FACE
A L’ÉPINEUX PROBLEME DE LA FUITE DES CERVEAUX EN AFRIQUE
DEUX
SOLUTIONS EFFICACES : L'UPACEB ET LE
PASSEPORT ÉBÈNE
Depuis
quelques années, on entend dire que l'Afrique est victime du
phénomène de «la
fuite des cerveaux»,
jargon employé plutôt par les sociologues, mais aussi jargon qui
prend différentes appellations selon les disciplines, les langues et
les pays. Par exemple, pour les économistes, «la
fuite des cerveaux»
est tout simplement «la
fuite du capital humain».
En langue anglaise, on évoque le «Brain
drain».
Au Québec, l'on parle de «l'exode
des cerveaux».
Quoiqu'il
en soit, et quelque soit l'appellation retenue, sachons seulement que
«la
fuite des cerveaux»
signifie le fait qu'une main d’œuvre qualifiée ou très qualifiée
d'un pays donné choisisse de s'installer dans un autre pays, et
mette à la disposition de ce pays étranger, ses compétences, en
vue d'une meilleure rémunération et de meilleures conditions de
vie.
Il
est intéressant de rappeler que si dans les années 1960,
ce phénomène de la «fuite
des cerveaux»
concernait l'Angleterre, où, de grands scientifiques Britanniques
ont choisi de s'installer aux États Unis, à partir des années
1990-2000, c'est sur le continent africain que le phénomène de «la
fuite des cerveaux»
est devenu récurrent, ce qui fait couler encore beaucoup d'encre. A
juste titre.
En
effet, comment comprendre que le continent qui compte 80%
d'analphabètes dans sa population globale ; et qui devrait pour cela
conserver sa main d’œuvre qualifiée ; soit celui-là même qui
alimente en grand nombre, et de ses professionnels, le phénomène de
«la
fuite des cerveaux»?
L'étude
de cette question permet de découvrir que si au départ, on a pu
légitimement attribuer les causes de «la
fuite des cerveaux»
en Afrique à une pauvreté initialement conjoncturelle mais qui a
fini par devenir structurelle, il n'en demeure pas moins que la
«fuite
des cerveaux»
en Afrique a des causes profondes (I), de même qu'il existe des
solutions pour y remédier (II).
I)
LES CAUSES PROFONDES DE LA FUITE DES CERVEAUX EN AFRIQUE
La
«fuite des cerveaux» en Afrique a une explication naturelle,
laquelle trouve ses origines dans la mobilité (A). Mais, en même
temps, «la fuite des cerveaux» en Afrique est motivée par des
causes intellectuelles à savoir les obligations législatives des
pays d'accueil (B).
A)
Les causes naturelles de «la fuite des cerveaux» en Afrique : la
mobilité
Par
les termes «causes naturelles», il faut comprendre les causes
indépendantes
de la volonté humaine, lesquelles expliquent le phénomène de la
fuite des cerveaux en Afrique au sud du Sahara. En effet, de tout
temps, les êtres humains sont inscrits dans la mobilité car elle
constitue le moyen leur permettant de se déployer, de se mouvoir, de
se déplacer, de sortir de leur train-train quotidien. Aussi banal
que cela puisse paraître, le mouvement voire la mobilité est un
fait instinctif propre au genre humain en générale, et au règne
animal en particulier.
Par
ailleurs, grâce à leur mobilité, les humains peuvent s'accomplir,
en se créant des richesses, et ce, dans la distance ou dans la
proximité, et c'est ainsi qu'ils œuvrent pour la recherche des
biens de consommation qui leur garantissent le développement mais
aussi la survie.
Encore
faut-il le rappeler, la mobilité n'est pas un concept nouveau. C'est
ainsi que partant de nos ancêtres nomades sans domicile fixe qui
erraient dans la nature, vivant de chasse et des cueillettes, jusqu'à
ceux ayant découvert la vie sédentaire à l'origine de nos sociétés
modernes, la mobilité a toujours fait partie de la vie humaine. Plus
précisément, dans nos sociétés modernes sédentarisées, et
surtout avec le développement des moyens de locomotions, la mobilité
des êtres humains n'a fait que s'amplifier, se densifier. Par
ailleurs, avec la massification sociale, nourrie de la mondialisation
au 21ème siècle, la mobilité est devenue un concept massif, avec
un effet de mode. En témoigne le déplacement de nombreuses
populations fuyant tantôt des guerres, tantôt la pauvreté et la
famine, tantôt des catastrophes naturelles, tantôt des
épidémies,...etc., faisant penser à des flux migratoires. Et ces
flux migratoires ont lieu parfois sur un plan local, parfois aussi à
un plan national, mais dans certains cas, ils prennent une dimension
internationale, voire transcontinentale. Pour s'en convaincre, il
suffit d'observer ce qui se passe en Méditerranée et dans le bassin
calésien.
De
ce qui précède, une remarque s'impose : c'est que, les agents
engagés dans la mobilité, c'est-à-dire, ces humains qui bougent
sans cesse - n'ont pas forcément pour vocation de tout quitter et
tout abandonner du jour au lendemain, - en laissant tout sur place,
pour se déporter ailleurs, et ne plus jamais revenir vers leurs
origines. Loin de là !
Au
contraire, chacun veut bouger, juste pour aller travailler, produire
des ressources pour s'assurer une vie confortable, et améliorer son
existence. En effet, comme dit ci-haut, le but de la mobilité depuis
la nuit des temps est de permettre aux humains de se déployer pour
s'investir dans des activités génératrices de ressources qui leur
garantissent le développement mais aussi la survie.
Par
exemple, partout dans le monde y compris en Afrique, dans les
campagnes, tous les matins, les paysans se lèvent, vont à la pêche
pour certains, labourer et cultiver des champs pour d'autres,
récolter pour certains, aller vendre les fruits de récoltes et de
pêches sur les marchés pour d'autres, les élèves, apprentis et
étudiants quant à eux prennent le chemin des lieux de leur
formation...etc. Donc, partout dans le monde, tous les jours
ouvrables, on note un mouvement centrifuge qui va des campagnes et
villages (centres de vie) aux différents lieux d'activités
professionnelles. Mais, au crépuscule, un dynamisme inverse s'opère,
en ceci que l'on note un mouvement centripète qui fait partir tout
le monde des différents lieux de leurs activités professionnelles
ou de leurs lieux de formation vers les campagnes et villages
(centres de vie) ; dans l'attente du lendemain et des jours suivants
où la mobilité reprendra le dessus.
Pareillement,
dans les villes, à travers le monde, tous les jours ouvrables, les
citadins quittent le domicile tous les matins, les uns pour les
bureaux, les autres pour les usines, certains pour les lieux de
commerces, les autres pour les centres d'études et de
formation...etc. Mais, en fin de journée, tous regagnent le
domicile. Quoi de plus normal !
Ce
qu'il faut donc retenir, c'est que, qu'il s'agisse de déplacements
internes dans un même pays, ou de déplacements externes entre
différents pays, ou entre différents continents, les agents ne
recherchent qu'un mieux être en allant ailleurs ; et nul n'a en tête
de quitter définitivement sa patrie, son lieu de naissance, ses
souvenirs d'enfance, surtout que l'abandon de ses origines génère
toujours de l'inconfort au travers du déracinement, du dépaysement,
lesquels peuvent devenir des cauchemars, constitutifs de traumatismes
dans des bien des cas.
On
l'aura compris, quelque soit l'éloignement de son lieu de son
travail ou de formation, et quelque soit le pays lointain choisi pour
la création de ses richesses, chacun ne nourrit qu'un espoir :
revenir chez lui, sur la terre de ses ancêtres.
Toutefois,
cet espoir de revenir vers ses origines, après un séjour dans des
pays lointains, aussi banal qu'il puisse paraître est en l'état
actuel, pour plusieurs Africains, un trop grand luxe qui s'apparente
même à un leurre. Au fond, pour les Africains du 20ème et 21ème
siècle qui migrent en Occident, le voyage d'aventure se transforme
très vite en voyage sans retour, pris au piège qu'ils sont dans des
corsets de réglementations dissuasives. C'est ce qu'il convient
d'appeler «les
causes intellectuelles de la fuite des cerveaux»
en Afrique.
B)
Les causes intellectuelles de «la fuite des cerveaux» en Afrique :
le verrou législatif des pays d'accueil
A
l'inverse des causes naturelles et indépendantes de la volonté
humaine, lesquelles incitent les humains à la mobilité et par delà
à l'immigration, il existe des «causes intellectuelles» qui elles,
dépendent de la volonté humaine, en tant qu'elles sont le fruit de
leur esprit, et qui favorisent «la
fuite des cerveaux»
en Afrique. Ces dernières causes proviennent en grande partie des
lois sur l'immigration, en vigueur dans les pays d'accueil des
immigrés Africains, principalement, les pays d'Europe, première
terre d'accueil des immigrés Africains.
En
effet, à voir de près, du moins pour ce que je sais, toutes les
lois sur l'immigration dans les pays européens mettent à la charge
des immigrés, et ceci, en fonction de leurs catégories, des
obligations, qui, selon leur caractère peuvent soit, confiner les
immigrés dans la clandestinité pour cause d'illégalité (cas des
sans-papiers) (1), soit, les contraindre à renier leur nationalité
d'origine en vertu du principe de non-cumul des nationalités (2).
1)
La clandestinité pour cause d'immigration illégale : un motif de la
«fuite des cerveaux»
Comme
l'indique bien le titre, l'immigration illégale revoit au cas de
l'immigré qui ne remplit pas les conditions d'un séjour régulier
dans son pays d'accueil. Devenu sans-papiers, ce type d'immigré vit
en clandestinité par peur d'un rapatriement dans son pays d'origine.
Cette situation qui peut s'étaler dans la durée constitue un frein
à son retour au pays d'origine et en l'espèce, elle est un motif
favorisant la «fuite des cerveaux» vu que l'immigré clandestin ne
peut retourner dans son pays d'origine lui prive de son expertise.
C'est
le lieu d'apporter un éclaircissement sur la typologie d'immigrés
clandestins en occident en provenance d'Afrique sub-saharienne.
Généralement,
lorsque l'on parle d'immigrés Africains, tout de suite, on pense à
un spécimen, c'est-à-dire, aux travailleurs précaires ou autres
chômeurs en difficultés ; ce regard péjoratif devient très vite
un stigmate qui colle à la peau de tous les immigrés, et qui
consiste à penser que tous sont analphabètes, illettrés et
sous-diplômés, d'où ils sont incapables de constituer une main
d'oeuvre qualifiée. D'emblée, que celles et ceux qui pensent ainsi
se ravisent.
En
effet, si la première vague d'immigrés venue d'Afrique
subsaharienne en Europe dans la première moitié du 20ème siècle
et le début de la moitié du même siècle était constituée en
grande partie de personnes sans instruction, majoritairement venues
pour travailler dans le secteur primaire pour les unes, et le secteur
secondaire pour les autres en vue de la reconstruction des pays
européens après-guerre, il n'en est pas ainsi des immigrés
Africains venus en France vers la fin du 20ème siècle et en ce
début du 21ème siècle.
Le
disant, reconnaissons que nous disposons pas de de statistiques pour
soutenir nos assertions. Cependant, force est de constater qu'à la
fin du 20ème siècle et au début du 21ème siècle, les Africains
qui migrent vers l'occident sont en général des diplômés. Ce qui
veut dire que dans la masse des immigrés clandestins originaire
d'Afrique subsaharienne, se trouvent un grand nombre de
professionnels qualifiés. A commencer par ceux qui viennent étudier
légalement et ne retournent plus dans leurs pays d'origine après
leurs études, et ceux qui passent par les filières clandestines
comme par exemple les candidats à la traversée maritime dans des
bateaux de fortunes. Une chose intéressante à laquelle on ne songe
pas, serait que l'on essaie de faire une évaluation sur le niveau
d'instruction des rescapés et autres naufragés en mer Méditerranée.
L'on découvrira que parmi cette population complètement paumée et
désemparée se trouvent des intellectuels africains de haut niveau,
titulaires de BTS, de Licence, de Master, de Doctorat...etc.
En
plus, lorsque l'on prend les anciens étudiants d'origine africaine,
c'est-à-dire, ces diplômés qui, à la fin de leurs études ne
veulent pas retourner dans leur pays d'origine, bien qu'ils ne
justifient plus d'aucune raison valable pour prolonger leur séjour
en Europe, ce qui les fait entrer en clandestinité, et, en ajoutant
à ces derniers, les diplômés Africains qui empruntent la voie de
l'immigration clandestine, le bilan en ressources humaines mais aussi
en coût et avantage est lourd, très lourd pour l'Afrique, les
pertes et profits pouvant se chiffrer en milliards d'Euros...
Curieusement,
cette population d'immigrés Africains clandestins «à la tête
chargée» est celle qui agrémente bien le phénomène de «la
fuite des cerveaux».
Malédiction pour l'Afrique ? Bénédiction pour les pays d'accueil ?
A chacun d'en juger.
On
pourra retenir seulement que les lois sur l'immigration dans les pays
occidentaux qui favorisent la clandestinité des immigrés illégaux,
lesquels ne disposent pas du droit à la libre circulation, voire du
droit d'aller et venir, sont en soi, des lois qui nourrissent «la
fuite des cerveaux»
en Afrique.
Dans
ce chapitre, il convient de ranger le cas des lois faisant obstacle
au bénéfice de la double-nationalité.
2)
Le principe de non-cumul des nationalités : un facteur d'aggravation
de «la fuite des cerveaux»
Dans
les pays européens qui pratiquent le droit du sol, les enfants
d'immigrés qui naissent sur le territoire européen ont droit à la
nationalité du pays de leur naissance. Dans certains cas, leurs
parents bénéficient de cette nationalité par ricochet.
Par
ailleurs, par le mariage mixte, il est possible pour des immigrés
Africains d'obtenir la nationalité de leur conjointe, de leur
conjoint. En outre, selon la qualité d'un immigré et ses services
rendus à un État européen, celui-ci peut voir ses mérites
couronnés en se voyant octroyer la nationalité du pays européen
qu'il a servi. C'est dire que pour diverses raisons, un immigré peut
obtenir la nationalité de son pays d'accueil.
Mais,
cette possibilité de naturalisation est assortie en général d'une
mesure contraignante redoutable qui est le principe de non-cumul des
nationalités. Ce principe de non-cumul de nationalités signifie
qu'il est impossible pour une personne de revendiquer à la fois sa
nationalité d'origine et la nouvelle nationalité qu'il a acquise
dans son pays d'accueil. Il se trouve qu'entre pays pays européens,
entre pays occidentaux, la double nationalité ne pose aucun problème
et que les nationalités se cumulent aisément en double, en triple,
...en quintuple, bref, à l'infini, tant que c'est au sein des pays
européens ou des pays occidentaux.
C'est
avec les pays africains que ce principe de non-cumul des nationalités
produit ses effets les plus accablants. Cela veut dire qu'il est
difficile d'avoir la nationalité d'un pays africain, et la garder en
même temps qu'une autre nationalité d'un pays européen.
Du
coup, sauf peut-être dans quelques rares cas que j'ignore encore, il
est quasiment impossible pour un immigré Africain d'avoir une double
nationalité dans un pays européen car dans leur majorité, la
nationalité d'un pays africain se couple rarement, ou jamais, avec
la nationalité d'un pays européen ou d'un pays occidental. Et ce
principe de non-cumul des nationalités a valeur législative.
Inutile de le répéter, ce verrou de non-cumul des nationalités est
d'autant plus ravageur pour le continent africain qu'il constitue un
grand facteur d'aggravation du fléau de la fuite des cerveaux en
Afrique. En effet, qu'il s'agisse des enfants africains nés en
Europe et naturalisés au nom du droit du sol, ou qu'il s'agisse des
Africains naturalisés par la voie matrimoniale, ou tout simplement
des Africains dont les mérites ont été couronnés par la
naturalisation, les victimes du principe du non-cumul de nationalités
entre les pays européens et les pays africains se comptent par des
dizaines de milliers. Et, au sein d'elles, des compétences qui
auraient pu servir à l'Afrique, mais qui sont tout simplement
gâchées pour la simple raison qu'elles sont soumises à la Fatwa du
non-cumul des nationalités. Ce faisant, elles ne peuvent pas se
rendre dans leur pays d'origine, même pour un bref séjour, sans
l'obtention d'un visa ; non plus, elles ne peuvent y exercer des
fonctions régaliennes depuis leur pays d'accueil, et il est exclu
qu'elles envisagent de s'établir durablement dans leur pays
d'origine pour quelque activité que ce soit auquel cas elles
compromettraient gravement leurs droits sociaux dans leur pays
d'accueil en Europe. Cela donne des frissons d'y penser, et en parler
fait verser des larmes car, du jour au lendemain, un Africain qui
obtient la nationalité d'un pays européen est condamné à tout
renier : ses origines, son histoire, son pays, bref, son âme.
Ce qui fait mal, c'est que, sans être à l'ère du commerce
triangulaire, on assiste à un autre «voyage sans retour» de
l'Africain qui se naturalise. Quelle cruauté !
Quand
on l'ignore, on vit heureux. Mais quand on en prend conscience,
croyez-moi, on saigne du cœur.
Le
plus dur encore, c'est qu'en voyant de près, dans les pays d'accueil
d'Europe, toutes ces compétences africaines privées désormais de
l'Afrique par la voie de la naturalisation ne sont pas si
rentabilisées, encore moins rendues si opérationnelles que çà.
En effet, elles constituent la catégorie la plus frappée par le
chômage, et elle fait partie des immigrés les plus précaires. Si
les immigrés Africains en Europe évoluant dans le secteur primaire
ont plus de chance de trouver un emploi, il n'en est pas ainsi des
immigrés Africains plus ou moins diplômés pour œuvrer dans le
secteur tertiaire. Ils sont nombreux à botter en touche, à raser
les murs pour décrocher un intérim ici, un CDD (Contrat à Durée
Déterminée) par là, et rien du tout pour certains. Et voilà
pourquoi, las d'attendre une profession de leur niveau d'études qui
n'arrivent pas, et face aux factures des charges familiales qui
s'accumulent, des immigrés Africains hyper diplômés en Europe se
résolvent à se rabattre dans le secteur primaire.
On
peut continuer à rallonger la liste des déboires des diplômés
Africains qui immigrent en Europe sans rien changer. En effet, que
cette liste de déboires soit courte ou longue, la réalité ne
trouve pas pour autant impactée. Et cette réalité, c'est la «fuite
des cerveaux» en Afrique.
Eh!
Oui! Le principe du non-cumul des nationalités qui vicie gravement
le partage des compétences de la diaspora africaine avec l'Afrique
est aussi, et sans surprise, le principe qui vivifie «la
fuite des cerveaux»
en Afrique.
Là
où il y a un véritable paradoxe, c'est que si pour les Africains
issus de l'immigration de la fin du 20ème siècle et du début du
21ème siècle, la naturalisation est un choix, il existe d'autres
Africains pour lesquelles la naturalisation et ses obligations
législatives trop pesantes comme par exemple la règle de non-cumul
de nationalité ont été imposées : il s'agit des Africains
déportés au moment de l'esclavage et de leurs descendants. Ils
vivaient tranquillement dans les villages africains. Ils n'avaient
souhaité ni de près, ni loin partir en immigration. Et pourtant, du
jour au lendemain, ils se sont retrouvés dans des bateaux, déportés
loin de chez eux, pour un voyage sans retour.
Là
où le bat blesse, c'est que même des siècles après, l'Afrique n'a
engagé aucune politique pour les rapprocher de leurs terres natales.
Quelle lâcheté ! Et quelle démission !
S'agit-il
d'une négligence ou d'un oubli ? L'indifférence serait-elle à
évoque ?
Selon
la réponse à ces questions, la cruauté pourrait tout simplement
être retenue.
Un
espoir peut-être : face à ce tableau sombre, des solutions
existent....
II)
SOLUTIONS AU FLEAU DE LA FUITE DES CERVEAUX EN AFRIQUE :
L'UPACEB
ET LE PASSEPORT EBENE
Le
Continent africain ne peut pas empêcher la mobilité de ses citoyens
car la mobilité est un phénomène propre à la bipédie dont les
hommes sont dotés, voire doués.
Rien
ne sert donc d'envisager des politiques visant à freiner la
mobilité. Non seulement de telles politiques seraient vaines, elles
ne serviraient à rien, mais encore, elles seraient attentatoires au
droit de la libre circulation. Face à «la fuite des cerveaux», des
techniques adéquates existent, pour s’accommoder à cette mobilité
de plus en plus grandissante, prépondérante voire prégnante au
21ème siècle. Parmi ces techniques, l'UPACEB (A) et le Passeport
Ébène (B).
A)
L'UPACEB : un instrument de lutte contre la fuite des cerveaux
en Afrique
L'UPACEB
(l'Union des Peuples Africains de Civilisations Ébènes) telle que
projetée est une organisation supra-nationale, continentale et
internationale. Si l'on tient compte de son objectif premier qui est
de réunir sur une base culturelle les Peuples Africains au sud du
Sahara avec ses diasporas, on réalise qu'en grande partie, l'UPACEB
repose géographiquement sur l'ancien «Grand
Triangle»,
hier, à l'origine du commerce triangulaire, et aujourd'hui, à la
base de l'immigration, et qui regroupe les trois continents à savoir
:
l'Europe, l'Afrique et l'Amérique.
Autant
dire que la superficie de cette organisation en perspective qu'est
l'UPACEB suffit à elle seule à éradiquer le fléau de «la
fuite des cerveaux»
en ceci que le citoyen Africain qui choisit d'immigrer en Amérique
ou en Europe est dans un espace qui le lie forcément à l'Afrique :
il s'agit de l'Espace
Afro-ébène.
Mieux,
les descendants d'Africains déportés n'ont plus à démontrer leurs
origines africaines, ils seraient dans un espace africain, par
l'entremise de la culture. Au sein de l'UPACEB.
En
outre, ils participeront de plein droit aux activités de leur choix
en Afrique, depuis leurs pays de résidence.
Cela
veut dire que si le projet de l'UPACEB était réalisé, quelque soit
le lieu de résidence de tout Africain sur la surface du «Grand
Triangle» et
en fonction de ses compétences, il peut être mis à la disposition
du continent africain, ou de son pays d'origine en Afrique (pour
certains), ou de son pays africain d'adoption (pour les autres), et
ce, sans aucune difficulté. Cela n'est pas impossible car de nos
jours, les nouvelles technologies permettent de travailler pour un
pays lointain, tout en résidant dans un autre pays étranger. En
exemple, tous les conseillers des grandes firmes que nous avons au
téléphone ne sont pas forcément dans le pays ou le contient d'où,
nous téléphonons. C'est ainsi que les conseillers au téléphone
des services après-ventes des ordinateurs ou autres appareils
électroménagers peuvent nous répondre depuis la Corée du Sud, le
Japon, la Chine, le Singapour, la Thaïlande...etc., alors que nous
les appelons au téléphone de l'Allemagne, de l'Angleterre, de la
Belgique, de l'Espagne, de la France, de l'Italie, de la
Suisse,...etc.
Pourquoi
ne pas envisager un tel fonctionnement en Afrique, au sein de
l'UPACEB ?
Comme
quoi, «la
fuite des cerveaux»
en Afrique, ce n'est pas une fatalité.
En
tout cas, pas avec l'UPACEB.
B)
Le passeport Ébène
Le
Passeport Panafricaniste, le Passeport Afro-ébène, le Passeport
Nubien, le Passeport Kémit...etc., appelons-le comme on veut, mais
gardons en l'esprit que c'est le passeport qui va restituer aux
Africains, leur dignité et leurs droits les plus fondamentaux comme
par exemple la liberté d'aller et venir qui est jusque là
confisquée aux Africains descendants d'Africains déportés, et aux
Africains récemment immigrés en occident ayant en commun avec les
premiers, le fait d'être naturalisés dans leurs pays d'accueil ; de
nationalités non-cumulables avec les nationalités des pays
africains ; aux Africains immigrés clandestins, condamnés à
ne plus revoir l'Afrique sous peine d'interdiction de retourner dans
leurs pays d'accueils.
En
un mot comme en mille, le Passeport Ébène qui va couvrir tout
l'espace de l'UPACEB c'est-à-dire la surface du «Grand
Triangle»
et au-delà, c'est le passeport qui va enfin corriger tous les torts
de l'histoire, effacer les inégalités entre Africains résidents et
Africains des diasporas, en matière de droits civils et droits
administratifs pour ne pas dire, en matière de droit privé et droit
public.
Vraisemblablement,
le passeport Ébène va réduire les effets du verrou législatif du
principe de non-cumul de nationalités qui lie les Africains
descendants de déportés depuis le Moyen-Âge jusqu'au 19ème siècle
et les Africains immigrés au 20ème et 21ème siècle dans les pays
occidentaux, les empêchant de jouir pleinement des prérogatives
liées à leur double nationalité.
L'UPACEB
réalisée, l'espace afro-ébène créé et le passeport Ébène mis
en vigueur, c'est absolument la libération des Africains des
diasporas retenus loin de leur continent par des sérails législatifs
qui les enserrent et les privent de leur liberté de circulation, les
coupent ipso facto de leurs attaches avec leurs pays d'origine.
En
définitive, avec le Passeport Afro-Ebène, c'est la mise à mort du
fléau de «la fuite des cerveaux» en Afrique.
Yéble
Martine-Blanche OGA épouse POUPIN
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