LES
ADDICTIONS A L'AFRICAINE : LA PAIRE INFERNALE ET MALÉFIQUE
ATYPISME,
CAUSES, EFFETS
L'UPACEB,
UNE EBAUCHE DE SOLUTION
Dans
son ouvrage "Nous sommes tous dépendants", Éditions Odile Jacob, Mai
2001,Lembeyne Pierre, disait, je cite : "André
Malraux, toxicomane devant Dieu et les hommes, avait prophétisé le
21ème siècle religieux, et pourtant, il nous est apparu
pharmacomaniaque..."
Par
cette affirmation, le professionnel de santé entend tirer la
sornette d'alarme sur le fléau que vit le monde moderne au 21ème
siècle, caractérisé par une recrudescence de diverses pathologies
physiques, mentales, psychologiques, neurologiques...etc., provoquées
par la consommation abusive de produits illicites et de produits
stupéfiants : alcool, tabac, drogues, médicaments...etc.
Précisément,
la consommation de substances psycho actives ne représente aucun
danger sur les vies humaines lorsqu'elle s'effectue avec modération.
En revanche, elle devient problématique lorsqu'elle a lieu de façon
récurrente et et incontrôlée, sans aucune limitation, car en
l'espèce, elle développe chez les sujets, un état de dépendance
appelé aussi «conduites addictives».
A
ce sujet, ce qui est intéressant dans l'affirmation de Pierre Lembeyne, c'est la prophétie attribuée à André Malraux selon
laquelle le 21ème siècle serait religieux. L'enjeu ici serait de
savoir jusqu'où la religion ne présenterait pas un risque addictif
pour les croyants et par delà, un danger social. En d'autres termes,
l'excès du religieux serait-il moins nocif pour l'individu et la
société que la pharmacomanie ? D'autre part, la pratique religieuse
préserverait-elle les sujets de conduites addictives ? Ou alors,
l'excès du religieux dans la société est-il vraiment différent de
la pharmacomanie ? Par ailleurs, peut-on ; et doit-on dissocier
l'excès du religieux et la pharmacomanie ; ou alors les associer ?
En
outre, en dehors de la pharmacomanie, existe-il d'autres pratiques au
potentiel addictant ?
Enfin,
qu'en est-il du continent africain en matières de conduites
addictives ?
Notons
que toutes ces questions valent leur pesant d'or. Pour les
appréhender, il convient de se pencher sur la notion de dépendance
voire d'addiction en général (I), et tenter en particulier, une
ébauche de définition des formes spécifiques d'addictions
africaines (II)
I)
GENERALITES SUR LA NOTION D'ADDICTION
La
dépendance voire l'addiction a une valeur sémantique (A) en même
temps qu'elle est une notion plurielle de par son objet (B), qui, de
surcroît implique des fonctions (C).
A)
L'addiction, une valeur sémantique
Selon
une page Wikipédia : «La dépendance,
ou addiction, est, au sens phénoménologique, une conduite qui
repose sur une envie répétée et irrépressible, en dépit de
la motivation et des efforts du sujet pour s'y soustraire.»
De
ce qui précède, résulte l'idée d'envie, de répétition,
irrépressible, irrésistible qui échappe à toute maîtrise, à
tout contrôle de la volonté humaine.
Quant
à l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), elle définit six
critères permettant d'identifier les conduites addictives, à savoir
:
-
«désir impératif ou sensation de compulsion»,
-
«difficulté à contrôler la prise ou le comportement»,
-
«présence d'un état de sevrage physiologique en cas d'arrêt ou de diminution de la consommation»,
-
«présence de signes de tolérance à la substance»,
-
«perte progressive d'intérêt pour d'autres plaisirs ou activités»,
-
«poursuite de l'usage de la substance malgré ses conséquences manifestement nocives».
On
notera que ces définitions, d'une part d'une page Wikipédia, et
d'autre part de l'OMS permettent d'établir que la dépendance ou
l'addiction repose avant tout sur un objet, voire une pratique, qui
peut s'accaparer de l'individu dans son être et dans sa pensée,
accaparation de l'individu pouvant aller jusqu'à sa transformation
en objet, voire de son basculement vers le néant. L'addiction ou la
dépendance serait dont la capacité d'un objet ou d'une pratique à
créer des sujétions dans la vie d'un être humain, le privant de sa
faculté de réflexion et de son pouvoir de décision.
L’assujettissement de l'humain soit à un objet, soit à une une
pratique, voilà qui insinue que la notion d'addiction est une notion
plurielle.
B)
L'addiction, une notion plurielle
L'addiction
est une notion plurielle parce qu'au 21ème siècle, il existe une
multitude d'addictions. En clair, nous sommes tous des addicts.
Addicts à des objets différents, addicts à des pratiques
différentes.
En
effet, entre l'addiction aux psychotropes, l'addiction au tabac,
l'alcoolodépendance, l'addiction au médicament, la dépendance aux
nouvelles technologies incluant la cyberdépendance et la dépendance
à la téléphonie cellulaire, l'addiction aux jeux vidéo,
l'addiction au travail (le workaholisme), l'addiction au sexe,
l'addiction aux jeux du hasard, l'addiction à tel ou tel médicament
pour accroître ses performances physiques, ses performances
intellectuelles ou ses performances d'endurance...etc.; le champ
d'étude des addictions est un labyrinthe. On comprend pourquoi, de
nos jours, la terminologie psychopathologique de l'addiction est dans
toutes les bouches, et que les services des professionnels de
psychologie et de psychiatrie sont régulièrement pris d'assaut par
des patients, du moins, celles et ceux qui réalisent encore qu'ils
sont malades, car, tous les addicts ne se considèrent pas comme
malades.
En
tout cas, au 21ème siècle, le nombre des addicts ne fait que
croître. De ce fait, il n'est pas de trop de s'interroger sur les
fonctions des addictions sur les sujets et l'intérêt qu'elles
représentent pour ces derniers.
C)
Les fonctions des addictions
De
ce qui ressort de différentes études, il devient de plus en plus
évident que les addictions procurent du plaisir à leurs victimes
(1) et qu'elles représentent un lieu de refuge devant les menaces de
la vie (2).
1)
Les addictions, une source de plaisir
C'est
en tout cas le résultat des approches expérientielles et
systémiques des addictions. La quête du plaisir serait à l'origine
des conduites addictives. A ce sujet, dans un résumé d'une
publication sur CAIRN.INFO, Céline Chantepy-Touil affirme et je cite
: «Consommer des drogues est d’abord liée à la quête d’un
mieux être et de sensations agréables. Les pratiques addictives
sont donc caractéristiques du rapport individuel que chacun
entretient avec la notion du plaisir. Il semble se construire d’abord
dans la temporalité des temps préliminaires et des rituels qui les
accompagnent. Mais cet espace-temps des préliminaires et des rituels
qui encadrent toutes pratiques addictives et qui définit l’identité
de l’usager de drogues est fragile. Que reste-il alors du plaisir
quand la souffrance et la peur du manque prennent le dessus ?»
Cette
affirmation permet bien de comprendre que les consommateurs de drogue
visent un objectif : le plaisir. Toutefois, d'après l'auteur,
ce plaisir ne s'inscrit que dans un espace et un temps fragiles parce
que courts, brefs. Ce qui sous-entend que l'usager des drogues doit
répéter sa pratique pour maximiser le plaisir recherché.
Cette répétition visant la mutualisation de ses profits, c'est tout
simplement la source de son addiction. Au fond, dans la recherche
intempestive du plaisir, on devient accroc de son objet de plaisir,
de sa pratique de plaisir, ce qui pousse à une quête sans fin :
c'est la dépendance. C'est l'addiction. Phénomène reconnu
aujourd'hui comme étant une maladie du cerveau. On n'oubliera pas de
mentionner que les addictions, issues de la quête de plaisir par les
sujets, sont en fait, un refuge devant les menaces. On l'aura
compris, le rapport de dépendance entre le sujet qui abuse de
produits illicites ou stupéfiants, ou de pratiques abusives et ces
derniers, est tout d'abord un rapport intime, bien que par la suite,
ce rapport peut avoir des répercussions dans les rapports liant
l'individu et son environnement social. En effet, abusant de ses
produits ou de ses pratiques au point d'en devenir dépendant, il
existe une relation fusionnelle relevant de l'intimité entre le
sujet et ses abus. Ce qui donne à cette relation entre le produit et
le sujet, un caractère personnel, qui débouchera par la suite sur
un caractère social, lorsque la relation basculera dans une phase
clinique, impliquant une prise en charge médico-sociale. Mais avant
tout, les conduites addictives relèvent de l'intimité, de la vie
privée du sujet. En tant que son jardin secret, ce domaine reste
inaccessible par les autres et aucune effraction sur cette question
ne sera tolérée ni par le sujet lui-même, ni par les lois, et ce,
au nom du principe du droit de chacun, à une vie privée.
En
outre, révélatrices des faiblesses et des vulnérabilités du
sujet, les addictions représentent la face cachée et obscure de
leurs victimes et voilà pourquoi le sujet a intérêt à les
occulter au risque de s'exposer à la réprobation sociale et
accréditer par là-même, sa marginalisation sociale. Pour finir,
c'est le sujet lui-même qui est le premier protecteur de cette
intimité qui est sienne.
2)
Les addictions, un refuge devant les menaces
Les
études expérientielles et systémiques qui prennent en compte
l'environnement culturel, politique et socio-économique du sujet
pour mieux l'appréhender dans sa dimension psychologique
soutiennent qu'en fait d'addiction, les sujets recherchent un refuge
pour se protéger du chaos dans toutes ses formes. Cela va des
menaces ressenties ou menaces vécues, aux menaces supposées ou
menaces sûres, en passant par les menaces fantasmées ou menaces
réelles. Au fond, les objets d'addictions ou les pratiques
d'addictions ne sont rien d'autres qu'une béquille sur laquelle
s'appuie le sujet pour confronter les duretés de la vie, les chocs
du réel.
Ainsi,
face aux difficultés inhérentes à la finitude humaine, aux peurs
que suscitent les fléaux du divorce, du chômage, de la précarité,
des guerres, de la maladie, de la mort...etc., les individus se
réfugient dans les addictions.
On
retiendra que les addictions ne font pas que détruire l'individu en
tant que sujet. Bien plus, les addictions, en tant qu'elles isolent
le sujet de son groupe social - pour l'inscrire dans un univers à
part, - où, il nage dans les nuages, dans son monde singulier -
sont destructrices des liens sociaux. En effet, le propre des
pathologies addictives, c'est d'entraîner la désocialisation du
patient. Et voilà pourquoi il est de notoriété que les
traitements crédibles en matière d'addictions sont ceux qui sont
accompagnés d'une mesure de réinsertion sociale.
Dans
la suite de ce qui précède, s'il est une vérité qui se fait
unanime, c'est que nul n'est à l'abri des addictions. Tous, nous
sommes soit des addicts confirmés, soit des addicts en perspective,
soit des addicts qui s'ignorent. Et, il n'existe de raison si
valable ou si légitime qui puisse protéger plus ou moins des
addictions. En effet, ni le niveau intellectuel, ni le statut
social, ni la qualité de vie ne sauraient constituer des facteurs
soit, d'exposition aux addictions, soit, de protection des
addictions. Autant dire qu'en matière d'addictions, c'est tout le
monde qui est concerné, tous milieux sociaux confondus, tous genres
et tous âges confondus. C'est ainsi que la nocivité sociale des
addictions reste entière, et à tous les nivaux : de la noblesse
déclassée à la bourgeoisie faillie, en passant par le prolétariat
accablé et le salariat désenchanté, l'épidémie des addictions
n'épargne personne.
Ce
qu'il ne faut pas négliger, c'est qu'au fond, le sujet victime
d'addictions porte en lui une violence dont il ne se libère que par
une évacuation. D'où, cette violence, à défaut de la diriger
contre la société, ou contre un individu quelconque, le sujet la
retourne contre lui-même, dans le refuge des addictions, causant
ainsi son autodestruction.
En
même temps, il convient de savoir qu'il est difficile de sortir
d'une addiction. C'est pour cela que la médecine possède des
traitements de substitution, pour soigner les addictions.
D'ailleurs, on ne peut pas soigner un addict contre son gré, il
faut qu'il le veuille lui-même, en décidant avec le soutien d'un
tiers, d'intégrer un dispositif de soins. Ce qui veut dire que
l'addict doit accepter de se reconnaître malade, ou alors se
reconnaître en tant que tel.
Pour
conclure sur ce chapitre concernant les généralités sur la notion
d'addiction, disons que contrairement à une pensée courante, les
addictions ne sont pas le seul fait du monde occidental au 21ème
siècle. L'Afrique aussi est touchée par les addictions, d'une
façon à la fois variée et singulière.
II)
LES FORMES SPECIFIQUES D'ADDICTIONS AFRICAINES ET LEURS SOLUTIONS
POSSIBLES
L'Afrique
Subsaharienne appartenant à ce monde globalisé du 21ème siècle ne
peut pas prétendre se dissocier de ce grand ensemble. Elle n'en est
pas séparée, elle ne peut pas s'en séparer.
Non
seulement l'Afrique Subsaharienne est solidaire du monde globalisé,
mais encore elle en partage les maux, les douleurs et les
souffrances. C'est le cas des addictions médicamenteuses et des
addictions aux psychotropes. D'ailleurs, il revient avec acuité sur
la toile que l'Afrique serait la plaque tournante des trafics de
produits illicites entre l'Amérique Latine et l'Europe. En outre,
les addictions les plus variées comme celles au travail, au sexe, ou
celles relatives aux nouvelles technologies...etc., que l'on déplore
dans les pays développés touchent le continent africain de plein
fouet, et dans bien des cas, leur virulence est plus exponentielle en
Afrique compte tenu du manque de moyens pour les y contenir.
Dans
tous les cas, hormis le fait que le continent africain soit touché
par le fléau de la toxicomanie, et de toutes les addictions
perceptibles dans les pays développés, l'Afrique subsaharienne est
de surcroît victime de deux addictions majeures, caractérisées par
leur atypisme (A) et leurs effets systémiques (B)
A)
Deux addictions majeures au caractère atypique
En
Afrique Subsaharienne, alors que tous les pays se proclament des
États-nations fondés sur les principes de laïcité, la réalité
révèle autre chose : le régionalisme et la religion sont les deux
facteurs de rapprochement et d'unité des citoyens. Leur
prépondérance sur les institutions républicaines n'est plus à
démontrer. Le problème ne se poserait pas si le régionalisme et la
religion connaissaient une pratique modérée. Mais comme en toute
chose, l'excès nuit, l'importance qu'ils ont sur les autres
institutions de la république finit par percuter la conscience
républicaine, en même temps qu'elle exacerbe la logique nationale.
Ainsi,
consommées à l'excès et non par modération, parce que mises au
devant de la scène, tous azimuts, n'importe où, et n'importe quand,
les deux pratiques (régionaliste et religieuse) ont fini par revêtir
des propriétés addictives qui prennent des millions d'Africains en
otage, dans le piège de l'autarcie, voire du repli.
Là,
où, ces deux pratiques ont une forme addictive atypique, c'est
qu'elles n'ont rien de médicamenteux et pourtant, leur emprise sur
la conscience humaine est d'une totalité telle qu'elles transforment
les individus en objets, en automates qu'on peut actionner à toutes
fins et à tout moment. Faut-il le rappeler, les Africains sont
nombreux à ne pas se définir par leur continent et leur pays. Ils
sont plutôt nombreux à se définir toujours par leur appartenance
tribale et leur leur appartenance religieuse. Du coup, la tribu et la
religion s'accaparent de la pensée et de l'être sur le continent
africain. Pour faire rigoler, la tribu et la religion en Afrique sont
en passe de devenir sont «les déterminants voire les indicateurs»
de santé publique, tant il n'y a qu'elles pour jauger du bonheur et
du bien-être des personnes. Et, il n'y a qu'elles pour regrouper et
unir les citoyens.
Ainsi,
conformément aux adages : «l'ami de mon ami est mon ami»
ou alors : « touche pas mon ami », en
Afrique, il ne faut pas avoir affaire à une personne car c'est avoir
affaire aux membres de son groupe ethnique ou aux fidèles de sa
religion. Et voilà pourquoi les altercations même les plus banales
finissent en bagarre rangées pour embraser la société toute
entière, pour demeurer en rancœurs saugrenues et tenaces s'étalant
dans le temps et l'espace, entre personnes de tribus différentes
d'une part, et entre personnes de religions différentes d'autre
part. Vraie débauche de talents, vrai gaspillage d'intelligences car
si ces passions pour la tribu et la religion étaient transférées
vers la nation et vers le continent, quels profits nous aurions
réalisés sur notre continent en matière d'unité nationale et de
solidité des institutions républicaines !
Finalement,
comme nous l'avons vu dans la notion générale de l'addiction, en
Afrique Subsaharienne, l'individu devient captif de sa région et de
sa religion. Cela ne facilite pas son insertion sociale à un niveau
national car il ne vit que pour sa région et sa religion pour
lesquelles il est prêt à tout y compris verser son sang, y compris
compromettre l'unité nationale de son pays et l'intégration
continentale. Obnubilé que l'Africain est dans sa relation
fusionnelle et pathologique avec sa région et sa religion, il ne
veut entendre raison. Ainsi, où qu'il soit affecté dans le cadre de
la fonction publique sur le territoire national, ou à l'étranger
où, il immigre, l'Africain fera tout pour retrouver ses compatriotes
de village et de tribu pour montrer une association d'une part ; et
d'autre part, retrouver ses coreligionnaires pour monter un groupe de
prière car sans sa région et sa religion, l'Africain n'existe pas.
Comme l'addict qui ne peut se séparer de son produit ou de sa
pratique addictive, l'Africain est accroc de sa région et de sa
religion . Le bilan est terrible pour lui : où qu'il passe,
l'Africain ne profite de rien, surtout pas de découvertes, surtout
pas de richesses culturelles nouvelles. Ainsi, l'Africain passe
partout comme l'eau passe au travers d'un tuyau. Il vient, et repart
sans rien découvrir de nouveau parce qu'il est englué dans les
préparatifs de soirées fait d'excès de table lui rappelant son
village et sa tribu, ou alors pris au piège de son groupe religieux
où on lui lave copieusement le cerveau pour l'empêcher les
inconvertis et les impurs, entendez-là, celles et ceux qui ne sont
pas de sa religion.
Et
comme l'addict aux produits illicites et autres pratiques addictives
qui fuie les menaces et s'en protège en se réfugiant dans ses
addictions, l'Africain qui fuie les guerres, la famine, les
épidémies, le chômage, la précarité a pour béquilles : le
régionalisme et la religion.
Ces
conduites addictives envers la région et la religion que cultive
tout Africain dès le sein de sa mère ont fini par engendrer des
fanatisme du type Boko Haram du côté musulman sur le continent,
quand du côté des Chrétiens, l'extrémisme religieux l'emporte sur
la raison.
Entre
chrétiens, citons les conflits dans le protestantisme tentaculaire,
les mouvements charismatiques dans le catholicisme romain, les sectes
qui n'arrêtent pas de prospérer avec pour corollaires la division
au sein des familles et au sein de la société, la compromission de
la paix, la déconstruction de l'unité nationale ...etc.
Il
n'y a pas de paix en Afrique. Surtout pas de paix religieuse. La
segmentation sociale est à son comble à cause des antagonismes
passionnels entre les églises anciennes et les communautés des
prétendues "nouveaux-nés", des relations conflictuelles
entre la société traditionnelle et ces nouvelles communautés
religieuses voyant le diable et les sorciers partout, de l'insécurité
spirituelle propagée par la turbulence des esprits et l'exubérance
charismatique elles-mêmes
générées par un charismatisme sectaire, primaire et débridé
imputable au zèle démesuré de néophytes, authentiques naufragés
de l'esprit promoteurs d'un intégrisme religieux sans
précédent...etc.
La
religion est dévoyée, détournée de ses finalités premières qui
sont d'apporter un supplément d'âme aux vaincus de la vie et une
paix sociale semblable à celle du paradis.
S'agissant
du régionalisme qui conduit au tribalisme avec ses relents
xénophobes, il alimente l'instinct grégaire, il en est le ferment,
le ciment. Au 21ème siècle, son obsolescence, voire ses
anachronismes le rendent invalide dans
un monde de plus ouvert.
La
situation est délétère. Les pays se parcellarisent. Le continent
s'enlise. Il se désintègre. A la manière des addicts classiques
qui connaissent un déficit d'intégration sociale pendant la phase
de leur maladie.
Qu'à
cela ne tienne, une seule chose compte : que chacune, chacun ait sa
dose journalière de régionalisme ou de religion. Pour le reste,
c'est-à-dire pour ce qui concerne l'unité nationale et la cohésion
continentale, on s'en moque. Car, comme les addictions classiques,
les addictions religieuses et régionalistes africaines sont deux
pratiques égoïstes et hédonistes, ne recherchant que le plaisir
personnel ou groupal, au détriment de ceux qui n'appartiennent pas
au réseau.
On
ne trouve de plaisir que dans sa région, dans sa tribu, au milieu de
ses compatriotes de région. On ne trouve de plaisir que dans sa
religion, au milieu de ses coreligionnaires, de ses collègues
illuminés. Dans ce cas, à quoi cela servirait de mettre fin à
cette communion parcellaire ; fut-elle dommageable à la nation et au
continent ? Et pourquoi on se soucierait du sort des autres qu'on
indispose et qu'on fait souffrir au propre comme au figuré ? Ce qui
compte, n'est-ce pas notre plaisir ? Tout notre plaisir ? Rien
que notre plaisir ?
Au
nom de la région et la tribu, au nom de la religion, on peut tuer
d'autres concitoyens, compromettre le développement du pays et du
continent. Qu'importe ? Tant que cela procure le plaisir de type
additif..., reconnaissable dans son intensité !
Pareillement
que les addicts aux psychotropes qui s'isolent de la société qu'ils
contribuent ainsi à segmenter, les fanatiques religieux et
extrémistes régionalistes africains eux aussi s'isolent du reste de
la communauté nationale qu'ils contribuent à émietter.
Pareillement
aux addictions classiques qui n'épargnent personne, les addictions
régionalistes et religieuses africaines concernent tout le monde en
Afrique, depuis les rangs sociaux les plus bas jusqu'aux rangs
sociaux les plus élevés, en passant par les intellectuels jusqu'aux
analphabètes, des femmes aux hommes, des adultes aux jeunes, des
nouveaux-nés aux vieillards.
Pareillement
aux addicts classiques qui retournent leur violence contre eux-mêmes
en s'autodétruisant par leurs addictions, l'Afrique s'autodétruit
en retournant ses violences et ses addictions ses filles et fils, ses
populations, ses campagnes, villes et villages c'est-à-dire contre
elle-même. La mise en périls des personnes, les destructions des
biens que génèrent ces deux addictions sur le continent africain
sont si nombreux qu'on ne peut les évaluer. D'un pays à un autre,
c'est le même scénario, les populations sont aux abois, accablés,
poussées dans leurs derniers retranchements par des guerres sordides
nées de ces deux addictions majeures.
Pareillement
aux addictions classiques reconnues comme une maladie du cerveau
qu'il faut soigner, les addictions régionalistes et religieuses sur
le continent africain méritent qu'on s'y penche sérieusement pour y
trouver une solution. En effet, leurs conséquences sont suffisamment
graves, systémiques, pour que l'on les laisse prospérer en l'état.
Assurément,
les deux addictions régionalistes et religieuses africaines, on peut
les appeler "la paire infernale et maléfique" qui détruit
la cohésion africaine.
B)
Les effets graves et systémiques des deux addictions africaines
Les
causes des deux addictions africaines atypiques que sont le
régionalisme et la religion sont nombreuses, ce qui justifie
pleinement ces deux addictions.
En
effet, dans son environnement social d'origine, le parcours de tout
Africain demeure absolument singulier.
Si singulier que l'on se porterait à faux de penser que les maux qui
rongent le continent noir sont la somme des maux de tous ses
citoyens.
Entre
des États faillis, et l'élitisme criard des communautés
religieuses orthodoxes dont le culte du riche exclue d'emblée le
pauvre, en passant par les guerres, la précarité sociale, les
épidémies et autres pandémies, la hausse de la mortalité
infantile, l'espérance de vie trop courte, sans oublier la pauvreté
structurelle, le chômage...etc., tout Africain a peur. Tout Africain
a raison d'avoir peur. Mais, qui ne l'aurait pas eu ?
C'est
un comportement instinctif : devant le chaos, chacun recherche un
refuge. Dans l'asthénie, chacun a besoin d'une béquille.
C'est
ce qui explique que les addicts classiques se réfugient dans les
psychotropes, le travail, les nouvelles technologies, le sexe,..etc.,
et les addicts africains, quant à eux se réfugient dans la tribu,
la région, et la religion.
Là,
où, le bât blesse, pour ce qui concerne l'Afrique, c'est que, la
région et la religion présentant des propriétés et des
caractéristiques addictives, les Africains ont fini par en devenir
accrocs, basculant dans des excès qui les conduisent à des
comportements incontrôlés, dommageables à la cohésion nationale
et continentale. Le plus regrettable c'est que tout, sur le
continent, leur donne raison de s'appuyer sur leur région, leur
tribu et leur religion quand plus rien ne va. En effet, en dehors de
la religion, de la région et de la tribu, aucune alternative
n'existe pour soulager les peines.
Le
toupet, c'est que même les dirigeants politiques africains
s'appuient souvent sur leur tribu et leur religion pour gouverner
lorsque surviennent des soubresauts conjoncturels. Et si même les
dirigeants africain qui ont le pouvoir comptent sur leur région et
leur religion pour se tirer d'affaires, à fortiori, le citoyen
lambda !
C'est
dire combien le régionalisme et la religion sont déterminants pour
l'équilibre psychique de tout Africain.
Mais,
ce qui est grave et redoutable, c'est que contrairement aux
addictions classiques qui ont la capacité de ne détruire que le
consommateur des produits toxiques et illicites ou alors la seule
victime des addictions sans causer d'énormes dégâts à la société,
les addictions régionalistes et religieuses quant à elles
n'impactent pas que la vie de leurs victimes, au contraire, le risque
qu'elles font courir est systémique, vu que les conséquences
qu'elles produisent se propagent à grande échelle, en dehors de la
sphère de celles et ceux qui en sont à l'origine.
Eh !
Oui ! Ne l'oublions pas : l'Afrique Subsaharienne repose sur une
société à la structure féodale où, la transmission des rôles
sociaux s'effectue au sein des ordres tribaux, villageois, claniques
et familiaux. Rappelons aussi que dans cette société africaine
féodale, plusieurs sont des rôles sociaux comme par exemple
l'appartenance clanique, tribale et les croyances à être transmis
par la voie héréditaire. Cela veut dire qu'avec la région et la
religion, sont transmis les fanatismes avec les extrémismes, bref,
les passions, et ce, dans le temps et dans l'espace. C'est l'aspect
systémique des addictions régionalistes et religieuses africaines.
Elles n'ont pas de fin. Au contraire, elles s'éternisent par
héritage mais aussi par affinité aux descendants, aux
alliés proches et alliés lointains, et aux amis. Elles se propagent
à travers les âges. Il convient d'en avoir peur. Et à juste titre.
En effet, ces deux addictions régionalistes et religieuses
africaines ont tout de missiles de grande portée.
En
effet, la fibre tribale et la fibre religieuse sont dangereuses,
elles sont explosives. Et, elles sont dangereuses et explosives parce
qu'elles touchent à l'intimité de l'individu tout comme les
addictions classiques sont placées dans un rapport d'intimité entre
le sujet et son produit ou sa pratique addictive. Or, personne ne
fait concession de ce qui touche à son intimité. Premier postulat.
Deuxième
postulat : comme il est de notoriété que toute addiction
représente une violence cachée dans la victime qui, à défaut de
la diriger contre autrui la retourne contre elle-même, en provoquant
son autodestruction, ainsi en est-il des addictions africaines au
régionalisme et à la religion qui symbolisent des violences portées
par les Africains, et qui finissent par les retourner contre
eux-mêmes, à défaut de les diriger vers autrui.
Troisième postulat : sachant que toutes les addictions sont révélatrices des faiblesses et vulnérabilités des individus et que leur accession par un étranger au sujet est fauteuse de violations de la vie privée, ce qui est à même de causer des troubles à l'ordre public, faut-il s'étonner de la multiplication des conflits à caractère religieux et ethnique sur notre continent où, les addictions au régionalisme et à la religion sont sans cesse exhibées, jetant ainsi sur la place publique, les vulnérabilités et les faiblesses des sujets ; ainsi touchés dans ce qu'ils ont de plus profond, et de plus intime ?
.
Conséquence
des trois postulats précédents : l'Afrique vit des conflits à
caractère religieux et régionaliste parce qu'elle a commis la faute
morale majeure de permettre l’immixtion de l'intime dans le public,
c'est-à-dire, l'introduction de la religion et du régionalisme dans
son espace public. C'est une ingérence intolérable que l'Afrique a
permise, et qu'elle paie au prix fort. Bien dommage !
En
effet, vie privée et vie publique n'ont jamais fait bon ménage.
Avoir toléré, voire avoir autorisé que le régionalisme et la
religion saturent impunément l'espace public africain comme cela a
toujours été le cas était la faute qu'il ne fallait pas commettre,
et l'Afrique l'a commise. Elle la regrettera à vie.
Aujourd'hui,
le religieux se confond avec le pouvoir politique dans les pays
africains. Du coup, les principes de laïcité sont piétinés et
foulés au pied. La religion qui relève de l'intimité a surgi dans
l'espace public où, elle est de devenue le catalyseur principal des
consciences.
De
même, l'appartenance tribale et régionaliste qui relevait du privé
est passé dans le domaine public. Dans certains pays africains, le
gouvernement est formé non pas en fonction des compétences des
personnes mais bien selon leur origine ethnique, surtout lorsqu'elle
présente une similitude avec celle du titulaire de la souveraineté
nationale. Ainsi en est-il des fonctionnaires recrutés sur la base
ethnique, conformément à l'ethnie de l'autorité administrative.
En
l'espèce, disons-le tout net, l'Afrique Subsaharienne qui a pour
seules béquilles pendant les moments de tempête, - lorsque rien ne
va, - le régionalisme et la religion est fossoyeuse du principe de
laïcité et du principe de neutralité dans la fonction publique.
Au
demeurant, vu que la fibre religieuse et la fibre tribale et
régionaliste sont dangereuses et explosives, et vus leurs effets
systémiques, il n'est pas excessif de dire que les pays africains
qui les promeuvent, sont ceux qui possèdent les deux plus grandes
armes de destruction massive. A cet effet, il suffit de constater la
portée de ces deux armes sournoises de guerre que sont les
addictions au régionalisme et à la religion sur le continent pour
s'en convaincre.
Évidemment,
plusieurs déplorent le fait que l'Afrique ne possède pas encore
d'armes nucléaires de type bombe atomique ou bombe à hydrogène
mais, ceux qui pensent ainsi ont vite fait d'oublier que c'est
l'Afrique qui possède, au 21ème siècle, les deux plus grandes
armes de destruction massive, à savoir : le régionalisme et la
religion, les deux addictions majeures des Africains.
De
ce qui précède, une chose est de se révolter, une autre est
d'apporter des solutions.
A
notre humble avis, il ne suffit pas seulement de voir ce qui ne va
pas. Il faut indiquer des remèdes. C'est tout le sens l'UPACEB.
En
effet, en réfléchissant aux difficultés de l'Afrique, on réalise
que toutes ces difficultés renvoient à la désintégration, en ceci
qu'en Afrique, chacun ne s'intègre que de deux façons : soit par la
religion, soit par la région. Ces deux façons de s'intégrer sont
si anciennes, leur encrage social est si fort, leur enracinement dans
nos mœurs d'Africains si profond, qu'on peut parler en termes
thérapeutiques d'accoutumance, d'addiction. Car, on en est arrivé à
un point où, tout l'espace public africain est saturé par les faits
religieux et les références régionalistes et tribalistes. Cette
imprégnation religieuse et cette imprégnation régionaliste
constituent de sérieux obstacles à l'unité de nos nations, à
l'intégration de notre continent, nous ne le dirons jamais assez.
Elles sont à l'origine de la majorité des conflits sur le
continent.
Or,
on sait qu'il est difficile de sortir d'une addiction. C'est pour
cela que la médecine a des traitements de substitution, pour soigner
les addictions.
Dans
le cas de l'Afrique, le traitement de substitution aux addictions au
régionalisme et à la religion à l'origine de sa désintégration
doit reposer sur un nouveau contrat social. En effet, selon Antoine
Loysel, «On lie les bœufs par les cornes et les hommes par la
parole.»
C'est
dire, que, le traitement de substitution aux addictions au
régionalisme et à la religion en Afrique, ce sont les fondamentaux
du Panafricanisme. Cela passe par la disparition de l'espace public,
de tout fait religieux et de toute distinction régionaliste ou
ethnique. Le défi est majeur car il y va de la survie même de notre
continent. Mais aussi, ce défi est simple : il s'agit de redonner à
la religion et au régionalisme leur place primordiale en les faisant
basculer à nouveau dans le privé, leur place initiale qu'ils
n'auraient jamais dû quitter.
Replacer
la religion dans l'ordre du privé, c'est la philosophie même du
christianisme authentique qui considère que le chemin de la croix
est un chemin solitaire, un chemin individuel et privé ; et non pas
un chemin public.
Au
fond, chez les chrétiens, la religion est de l'ordre du privé parce
que c'est chacun qui porte sa croix.
Notre
devoir en tant que citoyens Africains en ce 21ème siècle est donc
de mettre de l'ordre dans notre continent, ce géant qui marche par
la tête. Et reconnaissons que ça ne sera pas facile.
Il
y a des étapes à franchir pour y arriver :
-
Procéder à un tamisage de nos trajectoires de
socialisation pour y extraire tout ce qui renvoie à nos deux
addictions que sont le régionalisme et la religion, cette paire
infernale et maléfique.
-
opérer une déconstruction de nos discours habituels pour opérer
une construction d'un nouveau discours qui prenne en compte la
laïcité, l'unité nationale et l'intégration continentale.
-
Accepter de faire un changement de nos schèmes de représentations
qui excluent les autres qui n'appartiennent pas à nos groupes
d'appartenance et nos groupes d'identification.
-
Agir pour le renforcement de nos morales sociales pour garantir la
fiabilité de notre idéal commun.
-
Respecter scrupuleusement nos morales nationales et l'autorité
sacrée des traités internationaux.
Bien
entendu, tout cela passe par la reconnaissance pleine et entière des
fondamentaux du Panafricanisme, et des fondamentaux de la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme.
Et
ces fondamentaux du Panafricanisme, s'il est une structure, une
organisation supranationale pour les porter et les promouvoir, c'est
bien l'UPACEB.
Tout
le problème résidera dans la reconnaissance par l'Afrique, de son
état de victime des addictions, et de son désir de s'en
débarrasser.
Autrement
dit, l'Afrique est-elle prête à faire le saut qualitatif ; en
faisant le pas décisif de rupture avec ces deux addictions majeures
qui la minent et la tirent par le pas ?
Est-elle
prête à entamer cette cure de substitution à ses deux addictions
régionalistes et religieuses qu'est l'UPACEB ? C'est une autre
paire de manches.
Seul
l'avenir nous le dira.
Yéble
Martine-Blanche OGA-POUPIN
Yéble
Martine-Blanche OGA-POUPIN
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