AFRIQUE
MODERNE
DE
LA RESOLUTION DES CONFLITS A LA RECIDIVE DES CONFLITS
ET
A L'AGRAVATION DE LA DESINTEGRATION
UNE
LECTURE SOCIOLOGIQUE
Est-il
besoin de le répéter, l'Afrique est un continent très fragile. Ses
vulnérabilités ne sont pas qu'institutionnelles, elles sont
globales, en tant qu'elles touchent à la paix civile, à la sécurité
nationale et continentale, à l'équilibre social, et finalement à
l'intégrité et à la dignité des personnes, ainsi qu'à la
sécurité des biens. Les vulnérabilités de l'Afrique engendrent sa
désintégration, en même temps que cette désintégration aggrave
ses vulnérabilités.
De
ce point de vue, il est incontestable que la désintégration est la
sève qui nourrit tous les indicateurs de sous-développement sur ce
contient. Et au risque de paraître redondant, insistons pour le
mettre clairement en relief, que cette désintégration explique
beaucoup de fléaux sur le continent, plus particulièrement les
conflits et les guerres civiles. Conflits et guerres civiles qui ne
se comptent plus à travers le continent, vu qu'ils se succèdent les
uns après les autres. Pour exemple, au moment où nous écrivons cet
article, la presse fait échos d'affrontements sanglants au Burundi
avec des dizaines de morts pour la seule journée d'hier samedi, 14
décembre 2015. Et dire que ce pays avait connu une guerre civile de
1993 à 2000 et qu'en 2005, un accord de paix a été signé !
C'est
dire qu'une chose est de faire la guerre, une autre chose est de
pouvoir, et savoir faire la paix, de façon définitive, par un
processus de résolution de conflit qui ne néglige ni aucune cause
du conflit, ni aucune conséquence du conflit. A ce niveau, signalons
qu'en Afrique, le phénomène de la désintégration et les conflits
forment un serpent qui se mord la queue, tant les deux fléaux
s'imbriquent et se complètent. D'une part, le phénomène de la
désintégration nourrit le conflit, et d'autre part, le conflit
aggrave la désintégration, et surtout la mauvaise résolution du
conflit creuse un peu plus le fossé de la désintégration.
En
effet, d'une bonne résolution d'un conflit, découle une paix
durable. Cela veut dire qu'à défaut d'une bonne résolution de
conflit, l'on s'expose à une récidive du même conflit. En outre,
une bonne résolution de conflit signifie que le contentieux a
totalement été soldé par le partage des responsabilités qui
définit qui a tort, et qui a raison, et qui doit réparer le
préjudice causé à sa victime. Telle est la procédure normale qui
aboutit à l'évacuation d'un contentieux de manière qualitative et
définitive dans le droit coutumier africain, mais aussi en Droit
positif où, il est de notoriété que le règlement d'un litige est
tout un processus incluant des étapes à suivre progressivement.
Par
exemple, en Droit coutumier africain, fondé sur la philosophie
politique, laquelle philosophie politique recherche avant tout
l'équité et la justice sociales, la résolution d'un conflit qui
mène à une condamnation du fautif, peut soumettre ce dernier à une
triple obligations en fonction de la gravité de ses actes, à
savoir :
- l'organisation à ses frais, d'un rite expiatoire par le sacrifice d'un animal (poulet, mouton, bœuf) aux ancêtres et aux dieux pour des libations, en vue de purifier la communauté de la disgrâce qui l'a frappée à cause du litige,
- le don par le fautif, d'un animal domestique à sa victime,
- l'organisation aux frais du fautif, d'un repas communautaire, pour manger et boire, au nom de l'amitié, de la fraternité et de la solidarité, pour sceller de nouveau la cohésion sociale temporairement rompue, avec à la fin, le paiement d'une amende au village par le fautif et le goûter de sel par tous les membres de la communauté qui clôt définitivement la procédure de résolution du conflit.
Rappelons
que ces actes de pénitences ayant été posés par le fautif de
façon volontaire, et en toute humilité parce que se sentant
lui-même coupable et contrit, il n'y a plus aucune raison de lui
tenir rigueur. Ses fautes lui sont pardonnées définitivement,
surtout qu'il s'engage devant la population à ne plus les répéter.
C'est ce qu'il en est du Droit Coutumier africain basé sur la
philosophie politique.
En
Droit positif même, l'article 1382 du Code civil français dispose :
« Tout
fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige
celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. »
Cela signifie qu'en Droit positif aussi, il n'existe aucune impunité
pour celles et ceux qui se rendraient coupables d'actes
répréhensibles et prohibés par la loi c'est-à-dire par la
société, et qui causeraient de par leurs actes unanimement
condamnés parce que soulevant la réprobation sociale, des dommages
de faible ou de forte intensité à leurs victimes. Considérant la
rigueur du Droit Coutumier Africain et du Droit Positif dans leur
refus de tolérer les atteintes aux personnes et aux biens, on peut
bien retenir trois choses :
- toutes les sociétés humaines réprouvent les conflits.
- Lorsque naissent les conflits, toutes les sociétés humaines s'acharnent à les résoudre, et au mieux, le plus rapidement possible par la réparation des préjudices subis par les victimes.
- Les conflits n'ont pas vocation à perdurer dans le temps. Car, l'intérêt de toute société humaine réside dans la paix durable. Et donc, lorsque vient à naître un conflit, indicateur de trouble social, toute société humaine n'a qu'une envie : évacuer ce conflit au plus vite, pour gagner la paix sociale en vue du progrès social.
Se
posent alors des questions en ce qui concerne l'Afrique :
- pourquoi les conflits naissent-ils dans un même pays pour s'étaler dans la durée ?
- Pourquoi dans le même pays ; les mêmes conflits peuvent-ils récidiver ?
- Pourquoi les mêmes conflits qui secouent un pays n'inspirent-ils pas les autres pays, voisins ou lointains ; en vue de les éviter ?
- Pourquoi les mêmes conflits supposés présenter un caractère ethnique et religieux se produisent, se répètent, et se propagent à l'échelle continentale ?
La
recherche de réponses à ces questions conduit à constater qu'en
Afrique, au Sud du Sahara, les conflits récidivent, ils se suivent
et se ressemblent, parce que généralement, ils sont mal résolus.
Et si les conflits sont mal résolus en Afrique au Sud du Sahara,
c'est parce que dans la résolution des conflits, les pouvoirs
publics privilégient la Réconciliation au nom de la science
politique (I), plutôt que la Prévention des conflits basée
sur la philosophie politique (I).
I)
L'IMPORTANCE ACCORDEE A LA RECONCILIATION AU LENDEMAIN DES
CONFLITS EN AFRIQUE : UNE STRATEGIE POLITIQUE
La recommandation de la réconciliation au lendemain des conflits en Afrique est discutable en ceci qu'elle obéit à des finalités politiques et non à des finalités sociales (A) et qu'elle est subjective et surtout tournées vers le présent, appréhendant peu le passé, et ignorant complètement l'avenir.(B)
A)
L'exaltation de la réconciliation après les conflits en Afrique,
une action politique
En
Afrique au Sud du Sahara, au lendemain des conflits, une priorité
est accordée à la Réconciliation. Ainsi, le mot
«RECONCILIATION »est repris tambours battants par les médias,
dans les lieux de cultes, dans les villages, les quartiers, campagnes
et hameaux. Au fond, cette recherche obsessionnelle de la
Réconciliation est une réelle stratégie qui a plusieurs buts :
- étouffer le conflit au cas, où, il couvait encore, et occulter les dégâts qu'il aurait générés, ceci, pour offrir un blanc seing au gouvernement en place.
- Au plan international, l'image d'un pays apaisé et réconcilié rassure les bailleurs de fonds. C'est le monde des affaires qui a le vent ainsi en poupe.
- Gagner la bataille de l'opinion car il existe une concurrence entre les pays qui rivalisent d'adresse pour booster leur compétitivité.
- Un pays réconcilié, c'est un pays sûr, sans insécurité, et donc un pays attrayant. C'est le tourisme qui gagne.
Les
choses sont donc claire, la répétition du mot « Réconciliation »
au lendemain des conflits n'est pas un hasard, parce qu'elle vise à
légitimer non seulement un pouvoir politique sur la scène
internationale mais encore, elle vise à rassurer les investisseurs.
Au fond, le mot réconciliation employé à cor et à cris au
lendemain des conflits est une arme pour gagner la bataille de
l'opinion internationale. Et c'est en ceci que cette stratégie est
purement politique et non pas sociale car elle vise à renforcer le
pouvoir en place en lui permettant de bénéficier de la générosité
des marchés financiers internationaux. En effet, les politiques de
réconciliation au lendemain des conflits ne visent pas l'intérêt
des populations mais plutôt celui du pouvoir politique. En mettant
en avant la « Réconciliation » dans un pays qui a connu
guerre civile par exemple, cela redorera l'image du pays et de ses
autorités en place sur la scène internationale. Les investisseurs
qui y croiront viendront nombreux investir dans le pays. Les marchés
financiers seront rassurés et accorderont des prêts importants au
régime en place. Pour ces marchés financiers, dès lors qu'il y a
réconciliation dans le pays, l'outil de production ne sera pas
amorti, et donc, les crédits accordés seront remboursés sans
problème.
Chacun
peut le constater en comparant la durée des conflits en Afrique et
le temps accordé à la Réconciliation. Alors que les conflits dans
un pays africains durent des décennies, et qu'en général, on s'y
emploie pour les prolonger pour en tirer un maximum de profit, - car
ne l'oublions pas, en Afrique, la guerre nourrit son homme selon la
partie que l'on défend, - pour ce qui concerne la réconciliation,
on veut l'obtenir en temps record. Tout se passe comme si en Afrique,
il était plus rentable pour un pays de vivre durablement dans les
conflits, que de prendre plus de temps à préparer sa
réconciliation, c'est-à-dire sa paix ! En tout cas, en Afrique
moderne, les guerres sont longues, mais le temps de la Réconciliation
est court. En effet, le temps de la Réconciliation, s'il est long,
c'est de l'argent perdu auprès des bailleurs de fond. Donc, en
Afrique, il vaut mieux une guerre longue qui enrichit les chefs de
guerre et paupérise les populations, qu'un temps de réconciliation
long qui fait du bien aux victimes, mais fait perdre du pognon aux
bailleurs de fonds.
En
définitive, en Afrique au Sud du Sahara, on n'est pas pressé de
finir la guerre, mais on est pressé d'obtenir la Réconciliation. En
effet, après le conflit, le temps qui passe est de l'argent perdu !
Et donc, il faut aller très vite, au pas de course, à la
Réconciliation, pour fortifier le pouvoir en place, gagner la
confiance des marchés financiers, obtenir des crédits, attirer les
investisseurs, conquérir les touristes. Voilà qui permet de dire
qu'en Afrique au Sud du Sahara, les politiques de réconciliation ont
un but politique, et qu'elles n'ont pas un but social, car elles ne
se préoccupent pas vraiment de résoudre le conflit ni même de
s'occuper des victimes. Et quand bien même elles le feraient, les
politiques de réconciliation sont tournées sommairement vers le
passé, elles misent beaucoup sur le présent, et méconnaissent
l'avenir.
B)
Les politiques de réconciliation en Afrique : des politiques
subjectives surtout tournées vers le présent, appréhendant peu le
passé, et ignorant complètement l'avenir.
La
réconciliation ne se décrète pas car la réconciliation, c'est un
tout un processus qui doit suivre son cours pour aller à son terme.
Or, en Afrique, lorsqu'il y a des crises, dans l'immédiat, on
cherche des voies de sorties. Ce qui est bien. Et, une fois que l'on
sort de la crise, le seul mot qui vient en tête, c'est la
RECONCILIATION. Ce qui est à remarquer, c'est que, même si la
recherche de la réconciliation au lendemain des crises est à louer,
il faut tout de même reconnaître que cette politique axée autour
de la
réconciliation présente trois caractéristiques :
- les politiques de réconciliation sont subjectives, car, par le processus de réconciliation, on vise à rapprocher les parties au conflit, plutôt qu'à s'occuper de l'objet du litige en lui-même. On s'intéresse seulement aux victimes du conflit en tant que sujets. L'objet du conflit est élagué.
- Ensuite, les politiques de réconciliation visent brièvement le passé dans la mesure où, l'on ne cherche qu'à identifier les seules victimes pour leur accorder de maigres réparations. En l'espèce, l'on ne recherche pas les origines profondes des crises, l'on ne s'attarde point sur la genèse du conflit, ni même l'identification des mobiles du bourreau. Seules victimes comptent et on passe. Les bourreaux ne sont pas placés devant leurs responsabilités. Bourreaux et victimes sont placés sur le même pied d'égalité par un un mot d'ordre : le PARDON et la RECONCILIATION.
- Enfin, le processus de réconciliation est beaucoup plus tourné vers le présent car cela arrange beaucoup plus le pouvoir en place. La preuve en est que périodiquement, il est rappelé à la population, les prouesses économiques et politiques que le pouvoir en place accomplit, cela pour inciter plus à la Réconciliation. Tout se passe comme si l'on voulait ignorer le passé litigieux pour favoriser un présent réconcilié. En l'espèce, les politiques de réconciliation qui n'abordent pas en profondeur les racines du du contentieux en insistant beaucoup sur le passé, en arrivent à escamoter le futur. Cela veut dire que les politiques de réconciliation ne protègent pas de futures crises. Comment s'étonner de la résurgence des crises sur notre continent ? Tout milite en faveur de cette résurgence.
Ce
qu'il ne faut pas oublier, c'est que, habituellement, la résolution
sincère d'un conflit insiste sur le passé. Et donc, on se tourne
vers le passé pour mieux appréhender les causes ayant suscité le
conflit. Dans ce cas de figure, en Afrique traditionnelle régie par
la Philosophie Politique, en l'espèce, la parole était donnée aux
antagonistes et chacun racontait le litige depuis ses origines
jusqu'à ses conséquences, ce qui permettait de saisir l'objet du
contentieux. Une telle approche avait le mérite de faciliter les
sanctions à mettre en œuvre. Or, en Afrique moderne régie par la
Science Politique, au cours des processus de « réconciliation »
préconisés dans un but politique, se met sur place, une sorte de
« jeu de pudeur » où, on va éviter de crever l'abcès.
Ainsi, au nom d'une prétendue « réconciliation », l'on
recommandera de parler de tout, sauf de ce qui fait mal. Alors que
l'adage le dit bien : « pour faire des omelettes, il faut
casser les œufs ». Mais, en Afrique moderne, surtout, il ne
faut pas casser les œufs si l'on veut faire des omelettes. Du coup,
on esquive, on camoufle, on dissimule l'objet même du litige. La
« réconciliation » devient alors subjective au sens
juridique et sociologique du terme dans la mesure où, elle ne met en
jeu que les personnes, les parties au conflit, en l'occurrence, les
victimes (les bourreaux n'étant nullement mentionnés), et que
l'objet du conflit est caché, torpillé, recouvert, effacé.
Là,
où, le cynisme l'emporte sur tout, c'est qu'en même temps que par
des procédés d'intimidation et des manœuvres déloyales, l'on
empêchera les victimes de parler crûment des torts qu'ils ont
subis, c'est-à-dire, de mettre un nom sur la souffrance qu'elles ont
subie, de désigner par son nom, l'objet de leur cauchemar, on leur
demandera de pardonner !
D'où, questions :
pardonner à qui ? Pardonner quoi ? Et pardonner pour
quoi ?
C'est
en cela, qu'on voit bien que l'Afrique moderne fondée sur la Science
Politique n'est pas l'Afrique traditionnelle basée sur la
Philosophie Politique, c'est-à-dire, l'Afrique de la parole libre,
l'Afrique de la loyauté. Dans cette Afrique moderne fondée sur la
science politique c'est-à-dire, l'Afrique de la ruse et de la
malice, le processus de « réconciliation » vise surtout
à occulter les causes des crises militaro-civiles. Surtout, il ne
faut pas en parler. Comme si, en plus d'avoir été victime d'un
conflit, l'on devait subir le joug de la loi de l'Omerta. Or, il est
de notoriété qu'en thérapie, le patient qui arrive à mettre un
mot sur son mal, sur ses maux, pour lui, c'est un début de guérison.
On comprend aisément donc qu'en Afrique moderne, les victimes des
conflits ne guérissent pas des dégâts des conflits car il ne leur
est pas permis d'évacuer sincèrement leur souffrance, vu le silence
qui leur est imposé. Du coup, à force d'occulter les mobiles des
conflits, l'esprit de vengeance est nourri, et la justice privée
renforcée. D'où, l'approfondissement de la désintégration, et la
récidive des conflits. Pour tout dire, à privilégier la
« réconciliation » au lendemain des conflits en Afrique
au Sud du Sahara, l'on est plus tourné vers le présent,
sommairement ancré dans le passé, et insuffisamment tourné vers
l'avenir, et donc, la résolution des conflits sur ce continent
capote ; rendant ainsi plausible sur ce continent, l'aggravation
de la désintégration, la résurgence voire la récidive des
conflits car la paix générée par les politiques de réconciliation
est une paix précaire. Il est donc évident que la Résolution des
conflits en Afrique devrait privilégier la prévention.
II)
LA PREVENTION DES CONFLITS BASEES SUR LA PHILOSOPHIE POLITIQUE :
UN OUTIL OBJECTIF ET SÛR DANS LA RESOLUTION DES CONFLITS
Là,
où, les politiques de «Réconciliation» au lendemain des conflits
en Afrique sont fortement ancrées dans le présent et sommairement
tournées dans le passé pour une paix précaire, les politiques de
Prévention des conflits sont quant elles fortement ancrées à la
fois dans le passé, dans le présent et vers l'avenir (A) et là où
les politiques de « réconciliation » ont un but
politique, les politiques de préventions de conflits ont quant à
elles, un but social qui assure d'une paix durable (B).
A)
La prévention des conflits, un outil objectif de paix ancré dans le
passé, le présent et vers l'avenir
La
prévention des conflits est préconisée dans les résolutions des
conflits pour trois raisons :
-
la prévention des conflits est une action objective car elle vise
l'objet du conflit qu'elle appréhende dans toutes ses dimensions
socio-économiques, culturelles et politiques.
-
la prévention des conflits a aussi une visée subjective parce
qu'elle prend en compte les sujets au conflits, les victimes, mais
aussi les bourreaux.
-
La prévention est un mécanisme orienté à la fois dans le passé,
le présent et dans l'avenir pour les raisons suivantes :
*
Orientée dans le passé pour repérer les déterminants sociaux,
politiques, culturels, économiques...etc., qui ont suscité le
conflit.
*
Orientée dans le présent pour maintenir une veille sécuritaire.
*
Orientée dans le futur, non seulement pour maintenir une veille
sécuritaire mais aussi en vue de réduire, éradique les
déterminants conflictuels identifiés dans le passé, pour
l'avenir.
Il
résulte que, dès l'instant où, la prévention s'occupe en même
temps de l'objet, mais aussi des sujets du conflits, elle éradique
complètement le contentieux dont elle établie la genèse de façon
fiable, en finissant par des mesures qui le contrent pour l'avenir.
Il est donc évident que le
seul moyen de se protéger des crises futures, c'est la prévention.
Or,
ce mot «prévention», les Africains ne l'évoquent jamais au
lendemain des graves conflits que connaissent leurs pays. A cet
effet, tout se passe comme si les pays africains avaient peur du mot
«prévention». Une telle méfiance vis-à-vis du mot «prévention»
pourrait s'expliquer par les raisons suivantes :
1)
D'abord, les politiques post-crises de Prévention sont axées
autour d'un travail qui s'attaque aux déterminants sociaux,
économiques, politiques, culturels...etc., des crises. En ce sens,
le
travail de prévention peut révéler les failles, les carences d'un
système politique dans un pays donné, lesquelles failles et
carences auraient pu, en grande partie, favoriser, l'émergence du
conflit. Faire un travail de prévention après les crises, c'est
absolument prendre le risque d'identifier les déterminants
originels, ce qui veut dire, révéler les failles, les carences
d'un système politique en place. Pour cela donc, on préférerait
apparemment les politiques de « réconciliation » qui
masquent au mieux les carences.
2)
Et puis, les politiques post-crise de prévention, en identifiant
tous les déterminants du conflit, peuvent révéler nos pratiques
quotidiennes, nos usages, nos coutumes, nos comportements néfastes,
bref, notre nocivité sociale à la base du conflit. Elles peuvent
ainsi nous mettre à nu, nous plaçant devant nos responsabilités
individuelles et collectives. Ce qui pourrait nous engager à opérer
des réformes sociales. Ce que nous sommes nombreux à ne pas
vouloir. En effet, les coutumes, tant qu'elles peuvent profiter à
certains, même à un petit nombre, pourquoi les changer ?
3)
Ensuite, vu que les politiques de prévention des conflits ont un
but social, et qu'ainsi, elles profitent plus aux populations qu'au
pouvoir, on comprend que les pouvoirs politiques les méconnaissent
au profit des politiques de « réconciliation » qui ont
un but politique et font l'affaire des pouvoirs politiques.
4)
Par ailleurs, identifier les déterminants sociaux, économiques,
politiques, culturels ...etc.,des conflits par la prévention, c'est
assurément éradiquer les conflits. Or, en Afrique, le Conflit
nourrit son homme. Pour cela aussi, les politiques de préventions
des conflits ne sont pas les bienvenues. Pour que vivent les chefs de
guerre, il faut bien qu'il y a des guerres. Surtout qu'en Afrique,
les historiens révèlent que des personnes ne savent faire que la
guerre, qu'elles n'ont pas appris un autre métier à part faire la
guerre. Depuis l'enfance, elles étaient enrôlées dans la guerre et
en vivent. Un tel métier des armes n'étant pas envisageable sans la
guerre ni le conflit, on n'a pas intérêt faire de la prévention en
s'attaquant aux déterminants des conflits à leur source. On ferait
des chômeurs dans ce cas-là.
5)
Enfin, en Afrique au Sud du Sahara, il se pourrait que nous
n'aimions pas les politiques de préventions de crises parce que les
crises, en général, nous les fabriquons nous-mêmes, les aggravons
par nous-mêmes, et en tirons profit. Les prévenir, c'est les
éviter, et donc ne pas en tirer tout le bénéfice qu'elles nous
apportent. Autant dire que les crises politiques africaines, avant
tout, elles répondent plus à des mobiles politiques qu'à des
mobiles sociales. On évite donc les politiques de préventions au
lendemain des crises, et on leur préfère les politiques de
réconciliation parce que la
prévention des conflits a un but social.
B)
La prévention, une action sociale incontestable
Dans
une politique de prévention des conflits, l'enjeu est l'intérêt
supérieur de la société toute entière. Là, où, les politiques
de réconciliation font le bonheur des pouvoirs politiques, au
détriment des populations, la prévention des conflits fait le
bonheur de toute la société, y compris les gouvernants et les
gouvernés.
En
effet, les déterminants sociaux, culturels, économiques et
politiques étant à l'origine du conflit identifiés, ce sont des
politiques en vue de leur réduction qui se mettent en place. Quant
aux victimes, avec la liberté d'expression qui leur est accordée
pour mettre un nom sur leurs maux, et avec leur juste réparation,
elles n'ont plus aucun intérêt à nourrir vengeance. De leur côté,
les bourreaux ayant pu expliquer les motifs de leurs actions néfastes
sur la paix civile, ils permettent désormais de sauvegarder la paix
pour le futur. La paix ainsi gagnée est juste car elle a réparé
les torts de part et d'autre. C'est dire que le risque conflictuel
est réduit, éradiqué, il n'est plus encouru. La paix sociale ainsi
gagnée, c'est l'intégration sociale qui est boostée. Les
gouvernants pourront gouverner sans craindre des bruits de bottes et
des soulèvements populaires même si le travail de prévention a mis
au jour les failles de leur système de gouvernement, ce qui leur
permettra d'opérer des réformes. Les populations quant à elles
vivront en toute quiétude sans peur d'affrontements.
Au
fond, en matière de politique de prévention des conflits, c'est
tout le monde qui gagne.
La
solution des conflits sur notre continent est maintenant connue :
c'est la prévention. En effet, les politiques de prévention des
conflits peuvent nous sortir d'affaire, là, où, les politiques de
réconciliation sans prévention nous conduisent au gouffre.
Et
l'adage le dit bien :"il
vaut mieux prévenir que guérir".
Pour
nous résumer, en Afrique moderne, le résurgence des conflits est
imputable à leur mauvaise résolution. Tantôt, on se fonde sur des
politiques de réconciliation plutôt que sur des politiques de
prévention, tantôt, on pense qu'on peut résoudre nos conflits au
moyen des armes. Sur ce dernier point, l'expérience a démontré que
sur notre continent, les armes n'ont jamais résolu un conflit.
Prenons deux exemples : la Somalie et le Soudan. En Somalie, si
les armes venaient à bout des rebellions, ce pays ne serait pas
aussi laminé qu'il est actuellement, sans une seule institution qui
rappelle l’État. Pareillement, que le Soudan.
Au début, c'était une guerre de souveraineté entre le nord et le
sud, guerre qui a duré des décennies. La partition a été faite.
On pensait que c’en était fini. Que non ! Maintenant, c'est
la guerre entre le sud contre le sud. Tel
est le risque consistant à bâtir son unité nationale autour du
territoire, et autour de la religion, plutôt que sur des valeurs,
des fondamentaux laïcs.
Au
terme de cette réflexion, nous pouvons réaffirmer sans nous tromper
que l'Afrique est très désintégrée pour prétendre former une
homogénéité politique nationale dans ces pays, a fortiori à un
niveau continental. Pour parvenir à l'homogénéité nationale de
ses pays et à son homogénéité continentale, il faut l'intégrer
d'abord. Et ce travail d'intégration africaine passe par la prise en
compte des fondamentaux de philosophie politique qui de tout temps
ont gouverné l'Afrique.
En
effet, on peut pacifier durablement l'Afrique, il faut seulement le
vouloir, et travailler pour cela. Cela veut dire qu'il nous faut une
volonté politique. Ce qui nécessite un travail de fond. Mais, ce
travail de fond implique un nouveau cadre. Ce cadre nouveau, c'est
l'UPACEB (Union des Peuples Africains de Civilisations Ébènes) dont
l'objectif est d'inspirer à l'Afrique, la création d'une
Organisation politique continentale et internationale basée sur ses
civilisations.
Encore
faut-il le répéter, nous l'avons vu tout au long de cette
réflexion, les conflits en Afrique étant le fait de la
désintégration sociale, seule la mise en place d'un système
d'intégration basée sur les fondamentaux des civilisations
africaines pourra venir à bout de ces conflits ravageurs. Autrement
dit, la solution à nos conflits passant par la prévention, cela
passe effectivement par la mise au jour et l'enseignement de nos
fondamentaux à nos populations. C'est le projet de l'UPACEB.
Comme
par hasard, c'est textuellement ce que les pères de l'Europe ont
fait lorsqu'ils ont dit ensemble : "plus jamais çà !
Le
résultat de ce « plus jamais çà » collectif, on le
voit aujourd'hui où, l'Europe qui était « un champ de
bataille »(pour reprendre les termes de Monsieur François
Fillon ancien premier ministre français) est aujourd'hui, un espace
tendre et doux, où, le monde entier voudrait vivre.
Nous
pouvons réaliser ce rêve pour l'Afrique, nous pour pouvons réaliser
ce rêve en Afrique !
Il
suffit pour cela, d'exécuter le projet politique de l'UPACEB.
Yéble
Martine-Blanche OGA épouse POUPIN
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