dimanche 6 décembre 2015

AFRIQUE AU SUD DU SAHARA LA THEORIE DU COMPLOT AU SERVICE DE LA DESINTEGRATION

AFRIQUE AU SUD DU SAHARA
LA THEORIE DU COMPLOT AU SERVICE DE LA DESINTEGRATION
Sœur, Frère, pardon, quitte dans çà !

Les peuples opprimés ont ceci de particulier qu'ils tirent de leur oppression, la sagesse, l'unité, la solidarité qui constituent leur force. C'est ce qui leur permet non seulement de résister à toutes formes d'adversité, mais encore leur permet de vaincre le mal. Cependant, pour ce qui concerne les peuples africains au Sud du Sahara, tout laisse à penser qu'ils n'ont tiré aucune leçon de leur histoire dramatique. Au contraire, plus le rouleau compresseur de l'oppression les accable, plus ils se dispersent, et donc, perdent la face devant devant tous les enjeux. Ainsi, dans un continent africain, où, la rumeur est effectivement le premier médium, ces dernières années, un phénomène se développe, et prend de l'ampleur. Ce phénomène qui consiste à soupçonner le mal partout, en tout, et, en quiconque, sème une sorte de psychose collective au sein des populations. On en est venu à tel niveau de méfiance vis-à-vis de l'autre, que la paranoïa s'en trouve pleinement caractérisée. En effet, la moindre contradiction apportée à l'autre, prétendant détenir la vérité vaut le blâme, le bannissement, si ce n'est carrément le bûcher, en l'espèce, les coups de machette et les coups de fusils. Le principe est donc l'alignement sur la pensée unique distillée. Surtout, ne pas oser la différence, car la liberté d'opinion et la liberté de pensée sont profondément remises en question. Et comme dans un système totalitaire, il faut obligatoirement être du côté de l'autre, même si l'on n'épouse pas ses thèses, car, avoir une position contraire, revient à le contredire, et, en l'espèce, l'on s'expose au lynchage. En Afrique, en ce début de millénaire, on est comme sous le régime de la terreur.
Ce sont là, des éléments constitutifs de la théorie du complot. Théorie du complot qui est aussi appelée : «conspirationnisme » ou encore « théorie conspirationniste ».

Une page Wikipédia donne une définition assez claire de la théorie du complot qui « propose de donner une vision de l'histoire perçue comme le produit de l'action d'un groupe occulte agissant dans l'ombre. Loin de la simple rumeur, il s'agit (selon Peter Knight, de l'université de Manchester) d'un récit théorique qui se prétend cohérent et cherche à démontrer l'existence d'un complot entendu comme le fait qu'« un petit groupe de gens puissants se coordonne en secret pour planifier et entreprendre une action illégale et néfaste affectant le cours des événements » La conspiration secrète civilecriminelle ou politique, visée par la théorie du complot, agirait généralement dans l'objectif de détenir ou conserver une forme absolue de pouvoir (politique, économique ou religieux). Du point de vue des observateurs en sciences sociales, la théorie du complot tend à se soustraire à la réfutation ; en effet, toute démonstration destinée à prouver qu'aucun complot n'est à l'œuvre sera interprétée comme une nouvelle tentative de tromper le complotiste qui - lui - continuera à chercher ce qui se passe dans l'ombre, et qu'on ne lui dit pas. Les explications officielles ou scientifiques établies par les pouvoirs publics et relayées par les grands médias d'information seront structurellement discréditées. »

Il se trouve qu'en Afrique au Sud du Sahara, la théorie du complot qui se nourrit de la confusion s'amplifie parce que nous vivons des périodes troubles et incertaines à cause des guerres, des pandémies et des crises économiques aiguës. C'est ainsi que cette théorie du complot peur s'appréhender en quatre phases :
  • D'abord, la théorie du complot se déploie de façon horizontale : entre citoyens africains, dont certains accusent d'autres de traîtrise, de trahison, pour leurs intérêts personnels, au détriment de nos États, de nos nations, et ce, en conspiration avec l'étranger.
  • Ensuite, la théorie du complot se déploie de façon verticale, entre citoyens et États. Certains citoyens accusant leurs gouvernements d'agir contre les intérêts de l'Afrique, pour privilégier les intérêts étrangers.
De ce qui précède, disons que ces deux niveaux de théorie de complot en Afrique sont suscitées par les deux écoles dites Exogènes et Mixtes, lesquelles voient toujours la main obscure de l'étranger dans les déconvenues africaines. Par ailleurs, ces deux niveaux de théorie du complot en Afrique sont instigués par cette Afrique intitulée « Afrique digne » (comme s'il devait y avoir deux Afrique !!!), laquelle Afrique digne voit dans l'Afrique dite « Afrique indigne », des conspirateurs agissant contre les intérêts de leur continent, au profit de l'étranger.

  • Et puis, la théorie du complot se déploie de façon transversale, dans les relations bilatérales et multilatérales entre les États africains : dans cette configuration, ce sont des États Africains qui accusent d'autres États africains voisins de vouloir les déstabiliser.
Dans cette perspective, notons que les deux régions symétriques d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique de l'Est sont celles qui fournissent de belles illustrations. Dans les années 1970, le Togo de feu le Président Gnassingbé Eyadéma n'a eu de cesse d'accuser son voisin, le Ghana du président Gerry Rawlings, de vouloir le déstabiliser. Par conséquent, pour se protéger d'un éventuel coup d'état venu du Ghana, le président Eyadéma ira jusqu'à faire ériger une barrière en ferraille à la ville frontalière d'Aflao séparant le Togo du Ghana. Là, où, on peut vraiment rigoler, c'est que ce mur artisanal servant de frontière entre les deux pays n'a eu pour effet que d'empêcher les animaux domestiques de part et d'autre de la frontière d'aller librement brouter de l'herbe ici et là. En effet, les citoyens des deux pays traversent cette frontière du matin au soir, pour aller travailler, qui, au Togo, qui, au Ghana. On peut voir les femmes du Ghana porter leurs cuvettes et leurs marmites sur la tête, s'abaisser pour franchir la frontière, et venir préparer et vendre leurs grillades de viande et de beignets au Togo jusqu’au soir, et repartir au Ghana toujours dans la même posture. Ce qui veut dire qu'en fait de frontière, il s'agissait d'une corde à sauter pour enfants !
Dans les années 1980, 1990, ce sera au tour du Liberia d'accuser la Côte d'ivoire de le déstabiliser en hébergeant Charles Taylor et ses troupes. Dans les années 2000, la Côte d'ivoire à son tour accusera le Burkina Faso de la déstabiliser en hébergeant sa rébellion et ironie du sort, c'est maintenant, en 2015, le tour du Burkina Faso d'accuser la Côte d'ivoire de vouloir le déstabiliser. Dans la même Afrique de l'Ouest, on n'oubliera pas les soupçons de déstabilisation entre le Burkina et le Mali qui s'accusent mutuellement de déstabilisation depuis la nuit des temps.
En Afrique de l'Est, entre la RDC, l'Ouganda et le Rwanda, la théorie du complot bat son plein. Finalement, on ne sait même plus qui déstabilise qui. Et puis, entre l'Éthiopie, l’Érythrée, la Somalie, le Soudan...etc., la théorie du complot est à son paroxysme.
A ce sujet, nous l'avons dit, et redit, la géographie insinue les frontières, qui à leur tour insinuent la souveraineté, qui conduit au finalement au conflit. L'Afrique gagnera beaucoup plus à se construire autour de ses valeurs, de ces civilisations, plutôt que sur le critère géographique.
  • Ces dernières années, la théorie du complot s'est déportée sur la liberté d'opinion et la liberté religieuse. Très souvent, la paranoïa ambiante a dénoncé plusieurs courants de pensées philosophiques et plusieurs courants religieux de porter atteinte aux intérêts de l'Afrique et de vouloir détruire l'Afrique. Par exemple, sont dénoncés, le complot maçonnique, le complot illuminati et le complot juif. Alors qu'avec un peu plus d'informations, de renseignements et d'instructions, les Africains n'évoqueraient même pas ce type de complot ! Quand on sait les ravages que ce type de dénonciation a causés à la France du 19ème siècle, et même à la France d'avant le 19ème siècle, pour ce qui concerne les Juifs  à savoir, la persécution des Juifs depuis le Moyen-âge jusqu'au 19ème siècle avec l'affaire Dreyffus, la prise à partie des Francs-maçons accusés d'avoir fomenté la révolution française pour détruire le christianisme...etc.
Pourquoi les Africains jouent-ils avec le feu en évoquant des sujets aussi sensibles pour les dégâts énormes qu'ils ont causés à l'humanité ? Est-ce cela, l'amour de l'Afrique, que de vouloir lui attirer des ennuis qui ne lui ressemblent ni de près, ni de loin ?
Bref, on aurait pu évoquer ces quatre niveaux de déploiement de la Théorie du Complot en Afrique pour rigoler, si les dégâts qu'ils entraînent sur notre continent n'étaient pas destructeurs. En effet, sur le continent noir, la théorie du complot sert la désintégration aussi bien en amont qu'en aval. Ainsi, si la théorie du du complot est la cause de la désintégration africaine, elle est aussi la conséquence de la désintégration profonde de l'Afrique. Voilà pourquoi, là, où, la théorie du complot peut disloquer un peu plus l'Afrique, ailleurs, en Afrique, la désintégration elle-même aggrave la théorie du complot. C'est ainsi qu'en Afrique, la théorie du complot entraîne une opération de sélection entre Africains (I), et qu'elle amplifie la stéréotypie sur le continent (II).


I) LA THEORIE DU COMPLOT EN AFRIQUE, UNE OPERATION DE SELECTION

La théorie du complot en Afrique opère une sélection entre des complotistes donnés pour être au service de l'Afrique (A) et des comploteurs soupçonnés de desservir la cause africaine (B)

A) Des complotistes donnés pour être au service de l'Afrique

Aujourd'hui, en Afrique, la théorie du complot est devenue un instrument dangereux aux mains d'une partie d'Africains qui souhaitent aiguiser les passions de la populace. Grâce à la théorie du complot, une catégorie d'Africains s'est arrogée les pleins pouvoirs qu'aucune Constitution nationale ne lui reconnaît pourtant. Cette catégorie d'Africains se qualifie de patriotes pour signifier sa loyauté envers l'Afrique. En tant que tels, ces complotistes ont établi des critères de patriotisme qui les rapprochent de très près au racisme, pour les plus radicaux. En effet, ces complotistes Africains radicalisés prohibent tout rapprochement avec l'étranger, sur qui ils font peser plusieurs récriminations. Ainsi par exemple, pour ces complotistes radicalisés, un couple mixte composé d'un citoyen et d'un étranger est en soi signe de trahison du pays ou de l'Afrique. Cela se passe dans les cas où, le niveau transversal de la théorie du complot se déploie : à savoir, là, où, un pays accuse son voisin de comploter contre lui. En outre, pour les Complotistes, être Franc-maçon, ou être illuminati, ou être Juif, c'est comploter immédiatement contre l'Afrique. A les entendre, on est dans une totale confusion. En effet, tout se passe comme si l'on ne pouvait pas envisager d'aimer l'Afrique tout en étant Franc-maçon, illuminati, ou même tout en étant Juif. En outre, on n'a l'impression en écoutant ces complotistes radicalisés que, sauf à être traître, et à comploter contre l'Afrique, un amour est impossible entre un citoyen et une étrangère, ou entre une citoyenne et un étranger. D'autant plus que pour ces complotistes radicalisés, serait donc patriote Africaine, patriote Africain, la femme Africaine, l'homme Africain, qui n'a aucun contact avec les Franc-maçons, les illuminati, les Juifs, et finalement les étrangers. Toute posture contraire s'assimilerait à de la traîtrise à l'égard de son pays, et pour finir de l'Afrique. Au fond, les conspirationnistes ont un projet secret : la conquête du pouvoir, et la mise à l'écart d'un maximum de personnes indésirables dans la gestion commune du pays, dans le partage équitable des richesses nationales et continentales. Et voilà comment la théorie du complot sert à l'enrichissement d'une minorité, lorsque la majorité est exclue. Face aux complotistes, leurs produits, c'est-à-dire les comploteurs.

B) Des comploteurs soupçonnés de desservir la cause africaine

En Afrique au Sud du Sahara, au nom de la théorie du complot, les traîtres, les vendus, ce sont celles et ceux qui coopèrent avec les grandes puissances et d'autres pays étrangers en politique internationale, dans les affaires commerciales et financières, dans le mariage...etc. Par exemple, est comploteur contre l'Afrique, tout Africain Anglophone qui revendiquerait sa spécificité. Car, le faisant, il vend les intérêts de son pays et ceux de l'Afrique à la Grande Bretagne ou aux Américains. L'Africain arabophone sera stigmatisé en tant qu'il est soupçonné d'agir contre les intérêts de son pays et de ceux de l'Afrique au profit de la Ligue Arabe. Pareillement, est comploteur en Afrique, l'Africain francophone qui veut assumer sa spécificité. Aux yeux des complotistes, un tel Africain francophone voulant assumer identité francophone est celui qui vend les intérêts de son pays, et ceux de l'Afrique à la France. L'Africain Hispanophone qui projettera de vivre sa spécificité sera considéré comme agissant pour les intérêts de l'Espagne et non pour les intérêts de son pays et de son continent. L'Africain lusophone qui montrerait son attachement à sa culture lusophone sera considéré comme agissant contre son pays et son continent au profit du Portugal. Ainsi de suite. Pour finir, la diversité de nos langues véhiculaires qui constitue une richesse à tous points de vue en tant qu'elle est une garantie de multiculturalisme est devenue un instrument de division et de conflits. Au lieu de nous unir et nous fortifier, au contraire, cette diversité linguistique nous segmente un peu plus. Surtout, sous l'effet de la théorie du coomplot.
La liste des comploteurs ne s'arrêtent pas là. En effet, sont des traîtres en Afrique dans la perspective complotiste, celles et ceux qui fréquentent la franc-maçonnerie, les groupes illuminais ou celles et ceux qui côtoient les Juifs. Considérés comme tels, ils sont marginalisés par la catégorie dite des « patriotes » qui les considère comme faisant preuve de déloyauté envers l'Afrique. Là, où, le piège est grand, c'est que cette catégorie est parfois tentée d'assumer les accusations de déloyauté portées contre elle, en voulant un peu plus démontrer ses affinités pour les étrangers, les grandes puissances, les franc-maçons, les illuminatis...etc. Le faisant, cette catégorie qui veut donner au départ dans la provocation court le risque de tomber dans le piège qui lui est tendu : celui de trahir l'Afrique effectivement. Ce qui suscite le courroux de la première catégorie dite des patriotes. S'en suivent alors des querelles, des conflits, pouvant aller jusqu'aux bastonnades, aux affrontements sanglants. La toile révèle à ce sujet, des manifestations d'Africains dans les capitales européennes qui débouchent sur des violences physiques entre les deux catégories d'Africains, c'est-à-dire, entre de prétendus « patriotes » Africains, et de prétendus « traîtres » Africains. Or, ce type d'affrontements entre loyaux et déloyaux n'honore pas l'Afrique.
Dans la même perspective, des cas de divorces entre couples mixtes ont été aussi signalés ces dernières années, à cause de la théorie du complot. Sur le Net même, des injures sont orchestrés à l'égard de personnes faisant partie de l'un, ou de l'autre groupe. Plus que jamais, la désintégration africaine est nourrie par la théorie du complot, et la stéréotypie n'en est qu'amplifiée.


II) LA THEORIE DU COMPLOT EN AFRIQUE, UNE AMPLIFICATION DE LA STEREOTYPIE

A n'en point douter, la théorie du complot augmente la stéréotypie en Afrique par le fait que des propos sans fondement ni intelligibilité sont véhiculés dans un but politique (A) mais aussi par le fait que la théorie du complot fait accroître les préjugés (B).

A) La propagation de rumeurs sans fondement et sans intelligibilité dans un but politique

La faiblesse de la théorie du complot est qu'elle réside le plus souvent dans la rumeur, sans réel fondement qui caractérise la stéréotypie. Comme le définit le Dictionnaire Larousse, la stéréotypie est une « répétition d'une attitude, d'un geste, d'un acte ou d'une parole, sans but intelligible. » Au fond, tout se passe comme si les complotistes voulaient faire du mal aux populations en leur inspirant la crainte et la peur pour leur cacher certaines vérités. A ce sujet, une citation attribuée à Karl Popper sur le Net l'illustre bien : «Les personnes les plus désireuses d'amener le paradis sur terre sont les plus enclines, une fois au pouvoir, à adopter des théories du complot pour y expliquer leur échec.» Popper ne pouvait pas mieux le dire. Sur notre continent, le conspirationnisme est toujours le fait de ceux qui sont en train de perdre le pouvoir, ou de ceux qui ont ont perdu le pouvoir. Du coup, ils prennent le peuple en otage en lui racontant n'importe quoi. La presse aux ordres prend la relève pour orchestrer une sorte de manipulation psychologique sur les citoyens. La rumeur s'amplifie ainsi, et les passions se déchaînent. Et voilà comment la théorie du complot nourrit les conflits interethniques et religieux. On n'oubliera pas de mentionner qu'en Afrique au Sud du Sahara, la théorie du complot prospère rapidement parce que l'Afrique est composé d’État faillis, d’États désintégrés. C'est ce qu'illustrent très bien deux écoles sociologiques américaines dont les thèses sont résumées sur une page Wikipédia: «Pour un premier courant, c'est l'«excès d'institution» qui provoque le développement des théories du complot. Timothy Melley (Université de Miami), spécialiste de la culture populaire, parle d'une «agency panic» : il voit dans le conspirationnisme l'expression d'une crise de l'individu et de son autonomie, ainsi que son angoisse face au pouvoir croissant, technocratique et bureaucratique, des administrations. Il considère en outre la théorie du complot comme un élément essentiel de la culture populaire américaine de l'après 1945. (Seconde Guerre Mondiale).
Pour un autre courant, les théories du complot naissent, à l'inverse, de la «disparition des institutions structurantes». Le juriste américain Mark Fenster (Université de Floride) explique que le développement des théories du complot est le fruit du déclin de la société civile traditionnelle (l'encadrement par les corps intermédiaires classiques, les syndicats, les mouvements politiques) qui laisse désemparés les groupes les plus fragiles, notamment les personnes défavorisées (handicapés, familles défavorisées, personnes sans domicile, afro-américains…). Les théories du complot, qui reflètent les insuffisances des institutions et la demande de plus de transparence de la part des citoyens, font partie intégrante du système politique démocratique et ne sont pas des phénomènes marginaux.  La théorie du complot serait donc un palliatif face à l'annihilation de l'individu par des institutions trop présentes, ou à l'inverse face au vide provoqué par la vacance des institutions. Dans les deux cas, elle est une réaction à la perte du sens ordinairement assuré par un ordre social bien régulé.»

En tout cas, le deuxième courant de l'approche de la théorie du complot reflète bien le cas des pays africains où, sous l'emprise de la pauvreté structurelle et du désenchantement, les peuples ne savent même plus à quel Saint se vouer, et croyant au premier ragot villageois répandu, et au premier aventurier. On n'oubliera pas que la théorie du complot en Afrique aggrave la stéréotypie.

B) L'accroissement des préjugés du fait de la théorie du complot

Les politiques africaines étant faites sur la base de la religion et du tribalisme, nos sociétés ont été profondément clivées, et les conflits ont été exacerbés surtout au cours de ces dernières années. Au fond, nous payons le prix de nos mauvaises politiques. Plutôt que s'en repentir, au contraire, on s'y plaît au moyen de la théorie du complot qui ne fait que creuser un plus les fossés de la division entre les citoyens et le cloisonnement entre les États. L'on assiste alors à l'augmentation des stigmates. Chacun voulant un plus se distinguer de l'autre selon son groupe d'appartenance. Tel est marié avec une Anglaise, une Américaine, une Française...etc., donc, il agit contre l'Afrique. Telle est Franc-maçon, tel est illuminati, tel est Juif...etc., donc, il agit contre les intérêts de son pays et de l'Afrique.
Tel est de culture arabophone, hispanophone, lusophone,...etc., donc, il est contre son pays et l'Afrique. Et patati, et patata.
Sans compter que tel est chrétien, tel est musulman, tel est du Sud, tel est du Nord, donc, il est contre ma religion, il est contre ma région...etc.
Des discours stéréotypés, qui stigmatisent l'autre, pour le marginaliser, l'enfermer dans des préjugés absurdes, et finalement pour lui fermer toutes les portes de réussite, et lui priver de toute possibilité de communication et de communion avec le reste de la communauté nationale et continentale sont tenus tous azimuts, y compris par l'homme de la rue, mais aussi par la presse écrite. Sans que cela ne choque personne. Et voilà comment la théorie du complot désintègre un peu plus l'Afrique.
Nous disons : « ma sœur, mon frère, pardon, quitte dans çà ! »
En effet, nous avons tellement à donner, à offrir ensemble, à nos pays, à notre Afrique, à notre monde, qu'il est insensé de dresser des barrières !
L'UPACEB veut y veiller. Scru-pu-leu-se-ment !



Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN

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