INVENTAIRE
DES CAUSES
DE
LA PHENOMENOLOGIE DE LA DESINTEGRATION
EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
PROPOSITIONS
DE SOLUTIONS
Au cours de son premier
mandat, le président Américain, son Excellence Monsieur Barack
Obama a effectué une tournée africaine qui est restée mémorable à
cause des discours tout aussi mémorables qu'il a prononcés au Ghana
et dans d'autres pays africains qu'il a visités au même moment. On
se souvient que le président américain qui a recommandé à ses
parents africains de privilégier des institutions fortes, plutôt
que des hommes forts, a eu aussi le mérite de poser une question aux
Africains qui est restée jusque là sans réponse. Ainsi, aurait-il
demandé à l'Afrique entière : « pourquoi les
Africains réussissent toujours ailleurs ; en dehors du
continent africain, et jamais chez eux en Afrique ? »
Cette question prêtée au président Barack Obama, à tort ou à
raison vaut pourtant son pesant d'or. Elle méritait une réponse de
nos Chefs d’États et Gouvernements, ou même de nos universitaires
africains. Toutefois, elle est restée sans réponse. Bien dommage !
Dans le présent article,
nous nous proposons d'indiquer quelques pistes de réflexions qui,
sans avoir la prétention d'apporter des réponses sûres, sont à
même d'éclairer le lecteur, et le conduire à se faire une idée
sur de probables réponses.
Rappelons que dans les
articles précédents, plusieurs problèmes rencontrés sur le
continent africain ont trouvé leur explication dans le phénomène
de la désintégration nationale et continentale, si l'ont tient à
la perspective de l’École endogène dont l'UPACEB représente le
courant.
Par ailleurs, il a été
démontré dans les mêmes articles que les deux grands facteurs de
désintégration nationale et continentale en Afrique restent le
régionalisme (tribalisme) et la religion. Le facteur tribaliste et
le facteur religieux isolés, et indexés en tant que principaux
aliments de la désintégration nationale et continentale en Afrique,
on pouvait s'en tenir là, sans chercher davantage de causes à ce
mal pernicieux qui ronge l'Afrique. Tel n'est pas le choix de
l'UPACEB. En effet, la résolution d'un mal ne devient définitive
que lorsqu'elle est exhaustive. Par analogie, prenons les traitements
contre la maladie du cancer. Une chose est de découvrir un cancer
dans le corps humain pour le soigner, et une autre est de rechercher
les métastases qu'il a pu occasionner par la contamination de
certaines cellules. Se contenter de soigner un cancer sur le seul
organe qu'il a affecté, sans rechercher et guérir d'éventuelles
métastases qu'il a entraînées par l'identification de cellules
malines en vue de leur éradication, c'est prendre le risque d'une
récidive de ce cancer chez le même patient.
Ainsi en est-il des deux
facteurs de désintégration nationale et continentale en Afrique que
sont le régionalisme (tribalisme) et la religion. Il était bien de
les identifier comme principaux facteurs de désintégration
nationale et continentale en Afrique. Mieux, il convient d'identifier
les autres facteurs qui agissent en parasites pour aggraver non
seulement ces deux facteurs principaux de désintégration nationale
et continentale en Afrique, mais encore, par leur action
indépendante, maintiennent une virulence nuisible à l'intégration
nationale et continentale en Afrique.
C'est pourquoi, après
avoir identifié les deux principaux facteurs de désintégration en
Afrique comme tels, l'UPACEB a poussé plus loin l'exploration, pour
identifier d'autres facteurs de désintégration nationale et
continentale en Afrique, et ce, qu'ils soient liés ou indépendants
des deux grands facteurs précédemment identifiés.
Le présent article a
donc pour objet de présenter un inventaire des causes de
désintégration nationale et continentale en Afrique. Mais, se pose
d'emblée une question de lexicologie : faut-il parler
d'inventaire des causes de la Phénoménologie de la Désintégration
en Afrique ou tout simplement de l’Analyse Factorielle de la
phénoménologie de la désintégration en Afrique ?
Sachant que le terme
« Analyse Factorielle » selon que l'on l'appréhende dans
une perspective anglo-saxone ou alors dans une perspective française
n'a pas forcément le même sens.
Dans tous les cas,
quelque soit la terminologie utilisée, on découvrira qu'en Afrique,
un facteur de désintégration en appelle toujours un autre facteur
de désintégration, et que pour finir, tous les facteurs de
désintégration nationale et continentale sont liés, l'un découlant
toujours de l'autre, l'un étant la cause de l'autre, l'autre étant
la conséquence de l'un. On est véritablement dans un plat de
spaghettis, un cas systémique.
En effet, à part les
deux facteurs de régionalisme et de religion constitutifs de
facteurs principaux de désintégration, une multiplicité de
facteurs de désintégration nationale et continentale existe, de
façon implicite ou explicite. Pour finir, on a une vraie typologie
de causes nourrissant la désintégration en Afrique, si ce n'est
carrément une taxinomie de facteurs de risques aggravants le
phénomène de la désintégration nationale et continentale. C'est
donc à juste titre, que ce travail d'inventaire des causes de
désintégration nationale et continentale passe nécessairement par
l'identification taxonomique des facteurs de désintégration en
Afrique (I) pour aboutir à des propositions de solutions visant à
venir à bout d'un simple fait de société, devenu ensuite un
phénomène, pour finir en fin de compte en un véritable fléau
(II).
I)
TAXONOMIES DES FACTEURS DE DESINTEGRATION NATIONALE ET CONTINENTALE
EN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA
L'inventaire des causes de
désintégration nationale et continentale en Afrique révèle une
première génération de facteurs de risques aggravants (A) et une
seconde génération de facteurs de risques aggravants (B)
A)
PREMIERE GENERATION DES CAUSES DE DESINTEGRATION EN AFRIQUE :
LES FACTEURS CLASSIQUES DE DESINTEGRATION AFRICAINE
La liste des causes
classiques de désintégration nationale et continentale en Afrique
est trop longue, et il serait illusoire de prétendre dresser une
liste exhaustive. Notons seulement qu'il existe dans la première
génération de facteurs de désintégration nationale et
continentale, des facteurs d'abord humains (1), ensuite des facteurs
culturels (2), et puis des facteurs politico-professionnels (3),
enfin des facteurs géopolitiques (4).
- Les facteurs humains de désintégration nationale et continentale en Afrique
Au
titre des facteurs humains de désintégration en Afrique, citons
l'ethnicisme (a) et l'ethnisme (b)
a) l'ethnicisme, un
facteur de cloisonnement humain et de désintégration nationale et
continentale en Afrique
En
sociologie, l'ethnicisme signifie «une
forme de racisme qui
au lieu d'exclure un individu
parce qu'il appartient à une ethnie différente, l'exclut parce
qu'il n'est pas identifié ethniquement.»1
En Afrique au Sud du Sahara, les victimes de ce qui semble être un
ethnicisme, même s'il n'est pas défini et systématisé en tant que
tel de manière officielle sont les Albinos et les Roux. A eux, on
peut ajouter les nains, les bossus, les trisomiques et toutes les
autres formes de handicaps. Victimes de relégation sociale, le
mépris et les traitements inhumains à eux accordés sont tels
qu'ils contribuent à désintégrer la communauté africaine.
Le
cas des Albinos mérite que l'on s'y attarde un peu. En effet, que
l'Afrique malmène l'Albinos pour sa spécificité ne fait pas que
révolter, il interroge aussi profondément sur la compréhension et
l'acceptation de ce bénéfice, de ce mystère de la Providence dont
les Africains disposent en l'Albinos, pour contredire les racistes
Blancs.
Avant
de poursuivre, disons un mot sur l'Albinos africain.
L'Albinos
Africain, c'est un enfant né de deux Africains, et ses parents sont
des Africains à la peau noire. Pourtant, le mystère de la
providence fait que l'Albinos en Afrique est ce type d'Africain qui
naît Blanc, comme un Européen Caucasien, et possède des cheveux à
la fois crépus et blonds !
Sauf
à démontrer que l'Albinos Africain est apparu très tardivement
dans l'humanité, ou qu'il est le fruit d'un métissage, ou qu'il est
porteur d'un gène blanc d'un ascendant, nous pensons, et disons que
l'Albinos Africain qui existe dès le commencement de l'Homme sur
terre suffit à lui seul à contredire toutes les doctrines raciales
et précisément les théories évolutionnistes de Charles Darwin
selon lequel l'Homme, surtout l'Africain, descendrait du singe et
qu'il aurait muté.
Questions :
- l'Albinos Africain, né de deux Africains, de surcroît noirs, qui pourtant est un Blanc aux cheveux blonds ; descend-t-il lui aussi des singes ?
- Au fond, qui est l'Albinos Africain ? Un Blanc de type caucasien ; ou un noir d'Afrique ?
Cette
petite réflexion vise à alerter l'Afrique sur l'intérêt qu'elle a
à protéger ses Albinos car cette catégorie défie tous les énoncés
scientifiques d'obédience racialiste. L'Albinos Africain, c'est
l'homme, la femme, l'enfant, l'adulte africain qui remet en cause
toutes les théories évolutionnistes et fait battre en retraite les
travaux de Charles Darwin. L'Afrique doit veiller sur ses Albinos
comme la prunelle de ses yeux. En effet, grâce à ses Albinos,
l'Afrique n'a pas besoin de chercher des théories pour contredire
Charles Darwin et les tenants des théories raciales car l'Albinos
Africain est là, il se voit à l’œil nu, et il est la preuve
vivante qu'il n'y a qu'une seule race humaine, jamais deux, ni trois
races humaines.
Toutefois,
il n'y a pas que les racistes qui ne le comprennent pas, et ne
veulent pas comprendre. l'Afrique elle aussi ne comprend pas qu'il
n'y a qu'une seule race humaine, cette Afrique qui pratique le
cloisonnement humain en stigmatisant les Albinos, les Roux, les
Nains, les Bossus, ...etc. Cette stigmatisation entre humains opérée
sur un critère anatomique à savoir les traits physiques de
l'individu est le facteur ethnique qui porte atteinte à
l'intégration à un niveau local, régional, national et finalement
continental sur le continent noir. Sans oublier son autre pendant
qu'est l'enthnisme.
b)
L'ethnisme, un facteur de cloisonnement humain et de désintégration
nationale et continentale en Afrique :
L'ethnisme
est la science qui définit la nation « comme une communauté
linguistique »2.
Sans avoir systématisé cette notion, l'Afrique la vit dans la
pratique. Et, c'est cette pratique de l'ethnisme qui est à l'origine
du régionalisme, c'est-à-dire, du morcellement tribal. De ce fait,
les communautés ayant en partage une même langue forment un groupe
très hermétique, fermé aux autres communautés partageant une
autre langue différente, lesquelles sont tout aussi fermées sur
elles-mêmes vis-à-vis des autres. Ce phénomène qui alimente
l'autarcie et le repli identitaire en Afrique désintègre fortement
les pays africains. Il est à l'origine du népotisme en Afrique. En
effet, pourvu qu'un citoyen africain soit élu président de la
république de son pays pour que son groupe ethnique par ses
comportements attentatoires au principe d'unité de la nation,
s'autoproclame implicitement et surtout illégalement propriétaire
du pays et de ses biens. L'appareil d'état étant ainsi sous le seul
contrôle d'un groupe ethnique, les autres groupes ethniques
composant la nation ne profitent ni des biens de l’État, ni même
des services de l’État. Ainsi, ils sont exclus des fonctions
publiques en grande partie, sont victimes du chômage, et contraints
de débourser de l'argent pour obtenir toutes sortes de services,
même lorsque ces services sont publics. En général, le groupe
ethnique dominant est toujours celui du détenteur de la
souveraineté, c'est-à-dire, du Chef de l’État lui-même.
Précisons aussi que le groupe ethnique dominant n'est pas forcément
le groupe ethnique majoritaire dans le pays, ni celui qui regroupe le
plus grand nombre de compétences intellectuelles et
professionnelles. Les politiques ethniques sont purement et
simplement des politiques arbitraires qui excluent des pans entiers
de la population nationale sans réels motifs. C'est là, où,
l'injustice est vraiment caractérisée et qu'elle devient
intolérable et inacceptable. Mais, ce qui est désolant, c'est qu'en
cas de malheur frappant le pays, on réagira surtout en fonction de
son appartenance à un groupe ethnique. Par exemple, si le Chef de
l’État est renversé par un coup d'état, naturellement, c'est un
cas d'abaissement de l’État qui devrait amener au soulèvement du
peuple contre la forfaiture, et pour la défense de ses institutions.
En Afrique au contraire, à cause de la profonde désintégration
nationale, un coup d'état fera la joie et le bonheur d'une partie de
la population, - les groupes ethniques exclus au nom de l'ethnicisme
des biens et services publics, les partis d'opposition, - alors qu'il
fera la tristesse des seuls profiteurs du régime, le Parti politique
au pouvoir ou tous les partis politiques coalisés pour soutenir le
régime en place, de même que la tristesse du seul groupe ethnique
du Chef de l’État renversé.
En
cas de catastrophe nationale comme par exemple une barbarie
terroriste ayant causé de nombreux morts, la tristesse qui devait
être nationale est toujours segmentée : soit elle prend des
couleurs de l'ethnie du président de la république, soit elle prend
des couleurs de sa religion. Dans un pays africain, on ne verra
jamais des souffrances nationales comme celles qui rappellent « Je
suis Charlie »
ou « Je
suis Paris »
ou « Je
prie pour Paris. »
Quelque soit le drame que connaît le pays, il pèsera sur le seul
régime en place, les partis politiques concernés, et la tribu du
Chef de l’État. Ainsi en est-il de des occasions de joie qui
devraient être nationale. L’équipe nationale peut gagner un
trophée continental ou mondial. Tant qu'on n'appartient pas au même
Parti Politique et au même groupe ethnique que le Chef de l’État,
on peut ne pas sentir concerné. C'est la preuve que les États
Africains sont des États faillis, des États désintégrés.
Dans
la première génération des facteurs de désintégration nationale
et continentale, figurent aussi les facteurs culturels.
2) Les facteurs
culturels de désintégration nationale et continentale en Afrique
Dans la rubrique des
facteurs culturels de désintégration nationale et continentale en
Afrique figurent les facteurs religieux (a), les facteurs
linguistiques (b) et les facteurs juridiques (c)
a) Les facteurs
religieux de désintégration nationale et continentale en Afrique
Le plus grand commun
diviseur en Afrique au Sud du Sahara est assurément la religion. Les
dégâts des grandes religions monothéistes sur ce continent sont
incommensurables. Alors que dans leur essence même, les religions
Abrahamiques sont des religions de paix, en Afrique, elles ont pris
d'autres allures. L'intégrisme religieux au sein du Christianisme
africain a été le premier à commettre des dégâts en perpétrant
des tueries massives dans l'Est du continent. Ainsi, dans la
première décennie de l'An 2006, la tristement célèbre secte de
l'Armée de Résistance du Seigneur ARS (en français) et LRA (en
anglais) a commis des massacres d'hommes, de femmes, d'enfants et de
vieillards à grande échelle. Certains chiffres font état de Trois
Cent Mille (300 000) pertes en vies humaines sans oublier de
centaines de milliers de déplacés dans la région. Encore
aujourd'hui, cette secte chrétienne serait très active en
République Démocratique du Congo où elle sème mort et désolation.
Après cette secte chrétienne, d'autres sectes nées de l'Islamisme
radical comme Aqmi, Ançardine, Boko Haram...etc., sévissent
dangereusement dans plusieurs pays où l'on déplore des assassinats
de masse au nom du Seigneur.
Ces ravages d'une gravité
extrême qu'opèrent les fanatiques religieux sont à dénoncer à
double titre :
- ni le Christianisme, ni l'Islam ne relèvent des religions traditionnelles africaines. Les deux religions ont été importées en Afrique. Une question se pose alors : pourquoi l'Afrique devrait-elle subir les atrocités de religions qu'elle n'a inventées ni de près, ni de loin ?
- Les religions traditionnelles africaines ont un but : l'intégration sociale, en donnant un sens aux phénomènes métaphysiques. A ce titre, les religions traditionnelles africaines sont des religions de paix. Dans la cosmogonie des civilisations ébènes, les croyances ne conçoivent pas la guerre des dieux, ni même celles des croyants des dieux respectifs. La théologie africaine ne pratique pas le prosélytisme car il appartient aux dieux de prouver leur efficacité dans la solution qu'ils apportent aux maux des individus ; et c'est par ces solutions probatoires que les dieux africains se font des adeptes. En clair, en Afrique, devient adepte d'un dieu africain, celle ou celui qui a obtenu la guérison de sa maladie, la guérison de la maladie des siens, par la consultation d'un dieu. Il est blasphématoire de manipuler les dieux en les mettant en conflits, et en mettant en conflits les différents croyants de différents dieux. C'est dire si les fanatismes religieux qui désintègrent fortement l'Afrique sont aux antipodes des religions traditionnelles africaines.
Là, où, tout est à la
fois déplorable et révoltant, c'est que les Africains n'ont que
deux manières de s'intégrer : soit par la religion (chrétienne
ou musulmane), soit par l'etnisme (tribalisme), c'est-à-dire les
deux facteurs de leur désintégration locale, régionale, nationale
et continentale !
Et que dire des facteurs
linguistiques ?
b) Les facteurs
linguistiques de désintégration nationale et continentale
En Afrique, les
nombreuses langues traditionnelles constituent un vrai obstacle à la
communication entre citoyens d'un même pays. Sur un plan
continental, n'en parlons pas. C'est à ce niveau qu'on reconnaît le
mérite de la colonisation. En effet, on a beau combattre la
colonisation, on ne peut pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
Grâce à la colonisation, nous bénéficions de langues véhiculaires
qui nous permettent de communiquer entre citoyens d'un même pays,
mais encore entre citoyens de différents pays sur le continent. Mais
à ce niveau aussi, il y a trois problèmes qui constituent des
facteurs de désintégration :
- les langues véhiculaires africaines sont des langues de lettrés : il faut être allé à l'école, s'instruire pour savoir lire, écrire, parler et comprendre les langues véhiculaires. Or, en Afrique, les illettrés, les analphabètes sont plus nombreux que les lettrés. Ceci est facteur de désintégration car les lettrés et les illettrés selon qu'ils n'appartiennent pas au même groupe ethnique partageant la même langue traditionnelle ne peuvent se comprendre. Et même lorsqu'ils ont la même langue traditionnelle en partage, il arrive que le lettré africain et l'illettré africain ne raisonnement pas toujours de la même façon. En effet , la culture du lettré Africain est influencée par la culture du pays colonisateur dont il parle la langue véhiculaire, tandis que l'illettré n'a qu'une seule culture, celle de sa tribu.
- L'autre problème que pose les langues véhiculaires africaines est leur grand nombre : l'anglais, l'arabe, l'espagnol, le français, le néerlandais, le portugais...etc. Il faut être d'un pays pratiquant l'une de ces langues véhiculaires pour se parler et se comprendre. Ou alors, il faut avoir étudié ces langues avant de les comprendre. Seules les polyglottes s'en sortent dans ce cas de figure. Du coup, non seulement certains lettrés n'ayant appris qu'une seule langue véhiculaire ne peuvent pas communiquer avec les autres africains ayant d'autres langues véhiculaires, mais encore, pour les analphabètes, c'est simplement le désenchantement. En effet, non seulement à cause de leur illettrisme, ils ne peuvent lire, écrire, parler et comprendre la langue véhiculaire de leur pays, mais encore, ils ne peuvent le faire avec les autres langues véhiculaires. Ceci explique le cloisonnement entre citoyens Africains à un niveau national mais aussi à un niveau continental.
- La cacophonie linguistique et culturelle entre différentes zones linguistiques : En Afrique au Sud du Sahara, selon que l'on est Anglophone, Arabophone, Francophone, Hispanophone, Lusophone, Néerlandophone, on n'a pas la même culture et donc on n'a pas la même approche des problématiques. Cette cacophonie linguistique, culturelle et intellectuelle entre différentes zones linguistiques impacte gravement les politiques continentales. On comprend que l'Union Africaine, construite sur un critère géographique peine à mettre en place des politiques vigoureuses d'intégration continentale. D'où, la proposition de l'UPACEB d'enrichir le continent par une organisation complémentaire mais cette fois, sur le critère culturel des civilisations ébènes, c'est-à-dire, sur le critère des civilisations negro-africaines. C'est ce que l'Europe a fait : construire l'Union Européenne, sur la base des civilisations Européennes fondées sur le respect des droits de l'Homme, après le Conseil de l'Europe fondé sur un critère géographique.
Ainsi en va-t-il de la
désintégration nationale et continentale en Afrique pour des motifs
juridiques.
c) facteurs juridiques
Dans toute société
humaine, les normes sociales fondées sur le permis et l'interdit
visent la régulation sociale. Il se trouve qu'en Afrique, la
multiplicité des groupes ethniques impliquent la multiplicité des
blocs légalité. De plus, il n'y a pas de normes universelles,
a-t-on coutume de dire. Et donc, ce qui est valable chez l'un, ne
l'est pas forcément chez l'autre. On comprend alors que très
souvent, les conflits en Afrique soient le fait de conflits de
normes. En effet, il peut arriver qu'une personne étrangère à un
groupe ethnique adopte un comportement contraire aux normes en
vigueur dans le groupe ethnique hôte. Ceci peut aller d'une simple
atteinte, à une violation caractérisée des normes en vigueur qui
plus est, peut constituer un sacrilège. Une telle méconnaissance
des normes de l'autre suscite des conflits dont la gravité varie
d'un groupe ethnique à une autre.
A ce niveau aussi, la
colonisation a été secourable à l'Afrique. En effet, à la place
de ce qu'il convient d'appeler une réelle inflation législative due
à la multiplicité des coutumes, la colonisation nous a pourvus de
constitutions nationales qui, bien que parfois, contenant des
dispositions contraires à nos us et coutumes, ont le mérite d'avoir
des dispositions inclusives de plusieurs des valeurs africaines. Les
choses auraient été simples si tous les Africains avaient été
scolarisés, et lettrés. On appliquerait alors ces constitutions
reçues de la colonisation, tout en veillant à en extirper
d'éventuelles dispositions contraires à certaines de nos valeurs.
Mais tel n'est pas le cas. Les analphabètes, encore plus nombreux en
Afrique gardent encore les coutumes de leurs tribus. Parfois aussi,
la constitution est tripatouillée à tort ou à travers par le
pouvoir politique, lui ôtant parfois son âme originelle. Et voici
la désintégration africaine se déporte à un niveau juridique :
- d'une part, un conflit de normes entre coutumes locales et constitution nationale,
- d'autre part, entre pouvoir politique et opposition contestant le tripatouillage de la constitution.
Notons que ces dernières
années, en Afrique au Sud du Sahara, les plus grands conflits
politiques qui ont fini sur le terrain militaro-civil ont concerné
le tripatouillage constitutionnel par les pouvoirs politiques.
On retiendra aussi qu'à
côté de ces facteurs culturels de désintégration nationale et
continentale en Afrique, viennent ceux des facteurs
politico-professionnels.
- Les facteurs de politiques professionnelles contribuant à la désintégration nationale et continentale : la non-intégration du secteur formel par les politiques publiques de l'emploi et les politiques sociales nationales
La désintégration
politico-professionnelle en Afrique est marquée par la séparation
entre les politiques publiques des États en matière professionnelle
et le secteur informel dans le cadre des politiques publiques de
l'emploi. Dans leur majorité, les États africains n'intègrent pas
le secteur informel dans les politiques publiques de l'emploi, et
leurs politiques sociales ne prennent pas en compte les entrepreneurs
du secteur formel.
A ce sujet, donnons
l'exemple
pris en Côte d'ivoire, et qui est valable dans tous les autres pays
africains. Si vous voyagez à Abidjan ou dans n'importe quelle autre
capitale africaine, depuis votre arrivée à l'aéroport, jusque dans
les rues, quartiers, marchés, villes, villages et campagnes, vous
êtes marqué par de nombreuses activités spéciales relevant de
l'informel. Par exemple, les bagagistes qui vous portent le bagage
jusqu'au taxi, les taxis qui vous conduisent à votre hôtel ou votre
lieu de résidence. De l'hôtel ou vous résidez, ou même dans
d'autres hôtels, bars, restaurants, la population active est à
l'ouvrage : des serveurs et serveuses, des techniciens de
surface qui font de l'entretien des lieux, des cuisiniers, des
vigiles...etc.
Dans
le pays, des producteurs et productrices de films, des acteurs et
actrices de cinémas, des metteurs en scènes, des artistes
musiciens,...etc.
Dans
les marchés, des chargeurs de bagages (pousse-pousse), des vendeurs
et vendeuses de poissons frais ou poissons fumés, des bouchers, des
commerçants de vivriers, riz, d'huile de palme, d'huile
d'arachide,...des vendeurs de tout ce qui relève de l'alimentation,
des vendeurs de repas tout faits, des vendeurs de chaussures, de
vêtements, de bijoux, de maquillages...etc.
Des
coiffeurs, des tresseurs et tresseuses, des cordonniers, ...etc. Dans
le transport, des chauffeurs, de mini-bus appelés Gbaka, des
chauffeurs de taxis et leurs apprentis...
Dans
chaque coin de quartiers, des épiciers, des vendeurs de bois de
chauffe, des vendeurs de charbons de bois, des vendeurs de bouteille
de gaz Butane, des menuisiers, des sculpteurs, des artisans, des
gérants de maquis (tenanciers de restaurants), femmes ou hommes, des
gérants de bars femmes ou hommes, des vendeurs d'arachides
(cacahuètes) femmes ou hommes, des vendeurs de fruits de toutes
sortes, femmes ou hommes, des vendeurs de maïs femmes ou hommes, des
vendeurs de coco femmes ou hommes, des vendeurs d'eau souvent très
jeunes, femmes ou hommes, filles ou garçons, des vendeurs de jus de
fruits ou de jus de gingembre, de jus de Bissap, jeunes ou adultes,
filles garçons, femmes ou hommes...etc., des balayeurs de rue
(entretien de la voirie) et du marché, femmes ou hommes, des
gardiens ou vigiles, des travailleurs à domiciles (bonnes et
boys)..etc., gardant les enfants, faisant le ménage, ...etc.
Des
vendeurs et vendeuses de poisson braisé, poulet braisé, banane
braisée, igname braisée...etc.
Des
vendeuses de bananes frites (Alloco), de beignets de toutes sortes
(Bofloto, Wommi...), des vendeuses de bouillie de riz (Baga), de
bouillie de mil (Dêguê)...
Dans
les campagnes et villages, des cultivateurs embauchant des
journaliers ou salariés à plein temps, des pêcheurs travaillant
seuls ou en groupe, des préparatrices d'Attiéké, d'huile de palme,
des ramasseurs et ramasseuses de fruits sauvages qui ensuite
deviennent vendeurs sur les marchés, des cueilleurs et vendeurs de
champignons, des coiffeurs, des vendeuses de produits vivriers, des
restauratrices...etc. Toutes ces catégories socio-professionnelles
forment le secteur informel.
Ajoutons
que le travail ne manque pas en Afrique, et au quotidien, chacun
travaille. En effet, l'Afrique n'est pas comme l'occident qui a connu
la révolution industrielle, et donc connaît le chômage parce que
la machine a remplacé l'homme. En Afrique, jusqu'à preuve de
contraire, la machine n'a pas encore remplacé l'homme dans beaucoup
de domaines. Et donc, il y a du travail physique, manuel et même
intellectuel à foison.
Seulement
voilà : il y a un déficit de codification du secteur informel, de
l'entrepreneuriat.
En
Europe, tous ces corps de métiers exercés au quotidien en Afrique,
par des femmes, filles, hommes et garçons, que nous avons cités
ci-haut, auraient fait l'objet d'une législation. Chacun exerçant
l'une quelconque de ces activités ou même plusieurs de ces
activités paierait une ou plusieurs charges sociales. Ce qui fait
que lorsqu'il est malade, il a une couverture maladie qui lui
garantit des soins de qualité et le préserve de dépenses énormes.
De même lorsqu'il va à la retraite, il touche une pension. Ce qui
fait que ses enfants ou parents à charge sont couverts par une
assurance maladie et peuvent toucher la pension de réversion s'il
lui arrivait de mourir.
En
effet, que de chefs d'entreprise dans l'informel embauchent soit des
journaliers, soit des salariés en Afrique ! On aurait été en
Europe qu'ils paieraient des charges patronales à l’État en vertu
des dépenses qu'ils effectuent pour leurs employés. Et l’État
les récompenserait par des abattements fiscaux. Ce qui les
mettraient à l'abri du besoin. En Europe, ces chefs d'entreprise
Africains et leurs employés cotiseraient des charges sociales en
fonction de leurs revenus, et c'est ainsi qu'ils auraient bénéficié
d'une couverture maladie avec les personnes dont ils ont la charge.
Et à la retraite, ils percevraient une retraite sans difficulté.
Enfin, comme certains enfants commencent à à travailler très tôt
en Afrique, dans la vente d'eau, de jus de fruits, parfois même dans
les champs, pour aider leurs familles, ils iraient plus tôt à la
retraite, en percevant une pension correcte !
Mais,
nous sommes en Afrique. Par conséquent, toutes ces femmes
tenancières de maquis (restaurants de rue), ces "Abodji"
(vendeurs de grillades), ces planteurs de palmiers à huile, de
cacao, de café, d'hévéa, de manioc...etc. qui emploient une main
d’œuvre importante, journaliers ou salariés, ...etc., qui sont en
fait ce que les Européens appellent des CHEFS D'ENTREPRISES sont
celles et ceux qui au soir de leur vie, ne perçoivent aucune
pension !
Non
seulement ils ne cotisent pas des charges sociales pour se couvrir et
couvrir les personnes à leur charges, de même que leurs employés,
mais encore, ils ne cotisent pas des charges patronales. Les choses
sont ainsi parce que les politiques professionnelles ne les intègrent
pas dans le dispositif de la population active légale. Et voilà
pourquoi même au chômage, ils ne touchent aucune indemnité et qu'à
la retraite, ils ne touchent aucune pension.
Au
fond, en Afrique, tout le monde travaille, mais en même temps tout
le monde est au chômage !
Ainsi,
en Afrique, on travaille depuis sa naissance jusqu'à sa mort, mais
quand même on meurt pauvre !
En
Afrique, on fait travailler des gens très jeunes jusque tard à la
retraite, sans compter le nombre d'années de travail qu'ils ont
accompli !
Et
au final, personne ne touche d'indemnité chômage quand elle fait
faillite dans son entreprise informelle, personne n'a d'assurance
maladie, et finalement personne ne touche de pension retraite alors
que toute sa vie, tout Africain femme ou homme, jeune ou vieux a
travaillé dans le secteur formel !
Sur
ce continent, au 21ème siècle, on vit comme à l'âge de pierre car
nous ne savons pas encore vivre dans une société moderne avec les
exigences qui vont avec.
Et
pour finir, on accuse les grandes puissances de nous piller et de
nous causer des misères alors que c'est nous-mêmes qui ne savons
pas adapter nos sociétés au contexte moderne, ce qui fait que nos
populations souffrent, parce que condamnés par nos politiques
sociales et nos politiques d'emploi rétrogrades et archaïques, à
vivre comme à l'âge de pierre !
Il
y a du travail à gogo en Afrique. Et chaque Africain travaille au
quotidien. Tout ce qui manque, c'est une législation qui vienne
aménager le code du travail national, pour intégrer les initiatives
privés dans les politiques publiques du travail. A défaut d'une
telle initiative, on est dans la galère alors qu'on ne devrait pas
l'être.
Le
grand paradoxe donc, est que l'Afrique fait partie des continents
épargnés par le machinisme, mais en même temps, elle est le
continent le plus marqué par le chômage de masse, bien que tout
Africain sans distinction de genre et d'âge exerce un métier au
quotidien !
Sachant
que les mouvements de fanatismes religieux recrutent parmi les plus
précaires de nos sociétés, il est peut-être temps que les États
africains révisent leurs politiques publiques de l'emploi, de même
que leurs politiques sociales, pour les adapter aux législations
modernes et au contexte moderne, dans le but de garantir le minimum
à leurs citoyens du secteur informel, les protégeant ainsi de
tomber dans le piège des intégrismes religieux.
Ceci
dit, qu'en est-il des facteurs géopolitiques aggravants la
désintégration nationale et continentale en Afrique ?)
4)
Les facteurs géopolitiques de la désintégration en Afrique
Dans ce chapitre, il faut
mentionner le morcellement territorial (a), le cloisonnement national
(b) et finalement le cloisonnement continental (c)
a) Le morcellement
territorial : facteur de désintégration nationale et
continentale en Afrique
Le cloisonnement
territorial est le fruit du cloisonnement ethnique et tribal. Dès
l'instant où, sous le fallacieux prétexte du partage d'une même
langue traditionnelle, un groupe est replié sur lui-même, vivant et
agissant comme si le monde entier se limitait à ses seules
frontières terrestres, il n'y a pas de communication possible avec
le reste du territoire national et continental. La gravité du
morcellement territorial devient de plus en plus évidente en début
du 21ème siècle où, des velléités indépendantistes sont
devenues légion sur le continent. Du jour au lendemain, alors que
depuis des siècles, on partageait la même nation, des groupes se
lèvent, s'autoproclament État à part entière. Ainsi, ils prennent
un morceau du territoire national en otage, règnent en véritables
prédateurs, pillent les ressources locales, commettent des atrocités
et de graves atteintes sur les personnes et les biens. Au siècle
dernier, les Ibo du Nigeria étaient les premiers à vouloir
s'autoproclamer État indépendant dans le même Nigeria. Cela a
déclenché l'historique guerre du Biafra. Aujourd'hui, Boko Haram
lui emboîte le pas quand au Mali, ce sont les Touaregs qui annoncent
les couleurs, voulant à leur tour créer l’État de l'Azawad. Pour
ne citer que ces exemples.
Tout ceci est déprimant.
En effet, tout se passe comme si quelqu'un les avait chassé du
territoire national. Et comme si quelqu'un leur avait dit qu'ils
n'étaient plus citoyens de leur pays ! Tout seuls, du jour au
lendemain, pour des motifs qui leur sont propres, un groupe ethnique
se lève et décide ils décide de s'exclure de la communauté
nationale. Sans raison convaincante.
Ainsi, des filles et fils
d'Afrique qui de tout temps, ont vécu en parfaite symbiose avec le
reste des autres peuples du pays, se lèvent un jour, et veulent
prendre leur indépendance, et ce, dans la violence. C'est là, une
des raisons du fait que le morcellement territorial est lui aussi
facteur de désintégration nationale et continentale en Afrique. Et
que dire du cloisonnement national ?
b) Le cloisonnement
national, autre facteur de désintégration nationale et
continentale
Le cloisonnement national
en Afrique se déploie à un niveau interne. En
effet, au niveau interne, les pays manquent terriblement
d'infrastructures routières. Les groupes ethniques voire les régions
tribales ne sont pas suffisamment reliés par des voies de
communications. Encore au 21ème siècle, des Africains naissent et
meurent dans leurs villages et campagnes sans savoir qu'en dehors de
leurs tribus, il existe d'autres tribus ! Ils ignorent même les
notions d’État, de Pays, de Nation, de République. Cela veut dire
que pour cette catégorie d'Africains, leur tribu sont en même temps
leur village, leur pays, leur continent et le monde. A part leurs
langues maternelles, ces Africains qui naissent et vivent coincés
dans leurs villages n'ont jamais entendu parler une autre langue
étrangère. Cela veut dire qu'ils ne connaissent pas d'autres
civilisations. Pour ce type d'Africains, la découverte de l'autre,
et la découverte d'une autre culture est toujours source de
déstabilisation aussi bien moral que psychologique. On comprend que
les conflits interethniques soient récurrents en Afrique, et qu'ils
s'aggravent de plus en plus car la découverte de la différence n'ai
pas toujours paisible, elle peut dans certains cas être
conflictuelle. En effet, lorsqu'on ne se connaît pas, il est plus
facile de se combattre que de s'entendre. C'est la situation actuelle
de l'Afrique au sud du Sahara où, dans un même pays, il peut
arriver qu'un citoyen ne connaisse même pas ses compatriotes des
autres tribus. Il peut arriver qu'il ne soit jamais allé dans un
village, une localité en dehors des siens. C'est le morcellement
territorial à un niveau interne aux pays africains. Il s'agit d'un réel
emprisonnement par assignation à résidence,Sans oublier
qu'il existe un morcellement territorial à un niveau externe qui
implique un cloisonnement continental.
c) Le cloisonnement
continental ou morcellement territorial à un niveau externe :
facteur de désintégration continentale
Au 21ème siècle, de
même qu'il existe des Africains qui naissent et meurent sans savoir
qu'en dehors de leurs campagnes, villages et tribus, il existe
d'autres peuples, d'autres tribus, ainsi naissent des Africains qui
en dehors de leur pays natal, n'ont jamais vu un autre pays africain.
En effet, en Afrique, à
part les pays de la CEDEAO qui connaissent des voies de
communications assez sommaires, les autres régions d'Afrique au sud
du Sahara sont entièrement cloisonnées. Ni route de voitures, ni
chemin de ligne ferroviaire pour les trains, ni voies maritimes pour
bateaux n'assurent des liaisons entre les pays et les peuples sur
l'ensemble du continent. Les citoyens africains sont condamnés à
ne vivre que dans leurs pays de naissance, comme des sardines dans
une boîte de conserves. Que la vie soit supportable ou non dans son
pays natal, on n'a pas d’échappatoires. On est condamné à
demeurer sur place, dans son pays, sous peine d'étouffer de
déprime !
Ainsi, assigné à
résidence, à l'intérieur de son pays natal, l'Africain est aussi
assigné à résidence à l'intérieur même de son continent.
Pour aller d'un pays
africain à autre pays africain, les tracasseries douanières et
diplomatiques sont plus importantes que celles
rencontrées avec les pays occidentaux.
Au
fond, en Afrique, les réglementations dissuasives mises en place par
des pays africains via leurs ambassades pour tenter d'empêcher un
citoyen Africain d'aller d'un pays africain à un autre pays africain
en dehors de l'espace CEDEAO sont bien plus corsées que celles en
vigueur dans les ambassades des pays occidentaux en Afrique ; et
cela, on ne le dit jamais assis.
Tout
compte fait, reconnaissons qu'il est plus facile d'obtenir un visa
depuis un pays africain pour se rendre d'un pays africain en Europe,
en Amérique, en Asie,... que d'obtenir un visa d'entrée dans un
pays africain, depuis un autre pays africain.
Eh !
Oui!L'écrivain Ivoirien Bernard B Dadié a raison lorsqu'il
affirme : « Elles
sont lourdes, lourdes les chaînes que le nègre met au cou du
nègre... »
Le
plus curieux donc, est que, plusieurs sont les Africains qui
critiquent souvent les politiques d'immigration des pays occidentaux.
Le faisant, ils oublient les conditions drastiques d'obtention de
visas pour un pays africain quand on est Africain, et les politiques
d'immigration bien pires des pays africains en dehors de l'espace
CEDEAO ; lesquelles expliquent que bien souvent, les Africains
candidats à l’émigration se tournent vers les pays occidentaux,
même au périls de leurs vies.
Plusieurs
Africains donnent dans la verve pour critiquer plus aisément les
politiques d'immigration des occidentaux ; les occidentaux
(insistons pour le dire) qui méconnaissent le principe de
l'Hospitalité, mais curieusement, ils perdent leur langue et se font
sourds-muets sur le fait que des pays africains rapatrient d'autres
africains de leur territoire national, qu'il existe dans des pays
africains, des immigrés africains sans papiers, des immigrés
Africains clandestins, alors même que l'Hospitalité est un principe
fondamental de la société africaine !
Cet
esprit sélectif et partisan qui voile à peine un racisme
anti-blanc, il est évident que l'UPACEB qui se revendique de l’École
Endogène ne le tolérera guère, et le combattra. Qu'on se le tienne
pour dit !
Après ce long chapitre
consacré à la première génération des facteurs de désintégration
nationale et continentale en Afrique, évoquons brièvement la
deuxième génération des facteurs de désintégration nationale et
continentale en Afrique.
B)
DEUXIEME GENERATION DES CAUSES DE DESINTEGRATION NATIONALE ET
CONTINENTALE EN AFRIQUE : LES FACTEURS MODERNES DE
DESINTEGRATION AFRICAINE
Comme s'il n'y avait pas
assez de facteurs de désintégration nationale et continentale en
Afrique au sud du Sahara, avec l'avènement du multipartisme et de
l'apprentissage de la démocratie moderne en Afrique, les Africains
vont ajouter deux cordes supplémentaires à leur arc, concernant les
facteurs de désintégration nationale et continentale. Ainsi naît
une deuxième génération de facteurs de désintégration nationale
et continentale après la première génération qui concerne les
facteurs classiques de désintégration sur le continent noir.
D'autres facteurs modernes de désintégration nationale et
continentale viennent d'arriver en Afrique.
En effet, désormais, les
Partis Politiques constitueront des facteurs de désintégration
nationale en Afrique (1), mais encore une nouvelle catégorie de
facteurs de désintégration continentale a vu le jour et est fondée
sur un concept : celui de l'Afrique digne et de l'Afrique
indigne (2).
- Les Partis politiques, un grand facteur de désintégration nationale en Afrique au Sud du Sahara
En Afrique au Sud du
Sahara, le multipartisme est venu renforcer la dislocation sociale
née du régionalisme et des religions, il a accentué le fossé de
la discorde. Aujourd'hui, on s'intègre socialement en Afrique au
travers de son Parti Politique. Et très souvent, les Partis
Politiques sont fondés sur le critère ethnique et sur le critère
religieux. En effet, pourvu que le leader ou fondateur du Parti
Politique appartienne à telle région, telle ethnie ou telle
religion pour que les membres de sa région, de son ethnie et de sa
religion deviennent majoritaires au sein du Parti Politique qu'il a
fondé.
Là, où, le bat blesse,
c'est que le fanatisme religieux et l'extrémisme tribaliste ont été
déportés sur le champ politique, où, des passions sont aiguisées,
faisant que les fanatismes sont la règle, les violences politiques,
le principe. Plus ridicule, au sein d'une même famille biologique,
on peut se diviser et devenir ennemi selon qu'on n'appartient pas à
la même famille politique. De toute façon, on se marie maintenant
en choisissant son conjoint ou sa conjointe dans le même Parti
Politique.
La nécessité d'éduquer
les populations sur le but d'un Parti Politique s'impose. A savoir
qu'un Parti Politique vise uniquement la conquête du pouvoir. Aucun
autre but ne lui est assigné. Surtout pas celui de servir de
tremplin à la dislocation sociale, à la désintégration sociale.
Entre temps, l'Afrique et
l'Afrique indigne sont nées.
2) L'Afrique digne et
l'Afrique indique : un nouveau concept africain, facteur de
désintégration continentale.
Ces dernières années,
en Afrique, suite aux nombreux conflits politiques qui débouchent le
plus souvent sur des coups d'états et des crises militaro-civiles
avec assassinats de masse, un nouveau concept est né, celui de
l'Afrique digne et de l'Afrique indigne. Ce concept est
potentiellement confligène d'autant plus qu'il porte sur un jugement
de valeurs entre filles et fils d'Afrique. En général, ce concept
est souvent utilisé par les deux Écoles d'approche des problèmes
africains que sont l’École Exogène et l’École Mixte.
C'est peu de dire que
l'apparition de ce nouveau concept qui entraîne de facto la division
idéologique de l'Afrique en deux parties distinctes tout en
maintenant les facteurs classiques de désintégration porte
assurément le coup de semonce à un continent suffisamment affaibli,
trop affaibli même, par ses divisions internes. Avec ce nouveau
concept, le coup fatal d'une violence assez rare a simplement mis le
continent noir KO, à genoux qu'il était déjà, à cause de son
émiettement. La désintégration est plus que jamais à son comble.
En Afrique au Sud du Sahara.
D'où, quatre
questions :
- l'Afrique n'est-elle pas suffisamment divisée et désintégrée pour que l'on la divise et la désintègre encore par de nouveaux concepts ?
- Avec sa première génération de facteurs à risques de division et de désintégration, l'Afrique a-t-elle besoin d' instruments supplémentaires de division et de désintégration ?
- Devrait-on même oser concevoir une Afrique digne et une Afrique indique ?
- Quelle doit être notre priorité d'Africains aujourd'hui:construire et rassembler les Africains ; ou au contraire, les désunir, les éparpiller encore ?
Ces questions s'adressent
à chacune chacun de nous. Il nous appartient de voir où se trouve
l'intérêt de l'Afrique, c'est-à-dire, notre intérêt commun.
Après avoir analysé les
facteurs de désintégration nationale et continentale en Afrique,
depuis la première génération de facteurs classiques en passant
par la deuxième génération de facteurs modernes, nous pouvons
peut-être tenter de répondre au Président Barack Obama qui posait
la question de savoir pourquoi les Africains réussissent toujours
ailleurs et jamais chez eux en Afrique. Président OBAMA, voici
quelques réponses à votre question. Un Africain réussit toujours
ailleurs, et jamais chez lui, pour les raisons suivantes :
- parce que chez lui, il n'est pas de la même région, ni de la même tribu, ni de la même ethnie que le Chef de l’État.
- parce que chez lui, il ne parle pas la même langue que le chef de l’État.
- parce que chez lui, il vit cloîtré dans son village, sa localité de naissance ne pouvant se déplacer aisément d'une localité à une autre à cause du manque du réseau routier et ferroviaire.
- parce que chez lui, il ne partage pas la même langue de communication que les tribus voisines et a du mal à se faire comprendre.
- parce que chez lui, il ne partage pas les mêmes coutumes, les mêmes lois que les autres tribus et qu'il ne pourra pas s'adapter aux modes de vie de ces derniers.
- parce que chez lui, il est illettré ne peut communiquer dans une langue véhiculaire
- parce que chez lui, il est auto-entrepreneur dans le secteur formel alors que les politiques publiques d'emploi et les politiques sociales de son pays ne prennent pas en compte le secteur formel.
- Parce que chez lui, il est prisonnier, assigné à résidence, contraint qu'il est, de vivre cloîtré dans son village, sa localité de naissance, ne pouvant se déplacer aisément d'une localité à une autre, à cause du manque du réseau routier et ferroviaire. Il ne peut aller de son pays à un autre pays à cause du cloisonnement entre les pays, et qu'il est condamné à demeurer dans son pays natal même si la chance ne lui sourit pas sur place.
- parce que chez lui, il est soi francophone, soit anglophone, soit arabophone, soit hispanophone, soit lusophone, soit néerlandophone,
- parce que chez lui, il ne comprend pas forcément l'anglais, l'arable, l'espagnol, le portugais, l’Afrikaner, le français...etc.
- parce que chez lui, il ne peut aller de son pays dans un autre pays africain à défaut d'une langue hybride continentale, parlée et comprise de tous.
- parce que chez lui, les politiques d'immigration des pays africains sont des plus austères, des plus féroces, des plus inhospitaliers en dehors de l'espace CEDEAO. donc, il est condamné à demeurer dans son pays de sa naissance à sa mort, y compris dans la précarité....
- Président OBAMA, en résumé, il y a deux raisons qui expliquent que l'Africain ne réussit pas chez lui,mais réussit toujours ailleurs :
- parce que chez lui, l'Africain est soumis à beaucoup de critères et de conditions qui ne lui sont pas forcément imposés ailleurs pour son épanouissement culturel, physique, psychologique, professionnel, économique...etc.
- Finalement, Président OBAMA, la raison qui explique l'échec social de l'Africain en terre africaine, c'est tout simplement la désintégration, en amont comme en aval, dans tous les domaines de la vie sociale, y compris dans le domaine du travail où, les politiques professionnelles de la majorité des États n'intègrent pas l'entreprise privée, et où, les politiques sociales de plusieurs États excluent les auto-entrepreneurs du secteur informel.
Quelles solutions ?
II) SOLUTIONS :
DES POLITIQUES DE DECLOISONNEMENT
Isaac Newton disait, nous
le citons :
« Les
hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. »
L'avenir de l'Afrique au Sud du Sahara au 21ème siècle réside sans
nul doute dans la compréhension de cette citation de Isaac Newton.
Plus que tous les autres continents, l'Afrique au Sud du Sahara a
besoin de développer ses voies de communications. Cela passe par la
réforme des politiques publiques nationales (A) mais aussi par celle
des politiques continentales (B)
A)
Une nécessaire réforme des politiques publiques nationales
S'il
y a une dépense utile et nécessaire pour laquelle les pays
africains ne devraient pas s'abstenir de s'endetter massivement,
c'est bien la dépense visant le développement des voies de
communications à un niveau national comme à un niveau continental.
Cela passe par une priorité absolue donnée au développement des
réseaux routiers et ferroviaires. Dans un même pays, les Africains
ne se connaissent pas ! Ils ne peuvent aller les uns envers les
autres. Le réseau routier est des plus sommaire. D'ailleurs, il est
la cause principale de la violence routière entraînée par les
accidents de la route qui causent de nombreux morts au quotidien. Le
développement du réseau routier faciliterait les voyages, le
rapprochement des peuples, il limitera les conflits à caractère
tribal. Des politiques de développement des voies de communication,
ce sont aussi des politiques qui améliorent les relations entre les
citoyens. A ce sujet, les pays africains doivent privilégier la
laïcité et la neutralité et ils doivent privilégier la
méritocratie dans l'accès aux fonctions publiques plutôt que le
critère ethnique et le critère religieux qui sont des facteurs de
divisions. Des langues nationales hybrides composées des mots des
langues traditionnelles sur le territoire national et des langues
véhiculaires du pays doivent être construites, enseignées et
accessibles à toutes les populations lettrées et illettrées.
Pour
venir à bout du tribalisme, des valeurs nationales devraient être
enseignées à tous, et des symboles de l’État comme le drapeau,
l'hymne national, la devise...etc., devraient constituer des emblèmes
connus et respectés de tous. La communauté nationale doit primer
sur les groupes de tribus. Les États africains doivent réviser
leurs politiques publiques de l'emploi et leurs politiques sociales
pour réconcilier le secteur formel avec le secteur public. Tous les
États africains doivent opérer des fléchissements en matière de
politique d'immigration dans l'esprit d'un principe fondamental du
Panafricanisme et de la Négritude qui est l'Hospitalité Africaine.
Au 21ème siècle, la rigidité des frontières ne justifie plus. Le
disant, on se rappelle que face à l'afflux massif des migrants en
Europe et à cause des actes récents de barbarie inouïe sur Paris
(13 novembre 2015) attribués au terrorisme qui ont secoué la France
et le monde entier, des voix se sont levées pour contester l'espace
Schengen. Que par la suite, des mesures de fermeture des frontières
ont été prises momentanément par certains pays comme la France par
exemple. Qu'enfin, des propositions de lois en vue de la révision
des politiques frontalières dans l'espace Schengen sont envisagées.
De
ce qui précède, il est sûr que des esprits aimant la facilité, la
commodité et les raccourcis diront que la rigidité des
frontières est la seule solution contre le terrorisme. Et que donc,
l'Afrique au Sud du Sahara et ses pays devront continuer à renforcer
leur arsenal protectionniste en rigidifiant davantage leurs
frontières. C'est le lieu de répondre à celles et ceux qui pensent
ainsi, que :
- c'est grâce à l'ouverture des frontières dans l'espace Schengen que la coopération transfrontalière entre les polices est facilitée, et qu'elle porte ses fruits : l'identification et l'arrestation rapide des terroristes présumés et leurs complices.
- Les terroristes sont riches, et ils ont les moyens. Donc, ils voyagent facilement, obtiennent plus facilement des visas et vont où ils veulent. Même la rigidité des frontières ne constitue pas un obstacle à leur circulation.
- Il n'est jamais écrit sur le front d'une personne qu'elle est terroriste. Donc, on ne peut pas identifier un terroriste d'emblée, sauf à faire des amalgames, des confusions par la commission de délits de faciès.
Par
conséquent, l'ouverture des frontières est plus rentables pour les
États et leurs citoyens, que leur fermeture.
B)
Une
nécessaire réforme des politiques continentales
Ce
qui vaut pour les États, vaut en partie pour le Continent. L'Afrique
au Sud du Sahara doit inciter au développement des voies de
communications. Cela passe par la liaison des pays et donc par la
construction des réseaux routiers pour voitures et camions, mais
aussi par le développement de lignes ferroviaires de trains à
grande vitesse. Au 21ème siècle, il est inacceptable que des
Africains naissent et meurent sans savoir qu'en dehors de leur
campagne, de leur localité, de leur pays, il existe d'autres
Africains ailleurs ! Cela est un crime contre l'humanité !
L'Afrique
au Sud du Sahara doit renouer avec les valeurs africaines. Cela veut
dire qu'elle doit penser au fléchissement des politiques
d'immigration pour mettre fin définitivement au cloisonnement de ses
politiques continentales à l'égard de ses pays et de ses peuples.
L'Afrique au Sud du Sahara ne peut plus longtemps s'encombrer de tous
les facteurs de risques aggravants qui nourrissent sa désintégration.
Il
urge que soit construite et rendue accessible, le développement
d'une langue véhiculaire à l'échelle nationale et continentale sur
la base de toutes les langues traditionnelles parlées sur le
continent et de toutes les langues véhiculaires parlées sur le
continent. L'intégration continentale passe par la prise en compte
de la première génération de facteurs de désintégration
nationale et continentale mais aussi de la deuxième génération de
facteurs de désintégration nationale et continentale. L'Afrique au
Sud du Sahara et ses peuples à l'intérieur du continent comme ses
peuples à l'extérieur du continent doivent prendre conscience du
fait que les particularismes culturels, (tribaux, religieux,
linguistiques..) mais aussi les particularismes humains, ethniques
sont autant de richesses qui devraient être mutualisées pour en
tirer un maximum de profit pour le rayonnement du continent et de ses
peuples. De ce fait, il y a deux façons d'appréhender ces
particularismes :
- soit, on les appréhende de façon négative, et alors ils deviennent de réels obstacles à l'intégration nationale et continentale, de vrais facteurs de cloisonnement et donc de désintégration nationale et continentale.
- Soit on les appréhende de façon positive, et alors ils se transforment en vrais ciment d'amitié, de fraternité, de solidarité, de développement culturel et économique, et de paix.
Tout
un travail est à faire. Et c'est le défi que veut relever l'UPACEB,
avec la mobilisation et l'engagement de toutes et tous. L'apport des
diasporas africaines issues de la déportation devient
incontournable. Le prochain article y sera consacré.
Yéble
Martine-Blanche OGA épouse POUPIN
1Citation
Wikipédia
2Citation
Wikipédia
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