LE
POLARISME : CAUSE FONDAMENTALE DU
DEFICIT STRUCTUREL D'INTEGRATION CONTINENTALE EN AFRIQUE
SUBSAHARIENNE
Selon une pensée
dominante, en l'état actuel, l'intégration continentale semblable à
celle de l'Union Européenne est impossible à réaliser au sein de
l'Union Africaine à cause de l'instabilité politique chronique que
connaissent plusieurs États africains à travers des rébellions
armées et des guerres politico-armées.
Évidemment, raisonner
ainsi est facile, sauf qu'il ne permet pas d'établir une
arborescence fiable des faits justificatifs de la désintégration
structurelle en Afrique. Au contraire, un tel raisonnement ne fait
que traiter un problème par ses conséquences, et non pas par ses
causes.
En effet, et de toute
évidence, l'instabilité politique de certains États africains
n'est que la conséquence de la désintégration africaine tant au
niveau national que continental, elle n'en est point la cause.
Il suffit pour cela, d'un
examen neutre, sans parti pris de la réalité africaine. On réalise
alors que l'Union Africaine ne peut pas connaître d'intégration
continentale, pas à cause de l'instabilité politique de certains de
ses États membres, mais plutôt de la désintégration structurelle
de tous les États qui la composent. Ceci est d'autant plus vrai
qu'en Afrique, tous les pays ne sont pas en guerre, ni politiquement
instables ; qu'ensuite, les quelques pays en guerre ne peuvent
pas à seuls entamer l'intégration continentale si jamais,
intégration continentale il y avait eu auparavant.
Au fond, ce n'est pas
parce que certains États africains sont politiquement instables que
l'Union Africaine souffre de manque d'intégration, mais bien au
contraire, c'est parce que les États africains sont eux-mêmes
désintégrés qu'ils empêchent par delà même l'intégration
continentale de l'Union Africaine. En clair, on est en face d'un
phénomène de contagion : l'Union Africaine est désintégrée
parce qu'elle est composée d’États eux-mêmes désintégrés.
On a donc fait de tourner
autour du pot pour éviter de dire la vérité, les vraies causes de
la désintégration continentale en Afrique au Sud du Sahara ne sont
pas multiple, il n'y en a qu'une : LE
POLARISME. En effet, c'est le polarisme structurel qui bloque
l'intégration continentale de l'Afrique noire. Et
ce polarisme structurel africain, on peut l'appréhender en trois
dimensions :
- un polarisme religieux
- un polarisme régional
- un polarisme économique
1)
LE POLARISME RELIGIEUX
En Afrique noire moderne,
la religion apparaît comme un instrument d'intégration pour les
adeptes d'un même culte. A défaut d'un idéal laïc, séculier,
temporel, impersonnel et commun qui rassemble tous les Africains
autour d'un même objectif sacré, le cultuel a fini par prendre le
dessus sur le culturel. Et voilà comment le vide laissé par le
manque de poursuite d'un idéal partagé de tous a été comblé par
les deux religions abrahamiques importées en Afrique que sont le
Christianisme et l'Islam. Le plus malheureux pour les Africains au
Sud au Sahara, c'est que les religions abrahamiques qui sont par
essence des religions de paix, en Afrique, elles ont été
instrumentalisées à des fins politiciennes, ce qui transformes
leurs adeptes respectifs en ennemis jurés, générant entre eux des
conflits rétrogrades et absurdes avec des massacres d'humains à
grande échelle. Ainsi est né, et constitue le phénomène du
bipolarisme religieux en Afrique noire qui consacre une sorte
d'apartheid social à savoir : Chrétiens à part, Musulmans à part.
Autant dire qu'entre Chrétiens et Musulmans en Afrique noire, une
seule possibilité est envisageable : se combattre, s'affronter,
s’entre-tuer. Même comme on est entre sœurs et frères d'un même
village, d'une même ville, d'une même région, d'un même pays,
d'un même continent, à partir du moment où, on n'est pas de la
même religion chrétienne ou de la même religion musulmane, on doit
se faire la guerre. Et que, le simple fait qu'on n'appartienne pas à
la même religion justifie qu'on s'élimine dans la haine.
En tout cas, ce
bipolarisme religieux opposant Chrétiens et Musulmans, l'Afrique
noire le paie durement. Il n'y a qu'à voir les dégâts sur le
terrain. En effet, tout se passe comme si en dehors de la sphère
chrétienne, aucune vie n'était possible pour le Chrétien africain,
de même qu'en dehors de la sphère musulmane, plus rien n'est
possible pour le Musulman africain. On en est arrivé à un tel
niveau d'abrutissement par l'endoctrinement, que l'entendement humain
est mis à mal dans la compréhension des barbaries générées par
ce bipolarisme religieux moyenâgeux.
Et voilà pourquoi,
encore au 21ème siècle, en Afrique noire, la religion passe pour
être un facteur d'intégration, car seule elle arrive à rassembler
les Africains de tous bords, selon qu'ils sont membres d'une même
religion au sein d'un seul groupe auxquels ils s'identifient.
On peut le reconnaître
pourtant, la religion a réussi à éliminer chez certains citoyens,
le traditionnel facteur de rapprochement des peuples que sont la
proximité géographique et l'unicité de la langue. Ainsi,
désormais, les réseaux sociaux de l'Afrique noire ont déserté
le village, le clan, la tribu, la région, la nation même pour se
déployer dans l'église d'une part pour les Chrétiens, et dans la
mosquée d'autre part pour les Musulmans. Et ce bipolarisme
religieux est d'autant plus dommageable à l'Afrique noire qu'il la
réduit aussi bien en nombre d'habitants, considérant les
nombreuses victimes des guerres engendrées sur le continent, qu'en
matière d'unité et de progrès vu qu'un tel bipolarisme religieux
annihile toute possibilité d'unité et d'esprit de groupe.
Qui dira le contraire, au
regard de l'histoire médiévale de l'Europe qui a connu des guerres
de civilisations, des guerres religieuses des plus graves
caractérisées par des croisades à cause de ce bipolarisme
religieux opposant Chrétiens et Musulmans. Ce passé médiéval de
l'Europe couplé de l'actualité africaine sur le bipolarisme
religieux permet d'affirmer que le bipolarisme religieux n'est pas
faction d'intégration à quelque niveau qu'on le situe. Car, qu'il
s'agisse d'un niveau local, régional, national ou continental, le
bipolarisme religieux est facteur de segmentation, de relégation et
donc de désintégration.
2)
LE POLARISME REGIONAL
Comme dit ci-dessus, en
Afrique noire moderne, on peut le dire pour rigoler que le
régionalisme est « l'outil de pilotage de la performance »
en matière d'intégration. Ecn Afrique noire, le régionalisme prend
la forme d'un bipolarisme Nord-Sud.
Ainsi, de même qu'en ce
qui concerne le bipolarisme religieux, le succès du régionalisme en
Afrique noire s'explique par l'inexistence d'un idéal commun en
Afrique noire qui puisse brasser les populations dans un moule unique
aux objectifs communs. Cette absence fondamentale d'un idéal commun
aux Africains au sud du Sahara est assurément la cause nourricière
des deux principaux bipolarismes (le bipolarisme religieux et le
bipolarisme régional) qui minent l'unité africaine et compromettent
gravement l'intégration africaine au sud du Sahara.
S'agissant du bipolarisme
régional, ses effets sont semblables au bipolarisme religieux en
ceci qu'il est lui aussi à la base d'un repli sur soi, lequel repli
sur soi alimente la dislocation sociale et génère des conflits
qualifiés tantôt de tribaux, tantôt d'interethniques.
Tout comme le bipolarisme
religieux qui ne facilite pas la mixité sociale, le bipolarisme
régional restreint gravement l'unité nationale dans les pays
d'Afrique noire, il empêche l'intégration continentale.
Avec le bipolarisme
religieux, le bipolarisme régional constitue un véritable frein à
l'intégration nationale au sein des États africains, et c'est ainsi
que les deux bipolarismes sont un obstacle à l'intégration
économique au niveau continental. Par ailleurs, le bipolarisme
régional est à la base de multiples régressions sociales dans les
pays africains dans la mesure où il alimente le tribalisme, le
népotisme et par delà la vénalité des offices publics. Ainsi, la
promotion des cadres aux fonctions nationales ne se fait pas sur la
base des mérites et des compétences des candidats mais en fonction
de leur appartenance ethnique ou religieuse avec le titulaire de la
souveraineté nationale. Le bipolarisme régional comme son
« collègue » le bipolarisme religieux favorise la
segmentation des sociétés d'Afrique noire qu'ils condamnent à
l'autarcie, au manque d'échanges et de partages entre des sociétés
différentes et donc à l'appauvrissement des sociétés africaines
et tout simplement à l'appauvrissement des pays africains.
A ce niveau aussi,
l'histoire de l'Europe médiévale et du 19ème siècle nous donnera
raison. En effet, au Moyen Âge, avec les concurrences en vue du
contrôle des territoires qu'on peut qualifier de politiques
régionalistes menées les dynasties Capétiennes et celles des
Plantagenêts, l'intégration continentale était dans ce cas
inaccessible. Elle l'était moins au 19ème siècle, ère des
États-nations avec les guerres Napoléoniennes, franco-prusses, et
les deux grandes guerres du début du 20ème siècle. C'est dire que
les politiques régionalistes ne sont pas des instruments fiables
d'intégrations.
Et, nulle part dans le
monde, le bipolarisme religieux et le bipolarisme régional n'ont été
à la base d'une intégration sociale locale, régionale, nationale,
ni même d'un développement économique local ou national. On a
l'exemple de l'Europe au Moyen Âge, divisée et en guerre de
religions qui n'a pu se développer. De même qu'au 19ème siècle,
où, les divisions régionales en États-nations ont été à la base
de graves guerres dont les plus célèbres restent les grandes
guerres qui ont opposé l'Allemagne et la France jusqu'à la première
moitié du 20ème siècle, on vient de le dire ci-dessus.
En définitive, quand
l'on sait que les bipolarismes, qu'ils soient religieux ou régionaux,
sont de grands facteurs d'isolement social, de segmentation sociale,
de désintégration sociale des sociétés humaines et des pays,
peut-on vraiment s'étonner du chaos de désintégration que
connaissent les pays africains en particulier ; et que connaît
le continent africain en général ; lesquels pays africains et
continent africain sont caractérisés par ces deux bipolarismes
majeurs ?
Bien malin qui pourra
répondre.
En effet, les
bipolarismes religieux et régional, principaux facteurs de
désintégration sociale, politique et économique étant les seuls
instruments « d'intégration » dont disposent les pays
africains et leurs citoyens au Sud du Sahara, on comprend aisément
pourquoi à l'ère de la massification sociale et des sociétés
macro-économiques, les pays africains s'appauvrissent parce que
profondément désintégrés, et que le continent africain demeure
sous-développé et que l'intégration continentale semble lui faire
peur tant elle ne constitue pas sa préoccupation première.
Comment pourrait-il en être autrement pour un continent africain,
composé uniquement de pays très désintégrés par les deux
bipolarismes religieux et régional !
- LE POLARISME ECONOMIQUE
En Afrique noire, le
polarisme n'est pas seulement le fait du religieux et du
régionalisme, il atteint la sphère économique, contaminé par le
régionalisme. Tout se passe comme si les Africains au sud du Sahara
avaient peur de se retrouver pour construire une Afrique noire
économiquement et politiquement forte.
L'économie africaine est
elle aussi victime de la segmentation atavique qui gangrène le
continent noir. Du coup, l'économie se conjugue en régions sur tout
le continent. Et c'est ainsi qu'on a :
- La CEDEAO : Communauté Économique de l'Afrique de l'Ouest
- La CEAC : Communauté Économique des États d'Afrique Centrale
- La CEA : Communauté des États d'Afrique de l'Est
- La SADC (en anglais) : Communauté de Développement d'Afrique Australe
Dans le domaine économique aussi, l'Afrique noire est disloquée à cause de l'absence d'un idéal culturel commun qui rassemble les Africains au sud du Sahara autour d'objectifs communs, pour les intégrer dans un grand ensemble, dans le but de leur permettre d'amorcer enfin le développement du continent noir.
Sœurs et frères, après lecture de ces analyses,
nous avons clairement identifié les causes de la désintégration
continentale en Afrique. Tout dépend de nous maintenant.
Si nous le voulons, nous pouvons mettre fin à la
désintégration de notre continent par exemple, en unissant nos
intelligences pour doter notre continent d'un idéal général, à
partir de ses us et coutumes pour nous fédérer autour d'objectifs
communs. C'est ainsi que nous gagnerons à la fois notre combat
contre la désintégration et celui contre le sous-développement.
En l'espèce, une Organisation comme l'UPACEB peut
constituer un rempart.
Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN
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