samedi 22 août 2015

LES ADDICTIONS A L'AFRICAINE

LES ADDICTIONS A L'AFRICAINE :  LA PAIRE INFERNALE ET MALÉFIQUE
ATYPISME, CAUSES, EFFETS
L'UPACEB, UNE EBAUCHE DE SOLUTION

Dans son ouvrage  "Nous sommes tous dépendants", Éditions Odile Jacob, Mai 2001,Lembeyne Pierre, disait, je cite : "André Malraux, toxicomane devant Dieu et les hommes, avait prophétisé le 21ème siècle religieux, et pourtant, il nous est apparu pharmacomaniaque..."
Par cette affirmation, le professionnel de santé entend tirer la sornette d'alarme sur le fléau que vit le monde moderne au 21ème siècle, caractérisé par une recrudescence de diverses pathologies physiques, mentales, psychologiques, neurologiques...etc., provoquées par la consommation abusive de produits illicites et de produits stupéfiants : alcool, tabac, drogues, médicaments...etc.

Précisément, la consommation de substances psycho actives ne représente aucun danger sur les vies humaines lorsqu'elle s'effectue avec modération. En revanche, elle devient problématique lorsqu'elle a lieu de façon récurrente et et incontrôlée, sans aucune limitation, car en l'espèce, elle développe chez les sujets, un état de dépendance appelé aussi «conduites addictives».
A ce sujet, ce qui est intéressant dans l'affirmation de Pierre Lembeyne, c'est la prophétie attribuée à André Malraux selon laquelle le 21ème siècle serait religieux. L'enjeu ici serait de savoir jusqu'où la religion ne présenterait pas un risque addictif pour les croyants et par delà, un danger social. En d'autres termes, l'excès du religieux serait-il moins nocif pour l'individu et la société que la pharmacomanie ? D'autre part, la pratique religieuse préserverait-elle les sujets de conduites addictives ? Ou alors, l'excès du religieux dans la société est-il vraiment différent de la pharmacomanie ? Par ailleurs, peut-on ; et doit-on dissocier l'excès du religieux et la pharmacomanie ; ou alors les associer ?
En outre, en dehors de la pharmacomanie, existe-il d'autres pratiques au potentiel addictant ?
Enfin, qu'en est-il du continent africain en matières de conduites addictives ?
Notons que toutes ces questions valent leur pesant d'or. Pour les appréhender, il convient de se pencher sur la notion de dépendance voire d'addiction en général (I), et tenter en particulier, une ébauche de définition des formes spécifiques d'addictions africaines (II)

I) GENERALITES SUR LA NOTION D'ADDICTION

La dépendance voire l'addiction a une valeur sémantique (A) en même temps qu'elle est une notion plurielle de par son objet (B), qui, de surcroît implique des fonctions (C).

A) L'addiction, une valeur sémantique
Selon une page Wikipédia : «La dépendance, ou addiction, est, au sens phénoménologique, une conduite qui repose sur une envie répétée et irrépressible, en dépit de la motivation et des efforts du sujet pour s'y soustraire.»
De ce qui précède, résulte l'idée d'envie, de répétition, irrépressible, irrésistible qui échappe à toute maîtrise, à tout contrôle de la volonté humaine.
Quant à l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), elle définit six critères permettant d'identifier les conduites addictives, à savoir :
  • «désir impératif ou sensation de compulsion»,
  • «difficulté à contrôler la prise ou le comportement»,
  • «présence d'un état de sevrage physiologique en cas d'arrêt ou de diminution de la consommation»,
  • «présence de signes de tolérance à la substance»,
  • «perte progressive d'intérêt pour d'autres plaisirs ou activités»,
  • «poursuite de l'usage de la substance malgré ses conséquences manifestement nocives».
On notera que ces définitions, d'une part d'une page Wikipédia, et d'autre part de l'OMS permettent d'établir que la dépendance ou l'addiction repose avant tout sur un objet, voire une pratique, qui peut s'accaparer de l'individu dans son être et dans sa pensée, accaparation de l'individu pouvant aller jusqu'à sa transformation en objet, voire de son basculement vers le néant. L'addiction ou la dépendance serait dont la capacité d'un objet ou d'une pratique à créer des sujétions dans la vie d'un être humain, le privant de sa faculté de réflexion et de son pouvoir de décision. L’assujettissement de l'humain soit à un objet, soit à une une pratique, voilà qui insinue que la notion d'addiction est une notion plurielle.

B) L'addiction, une notion plurielle
L'addiction est une notion plurielle parce qu'au 21ème siècle, il existe une multitude d'addictions. En clair, nous sommes tous des addicts. Addicts à des objets différents, addicts à des pratiques différentes.
En effet, entre l'addiction aux psychotropes, l'addiction au tabac, l'alcoolodépendance, l'addiction au médicament, la dépendance aux nouvelles technologies incluant la cyberdépendance et la dépendance à la téléphonie cellulaire, l'addiction aux jeux vidéo, l'addiction au travail (le workaholisme), l'addiction au sexe, l'addiction aux jeux du hasard, l'addiction à tel ou tel médicament pour accroître ses performances physiques, ses performances intellectuelles ou ses performances d'endurance...etc.; le champ d'étude des addictions est un labyrinthe. On comprend pourquoi, de nos jours, la terminologie psychopathologique de l'addiction est dans toutes les bouches, et que les services des professionnels de psychologie et de psychiatrie sont régulièrement pris d'assaut par des patients, du moins, celles et ceux qui réalisent encore qu'ils sont malades, car, tous les addicts ne se considèrent pas comme malades.
En tout cas, au 21ème siècle, le nombre des addicts ne fait que croître. De ce fait, il n'est pas de trop de s'interroger sur les fonctions des addictions sur les sujets et l'intérêt qu'elles représentent pour ces derniers.

C) Les fonctions des addictions
De ce qui ressort de différentes études, il devient de plus en plus évident que les addictions procurent du plaisir à leurs victimes (1) et qu'elles représentent un lieu de refuge devant les menaces de la vie (2).

1) Les addictions, une source de plaisir
C'est en tout cas le résultat des approches expérientielles et systémiques des addictions. La quête du plaisir serait à l'origine des conduites addictives. A ce sujet, dans un résumé d'une publication sur CAIRN.INFO, Céline Chantepy-Touil affirme et je cite : «Consommer des drogues est d’abord liée à la quête d’un mieux être et de sensations agréables. Les pratiques addictives sont donc caractéristiques du rapport individuel que chacun entretient avec la notion du plaisir. Il semble se construire d’abord dans la temporalité des temps préliminaires et des rituels qui les accompagnent. Mais cet espace-temps des préliminaires et des rituels qui encadrent toutes pratiques addictives et qui définit l’identité de l’usager de drogues est fragile. Que reste-il alors du plaisir quand la souffrance et la peur du manque prennent le dessus ?»
Cette affirmation permet bien de comprendre que les consommateurs de drogue visent un objectif : le plaisir. Toutefois, d'après l'auteur, ce plaisir ne s'inscrit que dans un espace et un temps fragiles parce que courts, brefs. Ce qui sous-entend que l'usager des drogues doit répéter sa pratique pour maximiser  le plaisir recherché. Cette répétition visant la mutualisation de ses profits, c'est tout simplement la source de son addiction. Au fond, dans la recherche intempestive du plaisir, on devient accroc de son objet de plaisir, de sa pratique de plaisir, ce qui pousse à une quête sans fin : c'est la dépendance. C'est l'addiction. Phénomène reconnu aujourd'hui comme étant une maladie du cerveau. On n'oubliera pas de mentionner que les addictions, issues de la quête de plaisir par les sujets, sont en fait, un refuge devant les menaces. On l'aura compris, le rapport de dépendance entre le sujet qui abuse de produits illicites ou stupéfiants, ou de pratiques abusives et ces derniers, est tout d'abord un rapport intime, bien que par la suite, ce rapport peut avoir des répercussions dans les rapports liant l'individu et son environnement social. En effet, abusant de ses produits ou de ses pratiques au point d'en devenir dépendant, il existe une relation fusionnelle relevant de l'intimité entre le sujet et ses abus. Ce qui donne à cette relation entre le produit et le sujet, un caractère personnel, qui débouchera par la suite sur un caractère social, lorsque la relation basculera dans une phase clinique, impliquant une prise en charge médico-sociale. Mais avant tout, les conduites addictives relèvent de l'intimité, de la vie privée du sujet. En tant que son jardin secret, ce domaine reste inaccessible par les autres et aucune effraction sur cette question ne sera tolérée ni par le sujet lui-même, ni par les lois, et ce, au nom du principe du droit de chacun, à une vie privée. 
En outre, révélatrices des faiblesses et des vulnérabilités du sujet, les addictions représentent la face cachée et obscure de leurs victimes et voilà pourquoi le sujet a intérêt à les occulter au risque de s'exposer à la réprobation sociale et accréditer par là-même, sa marginalisation sociale. Pour finir, c'est le sujet lui-même qui est le premier protecteur de cette intimité qui est sienne.

2) Les addictions, un refuge devant les menaces
    Les études expérientielles et systémiques qui prennent en compte l'environnement culturel, politique et socio-économique du sujet pour mieux l'appréhender dans sa dimension psychologique soutiennent qu'en fait d'addiction, les sujets recherchent un refuge pour se protéger du chaos dans toutes ses formes. Cela va des menaces ressenties ou menaces vécues, aux menaces supposées ou menaces sûres, en passant par les menaces fantasmées ou menaces réelles. Au fond, les objets d'addictions ou les pratiques d'addictions ne sont rien d'autres qu'une béquille sur laquelle s'appuie le sujet pour confronter les duretés de la vie, les chocs du réel.
    Ainsi, face aux difficultés inhérentes à la finitude humaine, aux peurs que suscitent les fléaux du divorce, du chômage, de la précarité, des guerres, de la maladie, de la mort...etc., les individus se réfugient dans les addictions.
    On retiendra que les addictions ne font pas que détruire l'individu en tant que sujet. Bien plus, les addictions, en tant qu'elles isolent le sujet de son groupe social - pour l'inscrire dans un univers à part, - où, il nage dans les nuages, dans son monde singulier - sont destructrices des liens sociaux. En effet, le propre des pathologies addictives, c'est d'entraîner la désocialisation du patient. Et voilà pourquoi il est de notoriété que les traitements crédibles en matière d'addictions sont ceux qui sont accompagnés d'une mesure de réinsertion sociale.
    Dans la suite de ce qui précède, s'il est une vérité qui se fait unanime, c'est que nul n'est à l'abri des addictions. Tous, nous sommes soit des addicts confirmés, soit des addicts en perspective, soit des addicts qui s'ignorent. Et, il n'existe de raison si valable ou si légitime qui puisse protéger plus ou moins des addictions. En effet, ni le niveau intellectuel, ni le statut social, ni la qualité de vie ne sauraient constituer des facteurs soit, d'exposition aux addictions, soit, de protection des addictions. Autant dire qu'en matière d'addictions, c'est tout le monde qui est concerné, tous milieux sociaux confondus, tous genres et tous âges confondus. C'est ainsi que la nocivité sociale des addictions reste entière, et à tous les nivaux : de la noblesse déclassée à la bourgeoisie faillie, en passant par le prolétariat accablé et le salariat désenchanté, l'épidémie des addictions n'épargne personne.
    Ce qu'il ne faut pas négliger, c'est qu'au fond, le sujet victime d'addictions porte en lui une violence dont il ne se libère que par une évacuation. D'où, cette violence, à défaut de la diriger contre la société, ou contre un individu quelconque, le sujet la retourne contre lui-même, dans le refuge des addictions, causant ainsi son autodestruction.
    En même temps, il convient de savoir qu'il est difficile de sortir d'une addiction. C'est pour cela que la médecine possède des traitements de substitution, pour soigner les addictions. D'ailleurs, on ne peut pas soigner un addict contre son gré, il faut qu'il le veuille lui-même, en décidant avec le soutien d'un tiers, d'intégrer un dispositif de soins. Ce qui veut dire que l'addict doit accepter de se reconnaître malade, ou alors se reconnaître en tant que tel.
    Pour conclure sur ce chapitre concernant les généralités sur la notion d'addiction, disons que contrairement à une pensée courante, les addictions ne sont pas le seul fait du monde occidental au 21ème siècle. L'Afrique aussi est touchée par les addictions, d'une façon à la fois variée et singulière.
    II) LES FORMES SPECIFIQUES D'ADDICTIONS AFRICAINES ET LEURS SOLUTIONS POSSIBLES
L'Afrique Subsaharienne appartenant à ce monde globalisé du 21ème siècle ne peut pas prétendre se dissocier de ce grand ensemble. Elle n'en est pas séparée, elle ne peut pas s'en séparer.
Non seulement l'Afrique Subsaharienne est solidaire du monde globalisé, mais encore elle en partage les maux, les douleurs et les souffrances. C'est le cas des addictions médicamenteuses et des addictions aux psychotropes. D'ailleurs, il revient avec acuité sur la toile que l'Afrique serait la plaque tournante des trafics de produits illicites entre l'Amérique Latine et l'Europe. En outre, les addictions les plus variées comme celles au travail, au sexe, ou celles relatives aux nouvelles technologies...etc., que l'on déplore dans les pays développés touchent le continent africain de plein fouet, et dans bien des cas, leur virulence est plus exponentielle en Afrique compte tenu du manque de moyens pour les y contenir.
Dans tous les cas, hormis le fait que le continent africain soit touché par le fléau de la toxicomanie, et de toutes les addictions perceptibles dans les pays développés, l'Afrique subsaharienne est de surcroît victime de deux addictions majeures, caractérisées par leur atypisme (A) et leurs effets systémiques (B)
A) Deux addictions majeures au caractère atypique
En Afrique Subsaharienne, alors que tous les pays se proclament des États-nations fondés sur les principes de laïcité, la réalité révèle autre chose : le régionalisme et la religion sont les deux facteurs de rapprochement et d'unité des citoyens. Leur prépondérance sur les institutions républicaines n'est plus à démontrer. Le problème ne se poserait pas si le régionalisme et la religion connaissaient une pratique modérée. Mais comme en toute chose, l'excès nuit, l'importance qu'ils ont sur les autres institutions de la république finit par percuter la conscience républicaine, en même temps qu'elle exacerbe la logique nationale.
Ainsi, consommées à l'excès et non par modération, parce que mises au devant de la scène, tous azimuts, n'importe où, et n'importe quand, les deux pratiques (régionaliste et religieuse) ont fini par revêtir des propriétés addictives qui prennent des millions d'Africains en otage, dans le piège de l'autarcie, voire du repli.
Là, où, ces deux pratiques ont une forme addictive atypique, c'est qu'elles n'ont rien de médicamenteux et pourtant, leur emprise sur la conscience humaine est d'une totalité telle qu'elles transforment les individus en objets, en automates qu'on peut actionner à toutes fins et à tout moment. Faut-il le rappeler, les Africains sont nombreux à ne pas se définir par leur continent et leur pays. Ils sont plutôt nombreux à se définir toujours par leur appartenance tribale et leur leur appartenance religieuse. Du coup, la tribu et la religion s'accaparent de la pensée et de l'être sur le continent africain. Pour faire rigoler, la tribu et la religion en Afrique sont en passe de devenir sont «les déterminants voire les indicateurs» de santé publique, tant il n'y a qu'elles pour jauger du bonheur et du bien-être des personnes. Et, il n'y a qu'elles pour regrouper et unir les citoyens.
Ainsi, conformément aux adages : «l'ami de mon ami est mon ami» ou alors : « touche pas mon ami », en Afrique, il ne faut pas avoir affaire à une personne car c'est avoir affaire aux membres de son groupe ethnique ou aux fidèles de sa religion. Et voilà pourquoi les altercations même les plus banales finissent en bagarre rangées pour embraser la société toute entière, pour demeurer en rancœurs saugrenues et tenaces s'étalant dans le temps et l'espace, entre personnes de tribus différentes d'une part, et entre personnes de religions différentes d'autre part. Vraie débauche de talents, vrai gaspillage d'intelligences car si ces passions pour la tribu et la religion étaient transférées vers la nation et vers le continent, quels profits nous aurions réalisés sur notre continent en matière d'unité nationale et de solidité des institutions républicaines !

Finalement, comme nous l'avons vu dans la notion générale de l'addiction, en Afrique Subsaharienne, l'individu devient captif de sa région et de sa religion. Cela ne facilite pas son insertion sociale à un niveau national car il ne vit que pour sa région et sa religion pour lesquelles il est prêt à tout y compris verser son sang, y compris compromettre l'unité nationale de son pays et l'intégration continentale. Obnubilé que l'Africain est dans sa relation fusionnelle et pathologique avec sa région et sa religion, il ne veut entendre raison. Ainsi, où qu'il soit affecté dans le cadre de la fonction publique sur le territoire national, ou à l'étranger où, il immigre, l'Africain fera tout pour retrouver ses compatriotes de village et de tribu pour montrer une association d'une part ; et d'autre part, retrouver ses coreligionnaires pour monter un groupe de prière car sans sa région et sa religion, l'Africain n'existe pas. Comme l'addict qui ne peut se séparer de son produit ou de sa pratique addictive, l'Africain est accroc de sa région et de sa religion . Le bilan est terrible pour lui : où qu'il passe, l'Africain ne profite de rien, surtout pas de découvertes, surtout pas de richesses culturelles nouvelles. Ainsi, l'Africain passe partout comme l'eau passe au travers d'un tuyau. Il vient, et repart sans rien découvrir de nouveau parce qu'il est englué dans les préparatifs de soirées fait d'excès de table lui rappelant son village et sa tribu, ou alors pris au piège de son groupe religieux où on lui lave copieusement le cerveau pour l'empêcher les inconvertis et les impurs, entendez-là, celles et ceux qui ne sont pas de sa religion.
Et comme l'addict aux produits illicites et autres pratiques addictives qui fuie les menaces et s'en protège en se réfugiant dans ses addictions, l'Africain qui fuie les guerres, la famine, les épidémies, le chômage, la précarité a pour béquilles : le régionalisme et la religion.
Ces conduites addictives envers la région et la religion que cultive tout Africain dès le sein de sa mère ont fini par engendrer des fanatisme du type Boko Haram du côté musulman sur le continent, quand du côté des Chrétiens, l'extrémisme religieux l'emporte sur la raison.
Entre chrétiens, citons les conflits dans le protestantisme tentaculaire, les mouvements charismatiques dans le catholicisme romain, les sectes qui n'arrêtent pas de prospérer avec pour corollaires la division au sein des familles et au sein de la société, la compromission de la paix, la déconstruction de l'unité nationale ...etc.
Il n'y a pas de paix en Afrique. Surtout pas de paix religieuse. La segmentation sociale est à son comble à cause des antagonismes passionnels entre les églises anciennes et les communautés des prétendues "nouveaux-nés", des relations conflictuelles entre la société traditionnelle et ces nouvelles communautés religieuses voyant le diable et les sorciers partout, de l'insécurité spirituelle propagée par la turbulence des esprits et  l'exubérance charismatique elles-mêmes générées par un charismatisme sectaire, primaire et débridé imputable au zèle démesuré de néophytes, authentiques naufragés de l'esprit promoteurs d'un intégrisme religieux sans précédent...etc.
La religion est dévoyée, détournée de ses finalités premières qui sont d'apporter un supplément d'âme aux vaincus de la vie et une paix sociale semblable à celle du paradis.
S'agissant du régionalisme  qui conduit au tribalisme avec ses relents xénophobes, il alimente l'instinct grégaire, il en est le ferment, le ciment. Au 21ème siècle, son obsolescence, voire ses anachronismes le rendent invalide dans un monde de plus ouvert.

La situation est délétère. Les pays se parcellarisent. Le continent s'enlise. Il se désintègre. A la manière des addicts classiques qui connaissent un déficit d'intégration sociale pendant la phase de leur maladie.
Qu'à cela ne tienne, une seule chose compte : que chacune, chacun ait sa dose journalière de régionalisme ou de religion. Pour le reste, c'est-à-dire pour ce qui concerne l'unité nationale et la cohésion continentale, on s'en moque. Car, comme les addictions classiques, les addictions religieuses et régionalistes africaines sont deux pratiques égoïstes et hédonistes, ne recherchant que le plaisir personnel ou groupal, au détriment de ceux qui n'appartiennent pas au réseau.
On ne trouve de plaisir que dans sa région, dans sa tribu, au milieu de ses compatriotes de région. On ne trouve de plaisir que dans sa religion, au milieu de ses coreligionnaires, de ses collègues illuminés. Dans ce cas, à quoi cela servirait de mettre fin à cette communion parcellaire ; fut-elle dommageable à la nation et au continent ? Et pourquoi on se soucierait du sort des autres qu'on indispose et qu'on fait souffrir au propre comme au figuré ? Ce qui compte, n'est-ce pas notre plaisir ? Tout notre plaisir ? Rien que notre plaisir ?
Au nom de la région et la tribu, au nom de la religion, on peut tuer d'autres concitoyens, compromettre le développement du pays et du continent. Qu'importe ? Tant que cela procure le plaisir de type additif..., reconnaissable dans son intensité !

Pareillement que les addicts aux psychotropes qui s'isolent de la société qu'ils contribuent ainsi à segmenter, les fanatiques religieux et extrémistes régionalistes africains eux aussi s'isolent du reste de la communauté nationale qu'ils contribuent à émietter.
Pareillement aux addictions classiques qui n'épargnent personne, les addictions régionalistes et religieuses africaines concernent tout le monde en Afrique, depuis les rangs sociaux les plus bas jusqu'aux rangs sociaux les plus élevés, en passant par les intellectuels jusqu'aux analphabètes, des femmes aux hommes, des adultes aux jeunes, des nouveaux-nés aux vieillards.
Pareillement aux addicts classiques qui retournent leur violence contre eux-mêmes en s'autodétruisant par leurs addictions, l'Afrique s'autodétruit en retournant ses violences et ses addictions ses filles et fils, ses populations, ses campagnes, villes et villages c'est-à-dire contre elle-même. La mise en périls des personnes, les destructions des biens que génèrent ces deux addictions sur le continent africain sont si nombreux qu'on ne peut les évaluer. D'un pays à un autre, c'est le même scénario, les populations sont aux abois, accablés, poussées dans leurs derniers retranchements par des guerres sordides nées de ces deux addictions majeures.
Pareillement aux addictions classiques reconnues comme une maladie du cerveau qu'il faut soigner, les addictions régionalistes et religieuses sur le continent africain méritent qu'on s'y penche sérieusement pour y trouver une solution. En effet, leurs conséquences sont suffisamment graves, systémiques, pour que l'on les laisse prospérer en l'état.
Assurément, les deux addictions régionalistes et religieuses africaines, on peut les appeler "la paire infernale et maléfique" qui détruit la cohésion africaine.

B) Les effets graves et systémiques des deux addictions africaines

Les causes des deux addictions africaines atypiques que sont le régionalisme et la religion sont nombreuses, ce qui justifie pleinement ces deux addictions.
En effet, dans son environnement social d'origine, le parcours de tout Africain demeure absolument singulier. Si singulier que l'on se porterait à faux de penser que les maux qui rongent le continent noir sont la somme des maux de tous ses citoyens.
Entre des États faillis, et l'élitisme criard des communautés religieuses orthodoxes dont le culte du riche exclue d'emblée le pauvre, en passant par les guerres, la précarité sociale, les épidémies et autres pandémies, la hausse de la mortalité infantile, l'espérance de vie trop courte, sans oublier la pauvreté structurelle, le chômage...etc., tout Africain a peur. Tout Africain a raison d'avoir peur. Mais, qui ne l'aurait pas eu ?

C'est un comportement instinctif : devant le chaos, chacun recherche un refuge. Dans l'asthénie, chacun a besoin d'une béquille.
C'est ce qui explique que les addicts classiques se réfugient dans les psychotropes, le travail, les nouvelles technologies, le sexe,..etc., et les addicts africains, quant à eux se réfugient dans la tribu, la région, et la religion.
Là, où, le bât blesse, pour ce qui concerne l'Afrique, c'est que, la région et la religion présentant des propriétés et des caractéristiques addictives, les Africains ont fini par en devenir accrocs, basculant dans des excès qui les conduisent à des comportements incontrôlés, dommageables à la cohésion nationale et continentale. Le plus regrettable c'est que tout, sur le continent, leur donne raison de s'appuyer sur leur région, leur tribu et leur religion quand plus rien ne va. En effet, en dehors de la religion, de la région et de la tribu, aucune alternative n'existe pour soulager les peines.
Le toupet, c'est que même les dirigeants politiques africains s'appuient souvent sur leur tribu et leur religion pour gouverner lorsque surviennent des soubresauts conjoncturels. Et si même les dirigeants africain qui ont le pouvoir comptent sur leur région et leur religion pour se tirer d'affaires, à fortiori, le citoyen lambda !
C'est dire combien le régionalisme et la religion sont déterminants pour l'équilibre psychique de tout Africain.
Mais, ce qui est grave et redoutable, c'est que contrairement aux addictions classiques qui ont la capacité de ne détruire que le consommateur des produits toxiques et illicites ou alors la seule victime des addictions sans causer d'énormes dégâts à la société, les addictions régionalistes et religieuses quant à elles n'impactent pas que la vie de leurs victimes, au contraire, le risque qu'elles font courir est systémique, vu que les conséquences qu'elles produisent se propagent à grande échelle, en dehors de la sphère de celles et ceux qui en sont à l'origine.
Eh ! Oui ! Ne l'oublions pas : l'Afrique Subsaharienne repose sur une société à la structure féodale où, la transmission des rôles sociaux s'effectue au sein des ordres tribaux, villageois, claniques et familiaux. Rappelons aussi que dans cette société africaine féodale, plusieurs sont des rôles sociaux comme par exemple l'appartenance clanique, tribale et les croyances à être transmis par la voie héréditaire. Cela veut dire qu'avec la région et la religion, sont transmis les fanatismes avec les extrémismes, bref, les passions, et ce, dans le temps et dans l'espace. C'est l'aspect systémique des addictions régionalistes et religieuses africaines. Elles n'ont pas de fin. Au contraire, elles s'éternisent par héritage mais aussi par affinité aux descendants, aux alliés proches et alliés lointains, et aux amis. Elles se propagent à travers les âges. Il convient d'en avoir peur. Et à juste titre. En effet, ces deux addictions régionalistes et religieuses africaines ont tout de missiles de grande portée.
En effet, la fibre tribale et la fibre religieuse sont dangereuses, elles sont explosives. Et, elles sont dangereuses et explosives parce qu'elles touchent à l'intimité de l'individu tout comme les addictions classiques sont placées dans un rapport d'intimité entre le sujet et son produit ou sa pratique addictive. Or, personne ne fait concession de ce qui touche à son intimité. Premier postulat.

Deuxième postulat : comme il est de notoriété que toute addiction représente une violence cachée dans la victime qui, à défaut de la diriger contre autrui la retourne contre elle-même, en provoquant son autodestruction, ainsi en est-il des addictions africaines au régionalisme et à la religion qui symbolisent des violences portées par les Africains, et qui finissent par les retourner contre eux-mêmes, à défaut de les diriger vers autrui.

Troisième postulat : sachant que toutes les addictions sont révélatrices des faiblesses et vulnérabilités des individus et que leur accession par un étranger au sujet est fauteuse de violations de la vie privée, ce qui est à même de causer des troubles à l'ordre public, faut-il s'étonner de la multiplication des conflits à caractère religieux et ethnique sur notre continent où, les addictions au régionalisme et à la religion sont sans cesse exhibées, jetant ainsi sur la place publique, les vulnérabilités et les faiblesses des sujets ; ainsi touchés dans ce qu'ils ont de plus profond, et de plus intime ?
 .
Conséquence des trois postulats précédents : l'Afrique vit des conflits à caractère religieux et régionaliste parce qu'elle a commis la faute morale majeure de permettre l’immixtion de l'intime dans le public, c'est-à-dire, l'introduction de la religion et du régionalisme dans son espace public. C'est une ingérence intolérable que l'Afrique a permise, et qu'elle paie au prix fort. Bien dommage !

En effet, vie privée et vie publique n'ont jamais fait bon ménage. Avoir toléré, voire avoir autorisé que le régionalisme et la religion saturent impunément l'espace public africain comme cela a toujours été le cas était la faute qu'il ne fallait pas commettre, et l'Afrique l'a commise. Elle la regrettera à vie.

Aujourd'hui, le religieux se confond avec le pouvoir politique dans les pays africains. Du coup, les principes de laïcité sont piétinés et foulés au pied. La religion qui relève de l'intimité a surgi dans l'espace public où, elle est de devenue le catalyseur principal des consciences.

De même, l'appartenance tribale et régionaliste qui relevait du privé est passé dans le domaine public. Dans certains pays africains, le gouvernement est formé non pas en fonction des compétences des personnes mais bien selon leur origine ethnique, surtout lorsqu'elle présente une similitude avec celle du titulaire de la souveraineté nationale. Ainsi en est-il des fonctionnaires recrutés sur la base ethnique, conformément à l'ethnie de l'autorité administrative.
En l'espèce, disons-le tout net, l'Afrique Subsaharienne qui a pour seules béquilles pendant les moments de tempête, - lorsque rien ne va, - le régionalisme et la religion est fossoyeuse du principe de laïcité et du principe de neutralité dans la fonction publique.

Au demeurant, vu que la fibre religieuse et la fibre tribale et régionaliste sont dangereuses et explosives, et vus leurs effets systémiques, il n'est pas excessif de dire que les pays africains qui les promeuvent, sont ceux qui possèdent les deux plus grandes armes de destruction massive. A cet effet, il suffit de constater la portée de ces deux armes sournoises de guerre que sont les addictions au régionalisme et à la religion sur le continent pour s'en convaincre.

Évidemment, plusieurs déplorent le fait que l'Afrique ne possède pas encore d'armes nucléaires de type bombe atomique ou bombe à hydrogène mais, ceux qui pensent ainsi ont vite fait d'oublier que c'est l'Afrique qui possède, au 21ème siècle, les deux plus grandes armes de destruction massive, à savoir : le régionalisme et la religion, les deux addictions majeures des Africains.

De ce qui précède, une chose est de se révolter, une autre est d'apporter des solutions.
A notre humble avis, il ne suffit pas seulement de voir ce qui ne va pas. Il faut indiquer des remèdes. C'est tout le sens l'UPACEB.

En effet, en réfléchissant aux difficultés de l'Afrique, on réalise que toutes ces difficultés renvoient à la désintégration, en ceci qu'en Afrique, chacun ne s'intègre que de deux façons : soit par la religion, soit par la région. Ces deux façons de s'intégrer sont si anciennes, leur encrage social est si fort, leur enracinement dans nos mœurs d'Africains si profond, qu'on peut parler en termes thérapeutiques d'accoutumance, d'addiction. Car, on en est arrivé à un point où, tout l'espace public africain est saturé par les faits religieux et les références régionalistes et tribalistes. Cette imprégnation religieuse et cette imprégnation régionaliste constituent de sérieux obstacles à l'unité de nos nations, à l'intégration de notre continent, nous ne le dirons jamais assez. Elles sont à l'origine de la majorité des conflits sur le continent.
Or, on sait qu'il est difficile de sortir d'une addiction. C'est pour cela que la médecine a des traitements de substitution, pour soigner les addictions.
Dans le cas de l'Afrique, le traitement de substitution aux addictions au régionalisme et à la religion à l'origine de sa désintégration doit reposer sur un nouveau contrat social. En effet, selon Antoine Loysel, «On lie les bœufs par les cornes et les hommes par la parole
C'est dire, que, le traitement de substitution aux addictions au régionalisme et à la religion en Afrique, ce sont les fondamentaux du Panafricanisme. Cela passe par la disparition de l'espace public, de tout fait religieux et de toute distinction régionaliste ou ethnique. Le défi est majeur car il y va de la survie même de notre continent. Mais aussi, ce défi est simple : il s'agit de redonner à la religion et au régionalisme leur place primordiale en les faisant basculer à nouveau dans le privé, leur place initiale qu'ils n'auraient jamais dû quitter.
Replacer la religion dans l'ordre du privé, c'est la philosophie même du christianisme authentique qui considère que le chemin de la croix est un chemin solitaire, un chemin individuel et privé ; et non pas un chemin public. 
Au fond, chez les chrétiens, la religion est de l'ordre du privé parce que c'est chacun qui porte sa croix.
Notre devoir en tant que citoyens Africains en ce 21ème siècle est donc de mettre de l'ordre dans notre continent, ce géant qui marche par la tête. Et reconnaissons que ça ne sera pas facile.
Il y a des étapes à franchir pour y arriver :
- Procéder à un tamisage  de nos trajectoires de socialisation pour y extraire tout ce qui renvoie à nos deux addictions que sont le régionalisme et la religion, cette paire infernale et maléfique.
- opérer une déconstruction de nos discours habituels pour opérer une construction d'un nouveau discours qui prenne en compte la laïcité, l'unité nationale et l'intégration continentale.
- Accepter de faire un changement de nos schèmes de représentations qui excluent les autres qui n'appartiennent pas à nos groupes d'appartenance et nos groupes d'identification.
- Agir pour le renforcement de nos morales sociales pour garantir la fiabilité de notre idéal commun.
- Respecter scrupuleusement nos morales nationales et l'autorité sacrée des traités internationaux.
Bien entendu, tout cela passe par la reconnaissance pleine et entière des fondamentaux du Panafricanisme, et des fondamentaux de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Et ces fondamentaux du Panafricanisme, s'il est une structure, une organisation supranationale pour les porter et les promouvoir, c'est bien l'UPACEB.

Tout le problème résidera dans la reconnaissance par l'Afrique, de son état de victime des addictions, et de son désir de s'en débarrasser.
Autrement dit, l'Afrique est-elle prête à faire le saut qualitatif ; en faisant le pas décisif de rupture avec ces deux addictions majeures qui la minent et la tirent par le pas ?
Est-elle prête à entamer cette cure de substitution à ses deux addictions régionalistes et religieuses qu'est l'UPACEB ? C'est une autre paire de manches.
Seul l'avenir nous le dira.



Yéble Martine-Blanche OGA-POUPIN





Yéble Martine-Blanche OGA-POUPIN




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