dimanche 8 novembre 2015

APPROCHES EPISTEMOLOGIQUES DES PROBLEMES AFRICAINS

APPROCHES EPISTEMOLOGIQUES DES PROBLEMES AFRICAINS
QUATRE GRANDES ECOLES
L'UPACEB, ENTRE OBJECTIVITE ET REALISME

L'Afrique est au centre de plusieurs questions, parmi lesquelles :
  • à qui l'on doit le sous-développement du continent africain ?
  • Pourquoi l'Afrique connaît-elle des guerres civiles et militaires récurrentes ?
  • Pourquoi l'instabilité politique est-elle aussi profonde ?
  • Pourquoi elle est touchée par des pandémies ?
  • Pourquoi les politiques sociales sur le continent ne prennent-elles pas en compte pas en compte la santé, l'éducation, l'emploi, le soutien financier aux agriculteurs, l'encouragement à entrepreneuriat...etc. ?
  • Pourquoi tant de violence sociale et de violence politique en Afrique ?
  • Pourquoi, encore au 21ème siècle, siècle qui promeut la démocratie, le continent africain continue-t-il d'enregistrer des coups d'états sur son sol ?
  • Et le travail des enfants, alors qu'ils devraient être scolarisés, à qui la faute ?
  • La mortalité infantile élevée, la mortalité maternelle élevée, la brièveté de l'espérance de vie, à qui la faute ?
  • Et la corruption active et la corruption passive avec la vénalité des offices publics, qui les suscite et les alimente ?
  • Le racket policier, le népotisme, le proxénétisme, les trafics de stupéfiants, les trafics humains, qui en est à l'origine ?
  • Le chômage des jeunes et des adultes, qui doit les résoudre ? Quelles en sont les causes ?
  • La tribalisation de la fonction publique, qui en est l'auteur ?
  • L'habitat précaire, la pauvreté, la défaillance du système de santé, la cherté de la vie, le coût exorbitant de l'école, qui en est responsable ?....
A toutes ces questions, on ne trouvera pas une seule qui ait une seule réponse à même de dégager l'unanimité scientifique. Et si tel est le cas, c'est bien parce que l'Afrique, bien que suscitant de nombreuses questions n'a jamais constitué la préoccupation de quiconque. Mieux, elle n'a jamais constitué la priorité de qui que ce soit. La preuve en est que l'Afrique n'a jamais fait l'objet d'une grande concertation internationale.
Et, en général, lorsque l'on évoque l'Afrique sur le plan international, c'est pour évoquer soit une calamité naturelle qui la frappe, soit une épidémie ou une pandémie sur son sol, soit une lutte armée dans l'un de ses pays. Ainsi par exemple, l'ONU ne se réunit sur l'Afrique que pour préparer une résolution visant à résoudre une situation humanitaire d'extrême urgence, ou alors une résolution concernant un contentieux militaro-civil en Afrique.
S'agissant des grandes puissances, elles n'évoquent l'Afrique qu'au travers de l'action humanitaire de leurs Organisations Non Gouvernementales qui agissent pour venir à l'aide à des groupes de personnes menacés d'extermination ou menacés par l'épidémie ou la famine. Ainsi, on ne parle de l'Afrique dans les pays développés qu'en cas de fléaux sanitaires, ou alors en cas de répression d'un gouvernement sur son peuple, ou de la répression d'une tribu majoritaire sur une autre tribu minoritaire dans un pays donné. Dans cette perspective, on a des exemples comme l'UNICEF qui collecte des fonds pour venir en aide à l'enfance malheureuse, l'ACTION CONTRE LA FAIM qui sensibilise et mobilise pour lutter contre la faim dans les pays pauvres dans le monde entier et donc en Afrique, l'ACAT qui lance des pétitions pour venir en aide à des victimes de la torture...etc.
En dehors de ces actions humanitaires, on ne verra jamais sur la scène internationale, des rassemblements d'intellectuels de haut rang en colloque ou en congrès, se saisir des problèmes africains à bras le corps, pour y réfléchir à fond, et tenter des solutions durables. Aucun Parlement dans les pays développés n'ont consacré une séance parlementaire aux problèmes africains en vue d'une ébauche de solutions durables. Quand cela se fait, c'est que l'urgence le justifie !
Pareillement, cur le continent africain même, il est rare de voir des ateliers de réflexions, des congrès d'universitaires, en temps de paix, s'organiser pour réfléchir à l'Afrique, indiquer des orientations multi-sectorielles, en vue de solutions sérieuses pouvant nourrir les politiques publiques. Sur le continent aussi, il faut attendre que surviennent des calamités naturelles, des guerres ravageuses, pour qu'enfin, les pouvoirs publics se mobilisent et multiplient les rencontres soit à un niveau national, soit à un niveau continental en vue de solutions, et ce, dans la précipitation, comme pris par la diarrhée.
En tout cas, c'est peu de dire que l'Afrique n'intéresse personne à commencer par les Africains eux-mêmes. En effet, personne ne consacre son temps et son espace à ce continent, en vue d'étudier profondément les problèmes qu'il connaît.
De ce qui précède, il résulte que cette absence de concertation générale sur le continent noir à un niveau interne et aussi à un niveau externe constitue un grand vide scientifique dans l'approche de ses problèmes culturels, économiques, sociaux, religieux, politiques...etc.
Et, c'est ce qui explique qu'il n'existe à l'heure actuelle, des études sérieuses et crédibles disponibles, qui puissent prendre en compte les circonstances de faits et de droit, les circonstances de temps et de lieux, de tous les enjeux auxquels l'Afrique est appelée à faire face.
Du coup, dès que survient une difficulté de quelque ordre que ce soit en Afrique, on se perd en conjectures, chacun allant de sa propre interprétation, vu qu'il n'existe aucune solution originale préalable, bénéficiant d'une certitude scientifique. Toutes les réponses aux problèmes africains sont alors distillées ici et là, sans véritable base légale.
D'abord, les Africains eux-mêmes s'adonnent à des interprétations diverses qui en général, au vue de leur caractère cacophonique ne font souvent qu'accentuer la difficulté affectant le groupe, le pays, ou le continent.
Ensuite, au niveau international, vu que l'on ne prend pas suffisamment de temps de se pencher sur des solutions préventives sur tout problème susceptible d'arriver en Afrique, le plus souvent, quand le problème survient, l'on assiste à une réelle débauche d’énergie consistant à multiplier les réunions puis les résolutions à l'ONU, lesquelles le plus souvent, ne font qu'aggraver la calamité en cours.
Et puis, dans les pays développés, il arrive aussi que des journalistes ou des touristes ayant temporairement séjourné en Afrique, parfois dans un seul pays africain, s'improvisent en véritables connaisseurs de l'Afrique, se fassent passer pour des spécialistes de l'Afrique, saturent les médias, et se débrouillent tant bien que mal d'apporter des réponses parfois approximatives, qui, très souvent, n'ont rien à voir avec la réalité du terrain, en rajoutant de facto un peu plus à la confusion générale.
Enfin, quand on passe la parole aux citoyens Africains natifs du pays touché par la crise, objet du débat, là aussi, il n'y a aucune réponse qui soit unanime car chacun, avec les affinités qui le lient avec le régime politique en place, apporte sa justification qu'il estime légitime, ou alors, en fonction de son opposition voire son aversion pour le pouvoir en place, l'interviewé livrera sa dose de rancœur, dans la critique la plus acerbe.

Évidemment, Cette cacophonie d'approches des problèmes africains, on l'a dit plus haut, elle résulte de l'absence de catalogue, de standard, de canevas contenant des bases légales dégagées des d'analyses sérieuses, concertées, unanimes sur l'Afrique, lesquelles apportent des réponses à la fois globales et singulières, aux problèmes africains. De ce définit d'analyses sérieuses sur l'Afrique, il résulte que pour chaque problème africain, c'est chacun qui y va avec sa propre réponse, liée le plus souvent à sa propre connaissance du milieu africain ou alors carrément à sa méconnaissance du milieu africain. C'est ainsi que l'on a plusieurs tendances d'approche d'explication des problèmes africains. Et de ces différentes tendances d'approche des problèmes africains, on peut distinguer parmi tant d'autres, quatre principaux courants d'approches épistémologiques qui font école. En effet, ces quatre principaux courants sont ceux qui soutiennent les thèses les plus répandues, dans l'ébauche de compréhension des enjeux auxquels fait face le continent africains. Ces quatre courants d'approches épistémologiques des problèmes africains peuvent être regroupés d'une part en deux Écoles assez distinctes (I), et d'autre part, en deux autres écoles assez mitigées (II)

I) DEUX ECOLES DISTINCTES DANS L'APPROCHE DES PROBLEMES AFRICAINES

Pour cerner les problèmes africains, deux écoles très distinctes s'affrontent. Il s'agit de l’École Exogène (A) d'une part, et d'autre part de l’École Endogène (B).

A) L’École Exogène et l'approche des problèmes africains

Pour les tenants de l’École Exogène, l'Afrique n'a rien à voir avec tout ce qui lui arrive. L'Afrique est neutre, elle est blanche comme neige vis-à-vis de tout ce qui constitue des menaces à sa sécurité, à sa population, à sa culture, à ses politiques publiques, à son économiques...etc. Dans tous les domaines, l'Afrique montre patte blanche pour cette École Exogène.
En effet, l’École Exogène pense que tous les problèmes de l'Afrique proviennent de l'extérieur. L’École Exogène désigne par l’extérieur les pays anciens colonisateurs, les pays occidentaux, les multinationales.
La faiblesse de cette École provient de plusieurs raisons :
  • elle agrémente les paranoïas collectives.
  • Ensuite, cette École Endogène fait peser sur l'étranger, une responsabilité automatique dans tout ce qui arrive en Afrique. Dans cette perspective, l'Afrique est presque comme un automate, un objet, une figurine que manipule à souhaits des mains occultes depuis l'étranger. Cette École Exogène infantilise l'Afrique en laquelle elle ne reconnaît aucune capacité d'action. Le risque avec cette école, c'est qu'elle prive l'Afrique de toute autocritique, et la condamne à un manque de réalisme.
  • Enfin, en accablant l'étranger d'être à la source de tous les malheurs de l'Afrique, l’École Exogène démontre que ses thèses comporte des relents xénophobes qui cachent très mal un racisme primaire.
Ce courant connaît une limite : l’École Endogène

B) L’École Endogène et l'approche des problèmes africains

Pour cette École Endogène, l'étranger n'a strictement rien à voir avec ce qui se passe en Afrique. En effet, cette École qui appréhende le continent africain dans toutes ces dimensions donne à découvrir que l'Afrique porte en elle-même toutes les germes des conflits et calamités qu'elle vit. Toute seule, elle réunit les toutes les conditions de sa faillite économique, sociale, économique, culturelle, religieuse...etc., et qu'elle n'a même pas besoin d'une aide extérieure pour réaliser sur son sol, toutes les difficultés qu'elle connaît. En tout cas pour l'école endogène, il est illusoire de rechercher des coupables des problèmes africains, ailleurs qu'en Afrique.
Le mérite de cette école est sa responsabilisation de l'Afrique en tant que sujet, mûr, mature, capable de son autodétermination. Cette École Endogène en appelle à l'autocritique des Africaines et Africains eux-mêmes dans la résolution de leurs différentes crises. On peut dire sans hésiter que l'avenir de l'Afrique se trouve dans cette école endogène qui permet un vrai réalisme dénué de toute paranoïa dans l'étude des problèmes africains. Cette école a le mérite de ne pas accuser en permanence l'étranger, les grandes puissances, les pays occidentaux d'être à la base des souffrances de l'Afrique. Elle ne court donc pas le risque de la xénophobie, ni du racisme.
C'est donc résolument que l'UPACEB adhère entièrement aux thèses de l’École Endogène qu'elle revendique sans équivoque. En effet, ainsi que le pense l’École Endogène, les ingrédients des crises africaines et du sous-développement africains sont réunis sur place en Afrique, ils ne viennent pas de l'étranger. Pour exemples, l'UPACEB met en relief quelques maux qui minent l'Afrique et tire ce continent par le bas, à savoir  :
  • le morcellement territorial
  • le morcellement ethnique
  • le morcellement religieux
  • le morcellement linguistique
  • le morcellement juridique (conflit des normes entre coutumes et lois nationales)
  • le morcellement tribal
  • le morcellement politique
  • les disparités économiques....etc.
Tous ces facteurs de désintégration à l'origine des crises africaines et du sous-développement du continent noir ne proviennent pas l'étranger, ils ne peuvent pas provenir de l'étranger. C'est sur place en Afrique qu'ils s'enracinent.
Mais, à l'instar de ces deux écoles distinctes et diamétralement opposées dans l'approche des problèmes africains, il existe deux autres écoles dans une approche mitigée.

II) DEUX ECOLES MITIGEES DANS L'APPROCHE DES PROBLEMES AFRICAINS

Dans cette approche, deux écoles cohabitent sans vraiment se ressembler. Il s'agit d'une part de l’École Mixte (A) et d'autre part de l’École de la neutralité, ou encore l’École des Causes Naturelles, ou encore l’École des Superstitions (B)

A) L'approche de l’École Mixte dans l'interpénétration des problèmes africains

L’École Mixte dans son approche des problèmes africains inclue à la fois l’École Exogène et l’École Endogène. En effet, pour l’École Mixte, les problèmes de l'Afrique sont à la fois imputables aux Africains eux-mêmes, mais aussi aux puissances étrangères. Dans l'examen des causes des problèmes africains, Cette École Mixte vise un responsable : la Françafrique, ce réseau d'amis qui regrouperait des personnalités africaines et des personnalités françaises, et, au sein duquel, il semblerait que les membres s'échangeraient des facilités et des faveurs économiques.
Pour l’École Mixte, tous les problèmes d'Afrique relèveraient alors de la seule responsabilité du groupes d'amis au sein de la Françafrique. Et voilà pourquoi l’École Mixte n'hésite pas à qualifier la Françafrique de « nébuleuse ».
La force de cette École, c'est qu'elle ne déresponsabilise pas l'Afrique en matière des difficultés qu'elle connaît. En effet, non seulement l’École Mixte reconnaît la responsabilité directe, pleine et entière des Africains dans leurs difficultés, mais encore, elle sait identifier le cadre dans lequel se déploie la nocivité des Africains contre leur propre continent et ceci n'est pas anodin.
En effet, l'identification de ce cadre de nocivité africaine contre l'Afrique caractérise la faiblesse de cette École Mixte dans la mesure où, l'action nocive des Africains contre leur continent est envisagée pour se déployer dans un cadre coalisé avec l'étranger : la Françafrique.
Une telle conception coalisée de la nocivité africaine contre l'Afrique fragilise l'approche de l’École Mixte car tout se passe comme si les Africains n'étaient pas majeurs et réfléchis, et qu'ils ne pouvaient pas agir seuls dans le bien, ou dans le mal, de leur continent.
Véritablement, le fait d’arrimer forcément l'Afrique à l'étranger, en l'occurrence la France, pour admettre enfin la nocivité des Africains contre leur propre continent sous-entend une sorte de mise sous tutelle, voire de mise sous curatelle de l'Afrique, avec sa propre complicité, pour réussir son plan d'autodestruction. C'est à ce niveau que l'UPACEB qui est exclusivement de l’École Endogène n'est pas d'accord avec l'Ecole Mixte.
Mais, à l'instar de ces différents courants d'approches épistémologiques des problèmes africains, on n'oubliera pas de mentionner l’École des Causes Naturelles.

B) L’École de la Neutralité, ou l’École des Causes Naturelles, ou l’École des Superstitions ou l’École Nihiliste

Pour l’École de la Neutralité ou l’École des Causes Naturelles du sous-développement de l'Afrique, il ne faut pas chercher des explications aux problèmes africains car il en va du destin.
Ni l'étranger, ni l'Afrique elle-même n'ont rien à voir avec ce qui arrive à l'Afrique. C'est la nature de l'Afrique, la nature des Africaine, et la natures des humains qui sont ainsi : la souffrance doit précéder tout progrès. Et donc, si l'Afrique souffre, ceci est normal car il lui faut passer par là, avant de connaître un jour le progrès et le bonheur. Voilà pourquoi cette École peut légitimement être appelée l’École des Causes Naturelles.
Mais, cette École peut aussi être appelée l’École de la Neutralité parce que pour ses tenants, l'être humain n'a aucune contribution à fournir pour améliorer ses conditions de vie. Et les souffrances, seule, la Providence sait les annihiler. Du coup, pour cette École, non seulement les Africains sont neutres dans tout ce qui constitue leurs malheurs, mais encore les puissances extérieures elles-mêmes sont neutres dans tout ce qui arrive à l'Afrique, en tant qu'elles ne sont pas capables de nuire à l'Afrique, ni même n'ont aucun pouvoir de faire du bien à l'Afrique. Ainsi, pour cette École de la Neutralité, seule la providence peut modifier le cours de l'histoire des hommes, et par-delà, celle de l'Afrique, et même celle des grandes puissances.
L’École des Cause Naturelles peut donc être appelée École de la Neutralité parce qu'elle n'en veut à personne dans les malheurs de l'Afrique : ni aux Africains eux-mêmes, ni aux puissances Étrangères. Cette École est aussi l’École des superstitions parce qu'elle n'identifie pas les causes des malheurs de l'Afrique et des Africains dans la réalité quotidienne, dans le vécu immédiat, dans le monde visible, mais plutôt dans le monde invisible. Ce sont les adeptes de ce courant qui font vivre les sectes, aiment fréquenter les marabouts, aiment faire des sacrifices d'animaux, et sont prêts à dépenser tout, voire leur fortune chez les devins.
La faiblesse de cette école est de dénier à l'homme, toute capacité d'action en vue de l'amélioration de son quotidien. Au fond, si l'on s'en tient à cette école, tout n'est que fatalité dans la vie et donc, les luttes pour les réformes sociales ne servent à rien dans la société humaine. Tout se passe comme si pour ce courant, il suffit de s'arrêter, se croiser les bras et les mains, jusqu'à ce que tout tombe du ciel. Ce courant qui ne prescrit aucune action peut être considérée comme un courant nihiliste.
Manque de pot pour l'Afrique, ce courant est majoritaire sur son sol !


Mais pour ce qui concerne l'UPACEB, elle s'inscrit dans l'objectivité et dans le réalisme.

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