dimanche 13 décembre 2015

AFRIQUE MODERNE DE LA RESOLUTION DES CONFLITS A LA RECIDIVE DES CONFLITS

AFRIQUE MODERNE
DE LA RESOLUTION DES CONFLITS A LA RECIDIVE DES CONFLITS
ET A L'AGRAVATION DE LA DESINTEGRATION
UNE LECTURE SOCIOLOGIQUE

Est-il besoin de le répéter, l'Afrique est un continent très fragile. Ses vulnérabilités ne sont pas qu'institutionnelles, elles sont globales, en tant qu'elles touchent à la paix civile, à la sécurité nationale et continentale, à l'équilibre social, et finalement à l'intégrité et à la dignité des personnes, ainsi qu'à la sécurité des biens. Les vulnérabilités de l'Afrique engendrent sa désintégration, en même temps que cette désintégration aggrave ses vulnérabilités.
De ce point de vue, il est incontestable que la désintégration est la sève qui nourrit tous les indicateurs de sous-développement sur ce contient. Et au risque de paraître redondant, insistons pour le mettre clairement en relief, que cette désintégration explique beaucoup de fléaux sur le continent, plus particulièrement les conflits et les guerres civiles. Conflits et guerres civiles qui ne se comptent plus à travers le continent, vu qu'ils se succèdent les uns après les autres. Pour exemple, au moment où nous écrivons cet article, la presse fait échos d'affrontements sanglants au Burundi avec des dizaines de morts pour la seule journée d'hier samedi, 14 décembre 2015. Et dire que ce pays avait connu une guerre civile de 1993 à 2000 et qu'en 2005, un accord de paix a été signé !
C'est dire qu'une chose est de faire la guerre, une autre chose est de pouvoir, et savoir faire la paix, de façon définitive, par un processus de résolution de conflit qui ne néglige ni aucune cause du conflit, ni aucune conséquence du conflit. A ce niveau, signalons qu'en Afrique, le phénomène de la désintégration et les conflits forment un serpent qui se mord la queue, tant les deux fléaux s'imbriquent et se complètent. D'une part, le phénomène de la désintégration nourrit le conflit, et d'autre part, le conflit aggrave la désintégration, et surtout la mauvaise résolution du conflit creuse un peu plus le fossé de la désintégration.
En effet, d'une bonne résolution d'un conflit, découle une paix durable. Cela veut dire qu'à défaut d'une bonne résolution de conflit, l'on s'expose à une récidive du même conflit. En outre, une bonne résolution de conflit signifie que le contentieux a totalement été soldé par le partage des responsabilités qui définit qui a tort, et qui a raison, et qui doit réparer le préjudice causé à sa victime. Telle est la procédure normale qui aboutit à l'évacuation d'un contentieux de manière qualitative et définitive dans le droit coutumier africain, mais aussi en Droit positif où, il est de notoriété que le règlement d'un litige est tout un processus incluant des étapes à suivre progressivement.
Par exemple, en Droit coutumier africain, fondé sur la philosophie politique, laquelle philosophie politique recherche avant tout l'équité et la justice sociales, la résolution d'un conflit qui mène à une condamnation du fautif, peut soumettre ce dernier à une triple obligations en fonction de la gravité de ses actes, à savoir :
  • l'organisation à ses frais, d'un rite expiatoire par le sacrifice d'un animal (poulet, mouton, bœuf) aux ancêtres et aux dieux pour des libations, en vue de purifier la communauté de la disgrâce qui l'a frappée à cause du litige,
  • le don par le fautif, d'un animal domestique à sa victime,
  • l'organisation aux frais du fautif, d'un repas communautaire, pour manger et boire, au nom de l'amitié, de la fraternité et de la solidarité, pour sceller de nouveau la cohésion sociale temporairement rompue, avec à la fin, le paiement d'une amende au village par le fautif et le goûter de sel par tous les membres de la communauté qui clôt définitivement la procédure de résolution du conflit.
Rappelons que ces actes de pénitences ayant été posés par le fautif de façon volontaire, et en toute humilité parce que se sentant lui-même coupable et contrit, il n'y a plus aucune raison de lui tenir rigueur. Ses fautes lui sont pardonnées définitivement, surtout qu'il s'engage devant la population à ne plus les répéter. C'est ce qu'il en est du Droit Coutumier africain basé sur la philosophie politique.
En Droit positif même, l'article 1382 du Code civil français dispose : « Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. » Cela signifie qu'en Droit positif aussi, il n'existe aucune impunité pour celles et ceux qui se rendraient coupables d'actes répréhensibles et prohibés par la loi c'est-à-dire par la société, et qui causeraient de par leurs actes unanimement condamnés parce que soulevant la réprobation sociale, des dommages de faible ou de forte intensité à leurs victimes. Considérant la rigueur du Droit Coutumier Africain et du Droit Positif dans leur refus de tolérer les atteintes aux personnes et aux biens, on peut bien retenir trois choses :
  • toutes les sociétés humaines réprouvent les conflits.
  • Lorsque naissent les conflits, toutes les sociétés humaines s'acharnent à les résoudre, et au mieux, le plus rapidement possible par la réparation des préjudices subis par les victimes.
  • Les conflits n'ont pas vocation à perdurer dans le temps. Car, l'intérêt de toute société humaine réside dans la paix durable. Et donc, lorsque vient à naître un conflit, indicateur de trouble social, toute société humaine n'a qu'une envie : évacuer ce conflit au plus vite, pour gagner la paix sociale en vue du progrès social.
Se posent alors des questions en ce qui concerne l'Afrique :
  • pourquoi les conflits naissent-ils dans un même pays pour s'étaler dans la durée ?
  • Pourquoi dans le même pays ; les mêmes conflits peuvent-ils récidiver ?
  • Pourquoi les mêmes conflits qui secouent un pays n'inspirent-ils pas les autres pays, voisins ou lointains ; en vue de les éviter ?
  • Pourquoi les mêmes conflits supposés présenter un caractère ethnique et religieux se produisent, se répètent, et se propagent à l'échelle continentale ?
La recherche de réponses à ces questions conduit à constater qu'en Afrique, au Sud du Sahara, les conflits récidivent, ils se suivent et se ressemblent, parce que généralement, ils sont mal résolus. Et si les conflits sont mal résolus en Afrique au Sud du Sahara, c'est parce que dans la résolution des conflits, les pouvoirs publics privilégient la Réconciliation au nom de la science politique (I), plutôt que la Prévention des conflits basée sur la philosophie politique (I).

I) L'IMPORTANCE ACCORDEE A LA RECONCILIATION AU LENDEMAIN DES CONFLITS EN AFRIQUE : UNE STRATEGIE POLITIQUE

La recommandation de la réconciliation au lendemain des conflits en Afrique est discutable en ceci qu'elle obéit à des finalités politiques et non à des finalités sociales (A) et qu'elle est subjective et surtout tournées vers le présent, appréhendant peu le passé, et ignorant complètement l'avenir.(B)

A) L'exaltation de la réconciliation après les conflits en Afrique, une action politique

En Afrique au Sud du Sahara, au lendemain des conflits, une priorité est accordée à la Réconciliation. Ainsi, le mot «RECONCILIATION »est repris tambours battants par les médias, dans les lieux de cultes, dans les villages, les quartiers, campagnes et hameaux. Au fond, cette recherche obsessionnelle de la Réconciliation est une réelle stratégie qui a plusieurs buts :
  • étouffer le conflit au cas, où, il couvait encore, et occulter les dégâts qu'il aurait générés, ceci, pour offrir un blanc seing au gouvernement en place.
  • Au plan international, l'image d'un pays apaisé et réconcilié rassure les bailleurs de fonds. C'est le monde des affaires qui a le vent ainsi en poupe.
  • Gagner la bataille de l'opinion car il existe une concurrence entre les pays qui rivalisent d'adresse pour booster leur compétitivité.
  • Un pays réconcilié, c'est un pays sûr, sans insécurité, et donc un pays attrayant. C'est le tourisme qui gagne.
Les choses sont donc claire, la répétition du mot « Réconciliation » au lendemain des conflits n'est pas un hasard, parce qu'elle vise à légitimer non seulement un pouvoir politique sur la scène internationale mais encore, elle vise à rassurer les investisseurs. Au fond, le mot réconciliation employé à cor et à cris au lendemain des conflits est une arme pour gagner la bataille de l'opinion internationale. Et c'est en ceci que cette stratégie est purement politique et non pas sociale car elle vise à renforcer le pouvoir en place en lui permettant de bénéficier de la générosité des marchés financiers internationaux. En effet, les politiques de réconciliation au lendemain des conflits ne visent pas l'intérêt des populations mais plutôt celui du pouvoir politique. En mettant en avant la « Réconciliation » dans un pays qui a connu guerre civile par exemple, cela redorera l'image du pays et de ses autorités en place sur la scène internationale. Les investisseurs qui y croiront viendront nombreux investir dans le pays. Les marchés financiers seront rassurés et accorderont des prêts importants au régime en place. Pour ces marchés financiers, dès lors qu'il y a réconciliation dans le pays, l'outil de production ne sera pas amorti, et donc, les crédits accordés seront remboursés sans problème.
Chacun peut le constater en comparant la durée des conflits en Afrique et le temps accordé à la Réconciliation. Alors que les conflits dans un pays africains durent des décennies, et qu'en général, on s'y emploie pour les prolonger pour en tirer un maximum de profit, - car ne l'oublions pas, en Afrique, la guerre nourrit son homme selon la partie que l'on défend, - pour ce qui concerne la réconciliation, on veut l'obtenir en temps record. Tout se passe comme si en Afrique, il était plus rentable pour un pays de vivre durablement dans les conflits, que de prendre plus de temps à préparer sa réconciliation, c'est-à-dire sa paix ! En tout cas, en Afrique moderne, les guerres sont longues, mais le temps de la Réconciliation est court. En effet, le temps de la Réconciliation, s'il est long, c'est de l'argent perdu auprès des bailleurs de fond. Donc, en Afrique, il vaut mieux une guerre longue qui enrichit les chefs de guerre et paupérise les populations, qu'un temps de réconciliation long qui fait du bien aux victimes, mais fait perdre du pognon aux bailleurs de fonds.
En définitive, en Afrique au Sud du Sahara, on n'est pas pressé de finir la guerre, mais on est pressé d'obtenir la Réconciliation. En effet, après le conflit, le temps qui passe est de l'argent perdu ! Et donc, il faut aller très vite, au pas de course, à la Réconciliation, pour fortifier le pouvoir en place, gagner la confiance des marchés financiers, obtenir des crédits, attirer les investisseurs, conquérir les touristes. Voilà qui permet de dire qu'en Afrique au Sud du Sahara, les politiques de réconciliation ont un but politique, et qu'elles n'ont pas un but social, car elles ne se préoccupent pas vraiment de résoudre le conflit ni même de s'occuper des victimes. Et quand bien même elles le feraient, les politiques de réconciliation sont tournées sommairement vers le passé, elles misent beaucoup sur le présent, et méconnaissent l'avenir.

B) Les politiques de réconciliation en Afrique : des politiques subjectives surtout tournées vers le présent, appréhendant peu le passé, et ignorant complètement l'avenir.

La réconciliation ne se décrète pas car la réconciliation, c'est un tout un processus qui doit suivre son cours pour aller à son terme. Or, en Afrique, lorsqu'il y a des crises, dans l'immédiat, on cherche des voies de sorties. Ce qui est bien. Et, une fois que l'on sort de la crise, le seul mot qui vient en tête, c'est la RECONCILIATION. Ce qui est à remarquer, c'est que, même si la recherche de la réconciliation au lendemain des crises est à louer, il faut tout de même reconnaître que cette politique axée autour de la réconciliation présente trois caractéristiques :
  • les politiques de réconciliation sont subjectives, car, par le processus de réconciliation, on vise à rapprocher les parties au conflit, plutôt qu'à s'occuper de l'objet du litige en lui-même. On s'intéresse seulement aux victimes du conflit en tant que sujets. L'objet du conflit est élagué.
  • Ensuite, les politiques de réconciliation visent brièvement le passé dans la mesure où, l'on ne cherche qu'à identifier les seules victimes pour leur accorder de maigres réparations. En l'espèce, l'on ne recherche pas les origines profondes des crises, l'on ne s'attarde point sur la genèse du conflit, ni même l'identification des mobiles du bourreau. Seules victimes comptent et on passe. Les bourreaux ne sont pas placés devant leurs responsabilités. Bourreaux et victimes sont placés sur le même pied d'égalité par un un mot d'ordre : le PARDON et la RECONCILIATION.
  • Enfin, le processus de réconciliation est beaucoup plus tourné vers le présent car cela arrange beaucoup plus le pouvoir en place. La preuve en est que périodiquement, il est rappelé à la population, les prouesses économiques et politiques que le pouvoir en place accomplit, cela pour inciter plus à la Réconciliation. Tout se passe comme si l'on voulait ignorer le passé litigieux pour favoriser un présent réconcilié. En l'espèce, les politiques de réconciliation qui n'abordent pas en profondeur les racines du du contentieux en insistant beaucoup sur le passé, en arrivent à escamoter le futur. Cela veut dire que les politiques de réconciliation ne protègent pas de futures crises. Comment s'étonner de la résurgence des crises sur notre continent ? Tout milite en faveur de cette résurgence.
Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que, habituellement, la résolution sincère d'un conflit insiste sur le passé. Et donc, on se tourne vers le passé pour mieux appréhender les causes ayant suscité le conflit. Dans ce cas de figure, en Afrique traditionnelle régie par la Philosophie Politique, en l'espèce, la parole était donnée aux antagonistes et chacun racontait le litige depuis ses origines jusqu'à ses conséquences, ce qui permettait de saisir l'objet du contentieux. Une telle approche avait le mérite de faciliter les sanctions à mettre en œuvre. Or, en Afrique moderne régie par la Science Politique, au cours des processus de « réconciliation » préconisés dans un but politique, se met sur place, une sorte de « jeu de pudeur » où, on va éviter de crever l'abcès. Ainsi, au nom d'une prétendue « réconciliation », l'on recommandera de parler de tout, sauf de ce qui fait mal. Alors que l'adage le dit bien : « pour faire des omelettes, il faut casser les œufs ». Mais, en Afrique moderne, surtout, il ne faut pas casser les œufs si l'on veut faire des omelettes. Du coup, on esquive, on camoufle, on dissimule l'objet même du litige. La « réconciliation » devient alors subjective au sens juridique et sociologique du terme dans la mesure où, elle ne met en jeu que les personnes, les parties au conflit, en l'occurrence, les victimes (les bourreaux n'étant nullement mentionnés), et que l'objet du conflit est caché, torpillé, recouvert, effacé.
Là, où, le cynisme l'emporte sur tout, c'est qu'en même temps que par des procédés d'intimidation et des manœuvres déloyales, l'on empêchera les victimes de parler crûment des torts qu'ils ont subis, c'est-à-dire, de mettre un nom sur la souffrance qu'elles ont subie, de désigner par son nom, l'objet de leur cauchemar, on leur demandera de pardonner !
D'où, questions : pardonner à qui ? Pardonner quoi ? Et pardonner pour quoi ?
C'est en cela, qu'on voit bien que l'Afrique moderne fondée sur la Science Politique n'est pas l'Afrique traditionnelle basée sur la Philosophie Politique, c'est-à-dire, l'Afrique de la parole libre, l'Afrique de la loyauté. Dans cette Afrique moderne fondée sur la science politique c'est-à-dire, l'Afrique de la ruse et de la malice, le processus de « réconciliation » vise surtout à occulter les causes des crises militaro-civiles. Surtout, il ne faut pas en parler. Comme si, en plus d'avoir été victime d'un conflit, l'on devait subir le joug de la loi de l'Omerta. Or, il est de notoriété qu'en thérapie, le patient qui arrive à mettre un mot sur son mal, sur ses maux, pour lui, c'est un début de guérison. On comprend aisément donc qu'en Afrique moderne, les victimes des conflits ne guérissent pas des dégâts des conflits car il ne leur est pas permis d'évacuer sincèrement leur souffrance, vu le silence qui leur est imposé. Du coup, à force d'occulter les mobiles des conflits, l'esprit de vengeance est nourri, et la justice privée renforcée. D'où, l'approfondissement de la désintégration, et la récidive des conflits. Pour tout dire, à privilégier la « réconciliation » au lendemain des conflits en Afrique au Sud du Sahara, l'on est plus tourné vers le présent, sommairement ancré dans le passé, et insuffisamment tourné vers l'avenir, et donc, la résolution des conflits sur ce continent capote ; rendant ainsi plausible sur ce continent, l'aggravation de la désintégration, la résurgence voire la récidive des conflits car la paix générée par les politiques de réconciliation est une paix précaire. Il est donc évident que la Résolution des conflits en Afrique devrait privilégier la prévention.

II) LA PREVENTION DES CONFLITS BASEES SUR LA PHILOSOPHIE POLITIQUE : UN OUTIL OBJECTIF ET SÛR DANS LA RESOLUTION DES CONFLITS

Là, où, les politiques de «Réconciliation» au lendemain des conflits en Afrique sont fortement ancrées dans le présent et sommairement tournées dans le passé pour une paix précaire, les politiques de Prévention des conflits sont quant elles fortement ancrées à la fois dans le passé, dans le présent et vers l'avenir (A) et là où les politiques de « réconciliation » ont un but politique, les politiques de préventions de conflits ont quant à elles, un but social qui assure d'une paix durable (B).

A) La prévention des conflits, un outil objectif de paix ancré dans le passé, le présent et vers l'avenir
La prévention des conflits est préconisée dans les résolutions des conflits pour trois raisons :

    - la prévention des conflits est une action objective car elle vise l'objet du conflit qu'elle appréhende dans toutes ses dimensions socio-économiques, culturelles et politiques.
    - la prévention des conflits a aussi une visée subjective parce qu'elle prend en compte les sujets au conflits, les victimes, mais aussi les bourreaux.
    - La prévention est un mécanisme orienté à la fois dans le passé, le présent et dans l'avenir pour les raisons suivantes :
    * Orientée dans le passé pour repérer les déterminants sociaux, politiques, culturels, économiques...etc., qui ont suscité le conflit.
    * Orientée dans le présent pour maintenir une veille sécuritaire.
    * Orientée dans le futur, non seulement pour maintenir une veille sécuritaire mais aussi en vue de réduire, éradique les déterminants conflictuels identifiés dans le passé, pour l'avenir.
    Il résulte que, dès l'instant où, la prévention s'occupe en même temps de l'objet, mais aussi des sujets du conflits, elle éradique complètement le contentieux dont elle établie la genèse de façon fiable, en finissant par des mesures qui le contrent pour l'avenir. Il est donc évident que le seul moyen de se protéger des crises futures, c'est la prévention.
    Or, ce mot «prévention», les Africains ne l'évoquent jamais au lendemain des graves conflits que connaissent leurs pays. A cet effet, tout se passe comme si les pays africains avaient peur du mot «prévention». Une telle méfiance vis-à-vis du mot «prévention» pourrait s'expliquer par les raisons suivantes :

    1) D'abord, les politiques post-crises de Prévention sont axées autour d'un travail qui s'attaque aux déterminants sociaux, économiques, politiques, culturels...etc., des crises. En ce sens, le travail de prévention peut révéler les failles, les carences d'un système politique dans un pays donné, lesquelles failles et carences auraient pu, en grande partie, favoriser, l'émergence du conflit. Faire un travail de prévention après les crises, c'est absolument prendre le risque d'identifier les déterminants originels, ce qui veut dire, révéler les failles, les carences d'un système politique en place. Pour cela donc, on préférerait apparemment les politiques de « réconciliation » qui masquent au mieux les carences.

    2) Et puis, les politiques post-crise de prévention, en identifiant tous les déterminants du conflit, peuvent révéler nos pratiques quotidiennes, nos usages, nos coutumes, nos comportements néfastes, bref, notre nocivité sociale à la base du conflit. Elles peuvent ainsi nous mettre à nu, nous plaçant devant nos responsabilités individuelles et collectives. Ce qui pourrait nous engager à opérer des réformes sociales. Ce que nous sommes nombreux à ne pas vouloir. En effet, les coutumes, tant qu'elles peuvent profiter à certains, même à un petit nombre, pourquoi les changer ?

    3) Ensuite, vu que les politiques de prévention des conflits ont un but social, et qu'ainsi, elles profitent plus aux populations qu'au pouvoir, on comprend que les pouvoirs politiques les méconnaissent au profit des politiques de « réconciliation » qui ont un but politique et font l'affaire des pouvoirs politiques.
4) Par ailleurs, identifier les déterminants sociaux, économiques, politiques, culturels ...etc.,des conflits par la prévention, c'est assurément éradiquer les conflits. Or, en Afrique, le Conflit nourrit son homme. Pour cela aussi, les politiques de préventions des conflits ne sont pas les bienvenues. Pour que vivent les chefs de guerre, il faut bien qu'il y a des guerres. Surtout qu'en Afrique, les historiens révèlent que des personnes ne savent faire que la guerre, qu'elles n'ont pas appris un autre métier à part faire la guerre. Depuis l'enfance, elles étaient enrôlées dans la guerre et en vivent. Un tel métier des armes n'étant pas envisageable sans la guerre ni le conflit, on n'a pas intérêt faire de la prévention en s'attaquant aux déterminants des conflits à leur source. On ferait des chômeurs dans ce cas-là.
    5) Enfin, en Afrique au Sud du Sahara, il se pourrait que nous n'aimions pas les politiques de préventions de crises parce que les crises, en général, nous les fabriquons nous-mêmes, les aggravons par nous-mêmes, et en tirons profit. Les prévenir, c'est les éviter, et donc ne pas en tirer tout le bénéfice qu'elles nous apportent. Autant dire que les crises politiques africaines, avant tout, elles répondent plus à des mobiles politiques qu'à des mobiles sociales. On évite donc les politiques de préventions au lendemain des crises, et on leur préfère les politiques de réconciliation parce que la prévention des conflits a un but social.
B) La prévention, une action sociale incontestable
Dans une politique de prévention des conflits, l'enjeu est l'intérêt supérieur de la société toute entière. Là, où, les politiques de réconciliation font le bonheur des pouvoirs politiques, au détriment des populations, la prévention des conflits fait le bonheur de toute la société, y compris les gouvernants et les gouvernés.
En effet, les déterminants sociaux, culturels, économiques et politiques étant à l'origine du conflit identifiés, ce sont des politiques en vue de leur réduction qui se mettent en place. Quant aux victimes, avec la liberté d'expression qui leur est accordée pour mettre un nom sur leurs maux, et avec leur juste réparation, elles n'ont plus aucun intérêt à nourrir vengeance. De leur côté, les bourreaux ayant pu expliquer les motifs de leurs actions néfastes sur la paix civile, ils permettent désormais de sauvegarder la paix pour le futur. La paix ainsi gagnée est juste car elle a réparé les torts de part et d'autre. C'est dire que le risque conflictuel est réduit, éradiqué, il n'est plus encouru. La paix sociale ainsi gagnée, c'est l'intégration sociale qui est boostée. Les gouvernants pourront gouverner sans craindre des bruits de bottes et des soulèvements populaires même si le travail de prévention a mis au jour les failles de leur système de gouvernement, ce qui leur permettra d'opérer des réformes. Les populations quant à elles vivront en toute quiétude sans peur d'affrontements.
Au fond, en matière de politique de prévention des conflits, c'est tout le monde qui gagne.
La solution des conflits sur notre continent est maintenant connue : c'est la prévention. En effet, les politiques de prévention des conflits peuvent nous sortir d'affaire, là, où, les politiques de réconciliation sans prévention nous conduisent au gouffre.
Et l'adage le dit bien :"il vaut mieux prévenir que guérir".

Pour nous résumer, en Afrique moderne, le résurgence des conflits est imputable à leur mauvaise résolution. Tantôt, on se fonde sur des politiques de réconciliation plutôt que sur des politiques de prévention, tantôt, on pense qu'on peut résoudre nos conflits au moyen des armes. Sur ce dernier point, l'expérience a démontré que sur notre continent, les armes n'ont jamais résolu un conflit. Prenons deux exemples : la Somalie et le Soudan. En Somalie, si les armes venaient à bout des rebellions, ce pays ne serait pas aussi laminé qu'il est actuellement, sans une seule institution qui rappelle l’État. Pareillement, que le Soudan. Au début, c'était une guerre de souveraineté entre le nord et le sud, guerre qui a duré des décennies. La partition a été faite. On pensait que c’en était fini. Que non ! Maintenant, c'est la guerre entre le sud contre le sud. Tel est le risque consistant à bâtir son unité nationale autour du territoire, et autour de la religion, plutôt que sur des valeurs, des fondamentaux laïcs.

Au terme de cette réflexion, nous pouvons réaffirmer sans nous tromper que l'Afrique est très désintégrée pour prétendre former une homogénéité politique nationale dans ces pays, a fortiori à un niveau continental. Pour parvenir à l'homogénéité nationale de ses pays et à son homogénéité continentale, il faut l'intégrer d'abord. Et ce travail d'intégration africaine passe par la prise en compte des fondamentaux de philosophie politique qui de tout temps ont gouverné l'Afrique.
En effet, on peut pacifier durablement l'Afrique, il faut seulement le vouloir, et travailler pour cela. Cela veut dire qu'il nous faut une volonté politique. Ce qui nécessite un travail de fond. Mais, ce travail de fond implique un nouveau cadre. Ce cadre nouveau, c'est l'UPACEB (Union des Peuples Africains de Civilisations Ébènes) dont l'objectif est d'inspirer à l'Afrique, la création d'une Organisation politique continentale et internationale basée sur ses civilisations.
Encore faut-il le répéter, nous l'avons vu tout au long de cette réflexion, les conflits en Afrique étant le fait de la désintégration sociale, seule la mise en place d'un système d'intégration basée sur les fondamentaux des civilisations africaines pourra venir à bout de ces conflits ravageurs. Autrement dit, la solution à nos conflits passant par la prévention, cela passe effectivement par la mise au jour et l'enseignement de nos fondamentaux à nos populations. C'est le projet de l'UPACEB.
Comme par hasard, c'est textuellement ce que les pères de l'Europe ont fait lorsqu'ils ont dit ensemble : "plus jamais çà !
Le résultat de ce « plus jamais çà » collectif, on le voit aujourd'hui où, l'Europe qui était « un champ de bataille »(pour reprendre les termes de Monsieur François Fillon ancien premier ministre français) est aujourd'hui, un espace tendre et doux, où, le monde entier voudrait vivre.
Nous pouvons réaliser ce rêve pour l'Afrique, nous pour pouvons réaliser ce rêve en Afrique !
Il suffit pour cela, d'exécuter le projet politique de l'UPACEB.


Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN





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