AFRIQUE AU SUD DU SAHARA
LA
THEORIE DU COMPLOT AU SERVICE DE LA DESINTEGRATION
Sœur,
Frère, pardon, quitte dans çà !
Les
peuples opprimés ont ceci de particulier qu'ils tirent de leur
oppression, la sagesse, l'unité, la solidarité qui constituent leur
force. C'est ce qui leur permet non seulement de résister à toutes
formes d'adversité, mais encore leur permet de vaincre le mal.
Cependant, pour ce qui concerne les peuples africains au Sud du
Sahara, tout laisse à penser qu'ils n'ont tiré aucune leçon de
leur histoire dramatique. Au contraire, plus le rouleau compresseur
de l'oppression les accable, plus ils se dispersent, et donc, perdent
la face devant devant tous les enjeux. Ainsi, dans un continent
africain, où, la rumeur est effectivement le premier médium, ces
dernières années, un phénomène se développe, et prend de
l'ampleur. Ce phénomène qui consiste à soupçonner le mal partout,
en tout, et, en quiconque, sème une sorte de psychose collective au
sein des populations. On en est venu à tel niveau de méfiance
vis-à-vis de l'autre, que
la paranoïa s'en trouve pleinement caractérisée. En effet, la
moindre contradiction apportée à l'autre, prétendant détenir la
vérité vaut le blâme, le bannissement, si ce n'est carrément le
bûcher, en l'espèce, les coups de machette et les coups de fusils.
Le principe est donc l'alignement sur la pensée unique distillée.
Surtout, ne pas oser la différence, car la liberté d'opinion et la
liberté de pensée sont profondément remises en question. Et comme
dans un système totalitaire, il faut obligatoirement être du côté
de l'autre, même si l'on n'épouse pas ses thèses, car, avoir une
position contraire, revient à le contredire, et, en l'espèce, l'on
s'expose au lynchage. En Afrique, en ce début de millénaire, on
est comme sous le régime de la terreur.
Ce
sont là, des éléments constitutifs de la
théorie du complot.
Théorie du complot qui est aussi appelée :
«conspirationnisme »
ou
encore
« théorie
conspirationniste ».
Une
page Wikipédia donne une définition assez claire de la théorie du
complot qui « propose
de donner une vision de l'histoire perçue comme le produit de
l'action d'un groupe occulte agissant dans l'ombre. Loin de la simple
rumeur, il s'agit (selon Peter Knight, de l'université
de Manchester)
d'un récit théorique qui se prétend cohérent et cherche à
démontrer l'existence d'un complot entendu comme le fait qu'« un
petit groupe de gens puissants se coordonne en secret pour planifier
et entreprendre une action illégale et néfaste affectant le cours
des événements » La conspiration secrète civile, criminelle
ou politique,
visée par la théorie du complot, agirait généralement dans
l'objectif de détenir ou conserver une forme absolue de pouvoir
(politique, économique ou religieux). Du point de vue des
observateurs en sciences sociales, la théorie du complot tend à se
soustraire à la réfutation ;
en effet, toute démonstration destinée à prouver qu'aucun complot
n'est à l'œuvre sera interprétée comme une nouvelle tentative de
tromper le complotiste qui - lui - continuera à chercher ce qui se
passe dans l'ombre, et qu'on ne lui dit pas. Les explications
officielles ou scientifiques établies par les pouvoirs
publics et
relayées par les grands médias d'information
seront structurellement discréditées. »
Il
se trouve qu'en Afrique au Sud du Sahara, la théorie du complot qui
se nourrit de la confusion s'amplifie parce que nous vivons des
périodes troubles et incertaines à cause des guerres, des pandémies
et des crises économiques aiguës. C'est ainsi que cette théorie du
complot peur s'appréhender en quatre phases :
- D'abord, la théorie du complot se déploie de façon horizontale : entre citoyens africains, dont certains accusent d'autres de traîtrise, de trahison, pour leurs intérêts personnels, au détriment de nos États, de nos nations, et ce, en conspiration avec l'étranger.
- Ensuite, la théorie du complot se déploie de façon verticale, entre citoyens et États. Certains citoyens accusant leurs gouvernements d'agir contre les intérêts de l'Afrique, pour privilégier les intérêts étrangers.
De
ce qui précède, disons que ces deux niveaux de théorie de complot
en Afrique sont suscitées par les deux écoles dites Exogènes et
Mixtes, lesquelles voient toujours la main obscure de l'étranger
dans les déconvenues africaines. Par ailleurs, ces deux niveaux de
théorie du complot en Afrique sont instigués par cette Afrique
intitulée « Afrique digne » (comme s'il devait y
avoir deux Afrique !!!), laquelle Afrique digne voit dans
l'Afrique dite « Afrique indigne », des
conspirateurs agissant contre les intérêts de leur continent, au
profit de l'étranger.
- Et puis, la théorie du complot se déploie de façon transversale, dans les relations bilatérales et multilatérales entre les États africains : dans cette configuration, ce sont des États Africains qui accusent d'autres États africains voisins de vouloir les déstabiliser.
Dans
cette perspective, notons que les deux régions symétriques
d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique de l'Est sont celles qui
fournissent de belles illustrations. Dans les années 1970, le Togo
de feu le Président Gnassingbé Eyadéma n'a eu de cesse d'accuser
son voisin, le Ghana du président Gerry Rawlings, de vouloir le
déstabiliser. Par conséquent, pour se protéger d'un éventuel coup
d'état venu du Ghana, le président Eyadéma ira jusqu'à faire
ériger une barrière en ferraille à la ville frontalière d'Aflao
séparant le Togo du Ghana. Là, où, on peut vraiment rigoler, c'est
que ce mur artisanal servant de frontière entre les deux pays n'a eu
pour effet que d'empêcher les animaux domestiques de part et d'autre
de la frontière d'aller librement brouter de l'herbe ici et là. En
effet, les citoyens des deux pays traversent cette frontière du
matin au soir, pour aller travailler, qui, au Togo, qui, au Ghana. On
peut voir les femmes du Ghana porter leurs cuvettes et leurs marmites
sur la tête, s'abaisser pour franchir la frontière, et venir
préparer et vendre leurs grillades de viande et de beignets au Togo
jusqu’au soir, et repartir au Ghana toujours dans la même posture.
Ce qui veut dire qu'en fait de frontière, il s'agissait d'une corde
à sauter pour enfants !
Dans
les années 1980, 1990, ce sera au tour du Liberia d'accuser la Côte
d'ivoire de le déstabiliser en hébergeant Charles Taylor et ses
troupes. Dans les années 2000, la Côte d'ivoire à son tour
accusera le Burkina Faso de la déstabiliser en hébergeant sa
rébellion et ironie du sort, c'est maintenant, en 2015, le tour du
Burkina Faso d'accuser la Côte d'ivoire de vouloir le déstabiliser.
Dans la même Afrique de l'Ouest, on n'oubliera pas les soupçons de
déstabilisation entre le Burkina et le Mali qui s'accusent
mutuellement de déstabilisation depuis la nuit des temps.
En
Afrique de l'Est, entre la RDC, l'Ouganda et le Rwanda, la théorie
du complot bat son plein. Finalement, on ne sait même plus qui
déstabilise qui. Et puis, entre l'Éthiopie, l’Érythrée, la
Somalie, le Soudan...etc., la théorie du complot est à son
paroxysme.
A
ce sujet, nous l'avons dit, et redit, la géographie insinue les
frontières, qui à leur tour insinuent la souveraineté, qui conduit
au finalement au conflit. L'Afrique gagnera beaucoup plus à se
construire autour de ses valeurs, de ces civilisations, plutôt que
sur le critère géographique.
- Ces dernières années, la théorie du complot s'est déportée sur la liberté d'opinion et la liberté religieuse. Très souvent, la paranoïa ambiante a dénoncé plusieurs courants de pensées philosophiques et plusieurs courants religieux de porter atteinte aux intérêts de l'Afrique et de vouloir détruire l'Afrique. Par exemple, sont dénoncés, le complot maçonnique, le complot illuminati et le complot juif. Alors qu'avec un peu plus d'informations, de renseignements et d'instructions, les Africains n'évoqueraient même pas ce type de complot ! Quand on sait les ravages que ce type de dénonciation a causés à la France du 19ème siècle, et même à la France d'avant le 19ème siècle, pour ce qui concerne les Juifs à savoir, la persécution des Juifs depuis le Moyen-âge jusqu'au 19ème siècle avec l'affaire Dreyffus, la prise à partie des Francs-maçons accusés d'avoir fomenté la révolution française pour détruire le christianisme...etc.
Pourquoi
les Africains jouent-ils avec le feu en évoquant des sujets aussi
sensibles pour les dégâts énormes qu'ils ont causés à
l'humanité ? Est-ce cela, l'amour de l'Afrique, que de vouloir
lui attirer des ennuis qui ne lui ressemblent ni de près, ni de
loin ?
Bref,
on aurait pu évoquer ces quatre niveaux de déploiement de la
Théorie du Complot en Afrique pour rigoler, si les dégâts qu'ils
entraînent sur notre continent n'étaient pas destructeurs. En
effet, sur le continent noir, la théorie du complot sert la
désintégration aussi bien en amont qu'en aval. Ainsi, si la théorie
du du complot est la cause de la désintégration africaine, elle est
aussi la conséquence de la désintégration profonde de l'Afrique.
Voilà pourquoi, là, où, la théorie du complot peut disloquer un
peu plus l'Afrique, ailleurs, en Afrique, la désintégration
elle-même aggrave la théorie du complot. C'est ainsi qu'en Afrique,
la théorie du complot entraîne une opération de sélection entre
Africains (I), et qu'elle amplifie la stéréotypie sur le continent
(II).
I)
LA THEORIE DU COMPLOT EN AFRIQUE, UNE OPERATION DE SELECTION
La
théorie du complot en Afrique opère une sélection entre des
complotistes donnés pour être au service de l'Afrique (A) et des
comploteurs soupçonnés de desservir la cause africaine (B)
A)
Des complotistes donnés pour être au service de l'Afrique
Aujourd'hui,
en Afrique, la théorie du complot est devenue un instrument
dangereux aux mains d'une partie d'Africains qui souhaitent aiguiser
les passions de la populace. Grâce à la théorie du complot, une
catégorie d'Africains s'est arrogée les pleins pouvoirs qu'aucune
Constitution nationale ne lui reconnaît pourtant. Cette catégorie
d'Africains se qualifie de patriotes pour signifier sa loyauté
envers l'Afrique. En tant que tels, ces complotistes ont établi des
critères de patriotisme qui les rapprochent de très près au
racisme, pour les plus radicaux. En effet, ces complotistes Africains
radicalisés prohibent tout rapprochement avec l'étranger, sur qui
ils font peser plusieurs récriminations. Ainsi par exemple, pour ces
complotistes radicalisés, un couple mixte composé d'un citoyen et
d'un étranger est en soi signe de trahison du pays ou de l'Afrique.
Cela se passe dans les cas où, le niveau transversal de la théorie
du complot se déploie : à savoir, là, où, un pays accuse son
voisin de comploter contre lui. En outre, pour les Complotistes, être
Franc-maçon, ou être illuminati, ou être Juif, c'est comploter
immédiatement contre l'Afrique. A les entendre, on est dans une
totale confusion. En effet, tout se passe comme si l'on ne pouvait
pas envisager d'aimer l'Afrique tout en étant Franc-maçon,
illuminati, ou même tout en étant Juif. En outre, on n'a
l'impression en écoutant ces complotistes radicalisés que, sauf à
être traître, et à comploter contre l'Afrique, un amour est
impossible entre un citoyen et une étrangère, ou entre une
citoyenne et un étranger. D'autant plus que pour ces complotistes
radicalisés, serait donc patriote Africaine, patriote Africain, la
femme Africaine, l'homme Africain, qui n'a aucun contact avec les
Franc-maçons, les illuminati, les Juifs, et finalement les
étrangers. Toute posture contraire s'assimilerait à de la traîtrise
à l'égard de son pays, et pour finir de l'Afrique. Au fond, les
conspirationnistes ont un projet secret : la conquête du
pouvoir, et la mise à l'écart d'un maximum de personnes
indésirables dans la gestion commune du pays, dans le partage
équitable des richesses nationales et continentales. Et voilà
comment la théorie du complot sert à l'enrichissement d'une
minorité, lorsque la majorité est exclue. Face aux complotistes,
leurs produits, c'est-à-dire les comploteurs.
B)
Des comploteurs soupçonnés de desservir la cause africaine
En
Afrique au Sud du Sahara, au nom de la théorie du complot, les
traîtres, les vendus, ce sont celles et ceux qui coopèrent avec les
grandes puissances et d'autres pays étrangers en politique
internationale, dans les affaires commerciales et financières, dans
le mariage...etc. Par exemple, est comploteur contre l'Afrique, tout
Africain Anglophone qui revendiquerait sa spécificité. Car, le
faisant, il vend les intérêts de son pays et ceux de l'Afrique à
la Grande Bretagne ou aux Américains. L'Africain arabophone sera
stigmatisé en tant qu'il est soupçonné d'agir contre les intérêts
de son pays et de ceux de l'Afrique au profit de la Ligue Arabe.
Pareillement, est comploteur en Afrique, l'Africain francophone qui
veut assumer sa spécificité. Aux yeux des complotistes, un tel
Africain francophone voulant assumer identité francophone est celui
qui vend les intérêts de son pays, et ceux de l'Afrique à la
France. L'Africain Hispanophone qui projettera de vivre sa
spécificité sera considéré comme agissant pour les intérêts de
l'Espagne et non pour les intérêts de son pays et de son continent.
L'Africain lusophone qui montrerait son attachement à sa culture
lusophone sera considéré comme agissant contre son pays et son
continent au profit du Portugal. Ainsi de suite. Pour finir, la
diversité de nos langues véhiculaires qui constitue une richesse à
tous points de vue en tant qu'elle est une garantie de
multiculturalisme est devenue un instrument de division et de
conflits. Au lieu de nous unir et nous fortifier, au contraire, cette
diversité linguistique nous segmente un peu plus. Surtout, sous
l'effet de la théorie du coomplot.
La
liste des comploteurs ne s'arrêtent pas là. En effet, sont des
traîtres en Afrique dans la perspective complotiste, celles et ceux
qui fréquentent la franc-maçonnerie, les groupes illuminais ou
celles et ceux qui côtoient les Juifs. Considérés comme tels, ils
sont marginalisés par la catégorie dite des « patriotes »
qui les considère comme faisant preuve de déloyauté envers
l'Afrique. Là, où, le piège est grand, c'est que cette catégorie
est parfois tentée d'assumer les accusations de déloyauté portées
contre elle, en voulant un peu plus démontrer ses affinités pour
les étrangers, les grandes puissances, les franc-maçons, les
illuminatis...etc. Le faisant, cette catégorie qui veut donner au
départ dans la provocation court le risque de tomber dans le piège
qui lui est tendu : celui de trahir l'Afrique effectivement. Ce
qui suscite le courroux de la première catégorie dite des
patriotes. S'en suivent alors des querelles, des conflits, pouvant
aller jusqu'aux bastonnades, aux affrontements sanglants. La toile
révèle à ce sujet, des manifestations d'Africains dans les
capitales européennes qui débouchent sur des violences physiques
entre les deux catégories d'Africains, c'est-à-dire, entre de
prétendus « patriotes » Africains, et de prétendus
« traîtres » Africains. Or, ce type d'affrontements
entre loyaux et déloyaux n'honore pas l'Afrique.
Dans
la même perspective, des cas de divorces entre couples mixtes ont
été aussi signalés ces dernières années, à cause de la théorie
du complot. Sur le Net même, des injures sont orchestrés à l'égard
de personnes faisant partie de l'un, ou de l'autre groupe. Plus que
jamais, la désintégration africaine est nourrie par la théorie du
complot, et la stéréotypie n'en est qu'amplifiée.
II)
LA THEORIE DU COMPLOT EN AFRIQUE, UNE AMPLIFICATION DE LA STEREOTYPIE
A
n'en point douter, la théorie du complot augmente la stéréotypie
en Afrique par le fait que des propos sans fondement ni
intelligibilité sont véhiculés dans un but politique (A) mais
aussi par le fait que la théorie du complot fait accroître les
préjugés (B).
A)
La propagation de rumeurs sans fondement et sans intelligibilité
dans un but politique
La
faiblesse de la théorie du complot est qu'elle réside le plus
souvent dans la rumeur, sans réel fondement qui caractérise la
stéréotypie. Comme le définit le Dictionnaire Larousse, la
stéréotypie est une « répétition
d'une attitude, d'un geste, d'un acte ou d'une parole, sans but
intelligible. »
Au fond, tout se passe comme si les complotistes voulaient faire du
mal aux populations en leur inspirant la crainte et la peur pour leur
cacher certaines vérités. A ce sujet, une citation attribuée à
Karl Popper sur le Net l'illustre bien : «Les
personnes les plus désireuses d'amener le paradis sur terre sont les
plus enclines, une fois au pouvoir, à adopter des théories du
complot pour y expliquer leur échec.»
Popper ne pouvait pas mieux le dire. Sur notre continent, le
conspirationnisme est toujours le fait de ceux qui sont en train de
perdre le pouvoir, ou de ceux qui ont ont perdu le pouvoir. Du coup,
ils prennent le peuple en otage en lui racontant n'importe quoi. La
presse aux ordres prend la relève pour orchestrer une sorte de
manipulation psychologique sur les citoyens. La rumeur s'amplifie
ainsi, et les passions se déchaînent. Et voilà comment la théorie
du complot nourrit les conflits interethniques et religieux. On
n'oubliera pas de mentionner qu'en Afrique au Sud du Sahara, la
théorie du complot prospère rapidement parce que l'Afrique est
composé d’État faillis, d’États désintégrés. C'est ce
qu'illustrent très bien deux écoles sociologiques américaines dont
les thèses sont résumées sur une page Wikipédia:
«Pour
un premier courant, c'est l'«excès d'institution» qui provoque le
développement des théories du complot. Timothy Melley (Université
de Miami),
spécialiste de la culture populaire, parle d'une «agency panic» :
il voit dans le conspirationnisme l'expression d'une crise de
l'individu
et
de son autonomie, ainsi que son angoisse face au pouvoir croissant,
technocratique
et
bureaucratique,
des administrations.
Il considère en outre la théorie du complot comme un élément
essentiel de la culture populaire américaine de l'après 1945.
(Seconde
Guerre Mondiale).
Pour
un autre courant, les théories du complot naissent, à l'inverse, de
la «disparition des institutions structurantes». Le juriste
américain Mark Fenster
(Université
de Floride)
explique que le développement des théories du complot est le fruit
du déclin de la société
civile traditionnelle
(l'encadrement par les corps intermédiaires classiques, les
syndicats,
les mouvements politiques) qui laisse désemparés les groupes les
plus fragiles, notamment les personnes défavorisées (handicapés,
familles défavorisées, personnes sans domicile, afro-américains…).
Les théories du complot, qui reflètent les insuffisances des
institutions et la demande de plus de transparence de la part des
citoyens, font partie intégrante du système politique démocratique
et ne sont pas des phénomènes marginaux. La théorie du
complot serait donc un palliatif face à l'annihilation de l'individu
par des institutions trop présentes, ou à l'inverse face au vide
provoqué par la vacance des institutions. Dans les deux cas, elle
est une réaction à la perte du sens ordinairement assuré par un
ordre social bien régulé.»
En
tout cas, le deuxième courant de l'approche de la théorie du
complot reflète bien le cas des pays africains où, sous l'emprise
de la pauvreté structurelle et du désenchantement, les peuples ne
savent même plus à quel Saint se vouer, et croyant au premier ragot
villageois répandu, et au premier aventurier. On n'oubliera pas que
la théorie du complot en Afrique aggrave la stéréotypie.
B)
L'accroissement des préjugés du fait de la théorie du complot
Les
politiques africaines étant faites sur la base de la religion et du
tribalisme, nos sociétés ont été profondément clivées, et les
conflits ont été exacerbés surtout au cours de ces dernières
années. Au fond, nous payons le prix de nos mauvaises politiques.
Plutôt que s'en repentir, au contraire, on s'y plaît au moyen de la
théorie du complot qui ne fait que creuser un plus les fossés de la
division entre les citoyens et le cloisonnement entre les États.
L'on assiste alors à l'augmentation des stigmates. Chacun
voulant un plus se distinguer de l'autre selon son groupe
d'appartenance. Tel
est marié avec une Anglaise, une Américaine, une Française...etc.,
donc, il agit contre l'Afrique. Telle est Franc-maçon, tel est
illuminati, tel est Juif...etc., donc, il agit contre les intérêts
de son pays et de l'Afrique.
Tel
est de culture arabophone, hispanophone, lusophone,...etc., donc, il
est contre son pays et l'Afrique. Et patati, et patata.
Sans
compter que tel est chrétien, tel est musulman, tel est du Sud, tel
est du Nord, donc, il est contre ma religion, il est contre ma
région...etc.
Des
discours stéréotypés, qui stigmatisent l'autre, pour le
marginaliser, l'enfermer dans des préjugés absurdes, et finalement
pour lui fermer toutes les portes de réussite, et lui priver de
toute possibilité de communication et de communion avec le reste de
la communauté nationale et continentale sont tenus tous azimuts, y
compris par l'homme de la rue, mais aussi par la presse écrite. Sans
que cela ne choque personne. Et voilà comment la théorie du complot
désintègre un peu plus l'Afrique.
Nous
disons : « ma
sœur, mon frère, pardon, quitte dans çà ! »
En
effet, nous avons tellement à donner, à offrir ensemble, à nos
pays, à notre Afrique, à notre monde, qu'il est insensé de dresser
des barrières !
L'UPACEB
veut y veiller. Scru-pu-leu-se-ment !
Yéble
Martine-Blanche OGA épouse POUPIN
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