ILS
ETAIENT NOS PHILOSOPHES DES LUMIERES, MAIS LA MONDIALISATION SOUS SA
FORME ACTUELLE LES A TUES UNE SECONDE FOIS
LA
MONDIALISATION ECONOMICO-CAPITALISTE
LA
BOMBE ATOMIQUE QUI A FOUDROYE LES OBJECTIFS DE LA NEGRITUDE
LE
FUSILLIER MARIN QUI A LAMINE LES ACQUIS DU PANAFRICANISME
L'AMORTISSEUSE
DE LA DYNAMIQUE DES GENERATIONS CHEZ LES PACEB
A
l'avènement de la Négritude au 20ème siècle, les écrivains qui
ont promu ce mouvement ont montré qu'ils n'étaient pas seulement
des nostalgiques d'un passé glorieux africain mais bien qu'ils
inscrivaient l'Afrique et ses peuples dans le futur.
En
effet, en même temps qu'ils pensaient l'Afrique et ses vaillants
peuple au passé, ils les pensaient concomitamment dans le présent
et dans le futur. C'est le lieu d'affirmer que les auteurs de la
Négritude n'étaient pas des écrivains illuminés qui restaient au
niveau des idées, dans une posture contemplative. Au contraire, les
Négritudiens s'enracinaient dans le concret, et ils avaient un
programme que leur action militante et leur œuvre littéraire
mettaient clairement en exergue à savoir, leur lutte contre un monde
trop inégalitaire et trop injuste. Et, devant la complexité du
monde moderne, le leur, mais aussi le nôtre, et face à la menace de
l'uniformisation culturelle palpable dans l’œuvre de la
colonisation avec la politique de la table rase opérée sur les
cultures des colonisés, les auteurs de la Négritude se sont posés
en véritables défenseurs des civilisations ébènes qu'ils ne
voulaient pas voir assimilées dans la civilisation du colonisateur.
Dans la même perspective, et face au péril que constituaient les
velléités hégémoniques d'une culture, - la culture dominante,
celle du colonisateur, et ce, au détriment des autres cultures du
monde, avec pour corollaire, l'appauvrissement culturel du monde, les
auteurs Négritudiens ont surtout contribué à mettre en place, une
nouvelle politique, une nouvelle intelligence pour la compréhension
de leur société mais aussi pour la compréhension du monde. Une
telle stratégie des auteurs négritudiens avait un but :
apporter une âme à l'humanité. En d'autres termes, créer un
humanisme à la fois concret et universel qui puisse concilier le
particulier et l'universel dans la poursuite d'une harmonie entre les
humains. Naturellement, un tel idéal ne pouvait pas se nourrir
d'approches rétrogrades et autarciques, a fortiori de nombrilisme.
En effet, un tel idéal de réconciliation du monde avec lui-même ne
pouvait qu'être global, à la fois tourné vers le passé, mais
aussi vers le présent et surtout l'avenir. Voilà pourquoi les
écrivains de la Négritude comme Amé Césaire par exemple
évoquaient des notions comme « le
dialogue universel »,
« le
rendez-vous du dialogue universel », « le métissage
culturel »...
Par
l'évocation de ces notions, les auteurs de la Négritude pensaient
au siècle qui était le leur, - le 20ème siècle, - mais surtout
ils pensaient au 21ème siècle, le siècle à venir. C'est pour cela
que dans sa mémorable allocution en date de 1971, reprise en 1997,
lors de l'année de la francophonie, Léopold Sédar Senghor pouvait
affirmer, nous le citons : « C’est
un des nôtres, le philosophe Gaston Berger, un métis né à Saint
Louis du Sénégal, à la fin du siècle dernier, qui a fondé
la Prospective,
cette science qui permet d’étudier l’évolution future du monde
pour la prévoir. Celle-ci nous enseigne, essentiellement, que la
civilisation du XXIème siècle sera celle de l’universel, à
laquelle chaque ethnie, chaque nation, pourra apporter sa
contribution. Je dis " pourra ", car il n’est
pas inéluctable que chacun soit, comme l’écrivait Césaire,
" présente au rendez-vous du donner ". Seules y
seront présentes, contribueront à bâtir la Civilisation
de l’Universel et
les nations qui croient avoir un message que nulle autre ne possède
et qui veulent, consciemment, proférer ce message. »
On
le voit bien, tout en évoquant le passé de l'Homme Noir, les
écrivains de la Négritude évoquaient aussi son présent, et ils le
projetaient dans l'avenir. En outre, les auteurs de la Négritude ne
concevaient pas l'Homme Noir comme un sujet atomisé, appelé à
vivre à part. Au contraire, ils l'inscrivaient dans un ensemble,
dynamique, et prospère, celui du monde, celui de l'humanité tout
simplement. Et pour ces auteurs, il ne fait pas de doute, le 21ème
siècle, c'était le siècle du « rendez-vous
du dialogue universel »,
le siècle du « métissage
culturel »,
le siècle « du
donner et du recevoir »,
le siècle où, chaque peuple de la terre irait à la rencontre des
autres peuples avec ce qu'il avait de plus beau dans sa culture, dans
le respect mutuel des uns et des autres, pour la construction d'un
monde fraternel, égalitaire et juste. A travers les expressions
« dialogue
universel »,
« rendez-vous
du dialogue universel »,
« métissage
culturel »,
« rendez-vous
du donner et du recevoir »,
Aimé Césaire et ses pairs Négritudiens désignaient tout
simplement ce que nous appelons aujourd'hui : « la
mondialisation ».
Et pourtant, à voir la mondialisation sous sa forme actuelle, telle
qu'elle se déploie, elle ne présente aucun lien avec les prévisions
des auteurs Négritudiens. Pour s'en convaincre, il suffit pour cela
de voir la définition que donne Sylvie Brunel
( une géographe, économiste et écrivain français
professeur des universités à l'université
Paris IV-Sorbonne) de
la notion de mondialisation lorsqu'elle dit : « La
mondialisation actuelle, ce « processus
géohistorique d’extension progressive du capitalisme à l’échelle
planétaire »,
selon la formule de Laurent Carroué (3),
est à la fois une idéologie – le libéralisme –, une monnaie –
le dollar –, un outil – le capitalisme –, un système politique
– la démocratie –, une langue – l’anglais. »1
Cette
définition très objective de la Mondialisation mérite qu'on s'y
attarde. En effet, nulle part dans cette définition, la notion de
culture n'est mentionnée. De surcroît, aucune mention des peuples
de la terre avec leurs civilisations n'y est perceptible. Et dans
cette définition très réaliste de la mondialisation que fait bien
le Professeur Sylvie Brunel, aucune référence n'est faite aux
notions chères aux Négritudiens et leurs héritiers à savoir « le
rendez-vous du dialogue universel »,
« le rendez-vous
du donner et du recevoir »,
« le
métissage culturel ».
Au
contraire, en lieu et place du pluralisme culturel prophétisé par
les auteurs négritudiens, c'est plutôt à un mono-culturalisme, un
totalitarisme culturel auquel l'on fait face et le Professeur Sylvie
Brunel le met bien en exergue par l'usage qu'elle fait de l'article
indéfini « un »,
décliné entre le masculin et le féminin selon le cas : « une
idéologie »,
« une
monnaie »,
« un
outil »,
« un
système politique »,
« une
langue ».
Au fond, le « métissage
culturel »
rêvé et prophétisé par les auteurs Négritudiens et leurs
héritiers est complètement ignoré par la Mondialisation sous sa
forme actuelle qui se présente à nous comme un véritable système
total. Pareillement, « le
dialogue universel »
annoncé au 21ème siècle par les Négritudiens est seulement devenu
« un
monologue universel »
où seule, la culture dominante s'exprime. Et finalement « le
rendez-vous du dialogue universel »
n'a simplement pas eu lieu. Inutile de mentionner que le Mythe
Fondateur des Peuples Africains de Civilisations du Ébènes, le
Panafricanisme, qui visait l'africanisation, en tout, et pour tout, a
lui aussi mordu la poussière, vu qu'il est relégué lui aussi aux
calendes grecques.
C'est
le lieu de rappeler la littérature africaine du 20ème siècle et
les finalités qu'elle s'est assignées (I), pour relever qu'en fin
de compte, cette littérature africaine reste inachevée « II).
I)
LA LITTERATURE AFRICAINE AU 20ème SIECLE ET SES FINALITES
Pour
comprendre la Littérature Africaine du 20ème siècle et ses
finalités (A), sa mise en parallèle avec les philosophes des
lumières du 18ème siècle s'impose (B)
A)
La littérature négro-africaine du 20ème siècle, Une littérature
marquée par deux générations d'écrivains
Malheureusement,
nous ne pouvons pas évoquer la littérature africaine dans le monde
africain anglophone, hispanophone, lusophone et néerlandophone,
littérature à laquelle nous n'avons accès à cause de la barrière
des langues. Notre réflexion portera donc sur le monde africain
francophone exclusivement, par la prise en compte de la première
génération des écrivains africains au 20ème siècle (1) et de la
deuxième génération des écrivains africains dits écrivains des
indépendances (2).
- La première génération : les Négritudiens, une littérature de combat et d'affirmation des valeurs ébènes
Le
trio formé par Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Léon
Gontran Damas et les autres écrivains à l'origine de la Négritude,
lorsqu'ils ont pris la plume, c'était avant tout pour s'opposer
farouchement à l'ensevelissement des civilisations ébènes par le
mécanisme de la colonisation assimilationniste.
Aimé
Césaire ne dit pas autre chose lorsqu'il affirme :
«La
négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, et
l'acceptation de ce fait, de notre destin de noir, et de notre
culture.»
Son
ami Léopold Sédar Senghor ne le contredit pas lorsqu'il affirme :
"La
négritude est le patrimoine culturel, les valeurs et surtout
l'esprit de la Civilisation négro-africaine ".
A
travers ces deux citations des pères de la Négritude, il est
manifeste qu'être noir n'est pas une affaire de couleur de peau mais
bien une manière d'exister, consistant en des manières de faire,
d'agir, de penser le monde et son environnement social. A ce sujet,
et, dans un article publié sur le site du Lycée Pablo Picasso en
France, un article citant Lilyan Kesteloot dans « Anthologie
négro-africaine » le mentionne bien lorsqu'il dit : «Les
noirs d'Afrique ont créé au cours des siècles des religions, des
sociétés, des littératures et des arts tellement particuliers
qu'on les reconnaît entre toutes les autres civilisations de la
terre. Cette civilisation a marqué de façon indélébile les
manières de penser, de sentir et d'agir des Négro-Africains, elle a
forgé l'âme noire. Ce n'est pas une affaire de race. Ce n'est pas
parce qu'il est noir que l'Africain a telle manière de danser, de
prier, d'aimer, de concevoir le travail, l'autorité, la justice ou
la famille. L'Africain est différent des autres parce qu'il hérite
d'une civilisation différente et de laquelle il réapprend à être
fier. Car on lui a menti en lui enseignant, pour mieux de dominer,
qu'il n'avait qu'une civilisation inférieure ou même pas de
civilisation du tout ! »
C'est
dire que les auteurs de la Négritude menaient avant tout, un combat,
celui de sauver les civilisations ébènes du naufrage de la
colonisation assimilationniste, et ils avaient un but, celui de mener
l'Afrique vers l'indépendance. Ce combat, c'est par la plume qu'ils
l'ont mené, et c'est par les idées qu'ils l'ont remporté.
Cependant, dans les années 1960, lorsque la majorité des pays
africains accèdent à l'indépendance, plutôt que se complaire dans
le triomphe et l'arrogance, les poètes Négritudiens ont trouvé une
autre finalité à leur mouvement : projeter leur action dans le
futur, afin que le 21ème siècle soit véritablement différent des
deux siècles qui l'ont précédé (19ème et 20ème siècles),
lesquels siècles ont promu la supériorité de la race blanche sur
d'autres races, - comme si la race humaine était à concevoir au
pluriel et non au singulier, de même que l'ethnocentrisme. En tout
cas, après avoir gagné la lutte pour l'indépendance des pays
Africains et la sauvegarde des civilisations ébènes menacées de
disparition, les auteurs négritudiens ont engagé une autre
bataille : celle du 21ème siècle qu'ils ont conçu comme
devant être celui du rendrez-vous du dialogue universel et du
métissage culturel, le siècle du « rendez-vous du donner et
du recevoir ». A ce niveau, les écrivains Négritudiens n'ont
fait que planter un nouveau décor, consistant à relever un nouveau
défi, celui de lutter pour l'égalité des civilisations, et de la
concrétisation de l'universalisme culturelle. Ils seront rejoints
par les écrivains de la deuxième génération.
- La deuxième génération : les Écrivains des indépendances, une littérature de consolidation et de veille
Au
moment où apparaissent les écrivains africains dits de la deuxième
génération, plusieurs écrivains négritudiens étaient encore en
vie. Ces écrivains africains de la deuxième génération sont, pour
ne pas donner une liste exhaustive, l'Ivoirien Bernard B Dadié, les
Zairois Mabika Kalanda et V.Y Mudimbe ; les Camerounais Martien
Towa et Njoh Moullé ; le Béninois Stanislas
Adotevi...etc. Ils seront suivis par le groupe du Sénégalais
Ousmane Sembène, le Camerounais Mongo Béti , le Béninois Olympe
Bhêly-Quenun, l'Ivoirien Jean-Marie-Adiaffi, le Congolais
Jean-Pierre Makouta Mbuku, le Camerounais Ferdinand Oyono...etc.
Cette deuxième génération d'écrivains africains se distinguera
des écrivains Négritudiens à deux niveaux :
- au niveau du genre littéraire : si les auteurs Négritudiens étaient des poètes, les écrivains africains de la deuxième génération sont quant à eux des romanciers.
- Si l'oeuvre littéraire des Négritudiens peut être considérée comme descriptive des sociétés ébènes présentées comme idylliques, uniformes et croulant sous le joug du colonialisme, les auteurs de la deuxième génération d'écrivains africains ont une approche analytique des sociétés africaines. Sans renier les traditions africaines défendues par les Négritudiens, les écrivains des indépendances tiennent à révéler le caractère hétéroclite des civilisations ébènes. En cela, l'histoire institutionnelle et politique africaine du 21ème siècle leur donne pleinement raison : entre instabilités politiques récurrentes et fragilités institutionnelles, l'Afrique montre au 21ème siècle, l'image d'un continent profondément désintégré, où, les individus n'ont que deux voies d'intégration possibles : le tribalisme (régionalisme) et la religion. Deux voies d'intégration qui sont au fond, deux facteurs de désintégration à cause des fanatismes, extrémismes et intégrismes qu'elles sont susceptibles d'engendrer.
Malgré
ces deux différences, ces deux générations d'écrivains avaient
une visée commune : la renaissance d'une Afrique désormais
dépouillée de tous oripeaux colonialistes, de tous préjugés qui
rabaisseraient l'Homme Noir. On retiendra surtout des écrivains de
la deuxième génération qu'ils voulaient avant tout consolider
l'oeuvre de la première génération qui a mené la lutte pour les
indépendances des pays africains par l'éveil de la conscience
noire. Du coup, les écrivains de la deuxième génération de la
littérature négro-africaine ont, non seulement consolidé les
acquis des auteurs Négritudiens, mais encore, ils ont assuré une
veille littéraire, pour préserver les acquis négritudiens au sein
des PACEB (Peuples Africains de Civilisations Ébènes). Au même
titre que leurs aînés Négritudiens, les auteurs de la deuxième
génération de la littérature négro-africaine ont conçu le 21ème
siècle comme le siècle qui devait concrétiser l'égalité des
civilisations, le siècle du rendez-vous du dialogue universel. D'où,
les auteurs africains de la période dite des indépendances étaient
de réels critiques des maux qui ravageaient la société africaine
indépendante comme par exemple, la corruption, le népotisme, le
conflit de générations, l'immoralité, la méconnaissance des
droits des femmes et des droits des enfants...etc.
En
effet, ayant pour souci de garantir l'égalité des armes entre
l'Afrique, les Peuples Africains de Civilisations Ébènes et le
reste du monde à l'occasion de ce grand rendez-vous du dialogue
universel et du métissage culturel annoncé par les auteurs
négritudiens, les écrivains africains de la deuxième génération,
de concert avec l'héritage négritudien ont préparé les
consciences ébènes à rentrer dans la nouvelle ère, c'est-à-dire,
dans le nouveau siècle, celui du 21ème siècle, considéré comme
siècle de tous les enjeux, siècle de tous les défis, avec la
fierté de leurs traditions ancestrales, pour les promouvoir sans
complexe mais avec honneur et dignité. Et c'est à ce niveau qu'il
faut établir un parallélisme entre la littérature négro-africaine
du 20ème siècle et le siècle des lumières en France.
B)
Parallélisme entre le 20ème siècle africain et le 18ème siècle
européen
On
ne peut pas comprendre l'oeuvre littéraire négro-africaine du 20ème
siècle et ses finalités sans un rappel de l'oeuvre littéraire des
auteurs de l'Aufklerung et les finalités que ces derniers
poursuivaient.
- le 18ème siècle européen, siècle des lumières
Quatre
questions viennent à l'esprit de quiconque connaît un peu
l'histoire de la France sous l'Ancien Régime, ce sont : sans
les écrivains des lumières, y aurait-il eu la Révolution
Française ? La Monarchie aurait-elle été abolie ? La
république aurait-elle été rendue légale ? Les progrès
scientifiques du 19ème siècle auraient-ils été possibles ?
En
réponse à ces questions, une définition faite du «siècle des
lumières» par une page Wikipédia insinue des réponses :
«Le siècle
des Lumières est
un mouvement intellectuel lancé en Europe au XIIIe siècle
(1715-1789), dont le but était de dépasser l'obscurantisme et
de promouvoir les connaissances.
Des philosophes et
des intellectuels encourageaient
la science par
l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition,
à l’intolérance et
aux abus des Églises et
des États.
Le terme de «Lumières»
a été consacré par l'usage pour rassembler la diversité des
manifestations de cet ensemble d’objets, de courants de pensée ou
de sensibilité et d’acteurs historiques. »
En
effet, sous l'Ancien Régime, la société était fortement
inégalitaire. Fondée sur trois ordres à savoir la Noblesse, le
Clergé et le Tiers-Etat. Dans ce système aux trois ordres, tous les
droits féodaux en grande partie faisaient peser leur poids sur le
Tiers-Etat. Depuis les corvées royales jusqu'à l'impôt, le
Tiers-Etat était était la vache à traire car au nom de la
tripartition fonctionnelle, les tâches étaient bien reparties :
la Noblesse combat, le Clergé prie, et le Tiers-Etat travaille. Du
coup, si la Noblesse et le Clergé bénéficient de l'exemption
fiscale, il n'en est pas ainsi du Tiers-Etat qui lui, subissait la
pression fiscale pour entretenir la Noblesse et le Clergé. La
situation d'immobilisme avait de réelles chances de prospérer et de
s'installer dans la durée pour la simple raison que l'absolutisme
royal était de droit divin. De ce fait, il ne pouvait souffrir
d'aucune contestation puisque venant du Dieu suprême. Et pourtant,
les choses vont changer à une vitesse V. D'abord, les Physiocrates
décriaient le caractère illégal de l'impôt. Plus tard, ils seront
relayés par les Philosophes des Lumières qui éclaireront les
consciences sur la notion du pouvoir (Montesquieu)et la notion du
contrat social (Rousseau) c'est-à-dire du vivre ensemble. Mais
surtout, les philosophes des Lumières feront découvrir à leurs
contemporains, des notions simples qui pourtant constituaient de
véritables découvertes pour l'époque. Ce sont : la raison,
l'individu, la Nature, le bonheur, le progrès, la liberté, la
connaissance, le savoir. Ces notions, enseignées par les
philosophes des lumières ont simplement rendu caduques les droits
féodaux avec le joug des corvées. Mieux, ces notions se sont
transformées dans l'inconscient collectif en droits fondamentaux à
conquérir, et en projets à réaliser. Dans cette perspective, le
lit était fait pour accueillir la Révolution Française, et le
19ème siècle pouvait advenir sans difficultés pour qu'enfin se
déploie la Raison, pour le bonheur, le progrès, la liberté de
l'Individu, dans le respect de la Nature. Il résulte de ce qui
précède que la Révolution Française s'est opérée, et le 19ème
siècle est pour l'Europe le siècle de la Raison et du progrès,
comme l'ont enseigné les Philosophes des Lumières au XVIIIème
siècle. Et voilà pourquoi le 19ème siècle a façonné l'histoire
de l'Europe qu'il a inscrite à jamais dans la modernité, par le
développement culturel et industriel, jusqu’aujourd’hui. Cela
veut dire que sans l'apport des philosophes des lumières au 18ème
siècle, l'Europe ne serait sans doute pas ce qu'elle a été au
19ème siècle, et elle ne serait sans doute pas ce qu'elle est
aujourd'hui, au 21ème siècle. D'où, le cas africain du 20ème
siècle peut-être étudié par l'exemple de l'Europe du 18ème
siècle.
2) Le
20ème siècle africain, siècle du réveil, de la prise de
conscience africaine
Tout
comme le 18ème siècle en Europe, la première moitié du 20ème
siècle africain est marqué par la colonisation mais aussi par
l'apogée du IIIème Reich qui propageait une doctrine raciste et
antisémite. Avant la colonisation, l'Afrique au sud du Sahara avait
été victime de l'esclavage sur plusieurs siècles, ce qui l'avait
dépeuplé de ses bras valides. Ensuite, prenant pour prétexte qu'il
y avait des peuples éclairés (les pays esclavagistes) et des
peuples non éclairés (l'Afrique) qu'il fallait évangéliser à
tout prix, les pays d'Europe mettent en place le dispositif de la
colonisation après s'être partagé l'Afrique à la conférence de
Berlin en 1884. Le régime colonial n'avait d'équivalent dans
l'histoire que le régime féodal où, les droits les plus
élémentaires étaient ignorés. Le joug colonial sur les
populations opprimées était terrible car, comme le dit le proverbe
français, « La
tyrannie la plus dure est celle qui s'exerce au nom des droits les
plus sacrés. »
Ainsi, le système colonial s'apparentait à l'absolutisme royal,
cette forme de régime politique qui se disait initié par Dieu et
qui ne connaissait aucun contre-pouvoir. Autant, le monarque féodal
européen venait de Dieu, pour le bien de son peuple, autant le
colonisateur était l'envoyé de Dieu pour apporter la lumière à
ceux qui vivaient dans l'obscurité. Tous les excès du régime
féodal européen seront repris dans les colonies sans état d'âme.
Par exemple, les corvées royales dans le régime féodal deviennent
les travaux forcés dans les colonies. La pression fiscale chez les
colonisés n'est pas en reste. Pire, le colonisateur entreprendra
l'oeuvre de déshumanisation du colonisé en tentant de lui retirer
ses traditions, ses croyances, bref, ses civilisations pour les
échanger avec les siennes. Dans cette situation, l'urgence
justifiait une contre-offensive pour sauver les Civilisations Ébènes
de disparitions. C'est ainsi que comme les Philosophes des Lumières
en leur temps ont éclairé la conscience de leurs contemporains pour
les pousser à la révolte et à la revendication de leurs droits
fondamentaux, parmi lesquels la connaissance et le savoir, le
Mouvement de la Négritude lui aussi est né. Grâce à la poésie,
ce Mouvement de la Négritude a ouvert l'intelligence aux colonisés
et les a conduits à revendiquer leur identité culturelle, et à
réclamer leur indépendance vis-à-vis du colonisateur. En outre,
les Négritudiens ont inscrit leur mouvement dans la durée, dans la
mesure où, après les indépendances, ils ont eu des héritiers (les
écrivains de la deuxième génération), mais aussi, du fait de
leurs prévisions pour le 21ème siècle qu'ils envisageaient pour
être le siècle du rendez-vous du dialogue universel, celui du
métissage culturel.
Cependant,
à voir la réalité qui prévaut au 21ème siècle sous couvert de
la Mondialisation, on réalise que la Littérature Négro-africaine
du 20ème siècle est une littérature inachevée.
II)
LA LITTERATURE AFRICAINE DU 20ème SIECLE, UNE LITTERATURE INACHEVEE
AYANT MANQUE SA CIBLE
La
littérature négro-africaine du 20ème siècle n'a pas produit les
effets escomptés au 21ème siècle comme ce fut le cas du siècle
des lumières sur le 19ème siècle (A) et en cela, l'Afrique a été
abusée, et les Peuples Africains de Civilisations Ébènes flouées
(B)
A)
Comparaison entre le 19ème siècle Européen et le 21ème siècle
Africain
En
comparant le 19ème siècle qui a suivi le 18ème siècle en Europe,
on voit bien que l'oeuvre des philosophes des lumières n'a pas été
fortuite (1), mais à voir le 21ème siècle tel que prédit par les
Négritudiens et leurs héritiers, c'est le désenchantement total
(2)
- Le 19ème siècle progressiste Européen, fruit des entrailles du 18ème siècle européen
Le
siècle des lumières a insufflé à ses contemporains des notions
qui sont devenues des droits fondamentaux à défendre et à faire
fructifier. Ce sont, la Raison, l'Individu, le Progrès, le Bonheur,
la Nature, la Connaissance, le Savoir...etc.
Toutes
ces notions transformées en projets de vie ont entièrement été
réalisées. C'est au 19ème siècle qu'est né le Code Civil (1804)
français qui a fixé les droits des individus dans la société.
Toujours au 19ème siècle, on a vu naître un code pénal (le code
de sciences criminelles en 1816) qui a défini le principe de la
légalité des délits et des peines pour en finir avec l’arbitraire
dans le système juridique. Dans le domaine de la santé, c'est au
19ème siècle qu'est née la notion d'hygiène publique devenue de
nos jours « la santé publique ». La Raison découverte
au 18ème siècle grâce aux Philosophes des Lumières mise en avant,
de nouvelles sciences humaines ont vu le jour pour expliquer les
faits sociaux de façon rationnelle et non plus par le truchement de
la superstition. De nouvelles disciplines vont apparaître comme par
exemple, la sociologie, l’anthropologie, l'ethnologie, la
psychologie, l’École de Tubigen avec la Méthode
Historico-critique...etc.
C'est
donc à juste titre qu'en sa qualité de fondateur du positivisme,
Auguste Compte peut énoncer sa fameuse loi des des trois États en
disant qu'après l’État Théologique caractérisé par le
fétichisme, le polythéisme et le monothéisme, puis l’État
Métaphysique, le 19ème siècle inaugurait sous sa direction l’État
scientifique ! Au 19ème siècle, et grâce la Raison,
surviennent la révolution industrielle, la révolution culturelle,
le renforcement des droits et libertés comme par exemple la liberté
de la presse, l'avènement du parlementarisme,...etc. On n'oubliera
pas de mentionner les Institutions publiques napoléoniennes dans les
domaines politiques, administratifs, financiers, judiciaires, du
19ème siècle encore opérationnelles au 21ème siècles !
Bref,
on ne peut pas dresser une liste exhaustive des progrès réalisés
par l'Europe au 19ème, suite au travail littéraire de
conscientisation effectuée par les philosophes des lumières au
XVIIIème siècle.
En
ce qui concerne le 21ème siècle tel que projeté par les
Négritudiens et leurs héritiers au 20ème siècle, il a été
englouti par la marée trop haute de la mondialisation
économico-capitaliste.
- La mondialisation économico-capitaliste, la grande faucheuse des acquis négritudiens du 20ème siècle africain
Au
fond, les Négritudiens et les auteurs des indépendances n'avaient
prévu pour le 21ème siècle qu'un seul scénario : le dialogue
universel, le métissage culturel, le rendez-vous du donner et du
recevoir, basés sur la prise en compte de toutes les civilisations
du monde sur le même pied d'égalité. C'était sans compter avec le
caractère totalitaire de la Mondialisation sous sa forme actuelle
que décrit bien le Professeur Sylvie Brunel. Une Mondialisation
véhiculant une système total dans l'absolu, à telle enseigne qu'il
n'existe de place pour une quelconque culture pour se déployer aux
côtés de la culture dominante. Et pourtant, la vision des
Négritudiens concernant le 21ème siècle était sans équivoque
ainsi que Sédar Senghor le mentionne bien : « Ainsi,
la Négritude de demain fera la synthèse de cette civilisation
ancestrale et des apports étrangers, particulièrement scientifique
et technique, qui permettra à l'Afrique de s'adapter au monde
moderne. »
En
lieu et place du dialogue des cultures prophétisé par le
Négritudiens et leurs héritiers, c'est plutôt l'économie
capitaliste qui a pris les rennes du pouvoir au 21ème siècle. Plus
aucune mention des civilisations à travers le monde n'est faite. La
culture est ainsi reléguée aux calendes grecques surtout pour ce
qui concerne les Peuples Africains de civilisations ébènes. Les
Négritudiens les ont préparés au rendez-vous du dialogue
universel, du métissage culturel, au rendez-vous du donner et du
recevoir. Mais voilà que les pro-mondialistes leur ont donné
l'économie, comme pour les distraire de poursuivre leur but, comme
pour anéantir l'effort des Négritudiens et leurs héritiers, les
écrivains des indépendances.
Là
où les Peuples Africains de Civilisations deviennent complètement
ridicules, c'est que toute l'Afrique est à feu et sang avec pour
enjeu, la bataille pour le contrôle des matières premières et non
pour la promotion des civilisations ébènes !
En
effet, au 21ème siècle, les Africains de Civilisations Ébènes ont
a oublié le défi de la culture, ils ont oublié l'essentiel du
mouvement de la Négritude et de ses héritiers. A travers tout le
continent africain au sud du Sahara, un seul sujet est dans les
bouches : l'économie africaine. Et parlant de cette économie
africaine, d'après ce que la presse nous transmet, elle concerne
« la pauvreté des Africains », « le
sous-développement du continent africain », «le pillage des
matières premières en Afrique », « les taux de
croissance dans les pays africains »...etc. Tels sont les
sujets qui préoccupent les Africains et leurs farceurs (les
promoteurs de la Mondialisation économico-capitaliste) au 21ème
siècle.
Et
voilà comment, en mettant l'économie capitaliste au centre de la
mondialisation, on a distrait l'Afrique et les Civilisations Ébènes
en leur faisant perdre de vue, l'essentiel de ce qui devait
constituer leur préoccupation au 21ème siècle : la promotion
de leurs civilisations.
B)
L'Afrique de nouveau abusée, les Peuples Africains de Civilisations
Ébènes flouées
En
mettant l'accent sur l'économie dans le processus de la
mondialisation et en plaçant le capitalisme au cœur cette
mondialisation, les initiateurs de ce système géopolitique
n'agissaient pas par hasard. En effet, ils savaient que les
Négritudiens et leurs héritiers avaient préparé les Peuples
Africains de Civilisations Ébènes à engager, et à gagner la
bataille du dialogue des civilisations. Par ailleurs, les promoteurs
de ce nouveau paradigme qu'est la mondialisation savaient
pertinemment que les Peuples Africains de Civilisations Ébènes
étaient préparés, mieux que quiconque à répondre qualitativement
à ce rendez-vous du dialogue universel. Le souci des promoteurs de
la Mondialisation sous sa forme actuelle n'était pas donc de savoir
qui l'emporterait mais plutôt comment faire, pour que les Peuples
Africains de Civilisations soient les éternels perdants. La réponse,
ils l'ont trouvée : vider le contenant de son contenu,
c'est-à-dire, enlever à la Mondialisation (le dialogue Universel)
son but primordial (le métissage culturel) pour le remplacer par le
« pognon ».
En
effet, les promoteurs de la Mondialisation qui ne sont rien d'autres
que les anciens colonisateurs des Peuples Africains de Civilisations
Ébènes connaissent bien les Africains pour les avoir colonisés.
Ils savent où se trouve la faiblesse des Africains : dans le
pognon !
Ils
savent que les Africains ont une passion maladive pour l'argent.
Mettre le pognon au cœur de la Mondialisation, c'était assurément
distraire l'Afrique et l'empêcher ainsi de poursuivre son but, celui
que lui ont assigné la Négritude et ses héritiers à savoir,
la défense et la promotion de ses civilisations, au rendez-vous du
dialogue universel. C'est ce qui fut. Ainsi gagnèrent les farceurs !
C'est
ainsi que la Mondialisation économico-capitaliste a tué pour une
seconde fois, les poètes Négritudiens, c'est-à-dire, les
Philosophes des Lumières des Peuples Africains de Civilisations
Ébènes.
Et
voilà comment en réussissant à asphyxier la prophétie des poètes
Négritudiens sur le dialogue universel au 21ème siècle, la
Mondialisation sous sa forme actuelle qui promeut l'économie seule,
au détriment des cultures, est devenue à la fois la bombe atomique
qui a foudroyé les travaux de la Négritude, le fusiller marin qui a
laminé le Panafricanisme et l'amortisseuse de la dynamique des
générations chez les Peuples Africains de Civilisations Ébènes
(PACE).
En
effet, les générations des PACEB qui avaient pour rôle de faire
fructifier l'oeuvre de la Négritude pour répondre présentes au
rendez-vous du dialogue universel ont jeté l'éponge, préoccupées
qu'elles sont par les questions économiques, plutôt que par la
promotion des leur culture, de leurs civilisations.
En
un mot comme en mille, au 21ème siècle, et par une prétendue
mondialisation, c'est plutôt l'abus de l'Afrique qui a été
perpétré, en douceur, en catimini. Car véritablement, en lieu et
place de la mondialisation, c'est l'Afrique qui est abusée, et les
peuples Africains de Civilisations Ébènes qui sont flouées !
Il
ne reste plus qu'une chose à faire pour les Africains de
Civilisations Ébènes, c'est-à-dire, ce qu'ils savent le mieux
faire : déployer leur originel argumentaire fondé sur le
discours victimaire.
Sans
l'UPACEB bien sûr !
En
effet, l'UPACEB agira pour qu'ait lieu, le rendez-vous du dialogue
universel, comme promis par les philosophes des lumières africains
du 20ème siècle, c'est-à-dire les Négritudiens et leurs
héritiers.
Yéble
Martine-Blanche OGA épouse POUPIN
1Sylvie
Brunel, « Qu'est-ce la mondialisation ? » in
Sciences Humaines, 6 juillet 2015
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