LES
ANCÊTRES DE L'UPACEB ET LES CAUSES DE LEUR INEFFICIENCE
Les PACEB
(Peuples Africains de Civilisations Ébènes) existent naturellement.
Il leur manque seulement une reconnaissance juridique, une base
légale, qui les fassent advenir à une entité politique autonome. A
défaut d'une telle base légale qu'ils sont les premiers à ne pas
rechercher, toutes les actions qu'ils posent sont disséminées en
groupes parcellaires, qualifiées diversement, vécues dans
l'incohérence, donnant l'impression d'être tantôt en symbiose,
tantôt en contradiction. Une telle disparité dans les actions,
annihilant tout esprit de groupe et ne permettant pas assez de
lisibilité, on a tendance à se retrouver dans une confusion totale
qui laisse penser qu'au fond, les PACEB ne posent aucune action en
leur faveur et c'est à juste titre. En effet, la confusion n'a
jamais produit de résultat appréciable.
Or, dans
nos civilisations existentialistes voire matérialistes, où, il est
de notoriété que les catégories de la logique ne sont pas tombées
du ciel, le plus important est que, les choses, pour exister doivent
être accessibles au toucher et à la vue. Pareillement, les idées,
même les plus ingénieuses doivent être déployées dans le
concret, à défaut de quoi, elles sont frappées du sceau de
l'abstraction, et en ce qui concerne les idéologies, c'est la menace
de déboucher sur l'utopie qu'elles encourent.
Il est donc entendu que
dans de telles civilisations matérialistes, ce qui compte, c'est le
factuel, c'est la matérialité. Le reste pouvant rimer avec de la
poudre aux yeux, du vain verbiage. Autrement dit, lorsque rien n'est
fait, et que rien de fait n'a été vu, on est à même de déduire
qu'on n'a rien fait, et que du coup, rien n'ayant été fait, rien
donc n'a jamais existé. En raisonnant ainsi, on peut légitimement
affirmer que le projet de l'UPACEB n'a aucun antécédent, qu'il est
sorti du néant, qu'il est un nouveau projet qui n'a jamais été
envisagé, ni évoqué, en Afrique, ni ailleurs sur un autre
continent. Et pourtant !
En effet, à voir de
près, le projet de l'UPACEB (Union des Peuples Africains de
Civilisations Ébènes) n'est pas si nouveau que çà. Au contraire,
de tout temps, les filles et fils d'Afrique ont toujours émis le
souhait de se retrouver pour bâtir leur continent.
A ce sujet,
- faut-il rappeler le Reggae-man Bob Marley et les Rastas qui affirmaient que pour eux, la Jamaïque n'était qu'une étape, et que leur destination finale était l'Afrique ?
- Faut-il insister sur le rêve primordial du Rastafarisme qui se considère en exil dans le monde, en pleines pérégrinations en l'attente de leur terre promise, l'Afrique ; en rappel de l'histoire des Juifs ?
- Faut-il évoquer le dernier souhait de millions d'Africains-Américains de l'Amérique Latine et de l'Amérique du nord, ainsi que celui des Caribéens qui est de retourner en Afrique, la terre de leurs ancêtres ; avant de mourir et quitter ce bas monde ?
- Est-il question de mentionner que sur le continent africain, ces dernières années, certains propos d'hommes d’État faisaient allusion d'une certaine façon au projet de l'UPACEB : et que des structures nationales en Afrique y font penser ?
Au risque de paraître
rébarbatif, signalons en passant que sur le continent européen
même, des groupements à caractère associatif et politique ont
donné à penser que les enfants d'Afrique avaient hâte de se
retrouver pour vivre leur spécificité à des degrés différents.
Mieux, dans certains débats et propos à caractère privé ou
public, que ce soit en terre africaine ou en terre occidental, des
filles et fils d'Afrique expriment bien le souhait de retrouver leurs
sœurs et frères éparpillés sur la planète entière pour vivre en
toute solidarité.
Bref, aussi longtemps que
l'on remonte jusqu'à nos jours, les filles et fils d'Afrique, - que
la faute morale des humains a dispersés sur toute la planète, - il
ne faut pas l'oublier, - ont de tout temps rêvé de se retrouver un
jour.
En exemples
supplémentaires, plusieurs Négro Spirituals et Gospels expriment
bien ce désir primordial pour ce qui est des descendants des
déportés de revenir en Afrique. Et pour ce qui est des Africains
résidents sur le Continent, de même que de leurs diasporas issues
de l'immigration, des initiatives pour retrouver et unir les enfants
d'Afrique sont entreprises. Toutefois, il est à remarquer que toutes
ces initiatives qui renvoient à l'UPACEB ont présenté certaines
faiblesses, - et ce n'est que dommage, - à la base de leur défaut
de consistance, lesquelles expliquent bien leur inefficience.
D'où, tout l'intérêt
de revenir sur quelques-unes de ces initiatives qui ont précédé le
projet de l'UPACEB (I), sans oublier les causes de leur inefficience
(II).
I)
QUELQUES INITIATIVES AYANT DES POINTS COMMUNS AVEC L'UPACEB
Ces initiatives qui
renvoient au projet de l'UPACEB ont été prises tantôt en Afrique
(A), tantôt en Europe (B), tantôt à un niveau intercontinental
(C).
A)
Les initiatives africaines en lien avec l'UPACEB
En Afrique, ces dernières
années, un homme politique a tenu des propos qui renvoient au
projet de l'UPACEB (1) et deux pays de l'Afrique de l'Ouest ont mis
en place des structures qui concordent bien avec le projet de
l'UPACEB (2).
- Maître Abdoulaye WADE, un précurseur des idéaux de l'UPACEB
Les propos du président
Abdoulaye Wade qui coïncident avec le projet de l'UPACEB se situent
à deux niveaux :
- Premièrement, tout
débute en 2008. Cette année-là, il y avait juste un an que Nicolas
Sarkozy était élu Président des Français. Au sein de son
programme de gouvernement, le concept de l'Immigration Choisie.
Cependant, avec la perspicacité d'esprit qui est sienne, Maître
Abdoulaye Wade, alors président de la République du Sénégal y
voit aussitôt une supercherie. Il dénonce sans ambages «un
pillage des cerveaux» africains.
Dans un article encore en
ligne, Violaine Carrère, Chargée d’études au Gisti (Groupe
d’information et de soutien des immigrés) revient sur cette
réaction avisée du maître du Sopi sur le sujet, dont il est utile
de vous livrer quelques morceaux choisis :
«Le problème, c’est
l’immigration choisie. J’avais préconisé l’immigration
«concertée» : consultons-nous avant de prendre des décisions. Or,
la France est toujours dans la disposition de ne laisser venir que
des diplômés. C’est cette fuite des cerveaux qu’on ne peut
accepter. Le Sénégal consacre 40 % de son budget à l’éducation.
Si nos meilleurs étudiants partent en Europe, c’est absurde.»
Dixit Abdoulaye Wade.
Maître Wade ne s'arrête
pas là, car il va jusqu'à demander le remboursement des
investissements d'avenir entrepris par son pays, le Sénégal, pour
la formation de ses cerveaux. Et c'est Violaine Carrère qui s'en
fait l'écho : «Abdoulaye Wade a par exemple émis l’idée que
les jeunes envoyés se former à l’étranger aient à rembourser à
leur pays l’investissement que celui-ci a consenti pour eux.»
A la suite du Président
Wade, Violaine Carrère mentionne que : «Le secrétaire exécutif
de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de
l’Ouest), Mohamed Ibn Chambas, imagine, lui, un partenariat
euro-africain qui «incite au retour» les migrants africains, les
intégrant «systématiquement» à des programmes de soutien à des
projets générateurs d’emplois dans leurs pays.»
Le fléau de la fuite des
cerveaux en Afrique, c'est bien ce que votre servante appelait tantôt
«fuite des cerveaux dans les deux sens» ou «fuite des
cerveaux au départ, et fuite des cerveaux à l'arrivée.»
Phénomène que le projet de l'UPACEB compte résoudre une bonne fois
pour toute par l'ouverture d'un espace Afro-ébène et la mise en
circulation d'un Passeport Ébène qui permettraient à tout Africain
d'être au service de son pays, de son continent, où qu'il se trouve
sur la terre des hommes, sans qu'il soit empêché par quelque
mécanisme juridique que ce soit. Or donc, le Président Abdoulaye
Wade se préoccupait déjà de solutions à ce fléau. Pour cela, il
devient le précurseur des idéaux que compte véhiculer l'UPACEB.
- Deuxièmement, en 2008,
Haïti est victime d'une grand catastrophe naturelle qui a fait des
milliers de sinistrés. Le monde entier est alors gagné par
l'émotion. L'aide afflue de tous côtés. Contre toute attente, le
président Wade propose aux Haïtiens de regagner l'Afrique. Jeune
Afrique publie un article à ce sujet, encore en ligne, et c'est un
réel plaisir de citer quelques bribes de la pensée du président
Sénégalais : «La récurrence des calamités qui tombent sur
Haïti m’amène à proposer une solution radicale: (. . . ) créer
en Afrique, quelque part, avec des Africains bien entendu, avec
l’Union africaine, (. . . ) un espace, à déterminer avec des
Haïtiens, pour y créer les conditions de retour des Haïtiens».
Ou alors : «Ils n’ont
pas choisi d’aller dans cette île et ce ne serait pas la première
fois que des anciens esclaves ou leurs descendants soient ramenés en
Afrique. C’est le cas du Liberia, où ils ont dû s’intégrer à
la population locale pour former aujourd’hui la nation libérienne.
Notre devoir, c’est de leur reconnaître le droit de revenir sur
la terre de leurs ancêtres.»
Le porte-parole du président
sénégalais, Mamadou Bamba Ndiaye renchérit : «Si ce ne sont
que quelques personnes, nous leur offrirons un toit et un bout de
terre. S’ils viennent en masse, nous leur donnerons une région»
Imaginez la joie de votre
servante à cette époque !
Enfin, enfin, enfin,
l'Afrique y songe ! Et un Africain l'exprime !
Inutile de le rappeler,
tout le projet de l'UPACEB consiste à faire revenir tous les enfants
d'Afrique éparpillés dans le monde au sein d'un grand ensemble où
ils formeront un seul peuple au service de leur continent. Et
l'UPACEB y croit dur comme fer. Le peuple Juif l'a fait. En Israël,
le vote d'une Loi de retour est rentré en vigueur depuis 1948. Cette
loi a valeur constitutionnelle. Grâce à cette loi, tous les Juifs
répandus sur la terre peuvent retourner en Israël n'importe quand,
et ils y sont accueillis. A défaut de vouloir retourner en Israël,
ils peuvent visiter le pays n'importe quand, et, où qu'ils se
trouvent sur la terre des hommes, ils contribuent au développement
de leur pays sans y vivre ! Qu'est-ce qui empêche que l'Afrique
Subsaharienne fasse autant ?
Vous l'auriez compris,
c'est tout le combat que veut mener l'UPACEB.
Alors, lorsque l'ancien
président du Sénégal offre la possibilité d'un retour aux
Haïtiens en terre africaine, il ne fait que répondre à
l'aspiration du projet de l'UPACEB. Pour cela aussi, Maître Wade est
le précurseur des idéaux que veut véhiculer l'UPACEB.
Ceci dit, en Afrique,
deux pays d'Afrique de l'Ouest ont mis en place des structures qui
rejoignent bien le projet de l'UPACEB.
2)
Deux structures ouest-africaines en lien avec le projet de l'UPACEB
La Côte d'ivoire, et le
Sénégal offrent à la postérité africaine et au monde une
institution et monument qui symbolisent l'histoire et la culture
africaines d'une part, et d'autre part, sont en lien avec le projet
de l'UPACEB.
1)
L'ASCAD : L'Académie des sciences, des arts, des cultures d'Afrique
et des diasporas africaines
C'est le 1er septembre 2003
que l'ASCAD naît à Abidjan. Cette institution culturelle ivoirienne
vise à développer l'influence des sciences, des arts, de la culture
africaine et de celle de la diaspora africaine. En tant que telle,
l'ASCAD épouse entièrement les idéaux de l'UPACEB.
C'est d'ailleurs la raison
principale qui a poussé votre servante à choisir la Côte d'ivoire
pour abriter le sommet de Février 2016 sur les fondements de
l'UPACEB.
En effet, jamais auparavant,
sauf erreur de notre part, aucune institution africaine n'a englobé
tant l'Afrique et ses diasporas ! Du coup, vu son caractère
global et systémique qui vise à rassembler l'Afrique et ses
diasporas, l'ASCAD de Côte d'ivoire reste la précurseuse idéale du
projet de l'UPACEB. On peut donc comprendre qu'il lui revienne de
prendre en charge le pilotage du sommet de Février 2016 sur
l'UPACEB. Votre servante en formulera la demande auprès des
instances dirigeantes de l'illustre institution le moment venu.
2)
Le Monument de la Renaissance Africaine
A
l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance du Sénégal, le
Monument de la Renaissance Africaine situé à Ouakam, à Dakar, a
été inauguré le 03 Avril 2010 par le Président de la République
du Sénégal, son Excellence Monsieur Abdoulaye Wade.
Il
est dit qu'avec ses 52 mètres de hauteur, cette
statue est, au 21ème siècle, la plus grande des statues du monde.
La statue de la Liberté à New York la suivrait juste après.
Vous avez dit Renaissance
africaine ? C'est-à-dire, tout le projet de l'UPACEB.
Dans la même lignée, en terre européenne, plus précisément en
France, des initiatives ont été prises en relation, même partielle
avec l'UPACEB.
B)
Des initiatives en terre européenne renvoyant au projet de l'UPACEB
En Europe, plus précisément en France, deux groupements à
caractère politique rappellent partiellement le projet de l'UPACEB.
Il s'agit d'une part du CRAN (1), et d'autre part, du MAF (2).
1)
Le CRAN Le Conseil représentatif
des associations noires de France
Le Conseil représentatif
des associations noires de France (CRAN) est né le 26 novembre 2005
à l'Assemblée nationale française. A l'origine, une soixantaine
d'associations d'Afrique et des Antilles en France. Dès le départ,
le CRAN s'est donné pour but, la défense des populations noires de
France contre les discriminations dont elles sont victimes. On peut
alors dire que le CRAN épouse partiellement les idéaux de l'UPCAB
car elle défend en partie, les intérêts des peuples africains.
2)
Le MAF : Mouvement des Africains Français
Le
Mouvement des Africains Français est né en Juillet 2011 grâce à
l’Écrivaine Camerounaise Calixthe Beyala qui en est la Présidente.
A la première sortie nationale de ce Mouvement des
Africains-Français (MAF) qui a eu lieu au Grand Palais de Lille le
26 novembre2011, chacun a pu constater le grand déferlement de
militants qui donne la preuve que vraisemblablement, la soif de se
retrouver des Africains de par le monde, pour s'affirmer en tant
qu'un seul peuple à la destinée commune est irrépressible. Du
coup, parler des Africains Français, c'est évoquer une catégorie
sociale des PACEB (Peuples Africains de Civilisations Ébènes) et
donc, il n'est pas exagéré de dire que le MAF épouse en partie,
les idéaux de l'UPACEB.
On
l'a vu, au niveau africain comme au niveau européen, des initiatives
même partielles sont prises qui sont en lien avec le projet de
l'UPACEB. Mais ce qu'il faut ajouter, c'est qu'une structure
intercontinentale rejoint elle aussi, de façon partielle, le projet
de l'UPACEB. Il s'agit des pays ACP.
C)
Les pays ACP : Les pays (Afrique, Caraïbes, Pacifique),
précurseurs partiels de l'UPACEB
Les
pays ACP regroupent les pays de l'Afrique Subsaharienne, les pays des
Caraïbes anglophones et d'autres pays de l'Océan Pacifique sans les
DOM-TOM français. Les pays ACP sont ceux qui ont signé la
Convention de Lomé. Cette convention de Lomé est un accord de
coopération commerciale qui a été signé le 28 février 1975 entre
la Communauté Économique Européenne (CEE) et 46 pays d'Afrique,
certains pays des Caraïbes et du Pacifique. Cette convention de
Lomé a été renouvelée en à plusieurs reprises :
- en 1979, la convention de Lomé II, signée par 57 pays.
- En 1984, la convention de Lomé III, signée par 66 pays
- En 1990, la Convention de Lomé IV, signée par 70 pays.
Le
23 juin 2000, la Convention de Lomé a été remplacée par l’accord
de Cotonou qui a été signé dans la capitale économique du Bénin,
entre l'Union européenne et les États d'Afrique, Caraïbes et
Pacifique (ACP). Conclu pour 20 ans, cet accord est révisé tous les
5 ans et il réunit les 79 États du groupe ACP et les 28 pays de
l'Union européenne, soit une population totale de plus de 700
millions de personnes.
Toutes
choses égales par ailleurs, les pays ACP ont le mérite de prendre
en compte une grande partie des PACEB mais cette prise en compte
n'est que partielle. Toutefois, il y a lieu de reconnaître que cette
institution intercontinentale préfigure d'une certaine manière, le
projet de l'UPACEB.
On le voit
bien, plusieurs initiatives en Afrique, en Europe comme dans un cadre
intercontinental rappellent des aspects du projet de l'UPACEB.
Cependant, toutes ces initiatives présentent des failles qui
caractérisent les causes de leur inefficience.
II)
LES CAUSES DE L'INEFFICIENCE DES INITIATIVES PRECURSEUSES DU PROJET
DE L'UPACEB
Il convient
d'appréhender les faiblesses des initiatives africaines (A) pour en
venir aux faiblesses des initiatives européennes et
intercontinentales (B)
A)
Les faiblesses des initiatives africaines
Les faiblesses
des initiatives africaines concernent l'action du Président
Abdoulaye WADE (1) d'une part et d'autre part, l'ASCAD (2).
1)
L'action du président Abdoulaye WADE
Reconnaissons
que le président Abdoulaye WADE n'a pas manqué de volonté dans son
engagement pour la cause africaine et pour cela, il convient de
saluer ses efforts. Toutefois, on peut déplorer le fait qu'il ne
soit pas allé plus loin, au-delà des paroles. En effet, Maître
Wade est un homme de Droit. De surcroît, il était président de la
république au moment de ses discours mémorables. Il avait donc tous
les leviers en mains, en tout cas, tout, pour conduire son
gouvernement à faire des projets de lois pour consolider et
crédibiliser ses discours sur son souhait de mettre fin à la fuite
des cerveaux dans son pays, mais aussi son souhait de voir les
Haïtiens revenir en Afrique. S'il l'avait fait, il est à parier que
d'autres chefs d’États africains lui auraient emboîté le pas. Il
se trouve qu'à part ses discours de bonne augure, il n'a pas posé
d'acte concret sur les sujets importants qu'il a abordés
courageusement. Or, ne pas avoir posé d'acte concret, lui devient
préjudiciable, car il peut donner à penser que ses discours étaient
purement démagogiques. En tant qu'un homme de loi, il n'ignore pas
le poids du juridique face à une simple parole. Il a donc fragilisé
la portée de ses discours en ne les traduisant pas concrètement en
projets de lois puis en lois.
2)
Les faiblesses de l'ASCAD
Bien que
l'ASCAD soit une académie nationale, ivoirienne, elle a songé à
prendre en compte l'Afrique entière et ses diasporas et c'est son
seul mérite qu'il convient de saluer. Sa faiblesse réside dans le
fait que cette institution donne l'impression de reposer sur de la
fiction juridique à cause du déficit structurel qui la touche. En
l'espèce, l'ASCAD repose sur un fait, et non sur du droit. Et ce
fait, irréfutable, tangible, c'est l'existence d'une Afrique
concrète et de ses diasporas, c'est l'existence des PACEB (Peuples
Africains de Civilisations Ebènes), un grand ensemble aux
caractéristiques et spécificités diverses. Mais, avouons-le, ce
grand ensemble n'a pas de reconnaissance juridique à travers le
monde, au jour d'aujourd'hui.
En clair, il
manque à l'ASCAD un instrument politique, une institution politique,
une organisation politique, qui puisse incarner son projet. Et cet
instrument politique de l'ASCAD, cette institution politique de
l'ASCAD, cette organisation politique de l'ASCAD, c'est
incontestablement l'UPACEB. Or, l'UPACEB n'existe pas encore.
En effet,
sans l'UPACEB, l'ASCAD n'a pas d'assise juridique. Cela veut dire
qu'en Droit, l'ASCAD ne repose sur rien. Et ce vide juridique,
logiquement, il aurait dû être comblé avant même de mettre sur
place l'ASCAD. Du coup, à défaut d'avoir comblé ce vide juridique,
on a mis en quelque sorte, la charrue avant les bœufs, car, entre
l'ASCAD et l'UPACEB, c'est l'UPACEB qui devait précéder l'ASCAD et
donner naissance à l'ASCAD au plan juridique. Jamais l'inverse.
Au fond,
l'ASCAD présente les mêmes difficultés que le Panafricanisme, ce
«bébé» conçu en dehors de la matrice d'une mère, et qui
recherche encore une mère pour l'allaiter et prendre soin de lui.
Tout cela explique
l'urgence qu'il y a, à mettre sur place l'UPACEB, à défaut de
laquelle, plusieurs institutions panafricaines encourent la bâtardise
à perpétuité.
B)
Les faiblesses des initiatives européennes et intercontinentales
Les faiblesses des
initiatives européennes et intercontinentales concernent, nous
l'avons vu, le CRAN, le MAF et les pays ACP.
Si le CRAN présente les
mêmes failles (d'être un mouvement trop exclusif) que le mouvement
de la Négritude, parce que trop orienté vers la couleur de peau,
là, où, le Panafricanisme au sens lato sensu se veut
inclusif, le MAF (Mouvement des Africains Français) et les pays ACP
ont en commun d'être fondés sur un critère géographique avec une
particularité pour les pays ACP de ne privilégier que le rapport
économique au grand mépris de l'aspect culturel.
Or, le critère géographique, - nous
l'avons déjà dit, - n'est pas source de rapprochement entre les
peuples. En effet, il ne fait pas de doute que le mot «Géographie»
implique immédiatement les mots de «territoire», «frontière»,
«souveraineté», et «conflits».
Cela veut dire que dans l'imaginaire
des peuples, plusieurs mots en appellent à d'autres mots avec
lesquels ils se conjuguent inextricablement. Du coup, on a :
1) Géographie = territoire =
frontière = souveraineté = conflits.
2) Culture = savoir = connaissance =
érudition = instruction = éducation = civilisation = découverte =
relation = lien = amitié = fraternité = partage = liberté =
neutralité..; etc.
Il suffit de jeter un
coup d’œil sur le territoire africain pour s'en rendre compte : en
Afrique au sud du Sahara, il n'existe aucune organisation
continentale basée sur la culture. Toutes les organisations
continentales africaines reposent sur la géographie, le territoire,
sachant que la géographie qui implique le territoire, la frontière
et la souveraineté est source de conflits !
Depuis l'Union Africaine,
- la seule Organisation continentale - jusqu'aux Organisations
sous-régionales africaines que sont la CEDEAO, la CEMAC, l'EAC,
jusqu'à la SADEC, toutes les organisations africaines sont bâties
sur un critère géographique ! Et aucune organisation africaine
n'est bâtie sur un critère culturel sachant que la culture renvoie
à l'amitié entre les peuples vu qu'elle ne promeut aucune frontière
!
En l'espèce, comment
s'étonner qu'il y ait toujours des conflits en Afrique ; jusque
entre pays voisins ? Les pays ACP qui excluent les
Latino-Américains et les Africains-Américains devraient élargir
leurs perspectives. Pareillement, le MAF gagnerait à s'ouvrir aux
autres Africains que l'idiotie humaine a séparés de l'Afrique.
En tout cas, on le voit
bien, tout tourne autour de l'UPACEB. Toutes les initiatives
africaines en Afrique et en dehors de l'Afrique renvoient à
l'UPACEB. Mais on n'ose pas aller tout droit au but. On préfère
gratter ici et là, chacune, chacun, prenant un morceau qui lui
convient.
Autant de
contournements qui ont pour conséquence de générer une complète
confusion qui mène à croire à l'inexistence des PACEB en même
temps qu'ils sont fortement dommageable à leur unité.
A ce niveau,
l'UPACEB n'est même plus le projet d'une organisation continentale,
il est une urgence, une nécessité. Incontournable. Impérieuse.
Yéble
Martine-Blanche OGA épouse POUPIN