LES
CIVILISATIONS EBENES
LES
RAISONS D'UNE OMISSION EXPRESSE DE LEUR ONTOLOGIE
UN
SYSTEME POLITIQUE DEPOURVU D'ETAT THEOCRATIQUE
Au
début du projet de l'UPACEB, beaucoup d'encre a coulé en ce qui
concerne le nom adéquat à adopter pour ce projet. En effet, le
qualificatif « négro-africaines » heurtait les
consciences, il bousculait les sensibilités. Plusieurs pensaient que
dans le passé, ce qualificatif avait été utilisé à mauvais
escient pour servir les besoins de la cause raciste, d'où leurs
réserves. D'autres préoccupations intéressantes n'ont pas manqué.
Par exemple, il était question de savoir l'intérêt d'une Union
comme l'UPACEB en Afrique, sachant que l'Union Africaine existait
déjà.
En
outre, on se demandait la place des Indiens et des populations
blanches d'Afrique du Sud au sein d'une Union comme l'UPACEB, et
finalement la place des Africains Arabes au sein de l'UPACEB.
Si
dans l'immédiat, quelques réponses ont été apportées pour calmer
les esprits, un article plus doctrinal était envisagé pour éclairer
la lanterne à tout le monde. Mais, cet article doctrinal, pour être
solide méritait d'attendre la fin du colloque de Paris, où, il
était question de traiter d'un thème décisif : « L'AFRIQUE
EN TANT QUE TELLE »,
c'est-à-dire, l'Afrique depuis son histoire ancienne connue
(Égyptologie) jusqu'à nos jours. Depuis deux jours, c'est fait. Le
Doyen Messan Amedomé, Professeur de Philosophie à la Faculté des
Lettres de Poitiers à la retraite, nous a développé le sujet le
samedi 26 septembre 2015 dernier. L'Octogénaire est catégorique :
l'homme de tout temps a été noir. Seulement voilà, il y a de cela
quatorze millions d'années, suite à un choc climatique, l'homme a
commencé à prendre d'autres couleurs en devenant tantôt blanc
quand il est proche des glaciers, tantôt jaune quand son climat est
plus réchauffé, ainsi de suite. Par ailleurs, pour l'octogénaire,
la civilisation humaine était dès le départ ébène. Elle a été
propagée surtout par les femmes africaines car la frontière de
l'Afrique s'étalait jusqu'à l'Euphrate. Et c'est ainsi qu'une fille
du Roi Akhenaton Scota aurait implanté la civilisation ébène en
Écosse appelée en sa mémoire Scotland. Autre exemple plus
contemporain, l'octogénaire a cité l'exemple de la reine Abla POKOU
qui a offert des couverts en Ivoire au roi Louis XIV alors que ce
dernier mangeait avec des couverts en acier avant de rencontrer Abla
POKOU. En outre, c'est la Reine Abla POKOU qui aurait envoyé son
fils près du roi Louis XIV, afin que le jeune résidant dans la cour
du roi de France, apprenne l'art de la guerre au souverain. D'où,
pour l'octogénaire, l'histoire ne fait que se répéter avec
l'UPACEB car de tout temps, c'est la femme Africaine qui a été à
l'origine de l'expansion des civilisations africaines. Pour lui donc,
l'initiatrice de l'UPACEB est une autre diablesse, de même type que
Scota, la fille d’Akhenaton et la Reine Abla Pokou. L’octogénaire
est formel : il ne fait l'ombre d'aucun doute, l'UPACEB, la
toute première organisation à évoquer les termes de « fondamentaux
du panafricanisme » est somme toute, la réalisation de la
prophétie de Lumumba d'après laquelle : « L’Afrique
écrira sa propre histoire, et elle sera au nord et au sud du Sahara.
Une histoire de gloire et de dignité. »
Ceux qui étaient là ont pu le constater : le retraité était
sur le point de tomber en transes à la table de la conférence tant
il était ému. Il a voulu immortaliser le moment en se faisant
photographier en compagnie de l'initiatrice de l'UPACEB qu'il appelle
désormais sa fille, la diablesse.
Revenant
à la polémique suscitée à la création de l'UPACEB, rappelons
simplement que pour finir, on est passé de l'OPUCAN (Organisation
Politique de l'Unité Culturelle de l'Afrique Noire) à l'UPACEB
(Union des Peuples Africains de Civilisations Ébènes). Or, à ce
niveau aussi, nombreux sont celles et ceux qui pensent que les termes
sont exclusifs et trop orientés. Que les termes « Union des
Peuples Africains » de « Civilisations Ébènes »
paraîtraient discriminatoires et seraient susceptibles de racisme.
En tout cas, avant de poursuivre, apportons d'emblée, cette
précision : qu'il s'agisse de «l'Afrique noire» ou des
«civilisations Ébènes», il n'est question que de jeux de
mots, car il s'agit en tout cas de la même chose, en tant que les
deux syntagmes mettent en relief une couleur, celle du noir, laquelle
est prépondérante au sein des peuples de l'Afrique, au sud du
Sahara. Cependant, au-delà d'une simple couleur, en l’occurrence
la couleur noire, ces deux syntagmes ont pour objectif de désigner
la spécificité des Peuples Africains en tant qu'ils sont une entité
socio-politique, caractérisée par une certaine autonomie, voire une
certaine césure entre elle-même et les autres peuples du monde. Et
justement, cette spécificité réelle est si palpable qu'elle n'a
pas besoin de démonstration supplémentaire. Toutefois, on a beau le
décrier, cette spécificité relative à la couleur noire voire
ébène des peuples Africains a tendance à être de tout temps
occultée. L'enjeu ici est donc d'essayer d'apporter quelques
éclaircissements sur les motifs qui poussent la conscience
collective du monde contemporain à vouloir coûte que coûte
occulter la réalité du fait que les peuples Africains et leurs
civilisations riment en général avec la couleur noire (I). Ensuite,
nous essayerons de mettre en relief le système politique originel
des Peuples Africains de Civilisations Ébènes.(II)
- LES MOTIFS D'UN OUBLI VOLONTAIRE DE LEUR ONTOLOGIE
La
conscience collective contemporaine cherche à occulter la
spécificité « noire » des peuples africains de
civilisations ébènes pour des raisons parfois convergentes (A) mais
aussi pour des raisons parfois divergentes (B) et cela a des
conséquences graves de part et d'autres (C).
A)
Les raisons convergentes expliquant l'omission volontaire de cette
caractéristique pigmentaire propre aux peuples africains de
civilisations ébènes.
Au
fond, cette situation de silence volontaire sur la couleur noire dans
les discussions sur les Peuples Africains au sud du Sahara est
imputable à la logique binaire que partagent les Peuples Africains
de Civilisations Ébènes avec certains peuples comme par exemple les
peuples du continent Européen. En effet, cette logique binaire,
voire cette logique dualiste, mène à définir une chose le plus
souvent par son antonyme. C'est ainsi que dans la cosmogonie des
PACEB, la vision dualiste du monde attribue le mal à la couleur
noir, lorsque la couleur blanche est source du bien. C'est ce
principe qui fait qu'encore aujourd'hui, plusieurs sont des filles et
fils d'Afrique à ne pas accepter d'être qualifiés de noirs.
Chez
les voisins Européens des PACEB aussi, le dualisme platonicien
assimile la couleur noir au mal, quand la couleur blanche est
assimilée au bien. Donc, chez eux aussi, la structure mentale de
plusieurs citoyens est construite avec la notion du mal attachée à
la couleur noire, tandis que la couleur blanche serait la couleur
incarnée par le bien. C'est là, une raison suffisamment valable,
pour que la couleur noire, voire la couleur ébène soit occultée. A
ce niveau, il y a une convergence indiscutable entre les PACEB et
leurs voisins Européens. Mais, chez les Européens, la situation se
trouve être plus délicate.
B)
Les raisons divergentes entre les PACEB et leurs voisins d'Europe au
sujet de l'omission volontaire de la couleur «noir»
On
l'a vu, les Européens eux aussi veulent occulter la réalité ébène
des PACEB. Seulement voilà, chez ces derniers, d'autres raisons
existent qui ne sont pas les mêmes que celles évoquées ci-dessus,
et qui les rapprochent des PACEB.
En
effet, chez nos voisins Européens, la logique binaire, voire le
dualisme platonicien favorable au blanc et défavorable au noir comme
c'est le cas chez les PACEB a produit de nombreux dégâts. C'est
ainsi que ce dualisme a été à l'origine de l'esclavage et du code
noir. Au 19ème siècle, ce dualisme a été à l'origine des
doctrines raciales, et il a provoqué la colonisation transmuée en
colonialisme. Ainsi donc, chez nos voisins Européens, c'est leur
passé douloureux qu'ils ont en commun avec les PACEB qui les rend
extrêmement prudents vis-à-vis de tout ce qui touche aux termes de
«peuples», de «civilisations» parce que les lexèmes «peuples»,
«civilisations», leur rappellent des fléaux comme l'esclavage
(crime contre l'humanité), la colonisation, mais aussi les doctrines
raciales, l’antisémitisme, ...etc., que des théoriciens sortis de
leurs rangs ont développés au 19ème siècle. De ce qui précède,
il résulte que généralement, tout sujet portant sur un travail de
fond sur la spécificité des PACEB devient très vite sujet à
caution non seulement chez les PACEB eux-mêmes, mais encore chez
leurs voisins Européens.
Quelles
conséquences de part et d'autre sur ce silence volontairement
observé sur la couleur «noire» ?
C)
Les conséquences inhérentes à la logique binaire
Vraisemblablement,
la vision binaire, - malgré la facilité de compréhension qu'il
peut offrir, - fait que très souvent, celles et ceux qui l'optent
commettent des dérives en matière de jugement de valeurs. Ainsi par
exemple, de même que plusieurs des peuples à la logique binaire
aiment se définir par rapport aux autres peuples, les Peuples
Africains de Civilisations Ébènes se définissent très souvent par
rapport à leurs voisins Européens, espérant ainsi définir ce
qu'ils sont, et ce qu'ils ne sont pas. Bien malheureusement, cette
approche binaire qui débouche parfois sur des conflits entre
civilisations n'aide pas à mieux appréhender la spécificité des
PACEB. Au contraire, leur essence même est obstruée, si elle n'est
carrément occultée. Ensuite, l'approche par la logique binaire des
civilisations empêche la découverte de l'autre tel qu'il est, et
cette approche est sans nul doute le voile qui a dressé dans bien
des cas, des murs dans l'imaginaire des peuples qui la promeuvent.
Pour
les PACEB plus spécifiquement, l'approche par la logique binaire
développe grandement le complexe d'infériorité qu'ils sont
nombreux à nourrir vis-à-vis de leurs voisins Européens. En effet,
il est difficile aux PACEB d'engager une réflexion sur leur altérité
avec leurs voisins européens sans que cela ne débouche sur la
passion. Plus difficile, les rapports entre les deux peuples sont
biaisés car ils manquent de sincérité et d'objectivité dès lors
qu'il faut ménager à chaque fois les susceptibilités. Ce type de
prudence développé par les voisins Européens des PACEB à cause de
leur histoire commune avec les PACEB rend difficile le travail sur la
spécificité des PACEB, travail pourtant nécessaire à leur
autodétermination en tant que peuple autonome, doté d'une identité
propre. Car, pourvu que l'on essaie d'évoquer une identité des
Peuples Africains pour que des suspicions de repli identitaire
naissent. Or, ces suspicions de repli identitaire constituent de
sérieux freins, de sérieux obstacles à un sérieux travail
d'abstraction sur les PACEB et surtout, elles sont sans intérêt à
deux niveaux :
Premièrement,
les suspicions de repli identitaire qui pèsent sur toute initiative
de définition de la spécificité des PACEB sont sans intérêt
parce que l'on peut revendiquer une identité culturelle sans
forcément être raciste.
Deuxièmement,
les suspicions de repli identitaire sur tout travail portant sur
l'identité des PACEB ne présente aucun intérêt parce qu'à défaut
d'une définition claire et nette sur la notion, les PACEB vivent
dans la confusion, et cela mène plusieurs d'entre eux à se définir
n'importe comment, sans véritable lien avec leur ontologie.
Il
est donc temps que ce verrou sur tout travail sérieux sur l'identité
réelle des PACEB saute véritablement. En effet, ce verrou est non
seulement à l'origine de plusieurs amalgames, il entraîne des
quiproquos saugrenus entre les PACEB et les autres peuples, et il
bloque l'émergence des civilisations Ébènes, mais encore, il
entraîne une vraie confusion identitaire au sein même des PACEB ;
toute chose qui menace toutes les civilisations du monde sachant que
les PACEB constituent la première civilisation au monde, et que
confondre leur identité, leur spécificité, c'est semer la graine
de la confusion dans l'humanité toute entière. Inutile de le
rappeler, autant le passé de l'homme se trouve dans les PACEB,
autant son avenir aussi s'y trouve. Des travaux scientifiques
l'attestent régulièrement sans être remis en cause.
Est-il
besoin de préciser, on ne joue pas avec une pièce de musée qui
porte l'empreinte de l'histoire car sa destruction signifie tout
simplement l'effacement de la mémoire. Bien malheureusement, c'est
le risque que l'humanité prend à vouloir sous-traiter les PACEB. Le
plus difficile, c'est la grande part de responsabilité des PACEB
eux-mêmes dans la sous-traitance dont ils sont victimes. Il est donc
utile de rappeler à chaque fois que besoin se fait, qu'il existe bel
et bien des civilisations Ébènes, avec un système politique
général (II)
- LE SYSTEME POLITIQUE ORIGINEL DES PEUPLES AFRICAINS DE CIVILISATIONS EBENES
Aussi
longtemps que l'on puisse remonter dans le temps, les peuples
africains ne connaissent qu'un système politique qui leur est propre
(A) et qu'il n'y a pas de trace d’État théocratique dans ces
civilisations ébènes (B)
A)
La démocratie, seul système politique des Peuples Africains de
Civilisations Ébènes
La
civilisation au sens étymologique du terme, c'est l'organisation de
la cité, ainsi que nous l'a appris durant le colloque de Paris,
Monsieur Roland POUPIN, théologien et philosophe, scolastre de son
état, - la scolastique étant la discipline qui concilie foi et
raison.
Or,
que voit-on tout au long de l'histoire des PACEB ? On voit que
l'organisation et le fonctionnement de la cité sont déployés sous
l'arbre à palabres. Du coup, chez les PACEB, le pouvoir central se
déploie autour de l'Arbre à Palabres qui est la source même du
Démos Kratos grec qui a été traduit par
«démocratie». Les Pythagore, Platon et autres ayant voyagé en
Afrique, c'est là, qu'ils ont découvert l'Arbre à palabres, à
l'origine de la démocratie qu'ils ont importé en Grèce. L'arbre
à palabre africain est donc devenu l'Agora à Athènes.
Et quand les Romains l'ont découvert chez les Grecs, l'Arbre à
palabres africain est devenu le Forum à Rome.
Plus
tard, toute l'Europe conquise à la civilisation grecque adopte
l'Arbre à palabres, devenu désormais le Parlement, jusqu'à
nos jours. Dans une civilisation (les PACEB) dont l'organisation et
le fonctionnement de la cité sont enracinés dans l'Arbre à
palabres, et où, même le roi, le pharaon s'y soumet, toute autre
forme de gouvernement n'est que nulle et non avenue. C'est le cas de
la théocratie.
B)
Une absence totale d’État théocratique
Les
PACEB ignorent complètement le gouvernement théocratique. Il n'y a
pas d’État théocratique dans les civilisations Ébènes. Et ce,
aussi longtemps que l'on puisse remonter dans leur histoire. Chez les
PACEB, la grandeur du roi, l'admiration qu'il suscite au sein peuple
peuvent expliquer sa déification personnelle. C'est le cas de
Toutankhamon et des pharaons égyptiens en général. Mais nulle part
chez les PACEB, l'on n'a attendu des décrets divins pour gérer la
cité ! Au contraire, la gestion de la cité se faisait par
l'action concomitante du pouvoir central et de l'Arbre à palabres.
Il est donc évident que les PACEB n'ont ni admis, ni toléré
l'existence d'un État théocratique en leur sein. Voilà pourquoi
les politiques africains on commis cette faute morale lourde, qui est
de permettre l’immixtion du divin dans la vie publique. Cette issue
malheureuse en elle-même est symptomatique de la méconnaissance des
PACEB de leurs propres civilisations. Qu'il s'agisse des fanatismes
religieux du côté des chrétiens africains qui ambitionnent d'avoir
des États chrétiens ; ou qu'il s'agisse des extrémismes
musulmans africains de type Boko Haram rêvant d’États Islamiques
en Afrique, il convient de les dissuader dans leurs prétentions en
leur faisant savoir de la manière la plus ferme que tous les
pouvoirs politiques originels des PACEB ne comportent aucune trace de
théocratie. Par conséquent, c'est avec force et conviction que nous
osons affirmer que l'Afrique, berceau de l'humanité est aussi
berceau de la démocratie, grâce à son Arbre à Palabres. En
effet, c'est en terre africaine qu'est né en premier, l'Arbre à
Palabres, symbole de la démocratie, devenue Agora à Athènes, Forum
à Rome et Parlement en Occident. Jamais l'inverse !
Ce
qui est regrettable, c'est que la démocratie africaine a été
affaiblie par la suite, à cause du développement du « fait
unanime » au détriment du « fait majoritaire ».
En
effet, au sein des PACEB, le principe est la philosophie politique
qui vise la recherche d'une société juste. Du coup, sous l'arbre à
palabre, de tout temps, l'on a recherché plutôt l'unanimité autour
du chef, que la majorité sans le chef. En effet, chez les PACEB, la
vie dans la cité était une question de justice sociale et voilà
pourquoi quiconque n'était pas chef. En effet, est chef chez les
PACEB, celui qui d'abord est riche, car c'est lui qui a le devoir
d'assister les nécessiteux dans la cité. Or, aujourd'hui, que
voit-on ? Tout l'inverse : c'est le pauvre qui cherche à
devenir chef par la ruse, pour exploiter le peuple et la cité. Çà,
c'est la science politique, issue du machiavélisme, doctrine
stipulant qu'en politique, c'est la fin qui justifie les moyens.
Au
sein des PACEB antiques, l'on ne pratiquait pas la science politique,
l'on ne pratiquait que la philosophie politique. Et c'est ce
qu'Aristote a importé à Athènes où, la politique qu'il définit
comme l'art de gérer la cité, est inhérente à la notion d'équité.
Amis(es),
sœurs et frères PACEB, s'il y a un vœu que je formule pour nous
les PACEB, c'est celui de nous voir guéris de notre paranoïa pour
enfin voir que le mal de l'Afrique est endogène à l'Afrique et non
pas exogène à notre continent. Tant que nous ne l'aurons pas
compris, c'est ainsi que nous contribuerons à notre propre
marginalisation.
Une
image pour terminer : lorsque vous n'avez jamais emmené votre
propre enfant dans votre village natal pendant qu'il était petit, il
ne faut pas s'étonner de le voir confondre votre village natal avec
le village voisin à l'âge adulte.
C'est
à défaut d'avoir enseigné nos civilisations originelles à nos
enfants qu'ils confondent nos États démocratiques originelles avec
des États théocratiques ! En d'autres termes, les États
théocratiques fantasmés par des fanatiques chrétiens ou des
extrémistes musulmans sont le résultat de notre propre silence sur
nos civilisations. Si nous n'avions pas méprisé le fait d'être
noirs mais si on contraire nous l'avions clairement revendiqué,
notre spécificité serait reconnue de façon autonome sans être
confondue avec d'autres spécificités. Nous portons donc l'entière
responsabilité dans ce qui nous arrive, et les pêcheurs en eaux
troubles ne font que profiter des occasions que nous leur offrons.
A
force d'occulter notre spécificité noire et ce qui en découle,
nous avons fini par ignorer nous-mêmes que nous étions les premiers
porteurs de la civilisation. A ce sujet, le Président de la
Commission Éthique de l'Union Européenne, le Professeur
Bernard-Marie DUPONT qui nous a entretenus au colloque sur « les
fondements de l'Union Européenne » l'a dit : « l'Afrique,
contrairement à ce qui a été dit, est rentrée dans l'histoire en
premier. Les autres peuples n'ont fait que la suivre. »
C'est
donc nous-mêmes, filles et fils d'Afrique, qui avons choisi de nous
placer sous le boisseau, avec notre couleur et nos civilisations qui
portent l'empreinte de notre spécificité. Et voilà comment
aujourd'hui, le fait d'être « noir » n'a aucune
signification si ce n'est attirer le rejet.
Si
tel n'était pas le cas, dire : « je suis Africain, de
civilisation ébène » se passerait de tout commentaire car il
insinuerait immédiatement notre identité, notre spécificité. Mais
à force d'entretenir le silence sur nous-mêmes et par nous-mêmes,
à force de mépriser ce que nous sommes et d'envier ce que nous ne
sommes pas, nous avons été les premiers fossoyeurs de notre
spécificité. La preuve en est qu'encore aujourd'hui, dans tout
village africain, il y a des Arbres à palabres. Et pourtant,
l'Afrique est considérée comme dépourvue de démocratie. Curieux
quand même non ? L'Arbre à palabres n'est-il pas synonyme de
démocratie ? Et pourquoi le seul endroit au monde qui regorge
d'Arbres à palabres est-il montré comme dépourvu de démocratie ?
Et pourquoi les Africains eux-mêmes croient à ce gros mensonge ?
Réponse :
les Africains aiment l'auto-flagellation. Ils aiment participer à
leur propre mise à mort.
En
cela, PACEB que nous sommes, nous devons effectivement faire profil
bas en acceptant de réécrire notre histoire, toute notre histoire
par nous-mêmes, au lieu de rester figés dans cette paranoïa
aveuglante qui nous empêche d'opérer de réels diagnostics sur nos
sociétés. Tous les peuples de la terre ont construit leur histoire
et leur identité.
Bras
croisés, nul ne viendra le faire à notre place !
Nous
accueillons avec beaucoup de reconnaissance vos encouragements et vos
félicitations pour la réussite du colloque de Paris malgré les
aléas, mais vous pouvez croire que nous n'en faisons pas un sujet de
gloire vue l'étendue du travail qui reste à faire sur notre
continent.
Yéble
Martine-Blanche OGA-POUPIN
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire