LA
DIASPORA AFRICAINE : L'AUTRE
VICTIME DU DEFICIT STRUCTUREL EN MATIERE DE VISION GLOBALE DES
POLITIQUES PUBLIQUES VISANT LES PEUPLES AFRO-SUBSAHARIENS
Dans
ma langue maternelle le « Môdjoukrou » au sud de la Côte
d'ivoire, un adage dit, je cite : «c'est
du pays lointain que l'on ramène des trésors aux siens».
Cela veut dire que la richesse des peuples dépend très souvent, et
en grande partie, de l'apport de leurs diasporas.
Historiquement,
cet adage s'est vérifié dans la Grèce antique et il est contenu
dans la notion historico-philosophico-politique de
« Miracle grec »,
laissée à la postérité par Ernest Renan, père de la citoyenneté
française.
Ainsi,
dans la pensée moderne, lorsque l'on évoque la notion de « Miracle
grec »,
cela consiste à désigner les
progrès socio-économiques, les grands bouleversements culturels,
bref, les changements profonds dans le domaine de la pensée survenus
dans la Grèce antique au 5ème siècle Ante Christum
natum.
Autant
d'avancées sociétales et culturelles qui ont fait la grandeur de la
Grèce antique, et qui sont caractérisées par l'émergence des
philosophes présocratiques ;
la construction du Parthénon d'Athènes sans oublier la floraison
d'une œuvre littéraire de grande ampleur.
Mais
le plus intéressant dans cette histoire de transformations sociales
et culturelles de la Grèce antique est le rôle majeur de sa
diaspora.
En
effet, d'après les spécialistes de l'histoire hellénistique, « le
miracle grec »
s'est produit grâce aux Hellénistiques de la diaspora qui ont su
identifier depuis les pays lointains où ils ont séjourné, des
richesses potentiellement utiles à leur pays, qu'ils ont savamment
introduites dans leur pays, les faisant ainsi intégrer au patrimoine
national, pour créer de toute évidence la grandeur de leur nation
en son temps, laquelle grandeur est fondée pour ainsi dire, sur le
multiculturalisme.
Par
la suite, on verra que, des siècles après, les connaissances
multiculturelles ainsi constellées dans des notions philosophiques,
et ce, de la seule initiative de la diaspora hellénistique, et
diffusées dans la Grèce antique pour lui assurer sa grandeur seront
finalement propagées sur l'ensemble du continent européen tout
entier, à telle enseigne que les Européens définissent
aujourd'hui, sans se tromper, que leur civilisation est le condensé
du Christianisme et de la logique grecque.
Qu'en
est-il de la diaspora africaine répandue sur la terre des hommes
aujourd'hui ?
Ce
que l'on peut dire, c'est que d'abord, la diaspora africaine en
dehors de l'Afrique est nombreuse et elle n'arrête pas de grossir.
Ensuite,
si elle est très active à des niveaux nationaux où, elle se fait
remarquer par le flux d'argent qu'elle transfère aux familles, au
plan social et culturel, son apport reste à déplorer, du fait de
son émiettement en associations de villages, associations de tribus,
ou en partis politiques, émiettement qui signe pour de bon sa
pauvreté.
Oui,
au plan socio-culturel, la diaspora africaine est pauvre,
improductive car elle est morcelée alors que c'est dans l'unité
dans la diversité que l'on s'enrichit.
Et
puis, cet émiettement en groupuscules parcellaires empêche la
synergie des forces et des expériences mutuelles nécessaires pour
des projets globaux profitables au continent noir dans un monde de
plus en plus globalisé.
Enfin,
si cet émiettement en associations de villages, associations de
tribus et partis politiques est dommageable aux initiatives
nationales, c'est surtout les actions envisageables à un niveau
continental qui en pâtissent le plus lourdement.
Quelqu'un
me disait récemment, « pour les
Africains, ce qui compte, c'est le village d'abord, et puis la tribu.
Pour ce qui concerne leurs pays et leur continent, ils s'en
moquent. » Quel constat en même temps judicieux et
dramatique !
C'est
au milieu de cette situation d'immobilisme de la diaspora africaine
en matière vision globale des politiques publiques nationales et
continentales que ces dernières années, plusieurs sont des chefs
d’États africains qui appellent leurs diasporas respectives à
retourner dans leurs pays d'origine pour y apporter leur expertise.
Une aubaine pour les différentes diasporas afro-subsahariennes qui
devraient en profiter pour unir leurs expériences et leurs richesses
pour entamer enfin la construction de leurs pays et de leur
continent.
Se
pose alors à un niveau continental, le problème d'une structure qui
puisse aider à coordonner les actions.
En
effet, vers qui s'adresser lorsqu'on est Africain de la diaspora et
qu'on veut être utile à son continent ?
En
général, la diaspora de chaque pays se dirige vers l'ambassade de
son pays lorsqu'il vise à entreprendre une action dans son pays
d'origine. A ce niveau, une autre problématique se pose, celle de la
question des exilés politiques, ne pouvant retourner dans l'immédiat
dans leur pays où ils craignent pour leur vie, à cause de
différents mobiles. Que fait-on de cette catégorie sociale faisant
partie intégrante de la diaspora africaine ?
Ni
dans leurs pays d'exil, ni dans leurs pays de résidence de la
diaspora africaine (Amérique, Asie, Europe, Océanie et Pacifique),
ni même dans les pays d'Afrique, il n'existe aucune représentation
diplomatique africaine à laquelle s'adresser pour des actions
globales au niveau continental. A ce sujet, l'Union Européenne
dispose de chancelleries dans presque tous les pays au monde.
En
ce qui concerne l'Afrique sub-saharienne, aucune structure de ce
type !
Et
pourtant, que les choses seraient faciles si on avait au plan
continental, une grande organisation avec des démembrements dans les
pays africains, américains, (nord et sud), européens,
asiatiques...etc., et qu'est-ce que la diaspora aurait fait pour son
continent !
Par
exemple, dans l'année, certains Africains sur le continent mais
aussi ceux de la diaspora pourraient en cas de besoin aller en
renfort dans les pays en manque de professionnels qualifiés pour
assurer des formations à court, moyen ou long terme ; et
d'autres professionnels y apporter leur expertise pratique dans
différents secteurs (Informatique, technologie, Santé (médecine,
pharmacie), Gestion, Économie, Droit, etc.)
Mais,
que de choses on aurait mis en place au sein de la diaspora pour
enfin sortir notre continent de cette situation de
sous-développement !
Lorsque
je pense par exemple à toutes ces terres africaines qui se bradent à
des non-africains à tour de bras et dont la presse s'en fait l'écho,
les a t-on d'abord proposées à des Africains résidant sur la face
de la terre ? Et comment on peut atteindre ces Africains de la
diaspora sans une structure commune et officielle qui les informe
régulièrement des besoins du continent, des opportunités
d'affaires qui s'offrent à eux, et les invite à faire connaître
leurs besoins et aspirations pour l'essor du continent ?
Je
suis de celles et ceux qui pensent que la diaspora est mûre et prête
à venir au secours de notre continent, mais que l'absence d'une
structure continentale avec des démembrements internationaux pour
coordonner et rendre effectif son déploiement constitue un frein
majeur à ses initiatives.
C'est
aussi l'un des principaux objectifs que vise l'UPACEB (Union des Peuples Africains de Civilisations Ebènes).
Assurément,
l'UPACEB qui porte en elle toute la doctrine systémique du
Panafricanisme n'est pas qu'une organisation culturelle. Elle est
surtout un projet politique de développement sur le continent noir.
Visiter
le lien ci-dessous :
Yéble
Martine-Blanche OGA-POUPIN
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