondés sur les principes de laïcité, la réalité révèle autre chose : le régionalisme et la religion sont les deux facteurs de rapprochement et d'unité des citoyens. Leur prépondérance sur les institutions républicaines n'est plus à démontrer. Le problème ne se poserait pas si le régionalisme et la religion connaissaient une pratique modérée. Mais comme en toute chose, l'excès nuit, l'importance qu'ils ont sur les autres institutions de la république finit par percuter la conscience républicaine, en même temps qu'elle exacerbe la logique nationale.
Ainsi, consommées à l'excès et non par modération, parce que mises au devant de la scène, tous azimuts, n'importe où, et n'importe quand, les deux pratiques (régionaliste et religieuse) ont fini par revêtir des propriétés addictives qui prennent des millions d'Africains en otage, dans le piège de l'autarcie, voire du repli.
Là, où, ces deux pratiques ont une forme addictive atypique, c'est qu'elles n'ont rien de médicamenteux et pourtant, leur emprise sur la conscience humaine est d'une totalité telle qu'elles transforment les individus en objets, en automates qu'on peut actionner à toutes fins et à tout moment. Faut-il le rappeler, les Africains sont nombreux à ne pas se définir par leur continent et leur pays. Ils sont plutôt nombreux à se définir toujours par leur appartenance tribale et leur leur appartenance religieuse. Du coup, la tribu et la religion s'accaparent de la pensée et de l'être sur le continent africain. Pour faire rigoler, la tribu et la religion en Afrique sont en passe de devenir sont «les déterminants voire les indicateurs» de santé publique, tant il n'y a qu'elles pour jauger du bonheur et du bien-être des personnes. Et, il n'y a qu'elles pour regrouper et unir les citoyens.
Ainsi, conformément aux adages : «l'ami de mon ami est mon ami» ou alors : « touche pas mon ami », en Afrique, il ne faut pas avoir affaire à une personne car c'est avoir affaire aux membres de son groupe ethnique ou aux fidèles de sa religion. Et voilà pourquoi les altercations même les plus banales finissent en bagarre rangées pour embraser la société toute entière, pour demeurer en rancœurs saugrenues et tenaces s'étalant dans le temps et l'espace, entre personnes de tribus différentes d'une part, et entre personnes de religions différentes d'autre part. Vraie débauche de talents, vrai gaspillage d'intelligences car si ces passions pour la tribu et la religion étaient transférées vers la nation et vers le continent, quels profits nous aurions réalisés sur notre continent en matière d'unité nationale et de solidité des institutions républicaines !

Finalement, comme nous l'avons vu dans la notion générale de l'addiction, en Afrique Subsaharienne, l'individu devient captif de sa région et de sa religion. Cela ne facilite pas son insertion sociale à un niveau national car il ne vit que pour sa région et sa religion pour lesquelles il est prêt à tout y compris verser son sang, y compris compromettre l'unité nationale de son pays et l'intégration continentale. Obnubilé que l'Africain est dans sa relation fusionnelle et pathologique avec sa région et sa religion, il ne veut entendre raison. Ainsi, où qu'il soit affecté dans le cadre de la fonction publique sur le territoire national, ou à l'étranger où, il immigre, l'Africain fera tout pour retrouver ses compatriotes de village et de tribu pour montrer une association d'une part ; et d'autre part, retrouver ses coreligionnaires pour monter un groupe de prière car sans sa région et sa religion, l'Africain n'existe pas. Comme l'addict qui ne peut se séparer de son produit ou de sa pratique addictive, l'Africain est accroc de sa région et de sa religion . Le bilan est terrible pour lui : où qu'il passe, l'Africain ne profite de rien, surtout pas de découvertes, surtout pas de richesses culturelles nouvelles. Ainsi, l'Africain passe partout comme l'eau passe au travers d'un tuyau. Il vient, et repart sans rien découvrir de nouveau parce qu'il est englué dans les préparatifs de soirées fait d'excès de table lui rappelant son village et sa tribu, ou alors pris au piège de son groupe religieux où on lui lave copieusement le cerveau pour l'empêcher les inconvertis et les impurs, entendez-là, celles et ceux qui ne sont pas de sa religion.
Et comme l'addict aux produits illicites et autres pratiques addictives qui fuie les menaces et s'en protège en se réfugiant dans ses addictions, l'Africain qui fuie les guerres, la famine, les épidémies, le chômage, la précarité a pour béquilles : le régionalisme et la religion.
Ces conduites addictives envers la région et la religion que cultive tout Africain dès le sein de sa mère ont fini par engendrer des fanatisme du type Boko Haram du côté musulman sur le continent, quand du côté des Chrétiens, l'extrémisme religieux l'emporte sur la raison.
Entre chrétiens, citons les conflits dans le protestantisme tentaculaire, les mouvements charismatiques dans le catholicisme romain, les sectes qui n'arrêtent pas de prospérer avec pour corollaires la division au sein des familles et au sein de la société, la compromission de la paix, la déconstruction de l'unité nationale ...etc.
Il n'y a pas de paix en Afrique. Surtout pas de paix religieuse. La segmentation sociale est à son comble à cause des antagonismes passionnels entre les églises anciennes et les communautés des prétendues "nouveaux-nés", des relations conflictuelles entre la société traditionnelle et ces nouvelles communautés religieuses voyant le diable et les sorciers partout, de l'insécurité spirituelle propagée par la turbulence des esprits et  l'exubérance charismatique elles-mêmes générées par un charismatisme sectaire, primaire et débridé imputable au zèle démesuré de néophytes, authentiques naufragés de l'esprit promoteurs d'un intégrisme religieux sans précédent...etc.
La religion est dévoyée, détournée de ses finalités premières qui sont d'apporter un supplément d'âme aux vaincus de la vie et une paix sociale semblable à celle du paradis.
S'agissant du régionalisme  qui conduit au tribalisme avec ses relents xénophobes, il alimente l'instinct grégaire, il en est le ferment, le ciment. Au 21ème siècle, son obsolescence, voire ses anachronismes le rendent invalide dans un monde de plus ouvert.

La situation est délétère. Les pays se parcellarisent. Le continent s'enlise. Il se désintègre. A la manière des addicts classiques qui connaissent un déficit d'intégration sociale pendant la phase de leur maladie.
Qu'à cela ne tienne, une seule chose compte : que chacune, chacun ait sa dose journalière de régionalisme ou de religion. Pour le reste, c'est-à-dire pour ce qui concerne l'unité nationale et la cohésion continentale, on s'en moque. Car, comme les addictions classiques, les addictions religieuses et régionalistes africaines sont deux pratiques égoïstes et hédonistes, ne recherchant que le plaisir personnel ou groupal, au détriment de ceux qui n'appartiennent pas au réseau.
On ne trouve de plaisir que dans sa région, dans sa tribu, au milieu de ses compatriotes de région. On ne trouve de plaisir que dans sa religion, au milieu de ses coreligionnaires, de ses collègues illuminés. Dans ce cas, à quoi cela servirait de mettre fin à cette communion parcellaire ; fut-elle dommageable à la nation et au continent ? Et pourquoi on se soucierait du sort des autres qu'on indispose et qu'on fait souffrir au propre comme au figuré ? Ce qui compte, n'est-ce pas notre plaisir ? Tout notre plaisir ? Rien que notre plaisir ?
Au nom de la région et la tribu, au nom de la religion, on peut tuer d'autres concitoyens, compromettre le développement du pays et du continent. Qu'importe ? Tant que cela procure le plaisir de type additif..., reconnaissable dans son intensité !

Pareillement que les addicts aux psychotropes qui s'isolent de la société qu'ils contribuent ainsi à segmenter, les fanatiques religieux et extrémistes régionalistes africains eux aussi s'isolent du reste de la communauté nationale qu'ils contribuent à émietter.
Pareillement aux addictions classiques qui n'épargnent personne, les addictions régionalistes et religieuses africaines concernent tout le monde en Afrique, depuis les rangs sociaux les plus bas jusqu'aux rangs sociaux les plus élevés, en passant par les intellectuels jusqu'aux analphabètes, des femmes aux hommes, des adultes aux jeunes, des nouveaux-nés aux vieillards.
Pareillement aux addicts classiques qui retournent leur violence contre eux-mêmes en s'autodétruisant par leurs addictions, l'Afrique s'autodétruit en retournant ses violences et ses addictions ses filles et fils, ses populations, ses campagnes, villes et villages c'est-à-dire contre elle-même. La mise en périls des personnes, les destructions des biens que génèrent ces deux addictions sur le continent africain sont si nombreux qu'on ne peut les évaluer. D'un pays à un autre, c'est le même scénario, les populations sont aux abois, accablés, poussées dans leurs derniers retranchements par des guerres sordides nées de ces deux addictions majeures.
Pareillement aux addictions classiques reconnues comme une maladie du cerveau qu'il faut soigner, les addictions régionalistes et religieuses sur le continent africain méritent qu'on s'y penche sérieusement pour y trouver une solution. En effet, leurs conséquences sont suffisamment graves, systémiques, pour que l'on les laisse prospérer en l'état.
Assurément, les deux addictions régionalistes et religieuses africaines, on peut les appeler "la paire infernale et maléfique" qui détruit la cohésion africaine.

B) Les effets graves et systémiques des deux addictions africaines

Les causes des deux addictions africaines atypiques que sont le régionalisme et la religion sont nombreuses, ce qui justifie pleinement ces deux addictions.
En effet, dans son environnement social d'origine, le parcours de tout Africain demeure absolument singulier. Si singulier que l'on se porterait à faux de penser que les maux qui rongent le continent noir sont la somme des maux de tous ses citoyens.
Entre des États faillis, et l'élitisme criard des communautés religieuses orthodoxes dont le culte du riche exclue d'emblée le pauvre, en passant par les guerres, la précarité sociale, les épidémies et autres pandémies, la hausse de la mortalité infantile, l'espérance de vie trop courte, sans oublier la pauvreté structurelle, le chômage...etc., tout Africain a peur. Tout Africain a raison d'avoir peur. Mais, qui ne l'aurait pas eu ?

C'est un comportement instinctif : devant le chaos, chacun recherche un refuge. Dans l'asthénie, chacun a besoin d'une béquille.
C'est ce qui explique que les addicts classiques se réfugient dans les psychotropes, le travail, les nouvelles technologies, le sexe,..etc., et les addicts africains, quant à eux se réfugient dans la tribu, la région, et la religion.
Là, où, le bât blesse, pour ce qui concerne l'Afrique, c'est que, la région et la religion présentant des propriétés et des caractéristiques addictives, les Africains ont fini par en devenir accrocs, basculant dans des excès qui les conduisent à des comportements incontrôlés, dommageables à la cohésion nationale et continentale. Le plus regrettable c'est que tout, sur le continent, leur donne raison de s'appuyer sur leur région, leur tribu et leur religion quand plus rien ne va. En effet, en dehors de la religion, de la région et de la tribu, aucune alternative n'existe pour soulager les peines.
Le toupet, c'est que même les dirigeants politiques africains s'appuient souvent sur leur tribu et leur religion pour gouverner lorsque surviennent des soubresauts conjoncturels. Et si même les dirigeants africain qui ont le pouvoir comptent sur leur région et leur religion pour se tirer d'affaires, à fortiori, le citoyen lambda !
C'est dire combien le régionalisme et la religion sont déterminants pour l'équilibre psychique de tout Africain.
Mais, ce qui est grave et redoutable, c'est que contrairement aux addictions classiques qui ont la capacité de ne détruire que le consommateur des produits toxiques et illicites ou alors la seule victime des addictions sans causer d'énormes dégâts à la société, les addictions régionalistes et religieuses quant à elles n'impactent pas que la vie de leurs victimes, au contraire, le risque qu'elles font courir est systémique, vu que les conséquences qu'elles produisent se propagent à grande échelle, en dehors de la sphère de celles et ceux qui en sont à l'origine.
Eh ! Oui ! Ne l'oublions pas : l'Afrique Subsaharienne repose sur une société à la structure féodale où, la transmission des rôles sociaux s'effectue au sein des ordres tribaux, villageois, claniques et familiaux. Rappelons aussi que dans cette société africaine féodale, plusieurs sont des rôles sociaux comme par exemple l'appartenance clanique, tribale et les croyances à être transmis par la voie héréditaire. Cela veut dire qu'avec la région et la religion, sont transmis les fanatismes avec les extrémismes, bref, les passions, et ce, dans le temps et dans l'espace. C'est l'aspect systémique des addictions régionalistes et religieuses africaines. Elles n'ont pas de fin. Au contraire, elles s'éternisent par héritage mais aussi par affinité aux descendants, aux alliés proches et alliés lointains, et aux amis. Elles se propagent à travers les âges. Il convient d'en avoir peur. Et à juste titre. En effet, ces deux addictions régionalistes et religieuses africaines ont tout de missiles de grande portée.
En effet, la fibre tribale et la fibre religieuse sont dangereuses, elles sont explosives. Et, elles sont dangereuses et explosives parce qu'elles touchent à l'intimité de l'individu tout comme les addictions classiques sont placées dans un rapport d'intimité entre le sujet et son produit ou sa pratique addictive. Or, personne ne fait concession de ce qui touche à son intimité. Premier postulat.

Deuxième postulat : comme il est de notoriété que toute addiction représente une violence cachée dans la victime qui, à défaut de la diriger contre autrui la retourne contre elle-même, en provoquant son autodestruction, ainsi en est-il des addictions africaines au régionalisme et à la religion qui symbolisent des violences portées par les Africains, et qui finissent par les retourner contre eux-mêmes, à défaut de les diriger vers autrui.

Troisième postulat : sachant que toutes les addictions sont révélatrices des faiblesses et vulnérabilités des individus et que leur accession par un étranger au sujet est fauteuse de violations de la vie privée, ce qui est à même de causer des troubles à l'ordre public, faut-il s'étonner de la multiplication des conflits à caractère religieux et ethnique sur notre continent où, les addictions au régionalisme et à la religion sont sans cesse exhibées, jetant ainsi sur la place publique, les vulnérabilités et les faiblesses des sujets ; ainsi touchés dans ce qu'ils ont de plus profond, et de plus intime ?
 .
Conséquence des trois postulats précédents : l'Afrique vit des conflits à caractère religieux et régionaliste parce qu'elle a commis la faute morale majeure de permettre l’immixtion de l'intime dans le public, c'est-à-dire, l'introduction de la religion et du régionalisme dans son espace public. C'est une ingérence intolérable que l'Afrique a permise, et qu'elle paie au prix fort. Bien dommage !

En effet, vie privée et vie publique n'ont jamais fait bon ménage. Avoir toléré, voire avoir autorisé que le régionalisme et la religion saturent impunément l'espace public africain comme cela a toujours été le cas était la faute qu'il ne fallait pas commettre, et l'Afrique l'a commise. Elle la regrettera à vie.

Aujourd'hui, le religieux se confond avec le pouvoir politique dans les pays africains. Du coup, les principes de laïcité sont piétinés et foulés au pied. La religion qui relève de l'intimité a surgi dans l'espace public où, elle est de devenue le catalyseur principal des consciences.

De même, l'appartenance tribale et régionaliste qui relevait du privé est passé dans le domaine public. Dans certains pays africains, le gouvernement est formé non pas en fonction des compétences des personnes mais bien selon leur origine ethnique, surtout lorsqu'elle présente une similitude avec celle du titulaire de la souveraineté nationale. Ainsi en est-il des fonctionnaires recrutés sur la base ethnique, conformément à l'ethnie de l'autorité administrative.
En l'espèce, disons-le tout net, l'Afrique Subsaharienne qui a pour seules béquilles pendant les moments de tempête, - lorsque rien ne va, - le régionalisme et la religion est fossoyeuse du principe de laïcité et du principe de neutralité dans la fonction publique.

Au demeurant, vu que la fibre religieuse et la fibre tribale et régionaliste sont dangereuses et explosives, et vus leurs effets systémiques, il n'est pas excessif de dire que les pays africains qui les promeuvent, sont ceux qui possèdent les deux plus grandes armes de destruction massive. A cet effet, il suffit de constater la portée de ces deux armes sournoises de guerre que sont les addictions au régionalisme et à la religion sur le continent pour s'en convaincre.

Évidemment, plusieurs déplorent le fait que l'Afrique ne possède pas encore d'armes nucléaires de type bombe atomique ou bombe à hydrogène mais, ceux qui pensent ainsi ont vite fait d'oublier que c'est l'Afrique qui possède, au 21ème siècle, les deux plus grandes armes de destruction massive, à savoir : le régionalisme et la religion, les deux addictions majeures des Africains.

De ce qui précède, une chose est de se révolter, une autre est d'apporter des solutions.
A notre humble avis, il ne suffit pas seulement de voir ce qui ne va pas. Il faut indiquer des remèdes. C'est tout le sens l'UPACEB.

En effet, en réfléchissant aux difficultés de l'Afrique, on réalise que toutes ces difficultés renvoient à la désintégration, en ceci qu'en Afrique, chacun ne s'intègre que de deux façons : soit par la religion, soit par la région. Ces deux façons de s'intégrer sont si anciennes, leur encrage social est si fort, leur enracinement dans nos mœurs d'Africains si profond, qu'on peut parler en termes thérapeutiques d'accoutumance, d'addiction. Car, on en est arrivé à un point où, tout l'espace public africain est saturé par les faits religieux et les références régionalistes et tribalistes. Cette imprégnation religieuse et cette imprégnation régionaliste constituent de sérieux obstacles à l'unité de nos nations, à l'intégration de notre continent, nous ne le dirons jamais assez. Elles sont à l'origine de la majorité des conflits sur le continent.
Or, on sait qu'il est difficile de sortir d'une addiction. C'est pour cela que la médecine a des traitements de substitution, pour soigner les addictions.
Dans le cas de l'Afrique, le traitement de substitution aux addictions au régionalisme et à la religion à l'origine de sa désintégration doit reposer sur un nouveau contrat social. En effet, selon Antoine Loysel, «On lie les bœufs par les cornes et les hommes par la parole
C'est dire, que, le traitement de substitution aux addictions au régionalisme et à la religion en Afrique, ce sont les fondamentaux du Panafricanisme. Cela passe par la disparition de l'espace public, de tout fait religieux et de toute distinction régionaliste ou ethnique. Le défi est majeur car il y va de la survie même de notre continent. Mais aussi, ce défi est simple : il s'agit de redonner à la religion et au régionalisme leur place primordiale en les faisant basculer à nouveau dans le privé, leur place initiale qu'ils n'auraient jamais dû quitter.
Replacer la religion dans l'ordre du privé, c'est la philosophie même du christianisme authentique qui considère que le chemin de la croix est un chemin solitaire, un chemin individuel et privé ; et non pas un chemin public. 
Au fond, chez les chrétiens, la religion est de l'ordre du privé parce que c'est chacun qui porte sa croix.
Notre devoir en tant que citoyens Africains en ce 21ème siècle est donc de mettre de l'ordre dans notre continent, ce géant qui marche par la tête. Et reconnaissons que ça ne sera pas facile.
Il y a des étapes à franchir pour y arriver :
- Procéder à un tamisage  de nos trajectoires de socialisation pour y extraire tout ce qui renvoie à nos deux addictions que sont le régionalisme et la religion, cette paire infernale et maléfique.
- opérer une déconstruction de nos discours habituels pour opérer une construction d'un nouveau discours qui prenne en compte la laïcité, l'unité nationale et l'intégration continentale.
- Accepter de faire un changement de nos schèmes de représentations qui excluent les autres qui n'appartiennent pas à nos groupes d'appartenance et nos groupes d'identification.
- Agir pour le renforcement de nos morales sociales pour garantir la fiabilité de notre idéal commun.
- Respecter scrupuleusement nos morales nationales et l'autorité sacrée des traités internationaux.
Bien entendu, tout cela passe par la reconnaissance pleine et entière des fondamentaux du Panafricanisme, et des fondamentaux de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Et ces fondamentaux du Panafricanisme, s'il est une structure, une organisation supranationale pour les porter et les promouvoir, c'est bien l'UPACEB.

Tout le problème résidera dans la reconnaissance par l'Afrique, de son état de victime des addictions, et de son désir de s'en débarrasser.
Autrement dit, l'Afrique est-elle prête à faire le saut qualitatif ; en faisant le pas décisif de rupture avec ces deux addictions majeures qui la minent et la tirent par le pas ?
Est-elle prête à entamer cette cure de substitution à ses deux addictions régionalistes et religieuses qu'est l'UPACEB ? C'est une autre paire de manches.
Seul l'avenir nous le dira.



Yéble Martine-Blanche OGA-POUPIN





Yéble Martine-Blanche OGA-POUPIN




dimanche 2 août 2015

LA FUITE DES CERVEAUX, UN PROCESSUS BICEPHALE DEPLOYE DANS LES DEUX SENS

LA FUITE DES CERVEAUX, UN PROCESSUS BICEPHALE DEPLOYE DANS LES DEUX SENS
FAC-SIMILE DU COMMERCE TRIANGULAIRE DANS SES CONDITIONS, SES CRITÈRES ET SES EFFETS

SIGNE D'UN DYSFONCTIONNEMENT DU PROCESSUS DE MONDIALISATION

Dans l'article précédent, une définition a été faite sur les différentes catégories composantes de la fuite des cerveaux en Afrique. Toutefois, dans l'intérêt du présent article, un petit rappel est utile.
Dans cette perspective, disons brièvement que la «fuite des cerveaux» est un processus bicéphale dans la mesure où, elle se déroule dans les deux sens, d'une part, depuis l'Afrique, et d'autre part depuis les pays d'accueil. D'où, il convient de parler de «fuite de cerveaux» au départ (1), et «fuite de cerveaux» à l'arrivée (2).

1) La «Fuite des cerveaux au départ : un processus visible et manifeste

Ce spécimen de processus de «Fuite des cerveaux» qui se manifeste au départ des pays africains est le plus connu et le plus évoqué. En effet, on parle en général de la «fuite des cerveaux» en Afrique pour désigner les candidats à «la fuite des cerveaux» au départ, depuis le contient africain. La caractéristique de ce type de «fuite des cerveaux» est qu'il est un acte spontané et volontaire de l'agent migratoire, qui, pour des motifs divers (familiaux, économiques, politiques, sociaux, culturels...etc.) décide en son âme et conscience, d'aller se chercher ailleurs, dans les pays développés, dans l'espoir d'une vie meilleure.
Cependant, en dehors de cette catégorie de migrants volontaires qui alimente généreusement le mode de la «fuite des cerveaux au départ», en Afrique, une autre catégorie sociale contribue indépendamment de sa volonté, au développement du phénomène, cette fois, depuis les pays d'accueil des migrants, c'est-à-dire, les pays européens voire les pays occidentaux, d'où, le mode de «la fuite des cerveaux à l'arrivée».

2) La «Fuite des cerveaux à l'arrivée» : un processus invisible et subtile

Dans la typologie des processus de «fuites des cerveaux» composée de variété de migrants, d'émigrés et d'immigrés originaires d'Afrique subsaharienne dans les pays occidentaux, ce mode opératoire de «fuite des cerveaux à l'arrivée» est le plus complexe, mais aussi le plus méconnu car beaucoup plus subtile.
Rappelons si besoin, que la différence entre les deux mouvements inverses («la fuite de cerveaux au départ» et «la fuite de cerveaux à l'arrivée») est que, dans le cadre de «la fuite des cerveaux au départ», l'acte de migrer, d'émigrer et d'immigrer est en général un choix des agents migratoires eux-mêmes, celui d'un proche parent, ou celui d'un tiers. Tandis que le mouvement inverse de «la fuite des cerveaux à l'arrivée» a lieu dans les pays d'accueil, avec la spécificité que, le phénomène est involontaire aux agents concernés, en tant qu'il ne leur laisse aucun choix. En effet, dans les pays d'accueil, des mécanismes juridiques sont mis en place pour empêcher le retour facile des immigrés dans leurs pays d'origine. C'est dans ce processus de «fuite des cerveaux à l'arrivée», que l'on retrouve les catégories suivantes :
  • les descendants des Africains victimes de la déportation qui ont été naturalisés citoyens des pays esclavagistes,
  • les migrants diplômés ou des bras valides sur les routes et sur les mers,
  • les immigrés clandestins n'ayant pas droit au titre de séjour et ne pouvant retourner dans leurs pays d'origine, sous peine de ne plus pouvoir revenir dans leurs pays d'accueil,
  • les enfants d'immigrés nés sur les territoires des pays d'accueil et qui bénéficient de la nationalité de leurs pays de naissance, au nom du droit du sol,
  • les immigrés naturalisés pour plusieurs raisons comme par exemple, la naturalisation par filiation (ascendance et descendance), la naturalisation pour raisons matrimoniales, la naturalisation pour raisons de services rendus à l’État...etc.
Entre dans cette catégorie de naturalisés, celles et ceux qui, pour diverses raisons ont en commun le fait d'être déchus de plein droit de leur nationalité originelle au nom du principe du non-cumul des nationalités ; ce qui prive leurs pays d'origine de leurs talents...etc., agrémentant à souhait le phénomène de la «fuite des cerveaux» en Afrique.

Au bilan, le processus de la «fuite des cerveaux» à l'arrivée implique des catégories diversifiées. Rappelons au besoin, que le propre de ce mode opératoire de «la fuite des cerveaux à l'arrivée» est qu'il est basé sur des mécanismes juridiques nourris des lois des pays d'accueil, et non pas sur la volonté des personnes qu'il concerne. Ce qui fait que le processus de «la fuite des cerveaux à l'arrivée» est méconnu parce qu'il est très subtile. Et, il est très subtile parce qu'il donne à penser qu'il provient du souhait de ses victimes, vu que dès le départ, ces dernières ont manifesté leur souhait de venir en Europe, en occident. Et en plus, par des formalités administratives, elles demandent à obtenir spontanément la nationalité de leurs pays d'accueil. Tout cela brouille les cartes car ces demandes spontanées de nationalité des pays d'accueil sous-entendraient pour certains que les demandeurs renieraient leurs origines, leurs pays d'origines.
Au fond, les motifs justifiant de la mise en place de dispositifs pour alimenter la «fuite des cerveaux à l'arrivée» dans les pays d'accueil, dispositifs dont l'Afrique est principalement victime sont une intention prêtée aux immigrés, jamais prouvée, parce que de toute façon improbable. Parions que si jour, la question était soulevée, les auteurs de ces dispositifs n'auront qu'une réponse : «s'ils ne veulent pas de nos dispositifs, qu'ils rentrent chez eux.»
Pour clore ce chapitre récapitulatif, retenons simplement que la «fuite des cerveaux» en Afrique n'est pas un processus monocéphale ayant uniquement lieu qu'au départ de l'Afrique, mais bien un fléau bicéphale qui a lieu dans les deux sens, aussi bien au départ de l'Afrique, qu'à l'arrivée dans les pays d'accueil.
C'est le lieu de le dire, «la fuite des cerveaux dans les deux sens», c'est-à-dire, «la fuite des cerveaux au départ» et «la fuite des cerveaux à l'arrivée» est dommageable à l'Afrique qu'elle dépeuple de ses forces vives, et appauvrit ; d'où, en l'espèce, dans son organisation et son fonctionnement, le système de «la fuite des cerveaux dans les deux sens» qui prive l'Afrique de ses élites et de ses ressources cérébrales est une reproduction du code du commerce triangulaire (I), en même temps que ce système constitue un vrai signe de dysfonctionnement du processus de Mondialisation (II).

  1. LA FUITE DES CERVEAUX DANS LES DEUX SENS
    AGGIORNAMENTO DU CODE DU COMMERCE TRIANGULAIRE
On peut dire que dans ses conditions, ses critères et ses effets, le système de la «fuite des cerveaux dans les deux sens» reproduit le système du Commerce Triangulaire (A), et le plus déplorable est la caution explicite dont ce système pervers bénéficie de la part d'une grande partie des Africains (B).

A) La «fuite des cerveaux dans les deux sens» : un système pervers doublé d'un fac-similé du système du Commerce Triangulaire

Dans la qualification «Fuite des cerveaux» se dégage une mise en exergue d'un organe du corps humain : le cerveau.
Or, communément, le cerveau est désigné pour parler de la rationalité et de l'intelligence chez l'être humain. Cela veut dire que le cerveau est un organe essentiel dans le corps humain. Du coup, à la fin du 20ème siècle et début du 21ème siècle, le fait que la fuite des Africains vers les pays développés ne concerne qu'une catégorie sociale, donnée pour être les «cerveaux africains», c'est-à-dire, «les têtes pensantes» de l'Afrique, voilà qui montre qu'il s'agit bien d'une sélection. Cela devient inquiétant dans la mesure où, dans l'histoire des rapports entre le continent africain et les pays occidentaux, un autre processus a été fondé sur la pratique sélective : il s'agit du processus du commerce triangulaire, déployé sur les comptoirs négriers. A cette occasion, il était question de prendre à l'Afrique ses «bras valides» pour défricher les champs de canne à sucre.
«Bras valides», encore des parties du corps humain, à la manière des «cerveaux».
On notera ici que pareillement que le mot «cerveau» renvoie aux «têtes pensantes», les «bras valides», de par l'adjectif qualificatif «valides» excluent d'emblée tout handicap, toute infirmité et toute maladie. Voilà pourquoi la notion de «bras valides» renvoie aux notions de «bonne santé», de «corps bien portants». Ainsi, était manifestement opérée la sélection entre Africains déportables et Africains non-déportables.
D'où, dans le code de ce Commerce Triangulaire qui demeure de triste mémoire, à cause de la qualité des «marchandises» échangées, - qui n'étaient autres que des êtres humains, du côté de l'Afrique, - contre la pacotille du côté des esclavagistes, les conditions (1) et critères (2) d'achat des esclaves étaient sélectifs, et très avantageux pour la demande (les acheteurs d'esclaves), et les effets (3) désavantageux pour l'offre, c'est-à-dire l'Afrique.
  1. Une remise à jour des conditions du Commerce Triangulaire dans le processus de la «fuite des cerveaux dans les deux sens»
Le commerce triangulaire ne reposait que sur une seule condition : trouver une main d’œuvre servile en provenance d'Afrique subsaharienne. C'est dire qu'une seule population était visée : la population afro-subsaharienne. Pareillement, au 21ème siècle, non seulement la fuite des cerveaux vers les pays occidentaux est majoritairement dominée par les populations africaines, mais encore, le principe de non-cumul des nationalités occidentales avec d'autres nationalités ne pèse que sur les nationalités africaines. Ainsi, qu'il s'agisse du Commerce Triangulaire ou de la «fuite des cerveaux dans les deux sens», une population est visée : la population afro-subsaharienne.
Là-dessus, il n'y a pas d'équivoque. Qu'en est-il des critères inspirant la mise en œuvre des deux systèmes ?
  1. Une conformité entre les critères du code du Commerce Triangulaire et les critères du code de l'immigration des «cerveaux africains»
Durant le Commerce Triangulaire, la qualité des esclaves vendus était conforme aux exigences des esclavagistes. Pareillement, dans le cadre de la «fuite des cerveaux dans les deux sens», ce sont les exigences des pays d'accueil qui sont satisfaites.
Ainsi, de même que les négriers exigeaient que les esclaves qu'ils achetaient aux Africains soient des hommes et des femmes Africains parmi les plus beaux, les plus forts, les plus costauds, les plus typés, les plus racés et ayant une meilleure santé, et que par dessus tout, le voyage des esclaves était celui du non-retour, de même, au 21ème siècle, en Occident, les exigences des pays d'accueil des migrants africains s’apparentent bien aux exigences des négriers.
Si les négriers en leur temps voulaient «les bras valides», les pays occidentaux au 21ème siècle veulent quant à eux «les cerveaux» africains. Il suffit d'écouter parler les dirigeants occidentaux sur leurs politiques d'immigration pour s'en convaincre. Dans leurs discours, les variables d'occurrence qui reviennent sont les suivantes : «les quotas», «Immigration choisie » et non pas «immigration subie», «les régularisations au cas par cas», «le concept d'immigration intelligente»...etc.
La France ne s'en cache même plus. Elle, qui parle urbi et orbi de «la simplification de la délivrance des visas de circulation, valables entre six mois et cinq ans, pour les "talents étrangers", «universitaires, scientifiques, artistes...». Une vraie sélection entre les candidats à l'immigration qui rappelle les exigences et les critères des temps du Commerce Triangulaire.
Par dessus tout, le retour à leur pays d'origine des immigrés Africains est rendu difficile par certains mécanismes juridiques mis en place dans les pays d'accueil. Ce qui signifie tout simplement pour eux que le voyage de non-retour leur est appliqué, comme aux temps de l'esclavage.
En un mot comme en mille, tous ces critères sélectifs fixés par les politiques publiques dans les pays occidentaux en matière d'immigration ne laissent pas de place au doute sur le fait que le code du système de la «fuite des cerveaux dans les deux sens» n'est qu'une reprise du code du système du Commerce Triangulaire. Et que les deux systèmes produisent les mêmes effets.

2) Les effets de la «fuite des cerveaux dans les deux sens», une réplique des effets du commerce triangulaire

Il est évident que comme dans le cadre du Commerce Triangulaire, où, les Africains déportés ont systématiquement été naturalisés et confisqués pour ne plus retrouver leurs patries d'origine, cet arsenal juridique en vigueur dans les pays d'accueils des migrants africains au 20ème-21ème siècle, lequel confisque d'office les immigrés dans les pays d'accueil parce qu'il les dépouille de leurs nationalités d'origine - a pour effet de dépeupler puis d'appauvrir subtilement, mais manifestement, l'Afrique, sous le fallacieux prétexte de la «fuite des cerveaux».
De c marché de dupe, l'Afrique est pitoyablement perdante à tous points de vue, lorsque les pays d'accueil sont les gagnants à tous les niveaux.
Tout d'abord, sur un plan démographique, l'Afrique se dépeuple dans le processus de «la fuite des cerveaux dans les deux sens».
Ensuite, au plan économique, et surtout en matière d'expertise, l'Afrique perd une part substantielle de ses ressources humaines. Elle est appauvrie.
En effet, non seulement les candidats au départ sont majoritairement des diplômés de haut niveaux, mais encore sur place, dans les pays d'accueil, des milliers d'Africains formés à de haut niveaux y sont retenus par des mécanismes juridiques qui leur font perdre leur nationalité d'origine pour certains, quand pour d'autres, ils sont pris au piège de l'immigration clandestine. Et que dire des talents des descendants des Africains déportés depuis des siècles dont on a malicieusement, et expressément effacé de la mémoire, les pays d'origine ?
Disons simplement que tous ces Africains constituant une main d’œuvre qualifiée ne peuvent mettre leurs talents au profit de l'Afrique. Tout bêtement. Confisqués qu'ils sont dans les pays d'accueil.
A l'inverse, s'agissant des pays d'accueil, leur économie et leur démographie se trouvent bonifiées par ce capital humain venu d'Afrique depuis des temps immémoriaux jusqu'aujourd'hui, et dont le nombre ne cesse de croître avec les guerres et autres calamités sur le continent noir.
Mais, le profit des pays d'accueil ne se limite pas qu'au plan économique. En effet, au plan politique aussi, cette population d'Africains présente sur leurs territoires constitue pour les femmes et hommes politiques d'occident, un fond de commerce considérable à deux niveaux :
  • d'une part, la population africaine présente sur leurs sols représente pour les acteurs de la politique occidentale, une monnaie d'échange pour faire du chantage aux pays africains,
  • d'autre part, cette population africaine d'immigrés fournit aux classes politiques des pays occidentaux des variables d'ajustement telles «Étrangers», «Immigration», «Nationalité», «Citoyenneté», «assimilation», «intégration»...etc. pour alimenter les polémiques et autres débats politiciens entre partisans ou opposants politiques. Toutes manœuvres que ces variables d'ajustement induisent sont considérables, et les bénéfices politiques, une source inépuisable car il suffit de savoir manœuvrer pour se constituer un gros bétail électoral.
En définitive, qu'il s'agisse du Commerce Triangulaire ou qu'il s'agisse de la «Fuite des cerveaux dans les deux sens» en Afrique, c'est du pareil au même : vu que ce sont les deux faces d'une même pièce.
La diaspora ne risque pas de sortir de l'auberge. En effet, au regard de la réalité qui prévaut en Afrique, on constate que d'une manière ou d'une autre, les Africains cautionnent eux aussi le phénomène de «la fuite des cerveaux dans les deux sens».

B) Une caution explicite du phénomène de la «fuite des cerveaux dans les deux sens» par les Africains

En observant l'enthousiasme suscité par l'immigration au sein des populations africaines mais aussi certaines politiques publiques dans plusieurs pays africains, on remarque que non seulement les populations africaines donnent un blanc seing au processus de «fuite des cerveaux dans les deux sens»(1), mais encore qu'à un niveau étatique, certains pouvoirs publics en Afrique cautionnent ouvertement la «fuite des cerveaux dans les deux sens» (2).

1) Soutien des populations africaines au phénomène de la «fuite des cerveaux dans les deux sens»

Ce soutien des populations africaines au phénomène de la «fuite des cerveaux dans les deux sens» se traduit par le rêve primordial de tout Africain d'immigrer en occident, mais aussi par le rêve de toute famille africaine d'avoir un fils, une fille, un parent ou plusieurs en occident.
En effet, en milieu africain, le fait de s'exiler en occident accroît le pedigree social des individus et celui de leurs familles dans la cité ; lesquels se retrouvent ainsi gratifiés d'un honneur du jour au lendemain, de même qu'ils sont auréolés d'une gloire supplémentaire.
En clair, l'individu qui immigre en occident représente un capital social pour lui-même mais aussi pour les siens. Ceci explique l'humiliation par des moqueries à laquelle s'exposent les Africains rapatriés d'occident et leurs familles. En effet, revenir d'occident pour revivre dans son pays d'origine qu'on a quitté plus tôt est vu comme une déchéance sociale, couplée du débit du capital social dont on s'est crédité entre temps.
Par ailleurs, le fait d'avoir un fils, une fille, bref, un parent ou plusieurs en occident accroît le pouvoir d'achat des familles. Pour des raisons économiques donc, plusieurs familles incitent leurs membres à partir résider en occident. Définitivement.
On comprend en l'espèce que «la fuite des cerveaux dans les deux sens» soit encouragée par les populations africaines qui sont pourtant les premières à pâtir des conséquences désastreuses de ce fléau. Ceci dit, les pouvoirs publics africains participent eux-mêmes à l'aggravation du fléau de la «fuite des cerveaux dans les deux sens.»

1) Le rôle des pouvoirs publics africains dans «la fuite des cerveaux dans les deux sens»

En Afrique, aucune place significative n'est accordée aux diasporas. Depuis les anciennes diasporas issues du Commerce Triangulaire jusqu'aux diasporas récentes issues de l'immigration, aucun cahier des charges n'est défini dans aucun pays, ni même à un plan continental. Aucun dispositif n'est déployé pour le retour des diasporas, ni aucune mesure législative n'est prise sur tout le continent africain, en vue de contrecarrer les mécanismes juridiques déployés dans les pays d'accueil avec pour but, la confiscation des migrants Africains qui nourrit le fléau de la «fuite des cerveaux dans les deux sens». Bien au contraire, tout ce que les pouvoirs publics africains font, c'est d'aggraver à leur tour, la «fuite des cerveaux dans les deux sens» par des lois ignobles. Par exemple, dans plusieurs pays africains, des dispositions constitutionnelles exigent que pour postuler à certaines fonctions régaliennes comme la fonction présidentielle, il faut avoir vécu pendant un certain nombre d'années dans le pays d'origine, et ne pas s'être prévalu d'une autre nationalité. Avec de telles lois, c'est la diaspora qui est visée, et c'est elle qui est exclue de la vie politique des pays d'origine.
Et voilà comment certaines politiques publiques en Afrique contribuent à éloigner des fils et filles d'Afrique de la gestion de l'Afrique, mais encore, aggravent le fléau de la «fuite des cerveaux à l'arrivée».
Dans ce méli-mélo, on pourrait se demander, où, se trouve la place des diasporas africaines et la réponse est directe: les diasporas africaines n'ont pas de places, elles sont suspendues entre deux mondes, leurs pays d'origine et leurs pays d'accueil.
En effet, face à cette situation double consistant pour les diasporas africaines d'une part, à être incités à immigrer en occident pour ne plus retourner en Afrique par les familles sous peine d'être humiliées et raillées, puis, à être empêchés par les pouvoirs publics africains d'accéder aux fonctions régaliennes ; et d'autre part, à être bloqués, voire confisqués dans les pays d'accueils par des mécanismes juridiques d'un autre âge fait que les diasporas africaines sont suspendues en l'air, n'appartenant ni à leurs pays d'origines, ni à leurs pays d'accueil. D'où, le drame de ces populations.
Le plus sidérant, c'est que le fléau de la «fuite des cerveaux dans les deux sens» encouragé par des lois contraignantes aussi bien dans les pays de départ en Afrique que par les pays d'accueil des migrants africains n'émeut personne alors qu'il est en porte à faux avec le processus de la Mondialisation au 21ème siècle.


II) LA FUITE DES CERVEAUX, UN SIGNE DE DYSFONCTIONNEMENT DU PROCESSUS DE MONDIALISATION

L'examen attentif du processus de la «fuite des cerveaux dans les deux sens» révèle des dysfonctionnements dans le processus de la Mondialisation en ceci que la Mondialisation implique la rupture des frontières douanières (A) et non pas la rupture des frontières politiques (B)

A) Le problème de la rupture des frontières douanières

Sous sa forme actuelle, d'abord, la Mondialisation privilégie beaucoup plus l'économie que les personnes car dans son déploiement, il est manifeste qu'un accent particulier est mis sur la libre circulation des biens et des capitaux. Cela se voit par l'ouverture des économies nationales sans exception sur un marché mondial. Par ailleurs, alors que le système de la Mondialisation est censé véhiculer l'interdépendance entre les hommes, c'était sans compter sur la mauvaise foi des promoteurs de la Mondialisation qui sont les premiers à privilégier plutôt «le pognon» que le bonheur des êtres humains. C'est ainsi qu'au moment où les migrants sont refoulés aux frontières des pays, l'argent quant à lui circule aisément par la libéralisation des échanges, la fluidité des mouvements financiers, la déréglementation, la délocalisation des activités commerciales, industrielles et financières, le développement des moyens de transports et télécommunications.
Du coup, à nos corps défendants, l'aspect géographique de la Mondialisation qui consiste à faciliter les interactions entre les peuples du monde est piétiné. Il en résulte que dans le processus de Mondialisation, tout est fait pour affaiblir la notion de «village planétaire» censée développer les échanges entre les individus et les cultures. Et si on est dans une telle situation, c'est tout simplement parce que les gestionnaires de la Mondialisation sont les multinationales, désormais substituées aux pouvoirs publics dans la prise des décisions publiques. Du coup, ce sont les multinationales qui font la pluie et le beau temps dans le dispositif de la Mondialisation. Seules elles définissent les stratégies sur la localisation ou la délocalisation des entreprises et des banques ainsi que l'approvisionnement et le financement de ces dernières.
En tout cas, si de tout temps, elles sont eu le dernier mot sur la création de débouchés et le recrutement des agents dans le domaine privé, sous l'ère de la Mondialisation, même le domaine public est de plus en plus dévolu aux multinationales dans certains pays. Par conséquent, les investissements mais aussi les circuits de commercialisation relèvent désormais de la compétence des multinationales qui décident, à l'échelle mondiale, en fonction de leurs intérêts, en examinant les avantages et les inconvénients qu'elles tirent des solutions nationales. C'est peu de dire que le capitalisme a le vent en poupe au 21ème siècle. Karl Marx se serait suicidé s'il vivait encore aujourd'hui.
Avec l'apogée des multinationales qui tiennent tous les cordons de la bourse mais surtout toutes les clés de la Mondialisation, on comprend que la préoccupation de la Mondialisation sous sa forme actuelle ne soit pas le sort des individus mais plutôt le profit financier. D'où, la primauté accordée à la rupture des frontières douanières et non pas à l'ouverture des frontières politiques est un facteur aggravant du phénomène de la «fuite des cerveaux dans les deux sens».
C'est en cela que l'Afrique, même sans avoir inventé la Mondialisation peut être le continent qui corrige les défaillances de ce système, de plus en plus caduque.

B) Un déficit d'ouverture des frontières politiques

Si la rupture des frontières douanières privilégie le «fric», la rupture des frontières politiques quant à elle privilégie tout d'abord les personnes, les individus.
Cela veut dire que dans la Mondialisation sous sa forme actuelle, s'il n'y avait pas déficit d'ouverture des frontières politiques, nulle part au monde, et plus précisément en Afrique, personne n'aurait à déplorer «la fuite des cerveaux dans les deux sens» car, avec des frontières politiques ouvertes, d'où que l'on vienne, et où que l'on aille, on ne perdrait jamais sa nationalité d'origine. Bien au contraire, avec une ouverture des frontières politiques, on aurait plusieurs nationalités sans pour autant être dépossédé de sa toute première nationalité.
De ce point de vue, la vraie rupture des frontières qui puisse régler le dépeuplement et l'appauvrissement de l'Afrique par le fléau de la «fuite des cerveaux dans les deux sens» est celle portant sur la rupture des frontières politiques.
En effet, dans le cadre d'une politique de rupture des frontières politiques, plus rien, ni personne ne retient personne, ni en deçà, ni même au-delà d'un pays. Cela veut dire que les Africains comme tous les habitants du monde iraient dans tous les sens, travailler n'importe où, et n'importe quand, dès lors qu'ils le veulent, et retourner chez eux quand ils veulent, sans qu'il n'y ait des lois qui les confisquent dans les pays d'accueil, ni d'autres lois qui leur interdisent de rentabiliser leurs talents dans leurs pays d'origine, qu'ils auraient quitté tantôt. Ce serait tout simplement le respect du droit à la libre circulation, du respect de liberté d'entreprendre.
Au fond, devant la prépondérance accordée à l'ouverture des douanières au détriment de l'ouverture des frontières politiques rendues de plus en plus hermétiques, en pleine mondialisation, l'Afrique qui est la première à souffrir d'un tel système rétrograde qui le dépeuple et l'appauvrit, par le fléau de «la fuite des cerveaux dans les deux sens» doit pouvoir saisir le taureau par les cornes, et battre le fer tandis qu'il est chaud. Cela passe par le fait pour l'Afrique, de décréter, d'office, l'ouverture des frontières politiques pour ses citoyens sur son sol, et au sein du Grand Triangle, mais aussi partout dans le monde où ses citoyens se trouvent. Une telle initiative de l'Afrique serait assurément un interstice ouvert dans la matrice technocratique, aride, cupide, insensible, sans cœur ni âme et cruelle de la Mondialisation sous sa forme actuelle, en même temps que l'Afrique donnera au processus de Mondialisation en cours, une âme.
L'ouverture de cet interstice dans la Mondialisation, c'est la seule solution au fléau de «la fuite des cerveaux dans les deux sens» et voilà pourquoi elle constitue une priorité et le but principal de l'UPACEB, en même temps qu'elle est l'objectif initial du Passeport Ébène.
Mais alors, dans l'absolu.



Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN